a écrit :
Il y a des dépenses publiques créant des services publics gratuits ; elles contribuent réellement à l'égalité sociale.
Il y a des dépenses publiques qui ne sont que des distributions aux plus riches.
Ben justement même cela ce n'est pas "évident"
Par exemple, l'éducation nationale : c'est -il faut le dire très vite- un service public gratuit. Cela "contribue-t-il à l'égalité sociale" ?
A mon avis pas du tout. Ni en général, ni dans les détails.
Les patrons ont besoin que de salariés qualifiés ; il FAUT que les travailleurs (enfin plutôt leurs enfants) aillent à l'école pour pouvoir assurer un haut niveau de productivité et, in fine, que le capital s'investisse de façon rentable.
Alors s'il n'est pas évident d'exploiter de façon rentable -au sens immédiat que cela dégage du profit pour un capitaliste privé- une activité qui est pourtant bien nécessaire à la bourgeoisie, et bien on crée un "service public", qui est payé par les impôts (bien sûr dans la collecte de l'impôt, les classes possédantes font tout ce qu'elles peuvent pour en faire porter le maximum de la charge à d'autres qu'elles ; c'est bien pour cela que l'idée de service public est à double tranchant : des hommes politiques de gauche se font les avocats de "l'impôt citoyen" parce que cela permettrait de mettre en place des services utiles à tous ; mais dans un monde dominé de A à Z par la bourgeoisie c'est une douce illusion).
Bien sur dans les milieux populaires beaucoup comptent sur l'école pour permettre, non à eux mais à leurs enfants de s'en sortir. Mais si on ne peut que défendre le fait qu'il y ait le maximum de personnels pour agir dans les milieux populaires, on peut quand même constater que l'école ne contribue en rien à atténuer les inégalités sociales et même culturelles ; en fait elle les accentue car les enfants de la bourgeoisie sont bien plus à même de profiter du service rendu par l'éducation nationale que les enfants des travailleurs.
Et c'est vrai même dans le détail de l'argent investi : il suffit de voir quel est le cout pour la collectivité d'un élève en classe préparatoire aux grandes écoles (où l'on trouve une très faible proportion de fils d'ouvriers et employés). L'État n'investit pas la même chose pour les enfants des travailleurs que pour ceux des plus privilégiés. (au passage le plus fort c'est que les partisans zélés du système ont le culot d'appeler cela "l'égalité des chances")
On peut dire que j'exagère : à ce compte il ne faudrait pas s'opposer à la réduction du nombre de fonctionnaires, ce qui n'est évidemment pas ce que je pense.
Mais c'est bien plus parce que je pense que les fonctionnaires n'ont pas à accepter -comme tous les travailleurs- une dégradation de leurs conditions de travail que je m'y oppose.
Après moi, en tant que communiste, je pense qu'il n'est pas juste de présenter les "services publics" comme servant la population. Je suis prêt à défendre tout ce qui va un peu dans le sens des intérêts populaires (par exemple je suis pour le logement social assuré par le biais de l'État, idem pour le gaz et l'électricité puisque c'est un sujet d'actualité) mais pas à présenter l'État comme un instrument de justice sociale ou même comme ayant une "intervention neutre".
De fait il peut sembler que je parle beaucoup de l'État, de son intervention, mais pas de l'exploitation dans les entreprises, qui était le sujet que tu voulais aborder.
Mais je crois qu'on ne peut pas séparer ainsi les domaines depuis bien longtemps. L'État ne cesse d'intervenir dans la vie économique de bien des manières : aucun groupe capitaliste dans le monde n'agit sans avoir quotidiennement affaire aux états et sans faire appel au soutien de celui de son "pays".
Toute la vie sociale de notre pays est dominée par la bourgeoisie ; aucune dépense ne se fait sans que cela lui "rapporte" par un biais ou un autre. Si l'État (au sens large) construit une route, c'est présenté comme utile à tous, souvent gratuit (si ce n'est pas une autoroute) ...C'est un "service qui contribue à l'égalité" ? Si tu veux ... Mais c'est aussi bien souvent la voie par laquelle transiteront les camions des entreprises de transport, le chemin que devront prendre les salariés d'une entreprise, l'accès à une gigantesque zone commerciale etc. Plus généralement, l'existence de ces routes est une obligation pour que des entreprises comme Renault, Peugeot, vendent leurs voitures en masse, et prospèrent. (dans le même temps l'État n'a pas renouvelé ses investissements dans le réseau ferroviaire)
Tout cela ce sont bien sur des évidences... ce serait tout simplement la marche du progrès, l'évolution de la société, d'une certaine manière c'est vrai. C'est la marche de la société capitaliste. Tout y concourt à l'enrichissement d'une minorité.
Comptabiliser ce qui y ressort de l'exploitation des travailleurs, c'est en fait rendre compte de l'ensemble du fonctionnement du système ...
Alors moi je crois qu'il faut en tenir compte dans des calculs qui ne sont pas inutiles - cela peut permettre dans une entreprise de dire : "regardez, la masse d'argent que brasse les propriétaires comparée à l'ensemble des salaires" - mais qui ne mettent en évidence qu'une toute petite partie de la domination de la bourgeoisie sur la société.
a écrit :Nombreux sont ceux qui croient ou feignent de croire que l'exploitation capitaliste est nulle, ou quasi nulle. Il serait utile d'avoir un chiffre, un ordre de grandeur, à présenter.
Ces 17%, ça fait 210 milliards. C'est énorme. Un chiffre pour comparer : la fonction publique : 120 milliards.
Présenté ainsi cela me parle plus ; c'est un peu le même argument que "les entreprises du CAC 40 ont fait 100 milliards d'euros de bénéfices, avec cela on règle facilement les histoires de trou de la Sécu et de déficit de l'État."