L'assassinat du clown Bim-Bom selon Libération

[Vérié]

Autre anecdote, qui ne contredit pas la version précédente :
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"Felix Dzerzhinsky, former aspiring Catholic priest, gained notoriety during the Bim-Bom affair. Bim-Bom was a Moscow circus clown known for his jokes about the prominent figures of the Communist party. In 1918, after Felix Dzerzhinsky settled in the Lubyanka offices of Lloyds of London as the head of the Commission for Combating Counterrevolution and Sabotage (Cheka), he attempted to arrest Bim-Bom during his circus performance. The audience thought that this was a part of the Bim-Bom's act. Bim-Bom fled and Felix Dzerzhinsky was ridiculed as a clown chasing a clown. The Bom-Bom fiasco did not discourage the failed cleric, but on the contrary, steeled his resolve. He worked day and night, rarely leaving his Lubyanka office, and at the end of his first year as the head of Cheka he became known as the 'Iron Felix' and Lubyanka became the Moscow's feared prison."

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Je résume : Dzerjinsky, ancien séminariste, chef de la Tchéka, acquit une notoriété à l'occasion de l'affaire Bim-Bom, un clown de cirque connu pour ses plaisanteries sur les figures éminentes du PC. En 1918 (...) Djerzinsky se ridiculisa en tentant d'arreter Bim-Bom pendant sa représentation. Les spectateurs crurent qu'ils s'agissait d'un gag et que Djerzinsky était un autre clown. Ce fiasco ne découragea pas l'ancien séminatiste etc"

Pris sur un site d'histoire dont je n'ai compris ni les positions politiques ni les objectifs. Quoi qu'il en soit, ici le clown est unique et on ne dit pas que Djezinsky lui a tiré dessus.

Nous pouvons en tirer une première conclusion : la vie des camarades clowns était agitée à Moscou en 1918.

[Vérié]

Encore un point de vue, qui ne contredit pas non plus complétement les précédents :
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Tiré du site littéraire britannique The valve :

"A clear case of ‘foil’ is given by the play of heroic swashbucklers, which has a comic cowardly swashbuckler (Parolles), not at all to parody the heroes but to stop you from doing so: ‘If you want to laugh at this sort of thing laugh now and get it over.’ I believe the Soviet Government in its early days paid two clowns, Bim and Bom, to say as jokes the things everybody else would have been shot for saying."

Je résume ce que j'ai compris (les anglicistes rectifieront.

Un clair cas de "foil" (contraste, manipulation, je ne sais comment traduire ce mot) est donné par le jeu de deux comiques. Le but n'était pas de parodier les héros mais de vous décourager de le faire vous meme. (...) Je crois que le gouvernement soviétique dans ses premiers jours payait les deux clowns, pour dire comme des plaisanteries des choses que, si elles avaient été dites par n'importe qui d'autre, auraient valu de se faire descendre.
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Donc Bim et Bom comiques au service (secret) des Bolcheviks et non victimes.


Encore une version supplémentaire sur un site italien consacré au KGB, sous la signature d'une certaine Paola Mocchi. C'est la plus proche de celle de Libération :
Bim-Bom (unique NDV) fut la première victime de la Tchéka. Djerzinsky vint l'arreter en pleine représentation. Bim-Bom s'enfuit. Le public crut qu'il s'agissait d'un gag, mais réalisa le drame quand Derzinsky se mit à tirer sur Bim-Bom."

Paola Mocchi ne précise pas si Derzinsky l'a touché ou l'a raté. (Bim-Bom selon un autre site étant aussi des acrobates très doués, peut-etre a-t-il réussi à échapper au sanguinaire chef de la Tchéka.) Le passage suivant du texte laisse entendre sans le dire clairement que c'est Lènine en personne qui aurait ordonné de mettre fin au spectacle de Bim-Bom !

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Bref. On pourrait presque écrire, sinon un livre, un article sur cette légende.
Les modos pourraient re-titrer : "Le mythe Bim-Bom" ou "Bim-Bom : naissance et évolution d'un mythe anti bolchevik". :wacko:

[sylvestre]

Bon alors j'ai regardé dans mon exemplaire du Figes, pour essayer d'aller plus loin dans la genèse de ce mythe. Le paragraphe sur "la mort du clown bim-bom", commence dans la manière contradictoire typique de Figes par noter que les opériations de la Cheka étaient assez limitées au début de la révolution, ce qu'il attribue à l'influence modératrice de la présence des SR de gauche, et se termine par l'asssassinat du clown bim-bom et ses funérailles. Il cite deux sources pour ce paragraphe. L'une est Iakov Peters, membre de la Tcheka, "vospominaniia o rabote v VChK vpervyi god revoliutsii", Proletarskaia revoliutsiia, 10, 1924. Dans ce bouquin il est également fait référence à cette source en rapport avec "le clown bim-bom" : au cours de l'incident des membres de la Tcheka auraient tiré sur plusieurs membres du public.

L'autre source citée est Sergei Melgunov, un émigré aristocrate russe, aux pages 27-8 la traduction anglaise de 1925 de son livre "Красный террор" в Россiи 1918 -- 1923 ( La "Terreur Rouge" en Russie 1918-1923 ). Il y a le texte en russe ici mais ne connaissant pas le russe je suis incapable d'être sûr que c'est de là que vient la version de Figes.

Selon The Mind and Face of Bolshevism Bim et Bom étaient membres du parti communiste et avaient un permis spécial pour brocarder le gouvernement afin d'offrir un peu de détente au public moscovite, accablé par les privations. (Cette position intéressante pour des artistes a d'ailleurs inspiré Samuel Beckett dans l'oeuvre duquel les clowns soviétiques apparaissent à plusieurs endroits.)

Petit à petit, quand on voulait critiquer le gouvernement on commençait par préfacer la critique par "Tu sais ce qu'a dit Bim hier ?", jusqu'à ce qu'un jour quelqu'un ajoute "Bim et Bom ont été arrêtés et exécutés pour avoir dit cela", ce qui devint à son tour une formule : toute anecdote sur les deux clowns se terminait par "Bim et Bom ont été exécutés pour cela, oui, vraiment exécutés !"

Pendant ce temps les vrais Bim et Bom continuaient à jouer chaque soir au cirque, mais en attirant de moins en moins d'attention, supplantés qu'ils étaient par les Bim et Bom imaginaires... (pp 390 à 393)

[sylvestre]

Quelqu'un peut envoyer une réaction sur l'article de Libé ? Je vais finir par devenir spécialiste de Bim et Bom, mais pas moyen d'envoyer une réaction ou d'"écrire à l'auteur" d'où je suis.

Donc, il suffit de taper "bim bom clown" en russe dans Google ( БиМ БоМ клоун ) et on trouve des tas de choses, notamment ici un article qui nous apprend que Bim, le fondateur du duo ( Ivan Semenovich Radunskim - Иваном Семёновичем Радунским ) est mort en 1955, après une longue carrière - en 1941-46 le dernier Bim fut Radunskogo N. Kamsky (26.11.1894- 11.3.1966).

[Vérié]

[quote=" (sylvestre @ mercredi 10 octobre 2007 à 14:12"]
Quelqu'un peut envoyer une réaction sur l'article de Libé ?
A mon humble avis, pour qu'une réponse soit publiée par Libé, il faut qu'elle émane, soit d'un spécialiste, soit au moins d'un prof d'histoire, soit d'une personnalité de gauche connue. Sinon, ça va aller à la corbeille immédiatement.

Donc, s'il y a un prof d'histoire parmi les participants au FALO, ou quelqu'un qui peut demander à JJ Marie de répondre, par exemple ceux ou celui qui se charge de l'inviter aux débats de la fête.

Sinon, s'il s'agit d'une simple contribution de lecteur sur Internet (je n'ai pas clairement compris), si tu ne peux pas l'envoyer pour des raisons techniques, tu peux par exemple rédiger cette contribution et l'un d'entre nous l'enverra...

[sylvestre]

Je pensais aux réactions telles que celles qu'on peut lire en bas de l'article de "Cathy" et "S.Giuliano".
Mais bon, j'ai envoyé des messages via la page "contact" et on verra bien.

[jeug]

Je croyais ce sujet anodin, mais il ne l'est pas.
Plusieurs personnes m'ont interpelé sur l'article dans la revue Histoire (par le fameux tandem Courtois Werth).

Sylvestre, le bouquin de Figes qui est le sujet de l'article de Libé, ce n'est pas le même que celui dont tu parles et qui a 10 ans, je suppose ?

[Vérié]

mais pas moyen d'envoyer une réaction ou d'"écrire à l'auteur" d'où je suis.


Pour ceux qui souhaitent essayer de faire passer quelque chose dans Libération : ce n'est surtout pas à l'auteur de l'article qu'il faut écrire ! Celui-ci recevra le courrier et s'empressera de l'oublier, il évitera bien évidemment d'en parler car cela pourrait remettre en cause (très partiellement) son sérieux. Donc écrire plutot au chef de la rubrique livres ou au responsable de la page Rebonds, puis l'appeler par téléphone (enfin essayer de l'avoir au bout du fil) pour justifier de sa démarche, arguer de ses qualités de professeur, diplomé, spécialiste etc.
Eh oui, c'est compliqué car c'est très couru...

[sylvestre]

Jeug :

Sylvestre, le bouquin de Figes qui est le sujet de l'article de Libé, ce n'est pas le même que celui dont tu parles et qui a 10 ans, je suppose ?

De toute évidence c'est le même livre (A people's tragedy, La tragédie d'un peuple), qui vient seulement d'être traduit en français (il n'est d'ailleurs pas extraordinaire que la traduction française apparaisse des années après l'édition originale).

C'est vrai que ce qui est encore plus agaçant dans cette affaire c'est qu'au bout de 10 ans Figes n'ait toujours pas été foutu de corriger ses erreurs.