"le "Monde" et la promotion des charlatanerie

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par canardos » 21 Nov 2007, 13:43

hier avec surprise je lis cet article du Monde soit les soit disant traitements anticancereux de David Servan Schreiber:

a écrit :

[center]Cancer : le rôle des aliments[/center]

LE MONDE | 20.11.07 |


J'ai appris énormément de choses avec ce livre. Et vous voulez que je vous dise un secret : j'ai changé mon alimentation et j'ai déjà perdu six kilos." Ce n'est pas un lecteur lambda, fan du nouveau best-seller de David Servan-Schreiber, qui parle ainsi. Mais le professeur Jean-Marie Andrieu, chef du service d'oncologie médicale à l'hôpital européen Georges-Pompidou. Jeudi 15 novembre, ce cancérologue était sur la scène de la Mutualité, à Paris, aux côtés du psychiatre venu promouvoir sa méthode Anticancer : prévenir et lutter grâce à nos défenses naturelles (éditions Robert Laffont, 360 p., 21 euros), déjà vendu à plus de 250 000 exemplaires en un mois.


Anonymes touchés par la maladie qui disent "retrouver espoir" grâce à cet ouvrage, mais aussi artistes - le comédien Bernard Giraudeau - et personnalités du monde médical - le professeur Jean-Marc Cosset, chef de service honoraire de radiothérapie à l'Institut Curie -, il y avait foule pour écouter une heure durant la conférence du charismatique docteur Servan-Schreiber. Il a beau ne "pas être l'un des leurs", l'auteur du célèbre Guérir, surnommé "D2S", est parvenu à convaincre plusieurs cancérologues sur le volet alimentation de sa méthode. "Avant le mois de juillet, je ne le connaissais pas. Il m'a fait lire les épreuves de son livre, nous avons échangé des mails tout au long de l'été, et je trouve qu'il a fait tout seul, assez convenablement, le travail du Fonds mondial de recherche contre le cancer", raconte le professeur Andrieu. Hasard inespéré, ce fonds a publié début novembre un conséquent rapport sur le lien entre alimentation et cancer (Le Monde du 7 novembre), dont bon nombre de résultats rejoignent ceux de David Servan-Schreiber. "J'ai une chance incroyable", reconnaît le psychiatre, qui reprend largement les conclusions des chercheurs internationaux sur son nouveau site Internet anticancer.fr.

"Oui, l'alimentation est le lit du cancer, c'est d'une clarté infernale, mais cela fout les jetons, car vous voyez changer vos habitudes alimentaires", résume le professeur Andrieu. Augmentation fulgurante de la consommation de sucre raffiné, déséquilibre entre oméga-6 et oméga-3, sédentarité : ce trio infernal aurait, depuis cinquante ans, une large part de responsabilité dans la prolifération de cancers qui touche les pays riches. "Notre mode de vie est une forme d'engrais pour le cancer", insiste le psychiatre. Trop de viande rouge, trop de sucre, pas assez de légumes et de fruits : tout serait à revoir dans nos habitudes alimentaires si l'on veut "renforcer nos mécanismes naturels de défense contre le cancer".

Dans son ouvrage, David Servan-Schreiber révèle qu'il a lui-même été touché par la maladie. Une tumeur au cerveau, il y a quinze ans. Opération, chimiothérapie : "Les traitements conventionnels m'ont sauvé la vie", précise-t-il. Mais il n'a pas voulu en rester là et s'est mis à éplucher la littérature et à découvrir que "l'on peut aider son corps à lutter contre l'inflammation qui nourrit les cellules cancéreuses".

"Nous assistons à une révolution - illustrée par le succès de ce livre : les Français s'intéressent à la prévention", estime Dominique Maraninchi, président de l'Institut national du cancer (INCA). "Alors il faut y aller, avec fermeté, il faut que les médecins s'y collent, mais il faut développer une prévention globale, car cela ne sert à rien de mieux manger si on continue à fumer ou à boire", insiste-t-il. "Il est logiquement temps de mener une campagne grand public sur alimentation et cancer", considère David Khayat. Ce devrait être chose faite courant 2008. "Nous allons sortir, avec la direction générale de la santé, un document "Vérités et mensonges sur alimentation et cancer" à l'attention du grand public", promet le professeur Maraninchi.

Un dossier sur ce sujet, élaboré dans le cadre du Programme national nutrition santé (PNNS), existe déjà depuis 2003, mais il faut beaucoup de perspicacité pour le dénicher sur le site Internet du ministère de la santé. David Servan-Schreiber, lui, a pris les devants et met à disposition, gratuitement, sur son site Internet, un petit cahier illustré de 16 pages sur "les réflexes anticancer au quotidien".

Finalement, relativise David Khayat, professeur de cancérologie et ancien président de l'INCA, "le message de Servan-Schreiber est frappé au coin du bon sens : mangez mieux, bougez, évitez le stress, soyez plutôt heureux. Ce n'est pas un livre dangereux".

Ces cancérologues relèvent néanmoins quelques excès ou raccourcis dans la méthode anticancer du psychiatre. L'analogie entre le romarin et l'anticancéreux Glivec ou encore l'affirmation selon laquelle le thé vert bloquerait l'invasion des tumeurs font sursauter le professeur Maraninchi. Sans parler de la question des compléments alimentaires, sur laquelle le Fonds mondial de recherche contre le cancer a clairement indiqué qu'ils n'étaient pas recommandés.

Sur son site Internet, David Servan-Schreiber livre, en images, sa recette de petit déjeuner "anticancer". Une pomme bio, un yaourt nature au soja "sans sucre ajouté et sans huile hydrogénée", un filet de sirop d'agave, des graines de lin broyées et du gingembre, parce que, assure-t-il, "la molécule comprise dans cette racine contribue directement à la mort des cellules cancéreuses"...



Sandrine Blanchard



incroyable!

regardez ce que dit le site "charlatans et charlatanisme" sur les recettes du bon docteur par ailleurs excellent homme d'affaire et sur son livre "Guérir":

a écrit :

[center]Neuropop ?[/center]

Par Luis Carlos Fernández

Liberté, n º 265, septembre 2004

B  ien rares doivent être les lecteurs de cette chronique qui ignoreraient encore que l’on peut guérir le stress, l’anxiété et la dépression sans médicaments ni psychanalyse, comme le claironne le livre de David Servan-Schreiber ainsi intitulé. Car l’auteur ne semble pas avoir raté une occasion de diffuser la bonne nouvelle par tous les canaux : presse  , radio,  télé, conférences et, last but not least, le site Internet qu’il a créé – en  français ( http://www.guerir.fr) et en anglais (http://www.instincttoheal.org) – pour en pérenniser l’annonce. S’enchaînant à un rythme d’enfer, ses prestations médiatiques se poursuivaient encore un an après la sortie du bouquin avec autant de succès — le 13 février de cette année grasse, il se produisait à guichets fermés dans le cadre des Grandes conférences de l’Université de Montréal. Côté logistique promotionnelle, on lui accordera donc 10 sur 10 sans la moindre hésitation.

Publié en mars 2003 chez Robert Laffont, ce primus opus est vite devenu le champion des best-sellers hexagonaux. En novembre de la même année, il était déjà traduit dans dix-neuf pays, et les ventes en France atteignaient les 250 000 exemplaires. Nul doute que la version américaine (The Instinct to Heal : Curing Stress, Anxiety, and Depression Without Drugs and Without Talk Therapy. New York : Rodale Press, 2004), établie par l’auteur, marchera tout aussi fort.

L ’heureux messager est le fils  cadet de Jean-Jacques Servan-Schreiber, journaliste français de renom, fondateur de L’Express, homme politique et auteur du célèbre Défi américain, un énorme succès du milieu des années 1960. Il est psychiatre de son état (tendance bio, naturellement) et docteur en neurosciences cognitives; formé en France, au Québec et surtout aux États-Unis, où il a exercé pendant vingt ans. Un scientifique pur jus, mais dont le "Yin" soignant aurait pris quelque peu le dessus sur le "Yang" chercheur, ce léger déséquilibre étant au principe de l’ouvrage dont il sera question. Un  essai qui peut se lire comme le récit d’une conversion aux "médecines complémentaires". 

Deux expériences cruciales auraient ébranlé les préjugés de DSS [1] à l’égard de celles-ci. D’abord la rencontre à Dharamsala de médecins tibétains qui soignaient uniquement par l’acupuncture et les plantes "toute une gamme de maladies chroniques", avec, vraisemblablement, "autant de succès" que leurs collègues occidentaux, mais à un coût infiniment moindre et avec moins d’effets secondaires. Vint s’ajouter à cela le cas d’une amie d’enfance qu’"une sorte de guérisseuse" semblait avoir tirée d’un épisode dépressif sérieux au moyen d’une "technique de relaxation proche de l’hypnose".

On peut s’étonner qu’un toubib aussi savant y ait trouvé de quoi jeter son scepticisme par-dessus les moulins. Car, contrairement à ce que laisse entendre notre auteur, la médecine scientifique occidentale n’a pas rejeté les prétentions des soi-disant médecines "parallèles", "naturelles", "douces" ou "traditionnelles" – qu’elle tient à juste titre pour des patamédecines – sans les avoir dûment étudiées [2]. Quant à l’histoire de guérison, elle n’aurait dû guère titiller sa fibre scientifique; n’écrit-il lui-même :

En médecine, il faut toujours se méfier de ce que l’on appelle les "cas anecdotiques  " : c’est-à-dire qu’il ne faut pas bâtir une théorie ou recommander un traitement à tour de  bras sur la base d’un seul patient, ou même de quelques cas, si extraordinaires soient-ils.

Ces deux épisodes l’incitèrent pourtant à s’ouvrir de plus en plus à la "nouvelle médecine des émotions" qui part des principes suivants : 1) notre cerveau comporte deux structures distinctes : le néocortex, "siège du langage et de la pensée", et le cerveau limbique, responsable du " bien-être psychologique et d’une grande partie de la physiologie du corps " ; 2) le dernier "fonctionne souvent indépendamment" du premier. Les "désordres émotionnels" sont les manifestations de son dysfonctionnement ; 3) "Le cerveau émotionnel possède des mécanismes naturels d’autoguérison" que le langage et la pensée ne peuvent guère stimuler. D’où l’intérêt du recours aux procédures qui activeraient ces mécanismes en passant par le corps.

(Signalons incidemment que cette vogue du somato-émotionnel ne séduit pas l’ensemble de la communauté scientifique. Le neurophysiologiste Marc Jeannerod, par exemple, trouve "ce mouvement pour le moins suspect" :

Le public, dit-il, est généralement sensible à ces spéculations biologiques qui veulent tout expliquer. (...) Ce retour du corps, qui ne s’observe d’ailleurs pas que dans la science, est à mon sens politique, protestataire, même fasciste. (...) Joseph LeDoux [figure de proue dudit mouvement] réduit les comportements de l’homme à des conditionnements émotionnels exactement comme le faisaient jadis les béhavioristes [3])

Les techniques dont DSS est devenu un ardent et infatigable promoteur se nomment : régularisation du rythme cardiaque, intégration neuro-émotionnelle par les mouvements oculaires (EMDR — sigle anglais), synchronisation des horloges biologiques, acupuncture, ingestion d’acides gras "oméga-3", exercice physique et techniques de "communication affective". Un "patchwork foutraque" – pour reprendre le mot irrévérencieusement amical d’une journaliste de Libé – de thérapies inorthodoxes apparemment le mieux éprouvées et les plus efficaces pour le traitement de ces fléaux de notre ère que sont le stress, l’anxiété et la dépression.

B ien meilleures, en tout cas, que les psychotropes et la psychanalyse. Mais ceci n’est un scoop que pour le grand public auquel s’adresse surtout le souriant docteur; l’autre public, le tout petit monde de ceux qui s’intéressent de près aux questions de santé mentale, sait depuis un moment que la prescription massive de psychotropes n’empêche pas l’expansion desdits fléaux, et que la "cure" psychanalytique en tant que telle n’a probablement jamais remis quiconque d’aplomb.

En lisant le titre choisi par DSS – une trouvaille avunculaire de Jean-Louis Servan-Schreiber, directeur du lucratif magazine Psychologies – , on se dit que l’ouvrage doit bien contenir une certaine critique de ces deux formes de traitement. Erreur ! Il s’agit d’un livre doux, aimable, sans la moindre aspérité, écrit, de toute évidence, avec le souci le plus extrême de ne froisser personne et de plaire au plus grand nombre. " Un livre qui n’est contre rien  ", comme l’auteur prenait soin de le préciser lors d’un entretien radiophonique avec Yanick Villedieu  [4]. L’illustration parfaite de cette communication gentiment "assertive" qui soignerait si bien nos âmes meurtries.

Ce qui distingue nettement Guérir des innombrables produits du charlatanisme guérisseur auxquels son titre risque néanmoins de l’associer [5], c’est la citation d’études scientifiques censées garantir l’efficacité des méthodes qu’il présente. Est-il pour autant aussi inattaquable qu’il peut en avoir l’air ? Loin de là.

Il y a les fausses attributions :

(...) Alfred Binet, le psychologue français du début du siècle qui a inventé [sic] l’idée de "quotient intellectuel" (...) Jung et Piaget, déjà, avaient proposé qu’il existe plusieurs types d’intelligence.

et les affirmations surprenantes qui trahissent, elles aussi, une singulière méconnaissance des questions évoquées [6] :

(...) les grands principes de cette "cure par la parole" ne sont pas véritablement remis en question (...) dans les trente dernières années, la sociobiologie a fait la démonstration que ce sont nos gènes eux-mêmes qui sont altruistes.

Il y a aussi, plus gravement, l’évacuation en douce de toute causalité autre que cérébrale. Guérir est une illustration caricaturale du réductionnisme neuroscientiste dont parle Alain Ehrenberg, qui consiste à faire du cerveau "l’acteur des opérations mentales, le moteur de la personne [7]", et le vrai responsable des déboires de celle-ci. Voyez plutôt :

Un cerveau qui ne laisse pas l’information émotionnelle jouer son rôle se trouve confronté à d’autres problèmes. (...) Rien ne fait autant grincer des dents notre cerveau émotionnel que les conflits avec ceux et celles qui font partie de notre environnement direct. (...) Dès la naissance, le cerveau émotionnel du bébé appelle : 'Es-tu là ?' Et, encore et encore, celui de la mère lui répond : "Oui, je suis là !". (...) l’important c’est de connaître les mots qui permettent de faire passer le courant émotionnel d’un cerveau à l’autre, efficacement, sans que cela prenne trop de temps.

Certes, l’auteur ne nie pas que les troubles dont il s’agit aient souvent "pour origine des expériences douloureuses vécues dans le passé", mais le rôle qu’il attribue à ces malencontreuses expériences est manifestement celui du simple élément déclencheur qui met en évidence une faiblesse subcorticale. Nous aurions tous tendance à penser : "S i seulement je pouvais changer ma situation je me sentirais beaucoup mieux dans ma tête ", et ne ferions ainsi que prolonger l’impasse :

Au lieu d’essayer perpétuellement d’obtenir des circonstances extérieures idéales, il faut commencer par contrôler l’intérieur : notre physiologie. En jugulant le chaos physiologique et en maximisant la cohérence, nous nous sentons automatiquement mieux, tout de suite, et nous améliorons notre rapport aux autres, notre concentration, notre performance et nos résultats. Du coup, les circonstances favorables après lesquelles on ne cesse de courir finissent par se produire, mais c’est presque un effet dérivé, un bénéfice secondaire de la cohérence. Dès lors que nous avons apprivoisé notre être intérieur, ce qui peut arriver dans le monde extérieur a moins de prise sur nous.

Dans la perspective de ces propos sur les bienfaits de la cohérence cardiaque (que l’on peut, semble-t-il, atteindre sans grand effort), les conditions extérieures sont "presque" un corollaire du souci physiologique de soi. On croirait entendre le manifeste railleur d’un neuropsy hégélien : Les philosophes ont trop longtemps rêvé de changer le monde, au lieu d’exhorter les masses stressées, dépressives et anxieuses à sagement respirer par le nez. Mais celui qui les tient est sérieusement persuadé que la véritable raison de la misère affective est l’inadaptation (cérébrale) au réel (social, existentiel), et non la nature, souvent intenable, de ce dernier. Il est beaucoup question dans Guérir de chefs d’entreprise, directeurs commerciaux, spécialistes du marketing et autres cadres supérieurs au bout de leur rouleau promptement requinqués ; de gens dévoués qui, ayant " appris à gérer leur réponses physiologiques aux demandes constantes de leur travail ", peuvent stopper " leur déperdition constante d’énergie ". Sans oublier ces pauvres courtiers en bourse, rongés par le stress comme ce n’est pas permis et souffrant d’hypertension artérielle précoce, mais qui se portent mieux dès qu’ils commencent à s’occuper d’un animal domestique — prendre soin d’un gentil toutou aide, faut-il croire, à supporter d’être soi-même un clébard anxieux du capitalisme financier.

Soigner ces travailleurs zélés par la douce médecine des émotions, c’est les aider à rester sur la brèche, et surtout pas leur suggérer de quitter un métier qui les tue. De quoi se mêlerait-on. Et puis, rien dans cet ouvrage n’indique clairement que l’auteur, qui a pourtant mis l’épaule à la roue humanitaire de Médecins sans frontières, jugerait pathogène un milieu de travail qui noie ses "ressources humaines" sous un flot permanent de demandes, et qu’il s’offusquerait de ce que l’adaptation à tout prix et à toute chose soit devenue le critère de la normalité "biopsychosociale [8]".

Qu’en est-il des techniques dont il vante les résultats mirobolants ? Je n’ai bien sûr pas eu le loisir de vérifier – comme il faudrait toujours le faire en pareil cas – si les études citées en appui de chacune d’elles sont toutes aussi probantes que DSS le prétend. Mais voici un premier constat peu rassurant : sauf erreur, à une exception près, notre neurothérapeute ne cite pas des travaux défavorables à sa position. Je n’aborderai cette question qu’à propos des techniques vedettes : la prise d’oméga-3 et l’EMDR, mais je dirai d’abord quelques mots sur trois autres.

La course à pied (ou toute autre forme d’exercice physique). Bien sûr, ça peut aider à remonter et à garder le moral... de qui en a encore assez pour s’y mettre. Avec une remarquable suite dans les idées, DSS se demande " par quelles mystérieuses voies l’exercice a-t-il un impact sur le cerveau émotionnel ". C’est peut-être une question sans grand intérêt, vu que l’on conçoit sans peine comment cela peut agir sur le moral du coureur. Celui qui croit que courir l’aidera à sortir de son humeur cafardeuse fait un premier essai qui, en effet, l’en éloigne; ce résultat l’encourage à en faire un deuxième, puis un troisième avec le même résultat, et c’est ainsi qu’il devient "accro" à son "antidépresseur naturel". Cela s’appelle tout bêtement de l’auto-renforcement, et vaut sans doute pour n’importe quelle activité entreprise avec espoir.

L’acupuncture. Bien que les notions fondamentales("Yin", "Yang", "Ch’i", "Méridiens", etc.) de cette pratique millénaire ne soient que pure fantasmagorie, il semble avéré que l’insertion d’aiguilles dans certains points du corps produit quelque effet anesthésiant. Je n’ai pas pu creuser la question de savoir si les bienfaits que l’on peut en attendre pour le traitement des troubles de l’humeur sont vraiment appréciables et scientifiquement établis hors de tout doute raisonnable. Mais je parie qu’en lisant le récit que fait DSS de son expérience de la chose en tant que patient d’une acupunctrice aux allures de "chaman" (p. 133-136), le lecteur à tête froide pensera irrésistiblement aux réactions ébahies de la clientèle des voyantes.

La communication non violente vous apprend à purger votre langage (verbal et non verbal) de toute trace d’hostilité. C’est un rude et interminable apprentissage, mais si payant pour votre santé émotionnelle et celle de vos interlocuteurs. Cette technique a évidemment ses maîtres formateurs. L’un d’eux est le psychologue Marshall Rosenberg, qui l’a  enseigné et pratiqué dans toutes les circonstances et toutes les régions du monde où la gestion des conflits est indispensable, qu’il s’agisse d’écoles de quartiers défavorisés, de grandes entreprises en cours de restructuration, du Moyen-Orient ou de l’Afrique du Sud.

Eh bien, pour ce qui est des régions susdites, le moins qu’on puisse dire est que les magistrales leçons ne semblent pas avoir opéré des miracles. Mais les grandes entreprises, contraintes, hélas, de licencier massivement, ont sûrement appris l’importance de ne jamais "restructurer" sans sourire...

C’est avec Le défi américain du père en tête que le fils a formulé le sien. L’écart entre les "cultures d’entreprise" états-unienne et française n’est plus technologique; il tient aujourd’hui, nous dit-il, au fait que
les meilleures entreprises américaines (...) ont réinventé la nature des relations humaines au travail. Elles ont saisi l’importance de l’intelligence émotionnelle, du travail d’équipe, du respect de l’intégrité de l’autre, des encouragements (le "feed-back positif"). Elles ont compris que rien n’est plus mauvais pour l’entreprise que la violence inutile des rapports entre les gens (...).
Si la vieille France veut relever le nouveau défit et devenir à son tour un paisible et lucratif royaume de working poors, elle fera bien de tremper les rouages de son marché du travail dans l’huile de la psychologie industrielle. On ne soupçonne pas l’immense rentabilité de mesures aussi simples et peu coûteuses que la photo affichée de l’"employé du mois", qui gonfle de fierté la poitrine dudit et porte ses camarades à une saine émulation. Des petites marques d’humanisme entrepreneurial comme celle-ci constituent, mine de rien, le meilleur antidote contre le sentiment morbide d’exploitation et ses conséquences désastreuses. Nourri au "feed-back positif", le brave trimeur se sentira membre d’une famille planétaire – le clan MacDo, par exemple – , au lieu de s’en croire l’un des innombrables domestiques sous-payés et éminemment jetables.

L’absorption d’oméga-3. Se souvient-on que le phosphore était censé fortifier nos méninges et le yaourt expliquer l’enviable longévité des Bulgares, deux "découvertes" parmi tant d’autres dont on n’entend plus parler ? Les apôtres de la "révolution alimentaire" ne jurent à présent que par les acides gras essentiels, ces fameux "oméga-3" que contiennent surtout les poissons d’eau froide. C’est que notre cerveau est " pour les deux tiers, constitué d’acides gras ", et ne carburerait bien que s’il en reçoit la bonne dose. Autrement, nos membranes neuronales deviendraient rigides, et c’est la lenteur intellectuelle, la déprime, l’anxiété et bien d’autres calamités encore qui nous guetteraient.

La passion de guérir n’excluant pas le sens des affaires, DSS veilla à la création d’Isodis Natura (http://www.isodisnatura.com), compagnie dont il préside le comité scientifique et détient une part du capital. Isodis vend des capsules d’oméga-3 à tour de bras (pas précisément à vil prix) grâce à une intense publicité qui souligne le rôle du produit dans l’amélioration de l’équilibre émotionnel. Or cette action bénéfique est loin d’être confirmée, comme le montrent clairement la modestie et la variabilité des résultats de quatorze essais cliniques – de qualité méthodologie variable, elle aussi – faits pendant les trois derniers années sur des échantillons relativement petits de patients souffrant de dépression (unipolaire, bipolaire, post-partum), schizophrénie, et autres troubles psychiatriques [9]. Par ailleurs, l’avis de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) concernant les prétendus bienfaits de ces substances pour la santé cardiovasculaire n’est pas moins dégrisant ; les experts de son comité scientifique trouvent la plupart des allégations des industriels à cet égard vagues, problématiques ou injustifiées, et concluent qu’" il n’existe pas de preuve que les acides gras oméga-3 améliorent globalement la fonction cardiaque de manière cliniquement significative [10] ".

L’EMDR, thérapie miraculeuse conçue par la psychologue californienne Francine Shapiro pour soigner l’état de stress post-traumatique (ESPT), c’est-à-dire les séquelles affectives d’épreuves douloureuses qu’on n’arrive pas à surmonter. Elle consiste simplement à demander au patient d’évoquer le souvenir de l’événement pénible tout en bougeant les yeux de droite à gauche sans arrêt. Incroyable mais (apparemment) vrai : quelques brèves séries de ce va-et-vient oculaire peuvent suffire à balayer les émotions les plus handicapantes en induisant un " traitement accéléré de l’information " — phénomène dont rien ne prouve l’existence.

Depuis son arrivé sur le marché de la psychothérapie en 1989, la popularité de cette approche n’a cessé de croître. Elle suscitait déjà l’engouement des professionnels avant que des études sur son efficacité aient vu le jour, ce qui ne surprend guère quand on sait le gouffre qui sépare la psychologie scientifique de sa brouillonne sœur "appliquée", et la dynamique publicitaire qui dicte l’évolution de celle-ci. Résultat : ses praticiens sont aujourd’hui légion (comme pour les autres techniques de la panoplie, Guérir procure de bonnes adresses). DSS lui consacre deux chapitres remplis d’illustrations persuasives, ne manquant pas de noter que l’American Psychological Association (APA) la juge efficace, et s’étonnant du refus obstiné que lui opposent ses critiques. Que doit-on en penser ? (Les commentaires qui suivent doivent beaucoup aux communications personnelles de James D. Herbert, que je remercie vivement.)

De la caution de l’APA, pas grand-chose, puisqu’elle peut être accordée à tout traitement dont deux études montreraient qu’il est statistiquement plus efficace que l’absence de traitement — un critère si laxiste que le placebo et la prière et y satisfont ! C’est que, loin d’être l’instance impartiale et souveraine que l’on croit, l’APA est au contraire sensible aux pressions des lobbys qui s’agitent en son sein et portée au compromis [11].

Et des reproches adressés aux critiques (mépris des faits, étroitesse d’esprit), qu’ils sont sans fondement. C’est à propos de l’EMDR que l’on trouve l’exception à la règle de la citation sélective : le travail de Herbert, Lilienfeld et alia, mentionné, sans doute, parce que DSS pense que la "réponse détaillée" de Perkins et Rouanzoin [12] en fait justice — ce qui, à mon humble avis, n’est pas le cas. Les analyses critiques de la littérature sur l’EMDR sont du reste assez nombreuses. Voici les conclusions de celles que j’ai pu consulter [13] : l’EMDR n’est pas plus efficace que les techniques de simple exposition, et le mouvement oculaire – ou tout autre forme de mouvement bilatéral – n’est pour rien dans les résultats positifs qu’elle permet d’obtenir (deux conclusions communes à toutes ces analyses) ; ses résultats sont moins importants et nécessitent bien plus de séances qu’on ne le dit; il n’y a guère de données empiriques permettant d’affirmer (comme le font certains) qu’elle est utile pour le traitement d’autres conditions que l’ESPT; le caractère changeant de la procédure et l’absence d’hypothèses théoriques falsifiables font obstacle au règlement scientifique du débat.

Les sérieuses réserves que suscite cette pratique semblent donc – n’en déplaise à l’auteur de Guérir – pleinement justifiées.

Un bon conseil pour finir. Si ce nouveau guide de la santé émotionnelle ne vous a pas conquis, n’allez surtout pas croire que votre cervelle limbique tourne au ralenti; c’est bien plutôt que l’autre, la sèchement cognitive, ne s’en laisse pas trop compter. Quoi qu’il en soit, on verra bien si ses recettes tiennent la route. Rendez-vous dans dix ans.



ce n'est pâs la premiere fois que le monde fait la promotion de ce genre de charlatanisme

deja il y a quelques mois, le Monde faisait la promotion de l'électrometre de l'église de scientologie

voir cet article de l'AFIS:

a écrit :

[center]Le journal Le Monde promeut la version moderne de l’électromètre de l’Église de Scientologie[/center]

par Jean-Paul Krivine - SPS n° 279, novembre 2007

Le journal Le Monde (8 août 2007) consacre un long article au QPM, « la machine qui détecte la personnalité » où le doute est à peine de mise… « En corrélant 180 points du corps humain, le QPM réalise en quelques secondes un profil psychologique du patient ». La journaliste s’interroge alors : supercherie, mascarade ou nouveau procédé ? Mais la réponse est sans ambiguïté : votre intelligence émotionnelle, vos points forts et vos points faibles, vos aptitudes sociales, bref un profil complet de votre personnalité vous est livré devant lequel vous ne pouvez qu’être « troublé par la justesse des résultats ». Le témoignage d’une psychologue clinicienne renforce le propos : « Au départ je n’y croyais pas. Je pensais impossible qu’une machine puisse mesurer les fondamentaux psychologiques d’une personne, mais après avoir passé le test, j’en serais tombée de ma chaise ». Comme souvent quand il s’agit de produits miraculeux, le témoignage se substitue à la preuve et à la référence scientifique. Le journal Le Monde ne déroge pas à cette habitude.

Pour faire bonne mesure, un avis sceptique est mentionné en fin d’article, celui du Docteur Frédéric Chapelle, vice-président de l’Association française de thérapie comportementale et cognitive. Mais la conclusion ne reprend nullement ce scepticisme et s’interroge sur le bon usage éthique d’un outil qui « en apprend trop sur la personne ». Pas de conditionnel. La question n’est pas la validité du procédé, mais l’éthique de ses applications.

Une machine miraculeuse qui n’a pas éveillé de doutes

Que l’on y réfléchisse une minute : si les propos avancé avaient un minimum de réalité, il s’agirait vraiment d’une avancée majeure, d’une révolution dans les neurosciences. Le QPM affirme [1] par une simple mesure de courant électrique pouvoir déterminer votre attitude face à l’épreuve, votre besoin de récompense, votre propension à rechercher la nouveauté, une « empreinte » de deuil, de dévalorisation de soi, votre maîtrise des pulsions, votre gestion de l’anxiété, votre confiance dans l’avenir, votre capacité à identifier et nommer vos pulsions… Il peut également préconiser les exercices mentaux ou physiques qui vous sont adaptés, identifier « une motivation extérieure éphémère impliquant une dépendance trop forte à la récompense-gratification », vos manques affectifs, vos sentiments de honte, votre besoin d’approbation… La liste est sans fin. Et comme le proclament les concepteurs, « ce sont de plus en plus nos utilisateurs qui, en fonction de leur parcours et de leur sensibilité, découvrent de nouvelles idées d’utilisation pour cet outil ». Chacun peut ainsi se transformer en découvreur de l’esprit humain, en analyseur de la personnalité humaine. Tout cela, sans crayon ni papier… Des électrodes, des cadrans, une imprimante… et un QPM au prix conséquent.…

Le QPM : tout sauf une nouveauté

Pas besoin d’être spécialiste de neurosciences, ni même d’avoir une grande culture scientifique, pour lever la supercherie. La simple visite du site des « concepteurs » de la machine nous renseigne très rapidement. Le QPM est l’acronyme de Quantic potential measurement. On se demande ce que vient faire « quantic » dans le nom, si ce n’est donner un profil encore plus complexe et mystérieux. En réalité, le QPM n’est rien d’autre qu’une simple machine à mesurer une conductivité électrique. Le Pont de Weatstone, du nom de son inventeur, permettait déjà de telles mesure depuis le milieu du 19e siècle. D’autres méthodes ont été mises au point depuis, mais ne relèvent pas d’une « électronique de pointe » comme l’affirment les promoteurs. La mesure de la conductivité des tissus humains est utilisée depuis des décennies en neuropsychologie et en psychosociologie. Marcel-Francis Kahn rappelait dans Sciences et pseudo-sciences (n° 240 décembre 1999) comment une réaction émotive se traduit par des augmentations de la transpiration, faisant ainsi varier sensiblement la résistance opposée à un courant électrique, et l’usage qui pouvait être fait d’un tel dispositif dans des expérimentations psychologiques (mesure de temps de réaction à certains stimuli par exemple). Les prétendus « détecteurs de mensonges » utilisent le même principe. Les pèse-personnes électroniques mesurent aussi une conductivité du corps humain et en déduisent des informations sur la composition des tissus.

La scientologie l’appelle « Electropsychomètre de Hubbard »

Le même genre de dispositif est commercialisé depuis plusieurs décennies par l’Église de scientologie. L’« électropsychomètre de Hubbard » (c’est son nom) est vendu fort cher aux adeptes de l’Église parvenus à un certain niveau dans la hiérarchie. Ce dispositif, selon la scientologie, permet de « mesurer l’état mental ou les changements d’état mental d’une personne, aidant ainsi les “préclairs” (adeptes en cours d’apprentissage) à localiser leurs zones de détresse psychologique pour pouvoir les prendre en charge » [2]

Le QPM vu par ses concepteurs : un charabia scientifique…

Petite visite sur le site des concepteurs du QPM [3] Première surprise : dans l’onglet « Bibliographie », là où on s’attend à trouver des références d’articles, des publications scientifiques, on trouve en réalité une liste de noms, allant d’Einstein, mentionné pour ses recherches en physique quantique (quel rapport avec QPM ?) à Jacques Benveniste, surtout connu du grand public pour ses théories sur la mémoire de l’eau, en passant par un dénommé Niboyet, au titre de ses « recherches dans les années 1940-1950, sur les effets des méridiens sur le corps ».


Une page est consacrée aux « fondements scientifiques ». Sa lecture nous confirme qu’il ne s’agit de rien d’autre qu’une simple mesure de conductivité du corps humain. Là où les autres dispositifs analogues mettent deux électrodes, le QPM en propose 6. Il faut bien innover. On trouve alors un mélange de charabia scientifique et d’affirmations sans fondement. Florilège :

« La cellule comprend également un réseau de microtubules, les centrioles, qui relient les cellules entre elles qui s’appellent les centrioles et qui laissent passer qu’un électron à la fois, donnant ainsi une communication électrique entre les cellules puisque les électrons sont des particules chargées ». Les centrioles ne sont pas organisés en réseau, mais surtout sont des structures intra-cellulaires qui interviennent dans la division cellulaire. Ils ne relient aucunement des cellules entre elles et ne sont pas impliquées dans une « communication électrique entre cellules ».

« La conductivité électrique de l’organisme est le reflet des échanges Na+ et K+ au niveau de la membrane cellulaire ». En réalité, la conductivité de l’organisme n’a rien à voir avec les échanges sodium/potassium des cellules, mais avec la sudation et la composition des tissus (base pour mesurer le stress… ou la prétendue masse graisseuse dans les pèse-personnes électroniques).
« Le noyau de la cellule constitué d’ADN émet une lumière cohérente type laser ». L’ADN qui émet une lumière laser… nouveauté scientifique…


Comment ensuite passer d’une mesure de conductivité à un profil psychologique ? Voici la clé : « Le psychisme et les capacités d’une personne sont sous la dépendance du cerveau et donc des échanges cellulaires et de la conductivité électrique ». Mesurez une conductivité électrique, et vous saurez tout sur le psychisme.


Enfin, concernant la réalité des profils psychologiques créés par la machine et le sérieux de l’interprétation proposée, il faudra se contenter d’affirmations telles que « corrélation des mesures avec les travaux des neurosciences (analogie existant entre la somatotopie des fonctions cérébrales et le corps) », « Corrélation de nos mesures avec différents tests déclaratifs », « Corrélation des résultats des dérivations avec la médecine (dosage sanguin des neuromédiateurs) ».


… mais un marketing astucieux

On ne peut s’empêcher de penser qu’il s’agit peut-être d’un canular, tellement tout est cousu de fil blanc… Pas une ligne du site Internet de QPM qui n’inspire le doute… ou la consternation. Mais en tout cas, le marketing est bien monté. Les différentes applications de QPM sont précisément ciblées : QPM-STRESSPRO pour les « ressources humaines », QPM-PSY « uniquement réservé aux psychiatres et aux psychothérapeutes et psychologues comportementalistes », QPM-SPORT pour les entraîneurs, et même une déclinaison QPM-KIMEOSTEO pour les ostéopathes et les kinésithérapeutes. Une liste d’« utilisateurs certifiés » est mise à jour. Un grand journal du soir en parle… L’affaire est lancée. Le journal télévisé de 13 heures, le lendemain sur France 2, reprend l’affaire et consacre un reportage à cette « machine à explorer l’âme, au carrefour de la bioconductivité, des neurosciences et de la médecine chinoise et hindou ». Si le ton est à l’humour, la véritable démystification, est absente. Là encore, le journaliste qui a testé la machine parle de « résultats troublants », soulignant que sur « 200 critères, la plupart correspondent ». Au passage, nous apprenons que la machine coûte 10.000 € à l’acquisition, et qu’une consultation s’élève à 250 ou 300 €.

L’effet Barnum à l’œuvre

N’importe quel journaliste muni d’un peu de sens critique devrait immédiatement détecter la supercherie. La journaliste du Monde semble avoir été séduite par le profil qui lui a été proposé, troublée par « la justesse des résultats », et a alors abandonné tout esprit critique. L’effet Barnum (voir notre précédent numéro) exprime le fait que la plupart des gens tendent à accepter une vague description de personnalité comme les décrivant bien, surtout si cette description est plutôt positive ou flatteuse, sans se rendre compte que la même description pourrait s’appliquer aussi bien à n’importe qui. C’est sans doute cela qui fait le succès du QPM, tel que rapporté par le journal, auprès des responsables de ressources humaines ou de consultants.

Le Monde fait la promotion du charlatanisme

En conclusion, ce qui est le plus surprenant dans cette histoire, ce n’est pas tant qu’une équipe de 4 personnes, un médecin acupuncteur, un spécialiste marketing et deux ingénieurs en informatique et en électronique proclament avoir mis au point une machine miraculeuse capable de percer les secrets de la psychologie humaine, ni que de nombreux consultants s’emparent de l’« invention » à des fins mercantiles. Non, c’est bien plutôt qu’un journal comme Le Monde ait pu publier un tel article, sans le moindre discernement, et ait ainsi pu faire la promotion du charlatanisme.



canardos
 
Message(s) : 18
Inscription : 23 Déc 2005, 16:16

Message par canardos » 21 Nov 2007, 20:02

savez vous que servan schreiber a signé la "PETITION : ACTION POUR UNE MEDECINE ECOLOGIQUE" traduisez pour la défense des charlataneries diverses opposées à la vilaine médecine moderne polluante:

voir ce fil

Séralini pour les médecines "alternatives"

des guignols mais des guignols dangereux pour la santé publique et auxquels le Monde sert la soupe pour attirer le chaland
canardos
 
Message(s) : 18
Inscription : 23 Déc 2005, 16:16

Message par canardos » 11 Déc 2007, 12:11

toujours sur le livre de Servan-schreiber "anticance" l'AFIS mentionne quelques réactions apres un article du nouvel observateur:

a écrit :

[center]Anticancer ?[/center]

Octobre-novembre 2007

Difficile d’échapper, ces derniers temps, au phénomène médiatique que consitue la parution du dernier livre de David Servan-Schreiber Anticancer  : télévision, radio, presse écrite, sites webs ont relayé l’évènement et ont assuré la promotion de cet ouvrage grand public. En particulier, un dossier entier lui a été consacré dans l’hebdomadaire Le Nouvel Observateur, ce qui n’a pas manqué de susciter quelques vives réactions.


Dr Schiano

Son article est pour moi tout à fait typique des médecines alternatives et des charlatanismes en tous genres. D’abord, il y a toujours une caution scientifique : il s’en réclame puisqu’il est médecin ; de plus il fait référence à des études médicales et il cite des noms de grands professeurs. A titre d’exemple, je suis allée voir ce que raconte le Dr Belliveau. C’est le spécialiste de la « nutrathérapie » ( ?) Affligeant ! (…) Je cite une phrase de l’article : « contrairement à certaines idées reçues, le cancer n’est pas une affaire de gênes. C’est une affaire de style de vie ». Révoltant ! Il existe des cancers de déterminisme génétique prouvé : A titre d’exemple : le rétinoblastome chez l’enfant, les cancers du sein liés à la mutation des gènes BR CA 1 et 2. Les femmes porteuses de ces mutations développeront le cancer du sein et/ou de l’ovaire dans 50% à 80% des cas indépendamment du terrain. Il est très vraisemblable à ce jour que nous sous-estimons la part de l’influence des gènes dans le déterminisme de certains cancers. Les recherches étant longues et coûteuses. (…) Lorsque DDS affirme l’efficacité de cette alimentation anti-cancer avec comme preuve, sa survie à 7 ans, je le trouve bien présomptueux. Je lui souhaite de vivre le plus longtemps possible, mais comment un médecin se prétendant scientifique peut-il avoir ce genre de conclusion en dehors d’un mysticisme effréné qui n’a plus rien à voir avec une quelconque rationalité ?

Cerise sur le gâteau : le chapitre « vaincre le cancer par la psychologie ». Cette analyse est très proche de celle des horoscopes. Je ne connais pas un individu qui ne se reconnaîtra pas dans le profil exposé. Comme ça, on est sûr de taper dans le mille à tous les coups.

En conclusion, je trouve cet article extrêmement racoleur. Je suis très déçue qu’un hebdomadaire à grand tirage, dont la vocation serait plutôt d’ouvrir des pistes de réflexion sur des sujets de société, se fasse le chantre d’un individu dont le mysticisme, la croyance et l’irrationalité priment sur la rigueur scientifique.


--------------------------------------------------------------------------------

Jean-Pierre Herbint

(…) Maintenant, sachant (…) que des individus particulièrement intéressés puissent y trouver matière à faire tourner leur propre business et notamment pour cela, écrire des livres, passer à la radio, à la télévision ou faire du papier accrocheur à lire dans les magazines, ce n’est pas un scoop. Bien sûr, il en sera toujours ainsi ! Je suis certain que leurs consultations vont augmenter parallèlement à la vente des produits dérivés qu’ils fabriquent, ils ont même ainsi la possibilité de faire des dons généreux pour la recherche… Rien de nouveau à cela !


--------------------------------------------------------------------------------

Y.H.W.H
"Le baratineur du cancer", titre de Marianne du 6 au 12 octobre qu’on vient de me communiquer. (…)
J’ai relevé dans [cet article] une citation de Paul Valéry qui s’applique parfaitement à ce que l’ AFIS s’attache à dénoncer :
« Il y a plus faux que le faux, c’est le mélange du vrai et du faux ».

canardos
 
Message(s) : 18
Inscription : 23 Déc 2005, 16:16


Retour vers Sciences

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 2 invité(s)