par pelon » 23 Mai 2003, 08:20
CITATION (EZRAROX @ samedi 10 mai 2003, 16:01)Sarko et Perben risque de vouloir "étrangler " l'affaire. Douste blalaba, en tant que maire, risque fort aussi de vouloir un silence total. :ph34r:
Il est fort possible qu'Allègre "se suicide' dans sa cellule. Ce qui ne serait qu'une coïncidence bien sûr.[/quote]
Pour le moment c'est mal barré :
CITATION
Toulouse: notables en mauvaise passe
Malgré les pressions, les deux ex-prostituées ont réitéré hier leurs accusations de viols commis par des magistrats via le réseau Alègre.
Par Patricia TOURANCHEAU
vendredi 23 mai 2003
Toulouse envoyée spéciale
La parole de deux anciennes prostituées qui accusent des notables, des policiers et des magistrats d'actes criminels, sans rapport avec des passes consenties et tarifées, continue de faire trembler le palais de justice de Toulouse.
Ces deux témoins et victimes, Fanny, 30 ans, aujourd'hui «mère au foyer», et Patricia, 32 ans, ouvrière manuelle (1), étaient convoquées hier par les juges Nicole Bergougnan et Thierry Perriquet dans le cadre d'un nouveau dossier ouvert pour «proxénétisme», «viols aggravés et complicité», «viols sur mineur par personnes dépositaires de l'autorité», «actes de tortures et de barbarie». Une instruction que le procureur de la République, Michel Bréard, a lui-même déclenchée non sans courage le 15 avril, à l'issue d'une enquête préliminaire sur les frasques de ses pairs.
«Détails». Un nouveau dossier ouvert «contre Patrice Alègre et tous les autres...» Contre le tueur et violeur en série, sa clique de macs, mais aussi contre tous les hommes hauts placés qui ont pu abuser de ces petites putes vulnérables au début des années 90. A l'époque, Fanny n'avait que 17 ans, «entretenue» par «une clientèle de gens biens, de patrons de sociétés, de VRP, etc.».
Hier, entendue de 10 heures à 13 h 30 par l'un des deux juges, Fanny n'a pas encore été questionnée sur les séances sado-maso avec des personnalités, «sur ces monstruosités subies pendant dix ans qui ont laissé des traces indélébiles sur son corps», selon son avocat Me Georges Catala. Plus solide, Patricia, de deux ans son aînée, «mise sur le trottoir» de Toulouse en 1990, a tout répété hier au juge, sept heures et demie durant. Son conseil, Me Florence Hegoburu, affirme que Patricia a «tout confirmé» et «apporté des détails».
Ces deux filles des rues ont été retrouvées par les gendarmes de la cellule homicide 31 qui exploraient une autre facette du tueur en série Patrice Alègre. Ils flairaient sa signature criminelle dans une série de meurtres non élucidés de prostituées et de travestis à Toulouse ; plusieurs dossiers classés par le commissariat de police.
A commencer par la mort de Line Galbardi dans une chambre d'hôtel en 1992. Ils ont passé des mois à mettre en confiance ses anciennes compagnes de travail. Fanny et Patricia ont alors dépeint Alègre, cuir et moto, comme un coéquipier de Lakhdar, un mac avec flingue sous son imper qui roule en Alfa Roméo rouge. Elles ont expliqué que Patrice Alègre «récupérait» des petites paumées pour les mettre sur le tapin, qu'il les «essayait» et les «corrigeait». Elles ont évoqué les «protections» policières de ce fils de gardien de la paix qui fut même serveur en 1987 à la cafétéria du commissariat. Elles ont désigné des «flics des moeurs et des stups» de Toulouse à qui elles ont dû tailler des pipes gratis et «remettre des enveloppes marron de 900 francs chaque semaine».
Selon Patricia, sur procès-verbal, «le contrat était : "Tu paies, je te fais pas chier, et tu ne monteras jamais dans le panier à salade"». Elles ont ainsi aiguillé les enquêteurs sur les dessous du meurtre de Line Galbardi qui a eu le tort de «balancer» à l'inspecteur Z. Le 3 janvier, Lakhdar et Alègre l'ont appris et ont décidé de supprimer la bavarde Line. Pour «faire un exemple», ils l'ont tuée sous les yeux de Fanny et Patricia. A ce jour, Patrice Alègre, condamné à perpétuité pour d'autres crimes, est mis en examen pour l'assassinat de quatre prostituées ou travestis, le viol d'une autre et le meurtre d'une vendeuse. La plupart en 1992. Ces crimes ont en commun d'avoir jusque-là été enterrés par la police urbaine de Toulouse.
Soirées sado-maso. L'autre volet des déclarations des deux témoins clés concerne la présence de magistrats et d'hommes publics lors de séances ou soirées sado-maso qui «tournaient mal». Patricia, qui a exercé deux ans dans le quartier Bayard, en a subi dans des hôtels de passe et ailleurs. La belle Fanny a déclaré que «des policiers venaient la chercher comme un dû dans son studio pour l'amener le soir, au palais de justice à des magistrats qui la prenaient de force dans les bureaux».
Les gendarmes ont établi un plan d'époque du palais et ont demandé des photos de rentrées solennelles du tribunal à la Dépêche du Midi. Ils les ont présentées à Fanny qui a «désigné du doigt, sans hésiter» cinq magistrats et a indiqué «sur le plan les bureaux qui correspondent bien à ceux de ces hommes». Elle a reconnu sur les photos le pivot de ces rencontres, désigné dans le milieu sous le pseudo de «Marcus». Il était alors substitut du procureur. Elle a également reconnu trois pontes de la cour d'appel et un président de chambre correctionnelle. Elle dit aussi avoir été emmenée «dans une belle demeure près du casino de Salies-de-Salat» pour des soirées particulières, en présence du surnommé «Nénette», haut placé à Toulouse. Il s'agit peut-être du château d'Arbas, racheté par le service social de la mairie.
«Petite frappe». Gendarmes et juges ont à peine eu le temps de vérifier certains éléments que le procureur adjoint de Matauban, Marc Bourragué, et l'ex-député-maire de Toulouse, Dominique Baudis, ont pris les devants et hurlé à «la calomnie». L'ex-substitut financier Bourragué a cependant admis que Patrice Alègre, alors «inconnu des services de police», a bu un apéritif chez lui à Launaguet en 1991. C'est «un ami commun» qui l'avait amené. Les enquêteurs restent perplexes sur le profil de cet ami, Gilles Pivi, ex-portier du Broadway, «une petite frappe plus ou moins dealer».
«Tuer l'enquête». De son côté, dimanche aux 20 heures de TF1, l'actuel président du Conseil supérieur de l'audiovisuel s'est défendu en parlant de ses immuables et paisibles soirées en famille, loin «des soirées barbares», et en dénonçant un complot de l'industrie pornographique à son encontre. Mais hier, VSD a révélé l'écoute téléphonique judiciaire du 7 novembre 1996 de Wafaa, call-girl d'un réseau parisien démantelé, qui parle de Dominique Baudis comme d'un client «sûr» de Toulouse qui «monte une fois par semaine ou tous les quinze jours».
A ce tournant de l'affaire, les avocats redoutent les pressions et les fuites qui risquent de «tuer l'enquête». L'avocat de Baudis, Me Szpiner, veut attaquer en diffamation l'avocate de Patricia, Me Hegoburu. Me Catala, défenseur de Fanny, a découvert hier que trois gendarmes ont supplanté sur ce dossier sensible le chef Roussel de la cellule homicide 31 qui exhume depuis deux ans les victimes oubliées d'Alègre. L'avocat ne décolère pas : «Ces trois gendarmes s'appuient sur les policiers mis en cause pour faire passer les témoins pour de dangereuses affabulatrices. On assiste à une tactique discrète mais particulièrement obscène, à une tentative grossière pour déstabiliser nos clientes, et pour étrangler la vérité».
(1) Leurs prénoms ont été changés.
© Libération
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