Cinéma, art ou propagande ?

Message par Vérié » 09 Nov 2007, 09:30

(lavana @ vendredi 9 novembre 2007 à 08:58 a écrit :
Et puis il faut arrêter d'agiter l'épouvantail du stalinisme dès que l'on parle des artistes.

Le stalinisme a tout de meme dominé toute une partie de la production artistique - cinéma, littérature, peinture - pendant pas loin d'un demi-siècle. Et pas seulement la production artistique en URSS, en Chine et dans les démocraties populaires, mais dans les autres pays où les artistes proches des PC représentaient un courant très influent. On ne peut donc pas balayer le stalinisme intellectuel et artistique d'un trait de plume.
Sur le sujet, on peut lire "Au service du parti" de Jeannine Verdès-Leroux - Editions Fayard.
Vérié
 
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Message par jeug » 09 Nov 2007, 10:42

(Vérié @ vendredi 9 novembre 2007 à 09:22 a écrit :
(jeug @ vendredi 9 novembre 2007 à 09:09 a écrit :
(Vérié @ vendredi  9 novembre 2007 à 08:11 a écrit :Pour ma part, j'ai du mal à apprécier les films, meme talentueux, où transparait une idéologie vraiment très réac. Mais c'est une réaction toute personnelle.

Ca c'est quand même la phrase de trop. Qui crois-tu convaincre ici de t'en faire une spécificité ?

Je n'ai pas cette prétention et je ne cherche à convaincre personne. Mais je te signale que plusieurs intervenants ont souligné le contraire...
Non, désolé Vérié.
Tu dénatures le débât par l'amalgame de 2 choses :
1 - Apprécier une oeuvre très réac (ce sont tes propos)
2 - Apprécier une oeuvre faite par et pour des bourgeois
Le débât n'est pas sur le 1, parce que sur ce premier point, hormis peut-être sur la formulation on est tous d'accord.
Le débât est sur le 2, c'est à dire lorsqu'on sent des relents de l'idéologie dominante. Et là je suis d'accord avec toi, j'ai du mal moi aussi.
jeug
 
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Message par Vérié » 09 Nov 2007, 11:14

(jeug @ vendredi 9 novembre 2007 à 10:42 a écrit : Tu dénatures le débât par l'amalgame de 2 choses :
1 - Apprécier une oeuvre très réac (ce sont tes propos)
2 - Apprécier une oeuvre faite par et pour des bourgeois
Le débât n'est pas sur le 1, parce que sur ce premier point, hormis peut-être sur la formulation on est tous d'accord.
Le débât est sur le 2, c'est à dire lorsqu'on sent des relents de l'idéologie dominante. Et là je suis d'accord avec toi, j'ai du mal moi aussi.
Il me semble que tu simplifies un peu et que tu m'as mal compris - ou je me suis mal exprimé.

Je n'ai jamais parlé d'apprécier une oeuvre "très réac", mais une oeuvre "où transparait une idéologie très réac". Il y a une nuance entre les deux, mais la frontière n'est pas non plus complètement étanche.

Je m'explique.

Une oeuvre très réac, c'est par exemple "Berets verts" avec John Wayne ou "La légion saute sur Kolwesi".

Une oeuvre où transparait une idéologie réac ou très réac, c'est par exemple nombre de westerns plus ou moins anti-indiens, comme par exemple La prisonnière du désert de John Ford, qui était conservateur mais a tout de meme réalisé Les raisins de la colère.

Prenons un autre exemple : La grande pagaille de Commencini, qui est considéré comme un chef d'oeuvre. C'est un excellent film qui montre bien la situation de l'Italie au moment de l'effondrement du fascisme et du changement de camp de la bourgeoisie. Mais sa fin, qui donne sa dimension au film, est très stalinienne-nationaliste-résistance... donc réac, et c'est gênant, ça gache un peu le plaisir qu'on a à voir le film. Je dirais donc qu'une idéologie stalinienne-réac-nationaliste transparait dans ce film en dépit de toutes ses qualités...
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Message par lavana » 09 Nov 2007, 11:47

(Vérié @ vendredi 9 novembre 2007 à 09:30 a écrit :
(lavana @ vendredi 9 novembre 2007 à 08:58 a écrit :
Et puis il faut arrêter d'agiter l'épouvantail du stalinisme dès que l'on parle des artistes.

Le stalinisme a tout de meme dominé toute une partie de la production artistique - cinéma, littérature, peinture - pendant pas loin d'un demi-siècle. Et pas seulement la production artistique en URSS, en Chine et dans les démocraties populaires, mais dans les autres pays où les artistes proches des PC représentaient un courant très influent. On ne peut donc pas balayer le stalinisme intellectuel et artistique d'un trait de plume.
Sur le sujet, on peut lire "Au service du parti" de Jeannine Verdès-Leroux - Editions Fayard.
Très juste Vérié. Mais dans la mesure où le stalinisme n'était pas vraiment un danger pour la domination de la bourgeoisie (et même la soutenait si nécessaire par son chauvinisme) son influence chez les artistes était relative. De toute façon les artistes sont à la solde de qui les paient et l'on voit que leur reconversion s'est faite sans douleur.
En Europe l'adhésion au stalinisme était un plan de carrière payant et sans trop de risques. (Je ne sais pas trop pour les Etats-Unis...)

Cela fait justice de l'imposture de la liberté des artistes.

Cela dit, ces escrocs peuvent faire oeuvre utile.
lavana
 
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Message par Vérié » 09 Nov 2007, 12:00

(lavana @ vendredi 9 novembre 2007 à 11:47 a écrit : [En Europe l'adhésion au stalinisme était un plan de carrière payant et sans trop de risques. (Je ne sais pas trop pour les Etats-Unis...)

Cela fait justice de l'imposture de la liberté des artistes.


C'était aussi un plan de carrière pendant la période du New Deal, où Roosevelt utilisait les syndicats et les stals, artistes compris, pour faire pression sur le patronat réticent, et pendant la guerre où l'URSS était alliée aux Etats-unis : les Stals furent les meilleurs propagandistes de guerre. Cf Woodie Guthrie chantant "Ma guitare devient un fusil" ou Howard Fast rédac'chef d'un journal de propagande de l'armée. Nombre de films de l'époque vantaient l'alliance américano-russe et le régime stalinien était présenté dans des comédies sous des jours très sympathique. Avec la guerre froide, il a fallu changer de plan de carrière...

C'est vrai que l'immense majorité des artistes sont, sinon à la solde du pouvoir quekq qu'il soit, bien en cours avec lui. Et ça ne date pas d'aujourd'hui, ça a commencé avec Octave et Mécène à Rome, pour se poursuivre à Florence sous la Renaissance? jusque dans l'Allemagne nazie où les grands chefs d'orchestre comme Karajan et Furtwangler donnaient des concerts à la gloire du Fuhrer. Donc, les artistes à contre-courant, c'est vrai que ça ne court par les rues, ne serait-ce que, parce que, pour tourner un film, il faut trouver un producteur, pour publier un livre convaincre un éditeur etc.

Dans notre société "éclatée", on peut filmer ou publier n'importe quoi sans déranger grand monde mais si on veut passer en prime time ou avoir de gros budgets, il faut tout de meme montrer patte blanche. Néanmoins, il reste un peu d'espace pour exprimer ce qu'on pense et ce qu'on ressent, et c'est tout de meme mieux comme ça.

Ce qui permet de voir des films "contestataires" produiuts par des majors d'Hollywood de temps en temps. Dans le cadre de la démocratie bourgeoise et d'une relative paix sociale, il est possible de conjuguer plan de carrière et une relative libre expression...
Vérié
 
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Message par jeug » 09 Nov 2007, 12:22

(Vérié @ vendredi 9 novembre 2007 à 11:14 a écrit : Je m'explique.
Ok pour cette nuance
Mais de toutes façons, elle n'est pas essentielle, de moins point de vue.
La prisonnière du désert, très peu pour moi.
Si tu en parles, c'est peut-être que tu penses que d'autres sont susceptibles d'apprécier ce genre de films "où transparait une idéologie réac ou très réac".
Pour l'opéra, c'est différent, c'est un autre art, que l'on n'apprécie pas pour les mêmes raisons.
Mais un film ou un bouquin, où même l'émotion passe par l'appréhension des idées, je ne sais pas comment on peut l'apprécier s'il y "transparait une idéologie réac ou très réac".
jeug
 
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Message par lavana » 09 Nov 2007, 12:27

(Vérié @ vendredi 9 novembre 2007 à 12:00 a écrit : Néanmoins, il reste un peu d'espace pour exprimer ce qu'on pense et ce qu'on ressent, et c'est tout de meme mieux comme ça.

Ce qui permet de voir des films "contestataires" produiuts par des majors d'Hollywood de temps en temps. Dans le cadre de la démocratie bourgeoise et d'une relative paix sociale, il est possible de conjuguer plan de carrière et une relative libre expression...
Et c'est là qu'on devrait voir surgir un Convive furioso.
lavana
 
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Message par lavana » 09 Nov 2007, 12:30

(jeug @ vendredi 9 novembre 2007 à 12:22 a écrit :
Mais un film ou un bouquin, où même l'émotion passe par l'appréhension des idées, je ne sais pas comment on peut l'apprécier s'il y "transparait une idéologie réac ou très réac".
Je ne comprends pas ????
lavana
 
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Message par jeug » 09 Nov 2007, 13:35

Je dis que quand je prends plaisir à écouter chanter un ténor à l'opéra, je ne suis pas exigent avec le texte.
Quand j'écoute le concerto l'empereur, je ne pense pas en l'honneur de qui il a été composé.
Mais pour la littérature ou le cinéma, ça n'est pas possible. C'est quand même le texte qui prime, même avec de beaux vers, même avec de belles images.
jeug
 
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Message par Wapi » 09 Nov 2007, 14:19

(lavana @ vendredi 9 novembre 2007 à 07:46 a écrit :
(Wapi @ vendredi 9 novembre 2007 à 08:00 a écrit :
(lavana @ vendredi  9 novembre 2007 à 06:48 a écrit :

D'ailleurs les artistes sont dans l'ensemble des escrocs, quelquefois utiles, mais on doit pouvoir se passer d'eux.

Ben non, on ne peut pas se passer d'eux.

On ne peut pas se passer des romanciers, des cinéastes, fussent-ils des escrocs, si l'on veut se cultiver pour militer, comprendre le monde dans lequel on vit pour pouvoir le changer.

Ah tiens ?????
(...) c'est un peu court jeune homme,
On aurait pu dire
bien des choses en somme

(d'après un artiste bourgeois)

Peux-tu développer ? Car je ne comprends pas bien comment on peut se passer des romans et des films pour comprendre en profondeur le monde dans lequel on vit.

A moins que tu n'aies une liste de livres "chimiquement purs" à nous proposer et qui remplacerait l'autre ?
Wapi
 
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