Je dois reconnaître mon erreur lorsque j'ai dit
ici :
a écrit :
Impératif ça veut dire que si un élu ou un fonctionnaire ne respecte pas son mandat IL EST DEMIS DE SES FONCTIONS. Une personne élu avec possibilité de le révoquer à tout instant, c'est précisément une personne qui a un mandat impératif.
La décision du contenu et du respect du mandat est laissé à la sensibilité des masses. Un mandat impératif ne signifie pas que l'élu n'ait pas de marge de manoeuvre.
Dans ce poste je confonds mandat impératif et mandat révocable. Le mandat révocable, si on peut l'appeler ainsi, est une évolution du mandat impératif.
Cependant cette erreur n'a pas été vaine puisqu'elle nous a permis de discuter brièvement de l'histoire de la direction à travers les mandats dans le mouvement ouvrier.
1 Au début du mouvement ouvrier, il n'y a pas de séparation entre la direction et l'exécution. Tous les participants sont soumis à l'autorité collective. C'est le mandat impératif.
2 Une première séparation est illustrée par les mandats révocables. On laisse une certaine liberté au représentant, mais les assemblées collectives se réservent le droit de le remplacer à tout instant.
3 Enfin il y a les mandats représentatifs ou la direction est pleinement reconnue.
Chacun de ces mandats illustre un stade de développement du mouvement, à la mesure de la séparation entre la direction et la division, séparation qui fonde la division du travail. Cependant, chacun de ces mandats ne disparaît jamais tout à fait à un stade ultérieur.
Mais il arrive que la direction dégénère ou qu'elle devienne simplement insuffisante ; qu'elle entre en contradiction avec la direction objective du mouvement. Il faut donc changer la direction subjective et cela signifie très souvent revenir sur ses pas : pour lutter contre une direction autoritaire, bureaucratique et corrompue, ou bien pour permettre le développement qualitatif ou quantitatif du mouvement, il faut en revenir à des formes plus primitives de représentation, afin de repartir sur de bonnes bases. Le retour aux mandats révocables est lui-même un recul significatif par rapport au mandat représentatif, du point de vu du centralisme démocratique par exemple.
Ce qui vient compliquer le problème, c'est qu'il existe deux directions objectives fondamentales : celle de la bourgeoisie et celle du prolétariat. Cette contradiction se manifeste de deux façons :
1 Tant que le prolétariat ne s'est pas constitué en classe, sa conscience ne peut être autonome. Il lui faut donc lutter pour son indépendance, ce qui le conduit parfois à lutter contre sa direction et à revenir à des formes d'organisation inférieurs. Le retour aux mandats impératifs et aux mandats révocables l'illustrent dans tous les mouvements d'importance, que ce soit les mouvements passés (commune, 1905, 1917) ou contemporain (2006). Que cette expérience n'ait pas toujours été très heureuse est secondaire historiquement : le mandat impératif ou révocable exprime le besoin des masses à changer la forme et le contenu de la direction, pour la porter à un niveau plus élevé.
2 La société est toujours la combinaison de la direction bourgeoise et de l'exécution par les classes dominées. Pour prendre le pouvoir, le prolétariat doit déstabiliser la direction bourgeoise, ce qui peut passer également par les mandats impératifs et la révocabilité des fonctionnaires, des officiers et les élus bourgeois, mais dans un objectif tout différent : ces revendications sont purement destructives.
CONCLUSION
Dans les conditions actuelles, nous ne pouvons directement contester la direction de la bourgeoisie dans l'état et dans les appareils par les mandats impératifs, qui sont des mandats trop primitifs. Les mandats impératifs ne deviennent une nécessité que lorsque le prolétariat doit constituer ou reconstituer une direction à partir de zéro ; ou qu'il peut effectivement l'imposer à la direction ennemi pour la faire reculer et lui nuire énormément. Mais nous ne sommes pas dans cette situation. Le mot d'ordre juste est donc : élus révocables.