Bon anniversaire, révolution russe

Rien n'est hors-sujet ici, sauf si ça parle de politique

Message par Thersite » 07 Nov 2007, 00:36

Bonne anniversaire, Révolution !
Une lecture du moment :
a écrit :En 1917 [...] il n'y avait pas de révolution "russe". Il n'y avait qu'une révolution prolétarienne... en Russie. Ce n'était qu'une première victoire dans le combat pour la révolution socialiste mondiale

"70e anniversaire de la Révolution d'Octobre 1917, Actualité de la révolution prolétarienne", CLT n°24, 13 novembre 1987.

:marx: :engels: :lenine: :luxemburg: :trotsky:
Thersite
 
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Message par Puig Antich » 07 Nov 2007, 02:41

Pour l'anniversaire de la révolution russe, on a des milliers d'étudiants en AG qui veulent stopper le gouvernement et une grève historique des cheminots, puis des fonctionnaires en perspective. Etre fidèle à la révolution russe c'est militer pour la réussite, la convergence, l'auto-organisation et la centralisation de ces mouvements contre les capitalistes et leur gouvernement, pour qu'ils entrainent tous les travailleurs dans la bataille, infligent une défaite cuisante à nos ennemis, éveillent notre classe à l'idée de prendre le pouvoir politique et le contrôle de l'économie entre ses seules mains !

Et avancer vers la construction du parti qui pourra défendre efficacement et victorieusement cette perspective révolutionnaire.

Faisons que pour le centième anniversaire, dans dix ans, la crise soit semée dans le système impérialiste et que ce parti révolutionnaire, internationaliste, soit construit à l'échelle de la planète !
Puig Antich
 
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Message par bidule » 07 Nov 2007, 20:02

Pour illustrer ce parler franc

Un an après la révolution d'octobre, les premiers revers sévères, avec l'offensive allemande : il faut voir la réalité en face, dit Lénine : après avoir marché triomphalement, parce que c'était facile (les soviets se sont créés tout de suite grâce à l'expérience de 1905 et les masses ont compris, par l'expérience entre février et octobre 1917 qu'elles devaient prendre le pouvoir), il va nous falloir accepter la paix "humiliante" avec l'Allemagne. Et le plus dur est encore à venir... Ceux qui sont venus à nous parce qu'ils étaient grisés par la marche triomphale du début doivent comprendre à quelles difficultés on a affaire maintenant : tout organiser et se coleter avec l'impérialisme qui, la guerre de rapine finie, a maintenant les mains libres contre nous.

En rouge : la révolution ça a commencé facile
En bleu : c'est les masses qui ont fait la révolution, en faisant leur expérience
En vert : maintenant qu'il faut tout organiser à partir de zéro et que l'impérialisme a les mains libres, ça va être difficile

(Lenine DISCOURS AU VIIe CONGRÈS EXTRAORDINAIRE DU P.C.B.R. (6%8 MARS 1918)RAPPORT POLITIQUE DU COMITÉ CENTRAL @ LE 7 MARS a écrit :Les premiers succès de la révolution de Février [1] ont été dus au fait que le prolétariat était suivi non seulement de la masse rurale, mais aussi de la bourgeoisie. D'où la facilité de la victoire sur le tsarisme que nous n'avions pu obtenir en 1905. Dans la révolution de Février, les Soviets de députés ouvriers se créèrent d'eux-mêmes, spontanément, rééditant l'expérience de 1905: il nous fallut proclamer le principe du pouvoir des Soviets. Les masses s'initiaient aux problèmes de la révolution par l'expérience de leur propre lutte. Les événements des 20 et 21 avril [2] furent la synthèse originale d'une manifestation et d'une sorte d'insurrection armée. Cela suffit pour faire tomber le gouvernement bourgeois. Dès lors s'ouvrit une longue période de politique conciliatrice, découlant de la nature même du gouvernement petit- bourgeois au pouvoir. Les événements de juillet [3] ne pouvaient pas encore donner naissance à la dictature du prolétariat: les masses n'étaient pas encore préparées. Aussi bien, pas une seule organisation responsable ne les y appela. Mais en tant que reconnaissance opérée dans le camp ennemi, les événements de juillet eurent une importance énorme. Le coup de force de Kornilov [4] et les événements qui le suivirent furent des leçons pratiques, qui rendirent possible la victoire d'Octobre. L'erreur de ceux qui voulaient partager le pouvoir également en octobre [5] provient de ce qu'ils ne rattachaient pas la victoire d'Octobre aux journées de juillet, à l'offensive, au coup de force de Kornilov, etc., etc., à tout ce qui avait amené les grandes masses à prendre conscience que le pouvoir des Soviets était devenu inévitable. Vient ensuite notre marche triomphale à travers la Russie, soutenue par la volonté universelle de paix. Nous savions qu'une renonciation unilatérale à la guerre ne nous donnerait pas la paix ; nous l'avions indiqué dès la Conférence d'avril [6]. Pendant la période d'avril à octobre, [clor=blue]les soldats avaient pris clairement conscience que la politique des conciliateurs ne faisait que prolonger la guerre[/color], menait les impérialistes à des tentatives absurdes, insensées, pour continuer leurs offensives et s'empêtrer encore davantage dans une guerre qui durerait des années. C'est sur ce terrain-là qu'il importait à tout prix de passer au plus tôt à une politique de paix active; les Soviets devaient prendre le pouvoir en main ; il fallait balayer complètement la grande propriété foncière. Vous savez que celle-ci n'avait pas seulement l'appui de Kérenski, mais aussi celui d'Avksentiev, qui alla même jusqu'à faire arrêter des membres des comités agraires. Et c'est cette politique, ce mot d'ordre «Le pouvoir aux Soviets !» que nous faisions pénétrer dans la conscience des masses populaires les plus profondes, qui nous permirent en octobre de vaincre si facilement à Pétersbourg, et qui transformèrent les derniers mois de la révolution russe en une marche triomphale.
La guerre civile devint un fait. Ce que nous avions prédit au début de la révolution et même au commencement de la guerre, et qu'une partie considérable des milieux socialistes avaient alors accueilli avec méfiance, voire avec ironie, à savoir la transformation de la guerre impérialiste en guerre civile, devint un fait le 25 octobre 1917 pour l'un des plus grands et des plus arriérés des pays belligérants. Dans cette guerre civile, l'immense majorité de la population s'est trouvée de notre côté ; et c'est pourquoi la victoire nous vint avec une facilité extrême.

Les troupes abandonnant le front en rapportaient, partout où elles se présentaient, le maximum de décision révolutionnaire pour en finir avec la politique de conciliation. Et les éléments conciliateurs, la garde blanche, les rejetons des grands propriétaires fonciers se trouvèrent privés de tout appui dans la population, La guerre contre eux, à mesure que les grandes masses et les unités militaires lancées contre nous se ralliaient aux bolcheviks, se transformait peu à peu en une marche triomphale victorieuse de la révolution. C'est ce que nous avons vu à Petrograd, sur le front de Gatchina, où les Cosaques que Kérenski et Krasnov voulaient jeter contre la capitale rouge, hésitèrent c'est ce que nous avons vu ensuite à Moscou, à Orenbourg, en Ukraine. La vague de la guerre civile déferla sur toute la Russie, et partout nous fûmes vainqueurs avec une facilité incroyable, justement parce que le fruit était mûr, parce que les masses avaient déjà fait l'expérience de la conciliation avec la bourgeoisie. Notre mot d'ordre «Tout le pouvoir aux Soviets ! » dont les masses avaient pu pratiquement vérifier la justesse par une longue expérience historique, devint la chair de leur chair.

Voilà pourquoi les premiers mois de la révolution russe après le 25 octobre 1917 furent une marche triomphale continue. Celle-ci faisait oublier, refoulait au second plan les difficultés auxquelles, d'emblée, se heurta et devait forcément se heurter la révolution socialiste. Une des différences essentielles entre la révolution bourgeoise et la révolution socialiste, c'est que pour la révolution bourgeoise qui pousse sur le terrain de la féodalité, on voit se créer progressivement, au sein de l'ancien régime, de nouvelles organisations économiques qui modifient progressivement tous les aspects de la société féodale. Une seule tâche se posait à la révolution bourgeoise : balayer, rejeter, détruire les entraves de l'ancienne société. En accomplissant cette tâche, une révolution bourgeoise accomplit tout ce qu'on exige d'elle : elle stimule le développement du capitalisme.

Tout autre est la situation de la révolution socialiste. Plus arriéré est le pays qui a dû, par suite des zigzags de l'histoire, commencer la révolution socialiste, et plus il lui est difficile de passer des anciens rapports capitalistes aux rapports socialistes. Ici, aux tâches de destruction viennent s'ajouter des tâches nouvelles, d'une difficulté inouïe : les tâches d'organisation. Si le génie créateur populaire de la révolution russe, après avoir connu la grande expérience de 1905, n'avait pas créé les Soviets dès février 1917, ceux-ci n'auraient jamais pu prendre le pouvoir en octobre, car le succès dépendait uniquement de l'existence de formes d'organisation déjà prêtes d'un mouvement fort de millions d'hommes. Les Soviets furent cette forme toute prête; c'est pourquoi, ce qui nous attendait dans le domaine politique, c'étaient ces brillants succès, cette marche triomphale incessante que nous avons connue du fait que la nouvelle forme du pouvoir politique était prête, et qu'il ne nous restait qu'à transformer par quelques décrets le pouvoir des Soviets, de l'état embryonnaire où il se trouvait dans les premiers mois de la révolution, en une forme légalement reconnue et consacrée dans l'Etat russe, la République des Soviets de Russie. Celle-ci est née d'un seul coup et avec cette facilité parce qu'en février 1917 les masses avaient créé les Soviets avant même qu'aucun parti ait eu le temps d'en proclamer le mot d'ordre. Le génie populaire lui-même qui avait connu la douloureuse expérience de 1905 et s'en était instruit, voilà le créateur de cette forme du pouvoir prolétarien. Vaincre l'ennemi intérieur fut une tâche éminemment facile. La création du pouvoir politique le fut également, puisque les masses nous avaient donné la charpente, le fondement de ce pouvoir. La République des Soviets est née d'un coup. Mais il restait encore deux tâches d'une difficulté immense et dont l'accomplissement ne pouvait, en aucune façon, aboutir à cette marche triomphale qui avait été celle de notre révolution dans ses premiers mois. Nous ne doutions pas et nous ne pouvions douter que la révolution socialiste n'eût affronter par la suite des tâches d'une difficulté extrême.
Ce furent d'abord les tâches d'organisation intérieure qui se posent pour toute révolution socialiste. Ce qui distingue précisément une révolution socialiste d'une révolution bourgeoise, c'est que celle-ci a des formes toutes prêtes de rapports capitalistes, tandis que le pouvoir soviétique - prolétarien - ne trouve pas de rapports tout prêts, si l'on ne tient pas compte des formes les plus développées du capitalisme qui, au fond, n'ont gagné que quelques sommets de l'industrie et n'ont encore qu'à peine touché l'agriculture. L'organisation du recensement, le contrôle sur les grosses entreprises, la transformation de l'ensemble du mécanisme économique de l'Etat en une seule grande machine, en un organisme économique fonctionnant de telle sorte que des centaines de millions d'hommes soient dirigés d'après un plan unique : telle est l'immense tâche d'organisation à laquelle nous avions à faire face. Dans les conditions actuelles du travail, elle ne pouvait en aucune façon être accomplie par un « coup d'audace », comme nous avons pu le faire pour les tâches de la guerre civile. La nature même de la question rendait cette solution impraticable. Si nous avons vaincu avec cette facilité nos Kalédine et créé une République des Soviets envers et contre une résistance qui ne méritait même pas qu'on lui accordât une attention sérieuse ; si cette marche des événements avait été déterminée par tout le développement objectif antérieur, de sorte qu'il ne restait plus qu'à dire le dernier mot, à changer l'enseigne, - au lieu de «Le Soviet existe comme une organisation professionnelle», inscrire « Le Soviet est la seule forme du pouvoir d'Etat », - il en allait tout autrement en ce qui concerne les tâches d'organisation. Ici, nous avons rencontré des difficultés gigantesques. Tous ceux qui voulaient réfléchir sérieusement aux tâches de notre révolution voyaient clairement, du premier coup, que c'est seulement par un rude et long effort d'autodiscipline que l'on pourrait vaincre la décomposition introduite par la guerre dans la société capitaliste ; que c'est seulement par un effort très intense, prolongé et tenace, que nous pourrions surmonter cette décomposition et vaincre les éléments qui l'aggravaient en considérant la révolution comme un moyen de se débarrasser des vieilles entraves, en tirant d'elle le maximum de profit. L'apparition de ces éléments en grand nombre était inévitable dans un pays petit-paysan, à un moment d'effondrement économique incroyable. Et nous aurons à mener contre eux une lutte cent fois plus difficile, qui ne donnera guère d'occasions de briller. Cette lutte, nous venons à peine de la commencer. Nous en sommes à son premier stade. De dures épreuves nous attendent. Etant donné les conditions objectives, nous ne pourrons ici, en aucun cas, nous borner à opérer cette marche triomphale, drapeaux déployés, qui fut la nôtre lorsque nous marchions contre Kalédine. Quiconque essayerait de transporter cette méthode de lutte dans le domaine des tâches d'organisation dont il faut s'acquitter au cours de la révolution ferait complètement faillite, comme homme politique, comme socialiste, comme artisan de la révolution socialiste.

C'est ce qui attendait aussi certains de nos jeunes camarades qui s'étaient laissé griser par la marche triomphale de la révolution à ses débuts, lorsque celle-ci a dû aborder concrètement la deuxième difficulté gigantesque à laquelle elle avait à faire face : la question internationale. Si nous avons aussi facilement eu raison des bandes de Kérenski, si nous avons aussi facilement créé le pouvoir chez nous, si nous avons pris, sans le moindre mal, les décrets sur la socialisation de la terre, sur le contrôle ouvrier, si tout cela s'est fait avec tant de facilité, c'est uniquement parce que des conditions favorables sont intervenues qui nous ont, pour un court laps de temps, mis à l'abri de l'impérialisme international. Par sa situation objective, de même qu'en raison des intérêts économiques de la classe capitaliste qu'il incarnait, l'impérialisme international, avec toute la puissance de son capital, avec sa technique militaire perfectionnée et qui constitue la véritable force, la véritable citadelle du capital international, ne pouvait en aucun cas, sous aucune condition, s'accommoder d'une existence aux côtés de la République des Soviets ; il ne le pouvait pas en raison des liaisons commerciales, des rapports financiers internationaux. Là, le conflit est inévitable. Là est la plus grande difficulté de la Révolution russe, son plus grand problème historique : la nécessité de résoudre les problèmes internationaux, la nécessité de susciter une révolution internationale, d'opérer ce passage de notre révolution, étroitement nationale, à la révolution mondiale. Cette tâche s'est posée à nous dans son extrême complexité. Je répète que beaucoup de nos jeunes amis qui se croient de gauche ont oublié le plus important, à savoir la raison pour laquelle, durant [colr=red]les semaines et les mois de grand triomphe qui ont suivi la Révolution d'Octobre[/color], nous avons pu marcher si facilement de succès en succès. Or, il n'en a été ainsi que parce qu'une conjoncture internationale exceptionnelle nous a momentanément mis à l'abri de l'impérialisme. Il avait autre chose à faire que de s'occuper de nous. Nous avons cru que nous pouvions le payer de retour. Et certains impérialistes ne se désintéressaient de nous que parce que l'énorme force politique, sociale et militaire de l'impérialisme mondial actuel se trouvait alors divisée, par une guerre intestine, en deux groupes. Les rapaces impérialistes engagés dans cette lutte en étaient arrivés à des extrémités sans précédent, ils s'étaient pris à la gorge au point qu'aucun de ces groupes ne pouvait concentrer de forces sérieuses contre la révolution russe. Nous nous sommes trouvés justement dans cette situation en octobre : ç'a été précisément pour notre révolution - c'est paradoxal, mais c'est juste - un moment propice, où des malheurs sans nom s'étaient abattus sur la grosse majorité des pays impérialistes, sous forme d'extermination de millions d'hommes ; où la guerre accablait les peuples de souffrances inouïes ; où à la quatrième année de la guerre, les pays belligérants se trouvaient acculés dans une impasse, indécis sur le chemin à prendre lorsque se posa objectivement la question de savoir si les peuples réduits à cet état pourraient continuer à se battre. C'est seulement parce que notre révolution s'est faite à ce moment propice où aucun des deux puissants groupes de rapaces ne pouvait se jeter aussitôt sur l'autre ni s'unir à lui contre nous, à un moment où les rapports politiques et économiques internationaux étaient tels que notre révolution a pu en profiter pour effectuer sa brillante marche triomphale à travers la Russie d'Europe, gagner la Finlande, commencer la conquête du Caucase et de la Roumanie. Par là seulement s'explique qu'il se soit trouvé dans les milieux d'avant-garde de notre Parti des militants- des intellectuels-sur- hommes - qui, grisés par cette marche triomphale, se sont dit : nous viendrons à bout de l'impérialisme mondial ; là, aussi, ce sera une marche triomphale, il n'y aura pas de vraie difficulté. Or, c'est là précisément que commence le divorce avec la situation objective de la Révolution russe, qui n'a fait que profiter d'une défaillance momentanée de l'impérialisme international, la machine s'étant momentanément enrayée, alors qu'elle devait marcher contre nous comme un train marche contre une brouette et l'écrase, - et la machine s'était enrayée parce que les deux groupes de rapaces s'affrontaient. Ici et là, le mouvement révolutionnaire montait : mais, dans tous les pays impérialistes sans exception, il ne se trouvait la plupart du temps qu'au premier stade. La cadence de son développement n'était pas du tout la même que chez nous. Pour quiconque réfléchissait aux prémisses économiques d'une révolution socialiste en Europe, il était évident qu'il est bien plus difficile de commencer la révolution en Europe et bien plus facile de la commencer chez nous, mais qu'ici il sera plus difficile de la continuer. Cette situation objective a fait qu'il nous a fallu connaître un tournant très difficile, très brusque, de l'histoire. Après la marche triomphale d'octobre, novembre et décembre sur notre front intérieur, alors que nous combattions notre contre-révolution, les ennemis du pouvoir des Soviets, nous dûmes nous mesurer au véritable impérialisme mondial dans sa véritable attitude d'hostilité à notre égard. De la période de marche triomphale il a fallu passer à une période caractérisée par une situation extrêmement difficile et ardue, dont on ne pouvait évidemment se tirer avec des paroles et des mots d'ordre éclatants, si agréable que cela eût pu être, car nous avions, dans notre pays désorganisé, des masses incroyablement lasses et qui en étaient arrivées au point de ne plus pouvoir, en aucune façon, continuer la guerre, qui étaient brisées par trois pénibles années de guerre au point d'être: complètement inaptes à tout effort militaire. Dès avant la Révolution d'Octobre, nous avons vu les représentants de la masse des soldats qui n'appartenaient pas au Parti bolchevique et qui ne se gênaient pas pour dire la vérité à la face de toute la bourgeoisie, à savoir que l'armée russe ne se battrait pas. Cet état de l'armée a entraîné une crise gigantesque. Ce pays de petits paysans, désorganisé par la guerre qui l'a amené à une situation sans précédent, éprouve des difficultés extrêmes : nous n'avons pas d'armée, il faut continuer de vivre à côté d'un rapace armé jusqu'aux dents, qui est resté pour l'instant et continue de rester un rapace et que, bien entendu, notre propagande en faveur d'une paix sans annexions ni contributions ne pouvait émouvoir. Une brave bête domestique était couchée à côté d'un tigre et cherchait à le convaincre que la paix devait être sans annexions ni contributions, alors que cela ne pouvait être obtenu qu'en prenant l'offensive contre le tigre. Les sommités de notre Parti - les intellectuels et certaines organisations ouvrières - ont voulu se soustraire à cette perspective tout d'abord par des phrases, par des échappatoires : il ne doit pas en être ainsi. Cette paix offrait une perspective incroyable pour nous qui avions combattu jusque-là à découvert, drapeaux déployés, qui n'avions eu qu'à pousser des clameurs pour triompher de nos ennemis, pour que nous puissions céder, accepter des conditions humiliantes. Jamais. Nous avons trop de fierté révolutionnaire, nous déclarons avant tout :« L'Allemand ne pourra pas prendre l'offensive.»

Tel était le premier faux-fuyant par lequel ces gens voulaient se consoler. L'histoire nous place aujourd'hui dans une situation très difficile : nous devons, tout en effectuant un travail d'organisation extrêmement ardu, passer par une série de cruelles défaites. Si l'on envisage les choses à l'échelle mondiale, il est absolument certain que la victoire finale de notre révolution, si elle devait rester isolée, s'il n'y avait pas de mouvement révolutionnaire dans les autres pays, serait sans espoir. Si le Parti bolchevique a pris seul l'affaire en main, c'est avec la conviction que la révolution mûrit dans tous les pays et qu'à la fin des fins, - et non au commencement des commencements, - quelles que soient les difficultés que nous ayons à surmonter, quelles que soient les défaites que nous ayons à subir, la révolution socialiste, internationale viendra, car elle est en marche ; qu'elle arrivera à maturité, car elle mûrit déjà. Nous ne serons préservés de toutes ces difficultés, je le répète, que par la révolution européenne. En partant de cette vérité, vérité tout à fait abstraite, et en nous en inspirant, nous devons veiller à ce qu'elle ne se transforme pas à la longue en une phrase ; car toute vérité abstraite, si on l'applique sans analyse aucune, se transforme en phrase. Si vous dites que derrière chaque grève existe en puissance l'hydre de la révolution, que quiconque ne le comprend pas n'est pas un socialiste, c'est juste. Oui, derrière chaque grève se devine la révolution socialiste. Mais dire que toute grève est un pas vers la révolution socialiste, est une phrase absolument en l'air. Cela, nous l'avons entendu dire et redire à satiété « chaque jour que le bon Dieu fait », au point que les ouvriers ont rejeté ces phrases anarchistes. Car, s'il est indiscutable que derrière chaque grève existe en puissance l'hydre de la révolution socialiste, il est vrai aussi qu'il est absurde de soutenir que toute grève puisse aboutir à la révolution. S'il est absolument incontestable que toutes les difficultés de notre révolution ne seront surmontées que lorsque viendra à maturité la révolution socialiste mondiale, qui mûrit partout actuellement, il est complètement absurde d'affirmer que nous devons escamoter toute difficulté concrète actuelle de notre révolution, en disant : « je mise sur le mouvement socialiste international, je peux faire n'importe quelle bêtise.» «Liebknecht nous tirera d'affaire, parce qu'il vaincra de toute façon.» Il donnera un modèle d'organisation si parfait, il disposera tout de telle façon que nous n'aurons qu'à emprunter des formes toutes faites, comme nous avons emprunté la doctrine marxiste toute faite à l'Europe occidentale, - c'est ce qui a fait qu'elle a triomphé chez nous en quelques mois, peut-être, tandis que sa victoire en Europe occidentale a nécessité des dizaines d'années. Ainsi, ce serait une aventure tout à fait saugrenue que de vouloir appliquer la vieille méthode, celle qui tranchait les problèmes de la lutte par une marche triomphale, à la nouvelle période historique qui s'est ouverte et qui nous fait affronter, non point ces pourritures de Kérenski et de Kornilov, mais un rapace international, l'impérialisme de l'Allemagne, où la révolution est seulement en train de mûrir, mais n'est manifestement pas arrivée à sa pleine maturité. L'affirmation que l'ennemi ne se déciderait pas à marcher contre la révolution a été une aventure de cette espèce. Les pourparlers de Brest-Litovsk [7] n'impliquaient pas encore que nous devions accepter n'importe quelles conditions de paix. Le rapport objectif des forces était tel qu'il n'aurait pas suffi d'une trêve. Les pourparlers de Brest-Litovsk devaient montrer que l'Allemagne prendrait l'offensive, que la société allemande n'était pas encore grosse d'une révolution au point que celle-ci pût éclater tout de suite, et on ne saurait en vouloir aux impérialistes allemands de n'avoir pas encore, par leur conduite, préparé cette explosion, ou, comme le disent nos jeunes amis qui se croient des hommes de gauche, une situation qui ne permette pas à l'Allemand de prendre l'offensive. Quand on leur dit que nous n'avons pas d'armée, que nous avons été obligés de démobiliser, - obligés sans pourtant oublier le moins du monde que notre paisible bête domestique a pour voisin un tigre, - ils ne veulent pas comprendre. Si nous avons été obligés de démobiliser l'armée, nous n'avons nullement oublié que, pour terminer la guerre, il ne suffit pas qu'une seule des parties belligérantes ordonne de planter les baïonnettes en terre.

Le texte est pas fini.
pour l'intégral, c'est ici :
Lénine. DISCOURS AU VIIe CONGRÈS EXTRAORDINAIRE DU P.C.bR. RAPPORT POLITIQUE DU COMITÉ CENTRAL, 7 mars 1918

Je n'ai plus le temps de mettre mes petites couleurs....
bidule
 
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Message par Wapi » 07 Nov 2007, 20:49

ça a commencé, mais mal, très mal ... :(
Wapi
 
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Message par jeug » 07 Nov 2007, 21:26

(bidule @ mercredi 7 novembre 2007 à 20:02 a écrit :En rouge : la révolution ça a commencé facile
En bleu : c'est les masses qui ont fait la révolution, en faisant leur expérience
En vert : maintenant qu'il faut tout organiser à partir de zéro et que l'impérialisme a les mains libres, ça va être difficile

=D>
jeug
 
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Message par Cornulier » 07 Nov 2007, 22:21

(Wapi @ mercredi 7 novembre 2007 à 20:49 a écrit :ça a commencé, mais mal, très mal ...  :(

le milieu et la fin sont pas mal non plus dans l'anticommunisme primaire remarque.... :ohmy:
Cornulier
 
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