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Franchise et volonté d'égalité en ouverture du sommet UE-Afrique
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 08.12.07 | 18h00
L'Europe a besoin de l'Afrique autant que l'Afrique a besoin de l'Europe" , a résumé le président ghanéen John Kufuor, à l'ouverture du Sommet de Lisbonne, qui réunit, samedi 8 et dimanche 9 décembre, près de 70 chefs d'Etats et de gouvernement des deux continents. "C'est un sommet entre égaux, nous sommes tous égaux ici", a assuré le premier ministre portugais José Socratès, hôte de ce 2e sommet UE-Afrique, déplorant que les sept années écoulées depuis le premier sommet de ce type, au Caire, "ont porté préjudice à l'essor de notre coopération", faute d'"avancées significatives".
Ce sommet avait été sans cesse repoussé en raison des divisions sur l'opportunité d'inviter le président zimbabwéen Robert Mugabe. Finalement convié, malgré le boycott du sommet par le premier ministre britannique Gordon Brown et son homologue tchèque Mirek Topolanek, Robert Mugabe a été d'emblée prévenu par Angela Merkel, qui a accusé le pays de "nuire à l'image de la nouvelle Afrique", lors d'une session à huis-clos consacrée au sujet Démocratie et droits de l'homme, l'un des cinq grands thèmes choisis pour ce sommet.
"FORCING" SUR L'ABAISSEMENT DES TARIFS DOUANIERS
Les représentants africains ont eux aussi évoqué de prime abord les sujets sensibles, forts des récents achats et investissements chinois dans leurs pays, qui ont piqué au vif les Européens. Le président de la Commission de l'UA, Alpha Oumar Konaré, a rappelé l'"exigence de devoir de mémoire vis-à-vis de la traite négrière, de la colonisation, de l'apartheid, du génocide rwandais : non pas pour polémiquer (...) mais pour ouvrir, en toute responsabilité et en toute conscience, les voies de l'avenir". "Durant 500 ans, les relations entre nos continents n'ont pas été une relation heureuse", a lancé pour sa part John Kufuor, jugeant le sommet "important pour corriger cette injustice de l'histoire". Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi avait ouvert les hostilités vendredi en exigeant des "compensations pour la période coloniale" , quand les richesses de l'Afrique avaient été "spoliées". "Les colonisateurs ont déjà payé des sommes considérables pendant des décennies (...) On n'a pas de leçon à recevoir de ce point de vue", lui a répondu samedi le commissaire européen au développement, Louis Michel.
M. Konaré a aussi dénoncé le "forcing" des Européens dans la négociation des Accords de partenariat économique (APE), qui prévoient l'abaissement progressif des tarifs douaniers sur les importations de produits européens. Alors que nombre de pays africains craignement que cela ne porte un coup terrible à leurs fragiles économies, le président Konaré a appelé les 27 à "prendre le temps nécessaire pour conclure des accords justes et rassurants".
M. Konaré a aussi rappelé aux Occidentaux leurs engagements vis-à-vis du Darfour, où une force de paix doit être "déployée sans de nouvelles pertes de temps".
Les pillards s'unissent pour mieux raser l'Afrique...