Libération de Bertrand Cantat

Rien n'est hors-sujet ici, sauf si ça parle de politique

Message par redaxe » 16 Oct 2007, 20:23

Il y a les mecs qui trouvent ça normal que leur femme prenne une trempe de temps en temps. C'est des salopards sexistes, et malheureusement il y en a PLEIN, je connais plusieurs filles qui se font taper dessus régulièrement.
Il y a ceux qui ne trouvent pas ça normal de taper sa femme, mais qui le font quand même, et c'est des salopards pareil.
Il y a des mecs violents, qui tapent facilement, souvent parce qu'ils n'ont pas appris à gérer les conflits autrement, parce qu'ils ne savent pas discuter, parce qu'ils ont grandi avec la loi de la rue... Je ne sais pas ou les classer.
Il y aussi, surement des mecs "normaux", qui ont des principes, qui partagent les corvées ménagères et s'occupent de leurs enfants, et qui un jour, pètent un câble (je connais au moins un exemple d'un "mari modèle" qui a porté une fois la main sur sa femme, et dont le geste ne revêt pas un caractère sexiste.)
Donc "crime sexiste", c'est très large. Je ne parle pas spécialement de Cantat, je ne sait pas s'il appartient à la 2e, 3e ou 4e catégorie. C'est juste pour dire qu'on ne peut pas toujours mettre tout le monde dans le même panier.
En fait, les gars ont vraiment intérêt à faire super attention avec les filles. La barrière psychologique ("on tape pas les filles") doit être super ancrée. Parce que moi, ça m'est déjà arrivé de taper sur un gars, mais enfin avec mes petits poings, lui faire mal c'était pas gagné! Mais un mec ne peut pas se permettre ça: même si la fille l'insulte, lui crache à la figure, ou le tape, il ne peut pas "se lâcher".
Mais enfin ça, ça vaut aussi pour "on tape pas sur plus faible que soit". Enfin combien il y a de mecs en taule qui ont tué un gars par accident, à la sortie d'un bar, un soir qu'ils étaient trop bourrés ? Plein. C'est pas toujours qu'une question de sexisme.
Pour terminer, j'ajouterai que moi, vu que je suis une femme, je sais que je peux être amenée, en certaines circonstances, à fermer ma bouche plus vite que si je pesais 30kg de plus. La force physique supérieure des mecs, c'est bien la base de leur domination, non? (Il y peut-être parmi vous des gringalets qui ressentent la même chose...)

a écrit :Pour répondre sincèrement à Vérié, je me fous complètement du sort que connaîtront en taule le violeur, le mari meurtrier... ou d'ailleurs le casseur de pédés. Il est des cas où je ne vois rien à redire à ce genre de retour de bâton. Le pardon ou la miséricorde, je laisse ça aux calotins.


Heureusement, pour certaines catégories de détenus il y a des zones "à part" qui les mettent à l'abri des représailles des co-détenus.
Si des dealers se croient moralement autorisés à casser la gueule à des violeurs, tant mieux pour eux, mais je ne vois pas pourquoi il faudrait cautionner ça.
redaxe
 
Message(s) : 0
Inscription : 13 Juin 2007, 22:37

Message par ravine chien » 16 Oct 2007, 21:00

Je connais 2 femmes qui lorsque le meurtre a eu lieu, se sont dit: "Et la prochaine fois, si c'était moi?" La médiatisation de cette affaire les a aidé à faire le pas qui leur a permis de changer de vie. L'une d'elles est devenue la maman de notre fils :wub:
ravine chien
 
Message(s) : 0
Inscription : 17 Mars 2003, 14:50

Message par Wapi » 16 Oct 2007, 21:13

(redaxe @ mardi 16 octobre 2007 à 21:23 a écrit :
a écrit :Pour répondre sincèrement à Vérié, je me fous complètement du sort que connaîtront en taule le violeur, le mari meurtrier... ou d'ailleurs le casseur de pédés. Il est des cas où je ne vois rien à redire à ce genre de retour de bâton. Le pardon ou la miséricorde, je laisse ça aux calotins.


Heureusement, pour certaines catégories de détenus il y a des zones "à part" qui les mettent à l'abri des représailles des co-détenus.
Si des dealers se croient moralement autorisés à casser la gueule à des violeurs, tant mieux pour eux, mais je ne vois pas pourquoi il faudrait cautionner ça.
Merci Redaxe de redire tout ça, qui est à mon sens profondément juste.

Je suis pour la justice, pas pour la vengeance, et je trouve que dans le rapport de la société à ses criminels, on voit de moins en moins cela.

Je trouve qu'aujourd'hui, beaucoup de victimes qu'on nous montre à la télé dans les tribunaux réclament une vengeance que le tribunal ne leur rend pas assez à leur goût.

Alors le gouvernement durcit les peines, fait pression sur des juges déjà bien réacs, et ça ne déplaît jamais trop ces mesures-là.

C'est tellement horrible et sordide les assassinats de femmes et d'enfants.

Du coup, on a l'impression qu'en guise de punition, on propose de la maltraitance, voire des sévices physiques, et nombreux sont ceux qui ne sont pas forcément contre.

Pourquoi pas d'ailleurs le supplice de Damien pour un pédophile multirécidiviste si le tarif "normal" c'est de se faire défoncer la tronche tous les jours en taule pendant 15 ans pour crime sexiste ou homophobe ?

Personne ne souhaite revenir aux prisons de l'ancien régime avec les oubliettes et les culs-de-basse-fosse, la question préliminaire et la question préalable ?

A la révolution française, les bourgeois ont expliqué que la prison, c'était la perte des droits du citoyen, et pas la torture ni la souffrance du corps comme le voulaient la noblesse et l'église.
Qu'ils reviennent à présent même là-dessus et distillent l'idée que punir c'est faire souffrir en dit long sur le degré de réaction qui plane autour de la justice bourgeoise.

Maintenant, sur Cantat, je voulais attirer aussi l'attention qu'un autre des aspects très réactionnaires de la justice aujourd'hui est que le prix du crime se négocie aussi en argent, et de plus en plus même.
Dans toutes les affaires, les compensations financières prennent une place très importante. C'est le retour au prix du sang, qui fait échapper certains à la peine et en envoie d'autres à l'échafaud... comme ça se passe dans le tiers-monde, où on peut échapper parfois à la mort en payant.
Wapi
 
Message(s) : 0
Inscription : 08 Jan 2005, 16:30

Message par Louis » 16 Oct 2007, 22:13

a écrit :Maintenant, sur Cantat, je voulais attirer aussi l'attention qu'un autre des aspects très réactionnaires de la justice aujourd'hui est que le prix du crime se négocie aussi en argent, et de plus en plus même.
Dans toutes les affaires, les compensations financières prennent une place très importante. C'est le retour au prix du sang, qui fait échapper certains à la peine et en envoie d'autres à l'échafaud... comme ça se passe dans le tiers-monde, où on peut échapper parfois à la mort en payant.


Moi je crois que c'est un peu faux de voir ça comme ça : les "compensations financiéres" sont UN des éléments que prend en compte le juge pour décider d'une libération anticipé, d'un aménagement de la peine. Et ce qui est normalement mesuré, c'est l'effort que l'accusé est pret a accepter pour "réparer" (j'ai eu ça quand je travaillait dans une structure d'insertion, et les sommes en questions étaient assez peu importante "dans l'absolu" (quelques centaines d'euro) mais représentait un gros effort pour les personnes en question...

Par contre, d'aprés ce que je sais, Cantat n'a pas été particuliérement protégé : il a par exemple été "mis a l'amende" par des détenus qui prétendaient qu'un contrat avait été posé contre lui. Il s'est fait casser la gueule plusieurs fois etc Bref, le sort normal de ceux qui n'ont pas la prison comme parcours social obligé, quand ils ne sont pas dans des "zones VIP"
Louis
 
Message(s) : 0
Inscription : 15 Oct 2002, 09:33

Message par gerard_wegan » 16 Oct 2007, 22:16

(Gaby @ mardi 16 octobre 2007 à 19:42 a écrit :LO s'est "compromis" devant les tribunaux pour moins que ça, des affaires de calomnies afin de faire de la contre-propagande, rétablir une vérité tant que faire se peut. Un "piège" sans doute, plein d'"illusions" envers la nature de l'institution...
Quel est le rapport ? On discute de la réponse pénale à des violences meurtrières ou (pour l'article LdC de 78) à des viols... et tu viens nous causer d'histoires de diffamation ! :33:
Ce n'est pas exactement ce qu'on appelle le sens de la mesure ou de la nuance... :ermm:
D'ailleurs, tu te coupes sans même t'en apercevoir : dans les cas que tu évoques, l'objectif serait de "faire de la contre-propagande", de "rétablir une vérité tant que faire se peut", pas de viser l'emprisonnement de je ne sais qui !

(Gaby @ mardi 16 octobre 2007 à 19:42 a écrit :C'est cela la discussion première autour du crime de Cantat, pas la salubrité des prisons ou la nécessité d'un Etat qui visiblement pour certains se refuserait  complètement à la répression contre le sexisme.
La "discussion première", il y a 4 ans, peut-être. Mais ce fil a démarré sur les conditions de la libération de Cantat et a tout de suite embrayé (dès le 3ème post) sur une question d'échelle des peines entre violence ayant entrainé la mort et "cambriolage sans violence", etc.
Tu peux faire semblant de croire ce que personne n'a écrit dans ce fil, c'est-à-dire que "certains" considèreraient qu'un Etat ne devrait pas réprimer les violences sexistes... mais là tu polémiques avec ton ombre !

(Aumance @ mardi 16 octobre 2007 à 19:48 a écrit :pour ma part, je partage l'avis de Sterd ; une telle complaisance pour un assassin me gêne
Est-ce le seul fait de poser la question de l'utilité sociale de la prison qui passe à tes yeux pour de la "complaisance pour un assassin" ?!
Si ça se veut un argument massue pour éviter la question des prisons en cherchant à culpabiliser l'interlocuteur, c'est un procédé douteux... et, pour ce qui me concerne, inefficace au demeurant.
gerard_wegan
 
Message(s) : 2
Inscription : 31 Oct 2002, 08:32

Message par Wapi » 16 Oct 2007, 22:31

(Louis @ mardi 16 octobre 2007 à 23:13 a écrit :
a écrit :Maintenant, sur Cantat, je voulais attirer aussi l'attention qu'un autre des aspects très réactionnaires de la justice aujourd'hui est que le prix du crime se négocie aussi en argent, et de plus en plus même.
Dans toutes les affaires, les compensations financières prennent une place très importante. C'est le retour au prix du sang, qui fait échapper certains à la peine et en envoie d'autres à l'échafaud... comme ça se passe dans le tiers-monde, où on peut échapper parfois à la mort en payant.


Moi je crois que c'est un peu faux de voir ça comme ça : les "compensations financiéres" sont UN des éléments que prend en compte le juge pour décider d'une libération anticipé, d'un aménagement de la peine. Et ce qui est normalement mesuré, c'est l'effort que l'accusé est pret a accepter pour "réparer" (j'ai eu ça quand je travaillait dans une structure d'insertion, et les sommes en questions étaient assez peu importante "dans l'absolu" (quelques centaines d'euro) mais représentait un gros effort pour les personnes en question...

Par contre, d'aprés ce que je sais, Cantat n'a pas été particuliérement protégé : il a par exemple été "mis a l'amende" par des détenus qui prétendaient qu'un contrat avait été posé contre lui. Il s'est fait casser la gueule plusieurs fois etc Bref, le sort normal de ceux qui n'ont pas la prison comme parcours social obligé, quand ils ne sont pas dans des "zones VIP"
Cantat a finalement versé 200 000 euros à deux des enfants de Marie Trintignant, au terme d'une affaire à rebondissements, et a trouvé aussi un arrangement financier avec l'assureur d'un film interrompu par la mort de l'actrice. Bien sûr qu'aujourd'hui ce n'est encore qu'un des éléments, mais ça existe quand même dans tout un tas d'affaires criminelles, souvent avant mais aussi parfois après le procès.
(L'affaire de viol sur mineur dont Michaël Jackson était accusé par exemple et qui s'est terminé par un retrait de plainte très monnayé).
Wapi
 
Message(s) : 0
Inscription : 08 Jan 2005, 16:30

Message par gerard_wegan » 16 Oct 2007, 22:36

(Byrrh @ mardi 16 octobre 2007 à 22:48 a écrit :je me sens solidaire des femmes pour qui les poursuites pénales à l'encontre de leurs agresseurs sont une arme pour leur défense et leur sécurité, pour la reconnaissance de ces violences en tant que crimes sexistes.
Evidemment d'accord sur ce point, comme dit plus haut.
Mais, comme le soulignait l'article dont tu dis plus haut le plus grand bien, ce n'est qu'un aspect du problème. Et LO, heureusement, n'en restait pas à celui-là dans la disussion autour du viol devant la justice. Les camarades ne reprochaient pas aux féministes en général d'avoir choisi "un terrain juridique piégé", celui de la reconnaissance effective du viol comme un crime, mais critiquaient à juste titre celles parmi ces féministes qui se prétendaient aussi révolutionnaires, en soulignant ce que certaines avaient fini -- trop tard -- par mesurer elles-mêmes qu'elles s'étaient fourvoyées en s'en remettant à une justice bourgeoise qui, une fois lancée, n'hésitait pas à broyer n'importe quel ""pauvre type"", n'importe quels "coupables [qui] appartiennent au monde des faibles et des opprimés". (citations de l'article)
gerard_wegan
 
Message(s) : 2
Inscription : 31 Oct 2002, 08:32

Message par Ottokar » 17 Oct 2007, 08:12

Eh ben ! moi je n'ai eu que le tort de travailler hier et de ne pas regarder le forum... et j'en ai pris pour 6 pages sur Cantat ! Plus une référence à la discussion d'il y a quatre ans (11 pages) et l'article de la LDC. Vous avez dégainé vite, les potes !

Bon, je vais essayer de ne pas envenimer les choses. Je crois qu'on est tous d'accord sur un certain nombre de points. Le viol, les coups et blessures, surtout à plus faible que soi physiquement, les maltraitances aux femmes en particulier (et pire, aux enfants) cela nous révulse. Et on n'a pas de solution satisfaisante sauf à tenter de faire disparaître ce qui les cause. Il n'y a rien qui puisse réparer.

Les "hauts murs" des prisons, on n'aime pas ça non plus.

Mais dans cette société, la justice est un des moyens d'exprimer l'échelle de réprobation. Et Artza l'a très bien dit. Il y a quelques années, les violeurs bénéficiaient de circonstances atténuantes, de clins d'oeils complices de la justice et des flics, surtout si la victime était jeune et jolie. La criminalisation du viol dont LO a été solidaire (je n'ai pas relu la LDC, désolé) a servi a faire changer cette attitude. C'est une bonne chose, en tant que symbole. Il ne faut pas que dans l'échelle des peines, les coups portés à Marie Trintignant soient jugés moins graves parce que ce serait une "affaire de couple", banale, ou que Cantat est connu. C'est à cette aune qu'il faut juger la peine à mon avis.

L'argent, les dommages et intérêts, c'est pareil. Dans cette société, tout se tarifie. Le procès du Queen Mary 2 va se terminer de cette façon. Le Concorde s'est terminé de cette façon. La vie d'un homme en occident vaut quelque chose entre 200 000 et un million d'euros, à Bhopal en Inde elle a valu 100 fois moins. Cantat a payé, c'est symbolique aussi.

J'ai été moi aussi un peu choqué de le voir sortir "vite". Mais qu'est-ce que je voulais ? je ne voulais pas sa tête ni le condamner à vie. Je sais que le gars maintenant me dégoûte, que je n'écoute plus Noir Désir. Et que je n'ai aucune envie de les voir se reconstituer (la presse en parle) et que je ne veux plus entendre parler de ce sinistre Cantat. La réprobation sociale devrait faire partie de sa peine et manifester le dégoût de la société pour ce genre d'acte.
Ottokar
 
Message(s) : 731
Inscription : 16 Jan 2005, 10:03

PrécédentSuivant

Retour vers Tribune libre

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 1 invité