« Elles sont parties »
Récit d’Aichetou
Editions l’Harmattan
117 pages
12 €
Janvier 2007
Promenade entre deux mondes…
L’auteure nous promène avec ce livre dans deux mondes différents mais tellement proches :
près de Tichitt, en milieu désertique très aride, au pays des bédouins et à Paris même.
Elle nous conte la disparition de deux personnes qui ont compté pour elle : sa grand-mère et une voisine, Neil, devenue sa grand-mère adoptive.
La mort est là, présente dès le début du livre, la sienne d’abord qu’elle semble anticiper . Elle ne veut pas y rencontrer des méchants, ceux qui n’aiment ni les révolutionnaires, ni les héros du Siècle des Lumières.
Elle souhaite se voir débarrassée de son squelette et retrouver les dunes de son enfance pour s’éteindre définitivement : « le vent se chargera de couvrir mes restes. Mes amis qui le désirent sont les bienvenus, il y a de l’espace pour tous… »
La mort est là, de la première à la dernière page mais rien n’est macabre.
Les deux femmes aimées sont des êtres attachants, pourvus d’une forte personnalité, la première est un « chef » respecté de toutes et de tous et la deuxième une humaniste.
Aichetou leur porte beaucoup de respect et d’affection, expliquant par là même l’importance du soutien à apporter aux êtres chers qui ne doivent pas finir « naturellement » dans la solitude ou l’indifférence totale. C’est là une critique claire et tellement juste des mœurs actuelles !
Fille de deux cultures, l’auteure nous fait part de ses doutes et de ses réflexions. Sa rupture avec le monde de ses ancêtres est toute relative, y compris en ce qui concerne sa ou ses croyances… Mais son engagement semble à-priori le plus fort : « …Mon agnosticisme résiste à tout ; je continue à m’y cramponner pour rester debout, l’entretenant tous les soirs avec mes berceuses, des émissions que Michel Onfray m’offre pour me fortifier après les déboires d’une journée que le Lexomil ne réussit pas à faire oublier ! »
Hona Kovacs, professeur, spécialiste des littératures francophones à l’Université de Szegel ( Hongrie) nous présente l’ écriture d’Aichetou comme fébrile ou « frénétique »… J’ai fait le même constat mais, comme lui, je pense que pour notre plaisir « elle renouvelle notre vision du monde et notre regard sur le français. »
Jean-François CHALOT