la réforme des universités

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par Puig Antich » 01 Août 2007, 14:05

a écrit :C'est l'inaction qui me révolte, la non réactivité générale.


Hey bonhome on est en aout !


Quel connard ce Julliard.
Puig Antich
 
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Message par Paingrillé » 04 Sep 2007, 22:00

C'est la rentrée. :huh: . je fais remonter le fil...

extraits d'un entretien de telerama avec Gilbert Béréziat , ex président de Paris-VI cette semaine.

a écrit :
Entretien

- Guillaume Rivière pour Télérama
"L’université serait folle de ne pas s’emparer de cette réforme"
L’ancien président de Jussieu se réjouit de l’autonomie de gestion prévue par la nouvelle loi. Homme de gauche, il rêve d’une université démocratique, mais ouverte sur le privé et, pourquoi pas, sélective. Paradoxe ? Pas si sûr.
L’université française semblait irréformable. Promulguée en plein été, le 10 août dernier, sans véritable polémique, la loi relative aux libertés et aux responsabilités des universités va pourtant bouleverser le paysage universitaire français. Dans cinq ans, au plus tard, toutes les universités seront autonomes. Elles devront gérer leur budget, pourront recruter leur personnel, seront responsables de leur patrimoine immobilier. Elles pourront par ailleurs se doter de fondations afin de collecter des fonds et de solliciter des mécènes. Le président de l’université, choisi par un conseil d’administration resserré, voit son autorité augmenter, devient un vrai chef d’entreprise. Si certaines voix se font entendre pour redouter un « développement inégalitaire » des universités et souligner les risques d’un désengagement de l’Etat, beaucoup pensent que cette réforme peut sauver l’enseignement supérieur français. Gilbert Béréziat est de ceux-là. Ancien président de Jussieu-Paris-VI (Pierre-et-Marie-Curie), il n’a pas attendu la réforme pour créer Paris Universitas, association de quatre universités – Dauphine, Panthéon-Assas, Sorbonne nouvelle et UPMC – et de deux grandes écoles, Normale sup et l’Ecole des hautes études en sciences sociales. Cheveux en bataille, verbe à la Audiard et œil rigolard, cet universitaire de 65 ans raconte son expérience et commente la réforme. Sans tabou ni langue de bois.

Cette autonomie que beaucoup réclamaient et que vous avez enfin obtenue, en quoi était-elle si nécessaire ?

On en parlait depuis 1968, époque où l’on avançait même le terme d’autogestion !
Tout le monde reconnaît qu’il était grand temps de responsabiliser l’université. A Paris-VI, nous savons depuis longtemps que l’Etat est le plus mal placé pour faire des choix à notre place. Je prends l’exemple très simple du désamiantage des locaux de Jussieu, qui a tant fait couler d’encre et auquel j’ai été confronté de près, ayant été élu président en 2001. Tant que l’université avait la maîtrise des fonds, le chantier a très bien fonctionné. Mais nos énarques de Bercy ont estimé, dans leur grande sagesse, qu’il était périlleux de nous laisser cet argent. Ils nous l’ont repris. Depuis, les choses n’ont fait que traîner. Le chantier devait être terminé en 2008, il ne le sera pas avant 2012. Cette université, répartie sur une quinzaine de sites, dépense du coup une quarantaine de millions d’euros par an de location ! Les bâtiments que vous voyez depuis la fenêtre de mon bureau sont totalement désamantiés depuis trois ans, mais ils ne sont toujours pas réinvestis, simplement parce que la rénovation n’est pas encore faite ! Si la loi est appliquée, si l’Etat accepte effectivement de nous donner la propriété de nos locaux, ce type de situation ubuesque pourra être évité.

Mais il est plus facile de faire venir des investisseurs privés dans une université scientifique comme la vôtre que dans une fac de lettres. Cette ouverture ne va-t-elle pas renforcer encore les inégalités ?

C’est un vrai souci. Dans tous les pays du monde, les sciences « dures » engendrent des revenus, dont profitent les sciences humaines et sociales. Le problème, en France, c’est que ces universités ont été séparées. En 1968, l’Etat a fragmenté l’université : d’un côté les sciences et la médecine, de l’autre les sciences humaines – sans compter que ces dernières se sont divisées en facs de droite et facs de gauche ! Ces séparations n’ont aucun sens aujourd’hui.

Justement, la loi veut favoriser les rapprochements entre établissements...

C’est absolument nécessaire. Si nous avons créé Paris Universitas, à quelques-uns, il y a six mois, c’était pour unir nos forces, profiter de nos complémentarités, favoriser des passerelles entre les cursus, regrouper des services administratifs, être plus visibles à l’étranger aussi...
Dorénavant, les étudiants seront libres de choisir leur université. Cela va renforcer les inégalités... Nier les différences, c’est illusoire. Profondément, je pense que l’université Paris-XIII (Seine-Saint-Denis) n’a pas la même fonction sociale que celle de Pierre-et-Marie-Curie. Son contexte géographique, en banlieue nord de Paris, est particulier, elle fait des efforts formidables, et son école de mathématiques est loin d’être mauvaise. Mais elle ne peut pas avoir la même fonction que la nôtre, classée comme une des meilleures au monde. Inversement, je n’ai pas ouvert ici un master sur la bio-informatique, parce que j’estimais que nos laboratoires n’étaient pas assez bons dans ce domaine. Les étudiants ont intérêt à aller à Evry, où il y a le Généthon.

Vous nous dites en fait que tous les diplômes n’ont pas la même valeur !

Je ne pose pas le problème en ces termes : je dis qu’il faut donner sa chance à un gamin doué pour les sciences, qu’il serait scandaleux de le cantonner à Paris-XIII ! Jusqu’ici, la sectorisation compliquait considérablement les choses. Nous passions notre temps à faire des dérogations. Plus généralement, nous sommes un pays de schizophrènes : d’un côté, on refuse la sélection à l’entrée de l’université ; de l’autre, on garde les classes préparatoires aux grandes écoles, qui pratiquent la pire des sélections. Créées au XIXe siècle pour former des cadres pour la nation, ces écoles servent une caste qui s’auto-entretient. Car qui va en classe prépa ? Pas les élèves issus du prolétariat ! Les universités ne sont plus que la roue de secours d’une petite bourgeoisie française. Ce ne sont pas les élèves les mieux « disposés » pour les sciences qui débarquent chez nous, ici, à Jussieu. Et pourtant, nous avons deux fois plus de laboratoires que Polytechnique. J’étais récemment à un congrès médical, et je me suis rendu compte que les chercheurs de l’université ne citent pas l’université où ils travaillent, mais l’hôpital dont ils dépendent. Il faut que l’université retrouve la fierté d’elle-même !

Vous seriez aussi favorable à une sélection dès l’entrée à l’université ?

Je veux une meilleure fluidité de l’orientation, et ce dès le lycée. Il faut en finir avec cette sélection idiote basée sur le bac S, sésame obligatoire aujourd’hui pour devenir médecin ou ingénieur ! Il faudrait permettre plus de passerelles entre les cursus universitaires, plus de variété au sein de ces cursus, créer des alternatives à ces filières impasses où les étudiants se précipitent en masse ! Il faudrait aussi revoir le système des inscriptions en première année : aujourd’hui, plus une université fait d’inscriptions, plus elle reçoit d’argent de l’Etat. Elle a donc tout intérêt à inscrire le maximum d’étudiants, quitte à ce que ceux-ci n’aient pas le niveau, et qu’ils se plantent dès la première année. On sait tous aussi que beaucoup d’étudiants ne reviennent jamais après leur inscription de début d’année. Ici, quand je suis arrivé en 2001, il y avait 15 % des étudiants qui s’évaporaient ! On a pris des dispositions pour faire baisser ce chiffre. On refuse par exemple d’inscrire un étudiant étranger s’il n’a pas le niveau...

Il avait été question aussi d’augmenter les droits d’inscription. Le sujet semble trop sensible, la loi ne le prévoit finalement pas. Qu’en pensez-vous ?

La question se pose surtout pour certaines universités de sciences humaines et sociales qui ont du mal à joindre les deux bouts. En fait, la gratuité n’est pas une question de droite ou de gauche, mais de culture : dans les pays scandinaves, désormais à droite, les études sont gratuites. En Italie, en Allemagne, c’est un peu plus cher que chez nous... En Pologne, pour les meilleurs, c’est gratuit, mais les autres paient très cher. Pour ma part, je pense que quand on enseigne pour des étudiants qui n’ont rien payé on peut avoir la tentation d’en faire moins. Et l’étudiant, en face, a moins de poids pour se plaindre. Par ailleurs, il faut s’interroger : à qui profite la gratuité de l’enseignement supérieur ? Essentiellement aux couches bourgeoises. Ici, à Jussieu, 15 à 16 % seulement de nos étudiants sont d’origine populaire. Pour l’instant, nous nous contentons, parce que nous ne pouvons pas faire mieux, de ne pas faire payer les droits d’inscription à ceux qui n’en ont pas les moyens… droits d’inscription que nous devons quand même reverser à l’Etat !



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Paingrillé
 
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