Les Echos 21 novembre 2007 a écrit :
Estimant le mécanisme des heures supplémentaires insuffisant, la présidente du Medef estime que la suppression de la durée légale du travail permettrait d'augmenter le pouvoir d'achat
Pour la présidente du Medef, Laurence Parisot, le problème de pouvoir d'achat est "totalement objectif". "C'est vrai qu'il y a un problème de pouvoir d'achat", a-t-elle déclaré devant l'Association des journalistes économiques et financiers (Ajef). Pour Laurence Parisot, "le pouvoir d'achat est une résultante d'une croissance au niveau minimum". "Donc, la vraie question n'est pas comment je contribue à ce qu'il y ait plus de pouvoir d'achat, mais comment je contribue à ce qu'il y ait plus de croissance", a-t-elle affirmé.
"Pour moi, il y a deux axes principaux à travailler : comment on fait pour baisser les prélèvements obligatoires sur les entreprises, c'est prioritaire, et deuxième chose, n'est-il pas temps d'aller plus loin sur la question de la durée du travail", a-t-elle ajouté. "Tout le monde" peut remarquer "que le mécanisme des heures supplémentaires n'est pas suffisant". Les dispositifs permettant déjà aux entreprises de travailler au-delà de 35 heures par semaine sont "rébarbatifs" et l'utilisation du contingent d'heures supplémentaires autorisé (220 heures/an) est "très lourd, car il supposait des négociations de branche", a-t-elle insisté. "Ma préconisation, c'est de rendre les choses beaucoup plus simples en balayant tous ces mécanismes très complexes, et en revenant à la détermination du seuil de déclenchement des heures supplémentaires, branche par branche, ou entreprise par entreprise", a-t-elle dit.
Laurence Parisot a indiqué ne pas savoir ce que le président Nicolas Sarkozy pourrait annoncer de manière imminente pour le pouvoir d'achat. "Je sais autour de quoi certains ministres réfléchissent depuis quelques temps et la question de la durée du travail est un axe de réflexion", a-t-elle dit.
Depuis le passage aux 35 heures, les entreprises peuvent faire évoluer le nombre d'heures travaillées au gré de leurs besoins, dans le cadre d'un accord d'annualisation du temps de travail, conclu au niveau de l'entreprise. Ce qui explique que certains salariés se plaignent de ne plus faire d'heures supplémentaires, en général mieux payées. "Supprimer la durée du travail, ce n'est certainement pas tomber dans je ne sais quelle forme d'esclavagisme", a justifié la présidente du Medef. Selon elle, "dans certains domaines, il suffirait parfois de peu de choses, simplement de passer de 35 heures à 36 heures".
"Quand je dis qu'il faut supprimer la durée légale, c'est une nuance importante par rapport à une autre solution: revenir aux 39 heures, je ne dis pas ça", a-t-elle affirmé. "La durée optimale chez Ifop, France 2, Renault ou Bouygues, n'est peut-être pas la même, et il y a des périodes de l'année (...), des conjonctures où il faut donner le coup de collier, et après on va retrouver des gains de productivité et revenir à 36 ou 35 heures. C'est cette souplesse là qui nous manque", a-t-elle plaidé.