Le Messager (Douala)
4 Avril 2007
Publié sur le web le 4 Avril 2007
Honoré Foimoukom et Hugues Marcel Tchoua (stagiaire)
Ambiance inhabituelle, ce mardi 23 mars à la société camerounaise de métallurgie (Scdm), au quartier Ndogsimbi à Douala.
Assis à même le sol, groupés par endroits, les employés (150 personnes) de cette entreprise observent le mot d'ordre de grève lancé par leurs vingt-et-un (21) camarades licenciés il y a treize jours. Quelques gendarmes, en faction dans la cour, observent en silence. Sur le mur extérieur et sur un portail à l'intérieur, on peut lire : " Arrêt pour non-respect de l'article 40 du code du travail camerounais." A un jet de pierre, l'avocat, les huissiers de l'entreprise et quelques membres de la direction devisent.
Selon les 21 employés virés, leurs licenciements n'ont respecté aucune procédure. " Le 21 mars, juste après la récréation, le patron nous a appelé en présence d'un huissier, pour nous partager des enveloppes contenant des lettres de licenciement. Nous étions surpris. Face à notre étonnement, ils nous ont fait savoir qu'il y a suppression de certains postes. Ni les délégués, ni les syndicats, ni l'inspecteur du travail n'ont été saisis. Nous leur avons demandé d'aller déposer nos enveloppes à l'inspection. Ils nous ont révélé que le blanc a dit qu'il ne passe pas par l'inspection de travail. Vers la fin du mois, nos délégués ont évoqué notre situation au cours d'une réunion avec le patron. Les délégués lui ont demandé en vain de nous reverser au moins le salaire du mois pendant que la procédure suit son cours ", raconte M. Sema, lamineur, porte-parole des grévistes.
Par ailleurs, les grévistes justifient leur mouvement par une lettre envoyée au Dg de la Scdm le jour de leur licenciement, par la délégation provinciale du travail et de la sécurité sociale du Littoral (Dptssl). Dans cette lettre, la Dptssl fait savoir que " les licenciements ont été opérés en violation flagrante des dispositions de l'article 40 du code du travail camerounais. " Par la suite, elle demande la réintégration des 21 employés licenciés. A ce jour, le Dg n'a pas réagi, du moins selon les dires des employés.
Parmi les licenciés, on dénombre des travailleurs du service de gardiennage, des personnels de l'atelier forge, la standardiste, un agent commercial, un magasinier et la " bonne " du directeur général. Ils déplorent tous la méthode par laquelle leur patron a décidé de se débarrasser d'eux. M. Bakele, contrôleur à la fabrication, explique : " La loi prévoit qu'en cas de suppression des postes, le directeur général doit écrire au délégué du personnel de la société et à l'inspection du travail. Après trois mois, ces correspondants se réunissent. Et ils peuvent prendre une décision commune comme le prévoit code du travail. De même, l'article14 de notre règlement intérieur stipule à l'alinéa 10 qu'il doit y avoir une tripartite entre l'inspection du travail, les délégués et notre syndicat. Le directeur n'a pas suivi cette procédure. "
Approchés par Le Messager alors qu'ils devisaient dans la cour de l'entreprise, des dirigeants de la Scdm ont refusé de s'exprimer sur cette affaire.