Alors, selon certains, tout cela serait dans Lénine. PLus précisément, dans l'Etat et la Révolution, à propos de la Commune. Voyons donc voir.
On trouve en tout et pour tout trois fois le mot "mandat" dans le livre. Une première, qui est en fait une citation d'Engels :
a écrit :La Commune dut reconnaître d'emblée que la classe ouvrière, une fois au pouvoir, ne pouvait continuer à administrer avec la vieille machine d'Etat; pour ne pas perdre à nouveau sa propre domination qu'elle venait à peine de conquérir, cette classe ouvrière devait, d'une part, éliminer la vieille machine d'oppression jusqu'alors employée contre elle-même, mais, d'autre part, prendre des assurances contre ses propres mandataires et fonctionnaires en les proclamant, en tout temps et sans exception, révocables."
C'est on ne peut plus clair : Engels mentionne la révocabilité. Pas la queue d'un mandat impératif - et heureusement pour les communards, ils avaient déjà bien d'autres problème à gérer.
Deuxième occurrence, toujours sous la plume d'Engels :
a écrit :"Pour éviter cette transformation, inévitable dans tous les régimes antérieurs, de l'Etat et des organes de l'Etat, à l'origine serviteurs de la société, en maîtres de celle-ci, la Commune employa deux moyens infaillibles. Premièrement, elle soumit toutes les places, de l'administration, de la justice et de l'enseignement, au choix des intéressés par élection au suffrage universel, et, bien entendu, à la révocation à tout moment par ces mêmes intéressés. Et, deuxièmement, elle ne rétribua tous les services, des plus bas aux plus élevés, que par le salaire que recevaient les autres ouvriers. Le plus haut traitement qu'elle payât dans l'ensemble était de 6000 francs (...) Ainsi, on mettait le holà à la chasse aux places et à l'arrivisme, sans en appeler aux mandats impératifs des délégués aux corps représentatifs qui leur étaient encore adjoints par surcroît."
Si on sait lire, cela veut dire que la révocabilité plus la rétribution modeste des fonctionnaires sont deux mesures suffisantes pour changer le caractère de l'Etat, l'institution de mandats impératifs étant par là-même superflue.
Troisième et dernièrre occurrence, c'est cette fois les propos de Bernstein qui sont rapportés (de manière indirecte) :
a écrit :Dans son livre de renégat Les Prémisses du socialisme, Bernstein part en guerre contre l'idée de démocratie "primitive, contre ce qu'il appelle le "démocratisme doctrinaire" : mandats impératifs, fonctionnaires non rétribués, représentation centrale sans pouvoir, etc. Afin de prouver la carence de cette démocratie "primitive", Bernstein invoque l'expérience des trade-unions anglaises, interprétée par les époux Webb. Au cours des soixante-dix années de leur développement, les trade-unions, qui auraient soi-disant évolué "en pleine liberté" (p. 137 de l'édit. allemande), se seraient convaincues de l'inefficacité de la démocratie primitive et l'auraient remplacée par l'habituel parlementarisme allié au bureaucratisme.
Faut-il avoir de drôles de lunettes pour vouloir croire que Lénine reprendrait ici à son compte les positions que caricature Bernstein... Lénine, s'il critique vertement Bernstein, ne défend pas davantage le "mandat impératif" que la non rétribution des fonctionnaires .
Voilà tout ce qu'on trouve du "mandat impératif" dans l'Etat et la révolution.
Comme quoi, il faut apprendre à lire. Impérativement.