(Pumsz @ lundi 6 août 2007 à 15:41 a écrit : La montée de l'Islam dans les milieux urbains égyptiens peuvent peut-être s'expliquer par rapport à la précarité et à la pauvreté de ces milieux
on est plus 'apte' à croire des gens qui viennent te démarcher pour te dire que les problèmes de la société c'est les 'infidèles', les étrangers et blablabla,
Tu as raison, mais c'est justement ça qui frappe, cette contradiction : d'un côté le voile et le Coran, la présence des islamistes, ce qui signifie le rejet de l'occident (expression détournée d'un rejet de l'impérialisme), et de l'autre, les fringues américaines, le Mac Do qui vient de s'ouvrir, et qui n'est pas donné vu les salaires, avec une clientèle de voilées, même les complètement voilées, qui mangent leur Mac Do sous le voile qui leur couvre le visage ! Ca se passe comme ça, chez Mac Donald's mais tout n'est pas aussi facile que chez Mac Do parce que déjà attraper le Big Mac qui glisse avec les doigts, c'est coton, mais sous le voile, bonjour ! Enfin, sur le noir, les taches de mayo ou ketchup se voient pas trop !
Les bidonvilles je n'en ai pas vraiment vu, ce n'est pas Le Caire, mais d'un autre côté je n'ai pas été tellement en dehors de la ville et c'est difficile pour un occidental. On ne fait pas de voyeurisme non plus. Mais en ville, la pauvreté n'est pas loin. En face du Mac Do avec ses burgers à deux euros, plein de petites boutiques vendent le plat populaire égyptien, roz n' cha'areia, du riz aux vermicelles avec un peu de sauce tomate et d'oignons : cela ne coûte que 30 centimes d'euro et ça remplit la panse. On mange aussi dans la rue de la ta'ameia (les boulettes de fèves, ce qu'on appelle aussi falafels) ou le foul, des fèves écrasées. Pas vraiment de viande donc, mais des protéines végétales, les écolos seraient heureux. Enfin heureux de ça, parce que dès qu'on achète quelque chose, si petit soit-il, on vous refile un sac en plastique et ça, il y en a partout, partout, partout... et donc aussi dans l'eau et dans le ventre des dauphins ! Des voitures plein la ville, qui klaxonnent en permanence, il n'y a qu'un seul feu et même s'il y a toujours un flic en permanence devant, ce n'est pas pour ça qu'on va s'arrêter !
Les logements se sont visiblement dégradés, les rues "chic" de l'époque Cloclo n'ont pas été entretenues, et les immeubles auraient bien besoin d'un ravalement (ne serait-ce qu'un coup de kärcher...). Il y a aussi des immeubles neufs dans des quartiers en dehors, entourés de barrières, avec protection policière.
Car les flics sont là, l'armée aussi, c'est la dictature. A Rosette par exemple, ce sont les militaires qui nous ont servi de guide, un capitaine très aimable, parlant correctement anglais, qui ne réclamait rien (mais qui a accepté le verre qu'on lui a offert et le billet qu'on lui a glissé) et notre taxi a été suivi en permanence par le reste de sa section, une demi-douzaine de gaillards placides, avec mitraillette tout de même. L'aéroport "international" (une sorte de gare routière avec un à deux vols par jour) est rempli de militaires lui aussi. A un moment, alors qu'on attendait l'avion, un puissant "Allaou akbar"' s'est élevé, c'était l'heure de la prière. Au milieu de l'aéroport, les gars se sont mis à se rassembler, les uns après les autres, à se ranger et à se prosterner en cadence pendant que l'un d'entre eux, en tête, récitait les prières. Presque tous les militaires faisaient la prière, il n'en était resté que deux ou trois, Al Quaïda aurait pu débarquer et on aurait pu passer tous les explosifs du monde (si l'avion était parti...) mais il faut dire que comme celui qui guidait la prière était le plus gradé, il semblait difficile pour un soldat de ne pas aller prier dans ces conditions. Pour les autre passagers, deux ou trois se sont mis avec mais c'est tout.
Cette présence de militaires s'explique. Ils ne veulent pas que les touristes, qui sont la première source de devise du pays soient attaqués. Mais la presse aussi est muselée. On a dans les hôtels deux quotidiens égyptiens, un en français et un en anglais. Tous les jours en première page, Moubarrak. Les résultats du bac, trois jours de Moubarrak félicitant les lauréats. Une promo d'officiers, Moubarrak. Rien à dire ? Pas grave, on fait le titre sur "Moubarrak a été au bureau"... enfin c'est pas dit comme ça, on dit qu'il a "présidé une importante réunion" et quand on lit l'article, c'est une réunion ordinaire comme les administrations du monde entier en ont tous les jours. C'est la une et toute la moitié supérieure de la page.
Quand on voit ça en tant que touriste, on imagine les difficultés d'une presse indépendante, d'un LO local, ou d'une presse syndicale. Il y a des traditions communistes en Egypte. Je n'ai évidement pas vu de militants et j'aurais été bien incapable de leur parler, mais on ne peut s'empêcher de penser à eux, d'autant qu'aux portes d'Alexandrie, on a trouvé un gisement de pétrole, il y a un grand complexe pétrolier, un port, des usines...
Bon allez, ça suffit peut-être. D'autres forumeurs pourraient ouvrir d'autres fils sur ce qu'ils ont vu d'intéressant pendant leurs vacances. Même à Palavas les Flots, il y a sûrement des choses à dire...