une prochaine génération d'OGM insecticides

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par canardos » 21 Nov 2007, 18:02

a écrit :

[center]Les OGM du futur cibleront le génome des insectes[/center]

LE MONDE | 21.11.07 |


Une nouvelle classe de plantes transgéniques, capables de cibler le génome d'insectes ravageurs, pourrait sortir des laboratoires dans les prochaines années. Ces OGM, décrits dans deux articles publiés par la revue Nature Biotechnology, le 4 novembre, mettent à profit l'interférence ARN, un mécanisme dont la découverte a valu, en 2006, le prix Nobel de médecine aux Américains Andrew Fire et Craig Mello.


L'ARN, ou acide ribonucléique, est une molécule qui, au sein de la cellule, travaille en lien avec l'ADN. L'ARN est porteur d'informations et, chez certains virus, il peut même remplacer l'ADN en tant que patrimoine génétique. Cette molécule remplit plusieurs fonctions, notamment de régulation de l'expression des gènes et des protéines dont ceux-ci commandent la synthèse.

En 1998, Andrew Fire et Craig Mello ont découvert que l'ARN double brin pouvait réduire spécifiquement la production de protéines. Ce phénomène d'interférence est désormais un outil de laboratoire servant à rendre silencieux des gènes ciblés. L'espoir est, en médecine, de trouver le moyen d'utiliser ce mécanisme à des fins thérapeutiques.

Les deux articles de Nature Biotechnology montrent que l'agriculture pourrait aussi bénéficier de cette technique. Dans le premier, une équipe de l'Institut des sciences biologiques de Shanghaï (Chine), dirigée par Xiao-Ya Chen, décrit comment elle est parvenue à fragiliser des larves de chenilles de la tomate, Helicoverpa armigera, qui ravagent aussi le coton. Ce lépidoptère a développé une résistance au gossypol, molécule insecticide naturellement produite par la plante. Les chercheurs ont trouvé le gène qui lui confère cette résistance et ont fait exprimer l'ARN correspondant dans des plantes transgéniques modèles. Les larves nourries sur ces végétaux redevenaient vulnérables au gossypol : le gène de résistance avait bien été inactivé.

Le second article, signé par une équipe de la société Monsanto, porte sur la culture du maïs et l'un de ses ennemis les plus coriaces, la chrysomèle, alias Diabrotica virgifera. James Roberts et ses collègues ont d'abord testé, en les faisant ingérer directement, l'efficacité de plusieurs doubles brins d'ARN correspondant à des gènes assurant des fonctions physiologiques essentielles du coléoptère. Ils ont ensuite produit des plants de maïs transgéniques capables d'exprimer certains de ces ARN et constaté, lors d'essais dans des pots infestés, que les dommages engendrés par les larves sur les racines étaient largement réduits.


"L'INTERFÉRENCE ARN"


"L'interférence ARN offre un mode d'action unique dans le contrôle des insectes ravageurs, qui pourrait compléter la stratégie actuelle", écrivent les chercheurs de Monsanto. Celle-ci consiste, dans le cas des OGM insecticides, à faire exprimer par les plantes des gènes tirés d'une bactérie, Bacillus thuringiensis (Bt). Mais la chrysomèle, observent-ils, est "réfractaire" à la plupart des toxines de la famille Bt.

Les chercheurs chinois partagent le même souci : anticiper sur l'apparition inéluctable de résistances chez les insectes visés par les OGM actuels. L'interférence ARN, poison très sélectif, "avait été utilisée en laboratoire sur des vers nématodes, à qui l'on avait fait ingérer des bactéries produisant des ARN", note Hervé Vaucheret, du laboratoire de biologie cellulaire de l'Institut national de recherche agronomique (INRA) de Versailles. "La nouveauté est de montrer que cela peut fonctionner chez les insectes à travers l'ingestion."

Le succès n'est cependant pas garanti. L'équipe de Monsanto a ainsi constaté que le charançon du coton, Anthonomus grandis, résistait à cette stratégie, ce qui pourrait indiquer que tous les insectes ne sont pas "sensibles à l'ARN administré de façon orale", notent les chercheurs.

"Nous sommes toujours en présence de plantes transgéniques, note Marie-Noëlle Rosso (INRA-Sophia-Antipolis). Les implications quant à la dissémination du transgène sont les mêmes." C'est-à-dire qu'il conviendra de vérifier que les insectes non ciblés ne seront pas touchés. "Mais aussi de s'assurer que la séquence de l'ARN n'est pas présente dans d'autres organismes", lesquels, sinon, pourraient en être affectés, souligne Hervé Vaucheret.

Le contrôle des effets, bénéfiques ou délétères, de l'interférence ARN, promet donc d'être aussi débattu que celui des OGM actuels.


Hervé Morin

canardos
 
Message(s) : 18
Inscription : 23 Déc 2005, 16:16

Retour vers Sciences

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 4 invité(s)