LO et les prochaines municipales

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par com_71 » 03 Déc 2007, 22:36

(site du nouvel obs a écrit :Lutte ouvrière (LO) a adopté durant le week-end une stratégie d'alliance avec des partis de gauche, dont le Parti socialiste, en vue des élections municipales de mars 2008, a annoncé Arlette Laguiller lundi 3 décembre.

Le congrès de LO, qui s'est déroulé à huis-clos, en banlieue parisienne, a tiré les conséquences de l'échec d'Arlette Laguiller à la présidentielle -1,33% des voix.

"Le congrès a approuvé le fait de discuter de participations éventuelles sur des listes de gauche" lors des municipales de mars, affirme l'ex-candidate et porte-parole de l'organisation trotskiste, dans un communiqué.

Discussions "en cours"

Cette stratégie ne vise "pas uniquement" le PS, le but étant de parvenir à "des listes unitaires de la gauche pour résister à la droite, voire pour gagner des municipalités sur elle", précise-t-elle.
Pour l'heure, précise Arlette Laguiller, "les discussions avec des partis de gauche sont en cours mais aucun accord n'est encore finalisé".
Arlette Laguiller reconnaît que "cette attitude est nouvelle", mais "la possibilité de l'envisager" ne l'est pas: si LO ne l'avait pas appliquée lors des précédentes municipales, c'est parce que "le Parti socialiste et le Parti communiste étaient au gouvernement et s'y comportaient comme la droite aujourd'hui, ce que nous ne voulions pas cautionner".

5.000 candidats

Des négociations seraient en cours entre Lutte ouvrière et le Parti socialiste dans plusieurs villes, notamment à Saint-Brieuc, Lorient, Angers et Avrillé, selon des informations parues dans la presse.
En outre, LO entend présenter ses propres listes "dans un maximum de villes" avec comme objectif "de dépasser les 128 listes et les 5.000 candidats présentés en 2001".

Pas de grand parti avec Besancenot

Par ailleurs, le congrès n'a pas choisi sa future candidate à la présidentielle de 2012, alors que sa figure emblématique (1,33% en 2007, 5,7% en 2002) a déjà annoncé qu'elle ne se représenterait pas. "Mais je resterai porte-parole du parti et l'une de ses dirigeantes", précise Arlette Laguiller, 67 ans, qui n'entend pas prendre sa retraite.
Selon elle, le congrès a par ailleurs approuvé "à la quasi unanimité" les orientations de la majorité sortante et rejeté la proposition d'un nouveau parti anticapitaliste avancée par Olivier Besancenot (LCR). "Nous nous réclamons ouvertement du marxisme, du léninisme et des premières années de la révolution russe, du trotskysme", souligne-t-elle. (avec AFP)
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Sterd » 04 Déc 2007, 19:34

(Le Point a écrit :Municipales : Arlette Laguiller explique la stratégie de Lutte ouvrière

04/12/2007-17h30 - Propos recueillis par Charlotte Chaffanjon - Rubrique coordonnée par Valérie Peiffer - © Le Point.fr
Lors de son conseil national, le week-end dernier, Lutte ouvrière a décidé d’accepter de passer des alliances avec des partis de gauche, notamment le Parti socialiste et le Parti communiste. Une politique nouvelle pour la formation d’Arlette Laguiller, très affaiblie par son score à la dernière présidentielle (1,33%). La candidate malheureuse explique au Point sa stratégie pour les municipales de mars 2008.

Le Point.fr : Pourquoi LO choisit-elle, pour les municipales 2008, de mener des listes communes avec le PS et le PC ?

Arlette Laguiller : Cette attitude nouvelle répond à notre volonté de défendre les travailleurs. Il y a chez eux beaucoup de colère et de ressentiment vis-à-vis du gouvernement actuel. Et puis, après tout, nous avons déjà appelé à voter socialiste trois fois : François Mitterrand, en 1974 et en 1981, et Ségolène Royal en 2007. Nous l’avons fait par solidarité avec nos électeurs qui ne voulaient pas voir la droite arriver au pouvoir. Ce n’est pas pour autant que nous étions en accord avec le programme du PS.

L. P. : Où en sont les discussions avec le PS ?

A. L. : Pour l’instant, aucun accord n’est signé. Nous en sommes au stade des discussions. Les négociations se font au niveau local, il n’est pas question d’un accord national avec le PS. Par ailleurs, nous ne discutons pas qu’avec les socialistes. Nous voulons présenter des listes d’union de la gauche, pour résister à la droite.


L. P. : Pourquoi ne pas l’avoir fait en 2001 ?

A. L. : À l’époque, la gauche était au pouvoir. Les membres du gouvernement Jospin, socialistes comme communistes, menaient une politique contraire aux attentes des travailleurs, sur les retraites par exemple. Nous ne pouvions donc pas cautionner cette politique en passant des alliances avec eux. Pour 2008, la situation politique est totalement différente, puisque la droite est au pouvoir depuis cinq ans.

L. P. : Dans cet esprit d’union de la gauche, pourquoi excluez-vous de passer des alliances avec la Ligue communiste révolutionnaire ?

A. L. : La LCR envisage la présentation de listes communes comme un premier pas dans la création de son nouveau parti. Or nous sommes en désaccord avec sa ligne politique. Nous voulons un parti attaché aux valeurs trotskistes, marxistes, léninistes... Olivier Besancenot appelle, lui, à la création d’un parti composite. Il remet en cause nos valeurs, alors que nous ne voulons pas céder sur les fondamentaux. À ce titre, l’entente est impossible.

L. P. : Quels sont les enjeux majeurs de ces municipales pour Lutte ouvrière ?

A. L. : Nous voulons présenter des listes autonomes dans un maximum de villes. Nous avons actuellement 33 conseillers municipaux. Le but, c’est de les garder, mais aussi d’en avoir plus ! L’important, c’est que nos élus locaux puissent s’exprimer, diffuser nos idées, et résister face à la droite.


http://www.lepoint.fr/content/direct_qg/ar....html?id=213031
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Message par com_71 » 08 Déc 2007, 11:52

Un interview visiblement grosso-modo fidèle à ce qui a été dit...

a écrit :«On n’est pas jaloux de la LCR»
REUTERS
Arlette Laguiller.

La porte-parole de Lutte ouvrière explique sa stratégie pour les municipales.
Recueilli par MATTHIEU ÉCOIFFIER
QUOTIDIEN : samedi 8 décembre 2007 

Arlette Laguiller, porte-parole de Lutte ouvrière, revient pour Libération sur la stratégie d’alliance inédite de son parti avec le PCF, voire le PS, aux municipales. Et réagit à la popularité grandissante de son rival de la LCR, Olivier Besancenot.

LO sur des listes d’union de la gauche avec le PC ou le PS, c’est une révolution ?

D’abord, LO prépare ses propres listes et espère faire mieux qu’en 2001, où nous avions eu 128 listes et 33 élus. Par ailleurs, nous cherchons la discussion et, dans certaines villes, la négociation pour participer à des listes de gauche, notamment dans les villes que la droite peut reprendre ou que la gauche pourrait conquérir. Ce qui nous détermine, c’est le contexte politique. Le gouvernement Sarkozy mène des attaques tous azimuts contre le monde du travail. Les mauvais coups, ce n’est plus la gauche qui les porte : en 2001, Jospin approuvait les licenciements, ne remettait pas en cause la réforme Balladur des retraites, ce que nous refusions de cautionner en faisant liste commune.

La LCR vous accuse de vouloir sauver vos élus…

Il ne faut pas être naïf et découvrir d’un seul coup, comme la LCR, la nature sociale-libérale du PS qui aspire, depuis plus de soixante-dix ans, à gérer les affaires de la bourgeoisie. Nous, nous faisons la distinction entre la politique gouvernementale et celle que peuvent mener des municipalités de gauche. Dans certaines villes, on est plutôt d’accord avec ce qu’a fait une majorité PCF-PS, voire PS. Evidemment, quand on se présente aux municipales sur des listes LO ou d’union, c’est pour avoir des élus. Et un conseiller municipal garde sa liberté de parole durant tout son mandat.

Pourquoi refuser l’alliance avec la LCR ?

La LCR voudrait nous entraîner dans son nouveau «grand parti anticapitaliste». Et ne cache pas que les municipales en sont la première étape. Le problème, c’est que la LCR semble prête à renoncer à nos fondamentaux : le marxisme, le léninisme et la référence aux premières années de la révolution russe, et, bien sûr, le trotskisme. Pour nous, pas question d’aider à la création d’un parti qui renierait cela. En 2001, il n’y a pas eu d’accord avec eux car leur perspective était déjà de faire des listes avec des altermondialistes, des écologistes, des alternatifs. Avec la LCR donc, ni nouveauté, ni rupture !

Besancenot ne fait plus référence au trotskisme…

J’ai entendu Besancenot mettre le trotskisme de côté, et ça, on n’est pas d’accord. On est restés communistes parce qu’on était trotskistes, sinon, c’était à désespérer. C’est bien parce que le trotskisme a permis de comprendre la nature du stalinisme et l’échec de la révolution russe qu’on y tient. Mais s’il existait un parti à la gauche du PS suffisamment grand, influent et s’opposant à la droite, on ne dit pas que ce serait négatif.

Mais vous ne le rejoindriez pas…

Pas sur les bases actuelles posées par Olivier Besancenot, une espèce de salmigondis guevariste, libertaire… Pour nous, ce qui manque vraiment, c’est un parti qui défende inconditionnellement les intérêts des classes populaires contre les attaques patronales.

Vous sentez-vous menacés par la popularité de Besancenot ?

C’est ridicule. On ne se détermine pas par rapport à un très relatif petit succès électoral. Pourquoi voulez-vous que Lutte ouvrière s’écroule, parce qu’on a fait 1,33 % à la présidentielle, aussi peu que les Verts ou le PC ? Alain Krivine avait bien fait 0,36 % en 1974. Nos militants ont été dans toutes les luttes récentes : à la RATP, chez les cheminots… On n’est pas jaloux de la LCR. Olivier Besancenot est très populaire, mon crédit est intact auprès des travailleurs.

Vous aviez rencontré Ségolène Royal entre les deux tours. Pensez-vous que les Français n’étaient pas prêts à élire une femme ?

Elle m’a raconté qu’à un de ses meetings, le fait que j’appelle à voter pour elle avait été très applaudi. Je lui ai dit que mon appel n’était pas un ralliement. «Je sais, je sais, mais je voulais simplement vous connaître», m’a-t-elle répondu. Je ne pense pas, comme certains, qu’elle a perdu car elle est une femme. Il lui a manqué des mesures claires et nettes pour les travailleurs. Mais je vais lire son livre.
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Message par com_71 » 10 Déc 2007, 08:57

(Rouge @ un débat avec Lutte Ouvrière a écrit :Municipales à la Georges Brassens

Les 1er et 2 décembre, s’est tenu le 37e congrès de Lutte ouvrière (LO), dont les textes n’ont pas encore été rendus publics. Mais les camarades de LO n’ont pas attendu leur congrès pour s’engager dans une politique à la fois surprenante et inquiétante.
Illustration manquante
Bordeaux, le 20 mars 2007. Lutte ouvrière envisage des listes communes
avec le PS aux municipales de 2008 (Photothèque Rouge/Meno).

Lorsque la LCR a rencontré une délégation de la direction de Lutte ouvrière (LO), le 14 novembre, le principal dirigeant de LO, Georges Kaldy, nous a clairement dit qu’il ne partageait pas notre orientation appelant à la construction d’un parti anticapitaliste et révolutionnaire, qui reviendrait, à ses yeux, à abandonner la perspective d’un parti « marxiste, léniniste, trotskyste ». En conséquence, et pour ne pas cautionner une démarche qu’elle ne partage pas, la direction de LO n’envisage pas de constituer des listes avec la LCR. Cela ne l’empêche pas, par ailleurs, d’envisager de participer à des listes d’Union de la gauche ou avec le PCF…

Pour discuter de cette politique, le seul écrit auquel nous pouvons nous référer est un article de Lutte ouvrière signé par Roger Girardot, intitulé « Lutte ouvrière et les municipales à venir » (Lutte ouvrière n° 2051). Le lecteur qui chercherait une analyse permettant de comprendre la politique de LO restera sur sa faim.

L’article critique les informations données par les journalistes... tout en les confirmant : « Le problème est que nous ne voulons pas que, dans la situation politique actuelle, nos listes puissent nuire aux listes de gauche. C’est pourquoi nous avons engagé des discussions avec les listes de gauche qui nous sollicitaient et, dans d’autres cas, nous avons pris l’initiative en nous adressant aux candidats du PCF. Nous ne faisons pas cela pour avoir des élus car, des élus, nous pouvons en avoir en nous présentant indépendamment, comme en 2001. »

LO aurait donc été sollicitée par le PS et, pour ne pas nuire à la gauche – faut-il préciser la gauche libérale, gouvernementale ? –, elle est prête à se mettre sur ses listes, donc à participer à des exécutifs avec le PS si la liste l’emporte… Il n’aura pas échappé à la perspicacité de Girardot que c’est un peu plus que ne pas nuire, c’est faire un accord électoral avec le PS. Que l’on nous dise que la direction de LO n’en attend même pas d’élus ne nous rassure en rien: si ce n’est même pas pour avoir des élus, pourquoi faire cela ? Puis, d’expliquer : « Personne dans les colistiers que nous contactons actuellement ne nous demande de nous dissoudre pour rejoindre leur parti, ce que fait, en substance, la LCR. »

Et voilà. Tout cela parce que la LCR demanderait à LO de se dissoudre ! Notez la nuance, « en substance ». Qui pourrait croire que nous demandons à LO de se dissoudre ? Le PS, lui, ne demande à LO que de dissoudre… sa politique. L’article continue d’expliquer, en réponse aux journalistes qui « rappellent qu’Arlette Laguiller a pourtant déclaré, cet été, “regarder avec sympathie” la tentative de la LCR, [que] regarder avec sympathie et participer, c’est différent. Quand Georges Brassens trouvait sympathiques les amoureux qui se bécotaient sur les bancs publics, il n’allait pas s’asseoir entre eux pour se mêler de leurs affaires de cœur ! » Eh oui, Girardot est un poète, alors nous ne manquerons pas de lui citer Brassens, dans le texte : « Quand la Saint’ famill’ machin croise sur son chemin deux de ces malappris, ell’ leur décoche hardiment des propos venimeux / N’empêch’ que tout’ la famille, le pèr’, la mèr’, la fille, le fils, le Saint-esprit voudraient bien de temps en temps pouvoir s’conduir’ comme eux »…

Nous ne demandons pas aux camarades de LO de se mêler de nos histoires d’amour, pas plus que de se dissoudre, nous leur proposons simplement de ne pas aller, par dépit, dans les bras du PS ou du PCF. Nous souhaitons qu’ils se battent avec nous, dans des rapports démocratiques et transparents, pour construire des listes ouvertes et unitaires aux municipales, indépendantes du PS. Et, secondairement, s’ils le souhaitent, de discuter des moyens d’aller vers un « parti des travailleurs ». C’est ce que nous leur avons rappelé dans une lettre publiée sur le site Internet de la LCR.

Yvan Lemaitre

Cf. également les commentaires :
http://orta.dynalias.org/archivesrouge/article-rouge?id=7207
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Message par com_71 » 10 Déc 2007, 09:02

(NOUVELOBS.COM | 09.12.2007 a écrit :LO ne s'alliera pas avec le PS mais est prête pour des listes unitaires

Arlette Laguiller a évoqué une "participation à des listes unitaires de la gauche, ici ou là (...) dans des villes où la gauche risque de perdre la municipalité".

Arlette Laguiller
© Reuters
Arlette Laguiller a indiqué, dimanche 9 décembre sur le plateau de Dimanche +, que Lutte ouvrière était prête à participer à des listes unitaires de la gauche pour les élections municipales de mars prochain, mais que sa formation refuserait de s'allier avec le Parti socialiste.

"Ici ou là..."

Interrogée sur Canal+ sur la possibilité pour LO de s'allier au PS, la porte-parole du parti d'extrême gauche a répondu par la négative, tout en évoquant une "participation à des listes unitaires de la gauche, ici ou là (...) dans des villes où la gauche risque de perdre la municipalité, ou au contraire elle veut récupérer une municipalité qui a été reprise par la droite".
Arlette Laguiller a affirmé que Lutte ouvrière ne "veut pas nuire dans ces cas-là" et a souhaité que le "rejet des mauvais coups (...) portés aujourd'hui au monde du travail" s'exprimera "sur les listes municipales". (avec AP)
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Message par com_71 » 12 Déc 2007, 21:32

(Tribune de la minorité dans Lutte Ouvrière 12.12.2007 a écrit :Municipales 2008 : un tournant politique que rien ne justifie

Depuis plusieurs années, il existe au sein de notre organisation une tendance minoritaire. Cette tendance soumet des textes différents de ceux de la majorité au vote de nos camarades lors de nos conférences nationales. Mais elle s'est exprimée aussi, à chaque fois qu'elle l'a désiré, dans les bulletins intérieurs de notre organisation.
Ces camarades ont demandé à se constituer en tendance structurée ou, autrement dit, en fraction. C'est pourquoi ils s'expriment chaque semaine à cet endroit, dans les colonnes de notre hebdomadaire, parfois pour défendre des opinions identiques ou semblables à celles de la majorité, parfois pour défendre des points de vue différents.





Le congrès de Lutte Ouvrière a statué, entre autres, sur les orientations de notre organisation quant aux prochaines élections municipales. Pour reprendre le communiqué du 3 décembre de notre porte-parole, Arlette Laguiller, «  Le congrès a, par ailleurs, approuvé le fait de discuter de participations éventuelles sur des listes de gauche. Contrairement à ce qui est souvent affirmé, c'est loin d'être uniquement avec le Parti socialiste, mais c'est avant tout avec des listes unitaires de la gauche pour résister à la droite, voire pour gagner des municipalités sur elle. Cette attitude est nouvelle, certes, mais la possibilité de l'envisager n'est pas nouvelle. (...) ».

La Fraction s'est prononcée contre cette orientation.

«  Attitude nouvelle  » ? C'est le moins qu'on puisse dire, quand notre organisation a acquis son crédit sur une indépendance politique complète à l'égard des partis de la gauche. Et ce, aussi bien quand ces partis étaient au gouvernement, que lorsqu'ils s'apprêtaient, ensemble ou séparément, à y retourner. Evidemment personne n'est contre la «  nouveauté  », à condition que cette nouveauté soit justifiée par un changement soit de la situation... soit de cette gauche.

Or, il s'agirait maintenant de participer à «  des listes unitaires de la gauche pour résister à la droite  ». La situation a-t-elle à ce point changé par rapport à il y a six mois quand, dans la Lutte de Classe n°105 de mai-juin dernier, notre majorité raillait à juste titre des partis de gauche qui, au nom de «  la résistance  » à Sarkozy, n'avaient d'autres perspectives «  à l'issue d'une élection [qu'] une autre élection  », passant ainsi sous silence la préparation nécessaire d'une riposte du monde du travail ?

«  Mais il se trouve que, lors d'élections municipales précédentes, le Parti socialiste et le Parti communiste étaient au gouvernement et s'y comportaient comme la droite aujourd'hui, ce que nous ne voulions pas cautionner  », dit le même communiqué. Certes, la gauche n'est actuellement pas au gouvernement. Mais le PS ne se «  comporte-t-il pas aujourd'hui comme la droite  », sans la moindre velléité de prendre part ou même d'aider à la contestation sociale à l'égard de la politique de Sarkozy ? À la veille et pendant la grève des cheminots, le PS ne déclarait-il pas approuver la réforme de leurs retraites, donnant même des conseils de méthode à Sarkozy pour mieux la faire passer ? En quoi cette gauche-là a-t-elle changé depuis 2001 qui justifierait aujourd'hui de la cautionner ?

Aux yeux de cette partie du monde du travail désireuse de se défendre contre les attaques gouvernementales, la gauche n'est jamais apparue aussi détestable. Pour l'autre partie, qui a encore des illusions dans la gauche, l'alliance de Lutte Ouvrière à l'ex gauche plurielle ne pourra que semer encore plus d'illusions et de confusion.

Roger Girardot écrivait dans Lutte Ouvrière du 22 novembre dernier : «  nous ne voulons pas que, dans la situation politique actuelle, nos listes puissent nuire aux listes de gauche (...) Nous ne faisons pas cela pour avoir des élus car, des élus, nous pouvons en avoir en nous présentant indépendamment comme en 2001.  »

Nous avons toujours estimé que la gauche n'avait jamais eu besoin de Lutte Ouvrière pour se nuire à soi-même. Lutte Ouvrière n'a jusqu'ici jamais cédé au chantage qui consistait à l'accuser (elle et toute l'extrême gauche) de «  nuire à la gauche  », ou en d'autres termes de «  faire le jeu de la droite  ».

Ensuite, de deux choses l'une : ou bien «  nous ne faisons pas cela pour avoir des élus  » et alors rien ne justifie dans la situation actuelle un tel virage vers un accord au premier tour avec «  les listes unitaires de la gauche  », ou bien nous pensons que cette tactique permettra d'obtenir plus de sièges dans les municipalités, et alors, que nous le voulions ou non, nous apparaîtrons tenant plus à ces sièges qu'à notre programme. Cela ne nuira certes pas à la gauche, mais à la crédibilité de notre organisation, à coup sûr.

Les catastrophes comme la misère, le chômage, les licenciements et les bas salaires ne peuvent pas être affrontées sur le seul terrain local. Défendre de façon intransigeante les intérêts du camp des travailleurs dans les municipalités implique que nous puissions l'affirmer par un programme politique clair de défense des intérêts des travailleurs à l'échelle nationale, ce qui est impossible dans le cadre de «  listes unitaires de la gauche  ».

Ce programme exige que l'extrême gauche, à commencer par Lutte ouvrière, ne disparaisse pas dans la gauche traditionnelle. Les seuls partenaires possibles pour porter ce programme et avoir des élus, sont à chercher non pas auprès de la gauche gouvernementale, mais auprès de l'extrême gauche, à commencer par la LCR, sur les bases les plus claires possibles. C'est-à-dire, par exemple, certainement pas sur des listes à l'intitulé flou et ambigu, tel que «  100 % à gauche  », ou qui privilégieraient des revendications locales au détriment de notre programme national.

L'intervention sur le terrain électoral n'est pas la priorité des révolutionnaires. Surtout dans les circonstances actuelles où les travailleurs sont attaqués de toutes parts. Mais puisqu'il y a campagne électorale et qu'elle fait partie des combats politiques nécessaires, nous devons faire en sorte qu'elle aide et contribue à notre intervention sur le terrain essentiel des luttes de classe.

La Fraction L'Etincelle de Lutte Ouvrière
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Message par com_71 » 12 Déc 2007, 21:32

(mise au point de la rédaction de Lutte Ouvrière à propos de la tribune ci%dessus a écrit :

Une orientation sans la Fraction

Les camarades de la Fraction, qui se sont largement exprimés, en notre sein et publiquement, avant et pendant notre congrès sur ce sujet, éprouvent le besoin de continuer cette discussion. Sans doute pour montrer qu'ils se rapprochent de plus en plus de la LCR et de sa politique.

Notons que la LCR, dont la politique est chère à leur cœur, a appelé systématiquement depuis au moins les municipales de 1983 à voter pour la gauche là où la LCR ne présentait pas de liste avec ou sans LO. De même, au deuxième tour, de voter systématiquement pour la gauche quand elle ne fusionnait pas ses listes avec le PC et le PS alors au gouvernement.

Nous avons effectivement, dans la LDC en mai-juin dernier, raillé ceux qui se réclamaient de « la résistance » à Sarkozy mais ce n'étaient pas « les partis de gauche » comme affirmé dans ce texte mais le Parti Communiste et la LCR. Quelle pudeur empêche donc nos camarades de préciser cela ?

Sur le fond, ils reprochent au PS et au PC de « passer sous silence la préparation nécessaire d'une riposte du monde du travail ». Ils prétendent donc qu'on pourrait attendre cela du parti de Hollande ? C'est, pour le moins, essayer de faire croire au Père Noël. Il est vrai que c'est le moment ! Et, plus loin : « Certes, la gauche n'est actuellement pas au gouvernement mais le Parti Socialiste ne se comporte-t-il pas aujourd'hui comme la droite, sans la moindre velléité de prendre part ou même d'aider à la contestation sociale à l'égard de la politique de Sarkozy ? » Ils espèrent donc que le Parti Socialiste pourrait aider à la contestation sociale ? Mais l'a-t-il jamais fait ?

Et d'ajouter : « En quoi cette gauche-là a- t-elle changé depuis 2001 ? »

Sur le fond, elle n'a pas changé mais en 2001, elle était au pouvoir. Les attaques contre les travailleurs, c'était elle. Le blocage des salaires, c'était elle, et pas la droite. Les injures envers les grévistes maghrébins de Citroën Aulnay, c'était le Premier ministre socialiste, Mauroy et pas Sarkozy. Ils n'ont plus, depuis cinq ans, l'occasion de faire et de dire ces choses-là et l'électorat populaire le ressent ainsi en préférant la gauche à la droite, et c'est à lui que nous pensons.

Nous avons appelé à voter Mitterrand en 1974, en 1981 et nous avons appelé à voter Ségolène Royal en 2007, avec l'assentiment et le soutien de nos camarades de la Fraction. Veulent-ils nous faire croire que le parti de Guy Mollet et de Mitterrand était plus à gauche que le PS d'aujourd'hui ? Pourtant Mitterrand était un homme de droite maquillé grossièrement en leader de gauche. N'était-il pas pire d'avoir appelé à le soutenir ainsi que Royal que de participer à un Conseil municipal qui n'a aucune responsabilité dans le chômage, la crise du logement, les licenciements et les bas salaires mais qui, par contre, peut faire pas mal de choses qu'une municipalité de droite ne fait pas ?

La rédaction de Lutte Ouvrière
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Message par DocStarrduck » 16 Déc 2007, 13:14

(wsws a écrit :France : le Parti socialiste et « l'extrême gauche » s'avancent vers une alliance électorale

La démocratie bourgeoise, comme l'écrivait Karl Marx dans La guerre civile en France, est un mécanisme qui sert à décider « quel membre de la classe dirigeante [devra] "représenter" et fouler aux pieds le peuple au Parlement ». Récemment pourtant, ce mécanisme a commencé à avoir des ratés en France - avec le discrédit du Parti socialiste (PS) à la suite de son élimination au premier tour des élections présidentielles de 2002 et des vagues de grèves rassemblant plusieurs millions de personnes contre la politique d'austérité en 2003, 2006 et 2007. Fidèles à eux-mêmes, les pseudo-trotskystes des groupes d'« extrême gauche », Lutte ouvrière (LO) et la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), s'activent pour essayer de le réparer.


Par Alex Lantier



Les grèves d'octobre et novembre 2007 contre les attaques sur les retraites prévues par le président Nicolas Sarkozy ont été, en dépit de leur défaite, un tournant stratégique dans les relations de classe en France. Leurs répercussions ont ébranlé les milieux politiques bourgeois.

Le taux d'approbation de Sarkozy est tombé en dessous de 50 pour cent pour la première fois depuis son élection en mai. Bien qu'il soit encore trop tôt pour le dire, les élections municipales à venir de mars 2008 pourraient très bien faire reculer nettement l'UMP de Sarkozy. Les milieux politiques bourgeois sont inquiets : comment va-t-on canaliser le mécontentement populaire ?

Le problème qui se pose à la bourgeoisie française vient de ce que son parti préféré à gauche, le PS, ne peut pas redevenir un parti de gouvernement à part entière à lui seul. Son objectif actuel est de s'établir comme parti d'opposition. Henri Weber - un dirigeant du PS et ancien fondateur de la LCR avec Alain Krivine - a annoncé lors d'une rencontre entre dirigeants du PS et de la LCR le 7 décembre au théâtre du Rond-Point à Paris : « Nous devons devenir, nous pouvons devenir un parti à 35 pour cent, comme dans la plupart des pays d'Europe. »

Le PS s'est toujours appuyé sur des alliances avec d'autres partis pour gouverner – en effet, sa formation en 1971 au Congrès d'Épinay était fondée sur une stratégie d'alliance avec le Parti communiste (PC – stalinien). Dans les années 1980 et 1990, ses partenaires favoris étaient les staliniens et les Verts, formant la « gauche plurielle ».

Cependant, la collaboration des staliniens et des Verts avec le PS les a tellement discrédités qu'ils ne sont plus d'aucune utilité. Dans un article du 6 décembre, « La question des alliances est posée », le quotidien de centre gauche Le Monde note : « Le PC n'existe plus électoralement (1,3 pour cent pour Mme Buffet en 2007 contre 15,3 pour cent pour Georges Marchais en 1981). Il en est de même pour les Verts. [...] La gauche ne peut plus prétendre revenir au pouvoir avec les alliances qui étaient celles du "cycle d'Epinay". »

Tous les signes indiquent que l'on sonde et soupèse l'« extrême gauche » comme un allié potentiel du PS dans une tentative de rééquilibrer la politique bourgeoise française.

L'ex-candidate PS à la présidence, Ségolène Royal, a donné des entretiens à la télévision et dans la presse où elle appelait à créer une coalition « de François Bayrou [politicien bourgeois conservateur] à José Bové [militant altermondialiste] ». Dans son entretien avec Le Monde, elle a déclaré, « Je me reconnais dans Olivier Besancenot quand il demande la radicalité sur un certain nombre de sujets. »

Besancenot en particulier a bénéficié d'une large couverture dans les médias bourgeois. Un sondage BVA de novembre a placé son taux d'approbation à 40 pour cent, et un sondage Ipsos en octobre pour Le Point a placé sa popularité au-dessus de celle de Royal. Certains politiciens du PS ont commencé à lui adresser des louages en public ; le sénateur Jean-Luc Mélenchon a déclaré : « Monsieur Besancenot est très populaire. Comment le lui reprocher ? Il a gagné ses galons ! »

Le PS a aussi consulté LO, comme l'a reconnu Arlette Laguiller, porte-parole de LO, dans un entretien accordé le 8 décembre au quotidien Libération. Interrogée à propos de ses rencontres avec Royal, Laguiller a répondu : « À un de ses meetings, le fait que j'appelle à voter pour elle avait été très applaudi. »

Les tentatives de sonder l'« extrême gauche » sont simplifiées par les relations sociales entre la direction de l'« extrême gauche » et leurs anciens camarades qui occupent à présent des postes élevés au PS. La rencontre au théâtre du Rond-Point, où étaient présents Weber et le dirigeant de la LCR, Krivine, est là pour en témoigner.

Une autre rencontre, selon un article amusé paru dans Le Monde du 2 octobre, a été le mariage de Weber avec la productrice de télévision Fabienne Servan-Schreiber - réunissant 800 invités de marque, dont des dirigeants de haut rang des milieux de la banque et de la mode, l'ancien Premier Ministre Laurent Fabius, et l'actuel ministre des affaires étrangères Bernard Kouchner, ainsi qu'un certain nombre de « trotskystes. »

LO et la LCR sont toutes deux pleinement conscientes de la radicalisation qui a lieu dans la classe ouvrière, alors que les syndicats négocient des baisses des minima sociaux et bloquent les grèves en collaborant avec le gouvernement.

Dans un article intitulé « Situation sociale et tactique syndicale », dans son numéro du 9 novembre de Lutte de classe, LO a écrit : « La gravité des coups portés aux travailleurs par le patronat et le gouvernement est en train de convaincre nombre d'entre eux que la politique de négociation prônée par les confédérations, sans rapport de forces, est au mieux inefficace, mais, en réalité, nuisible. »

Dans sa lettre ouverte du 6 décembre à LO, la LCR notait également : « Les critiques de l'attitude de Thibault [dirigeant de la CGT] chez les cheminots et même dans la fédération CGT des cheminots traduisent d'une certaine manière le refus de la politique de diagnostic partagée des directions confédérales. Cette prise de conscience s'exprime aussi sur le terrain politique par rapport au PS qui n'a pas manqué une occasion de rappeler son accord avec la réforme des régimes spéciaux. »

LO et la LCR ont toutes deux réagi face à cette conscience politique grandissante dans la classe ouvrière en abandonnant leurs prétentions de loyauté au marxisme et en faisant la promotion vigoureuse d'alliances politiques dénuées de principes. Cela a pris des formes quelque peu différentes dans les deux organisations.

Depuis son université d'été à Port Leucate en août, la LCR a essayé de former un parti de la gauche unifiée dans lequel elle pourrait se liquider, tout en montant une campagne s'adressant à la jeunesse française et qui met en avant le guérillero sud-américain Che Guevara. Le nouveau parti ne prétendrait plus être associé au trotskysme. Précisément parce qu'il rejette ses précédentes prétentions au marxisme, cependant, la LCR s'est sentie obligée d'affirmer sa large indépendance politique par rapport au PS (ce qui est entièrement faux).

Dans un entretien au Parisien le 24 août intitulé « La LCR n'a plus vocation à exister », Besancenot a clairement fait comprendre qu'il voyait ce nouveau parti comme un potentiel parti de gouvernement de l'Etat bourgeois : « Soyons clairs : le pouvoir ne nous fait pas peur. Mais peut aussi donner des vertiges. Nous ne voulons aucun accord parlementaire ou gouvernemental avec un parti social-libéral comme le PS. Cette indépendance politique est un gage de liberté. Et elle s'est révélée plutôt payante aux dernières élections... Elle n'empêche pas une résistance commune face à la droite. »

LO, de son côté, a récemment annoncé qu'elle ferait liste commune avec le PS et d'autres partis de la gauche plurielle dans certaines villes, dont Angers, Besançon, Saint-Brieuc et Orléans. C'est la première fois que LO fait liste commune avec le PS. Dans sa lettre sur le Congrès de LO du 1er et 2 décembre, Arlette Laguiller faisait remarquer de façon révélatrice : « Cette attitude est certes nouvelle, mais la possibilité de l'envisager n'est, pour nous, pas nouvelle. Il se trouve que, lors d'élections municipales précédentes, le Parti socialiste et le Parti communiste étaient au gouvernement et s'y comportaient comme la droite aujourd'hui, ce que nous ne voulions pas cautionner. »

LO refuse de rejoindre le nouveau parti fourre-tout de la LCR, ce qui a suscité une prise de bec plutôt amusante. LO a expliqué de façon invraisemblable son refus d'y participer en déclarant qu'elle refusait d'abandonner la perspective d'un « parti marxiste léniniste trotskyste » un point auquel le numéro du 6 décembre du journal de la LCR, Rouge, a répondu en faisant remarquer ironiquement que les soi-disant principes de LO l'empêchaient de s'allier à la LCR, mais ne semblaient pas l'empêcher de faire liste commune avec le PS.

Mais le même jour, dans une lettre ouverte à LO, lui demandant de reconsidérer sa décision, la LCR reconnaissait que son nouveau parti fourre-tout serait une organisation chaotique grouillant de factions et où toutes sortes d'organisations de l'ancienne gauche plurielle et de la soi-disant extrême-gauche, prospèreraient. Prétendant que LO pourrait rejoindre le nouveau parti de la LCR sans compromettre son indépendance, la LCR écrivait : « Nous espérons réussir à engager le regroupement d'organisations, de groupes militants, d'anciens militants du PC... passe par le droit à la libre organisation de chacun en tendance, voire en fraction. »

En bref, l'agitation politique grandissante au sein de la classe ouvrière pousse les pseudo-trotskystes dans une alliance électorale avec les partis de gouvernement de la gauche. Il ne s'agit pas ici d'un hasard ou d'une erreur temporaire, mais c'est le reflet d'une peur et d'une hostilité organiques envers une politique ouvrière indépendante, qui émerge directement de perspective politique de LO et de la LCR, qui n'est autre qu'un syndicalisme démoralisé qui a pour principal objectif celui d'exercer une pression politique sur la bourgeoisie au moyen de grèves déterminées. L'hostilité grandissante des travailleurs envers toute négociation avec la bourgeoisie remet en question la viabilité de cette stratégie.

LO a fait un résumé concis de sa perspective dans un article daté du 9 novembre : « dans le passé, la base, les travailleurs ont su déborder les appareils syndicaux et faire en sorte que le mouvement se développe, se renforce et s'amplifie malgré eux. C'est de cette manière que le monde du travail a remporté la plupart de ses combats victorieux. Là est la perspective la plus féconde pour l'avenir. » Il est bien sûr vrai qu'une lutte basée sur la grève ne peut pas durer longtemps, à moins qu'elle n'échappe au contrôle de la bureaucratie syndicale qui cherche inévitablement à l'étouffer. Néanmoins, les questions politiques que soulèverait une lutte de la classe ouvrière qui s'affranchirait des syndicats, c'est-à-dire la question de savoir quelle classe sociale gouvernera, sont totalement éludées.

LO reconnaît même que les travailleurs les plus avancés politiquement sont parvenus à des conclusions politiques accablantes concernant la CGT : « si les cheminots les plus radicaux ont ressenti, à juste titre, l'attitude de la CGT soit comme une réticence à poursuivre le mouvement engagé, soit pour certains comme un abandon du combat, c'est surtout parce qu'elle ne proposait pas de suite [pour la grève d'un jour de la mi-octobre]. »

Cependant au lieu de chercher à utiliser ces trahisons pour démasquer politiquement la direction syndicale, LO a pressé la CGT de changer la politique qui la discrédite le plus clairement aux yeux des travailleurs : « [la CGT] aurait dû, avant même le 18 octobre, annoncer la date d'une autre lutte, constituant une autre étape. »

Cette incohérence politique n'est pas due au hasard : la fraternité pseudo-trotskyste dans son ensemble base, en dernière analyse, sa perspective de grève sur la finalité consistant à trouver un accord sur les réformes avec l'Etat bourgeois.

Cela a été souligné par les commentaires d'Alain Krivine au meeting du théâtre du Rond-point avec les huiles du PS Weber, François Rebsamen et Manuel Vast. Il a commencé par souligner son accord politique fondamental avec le PS : « pour moi, l'adversaire ce n'est pas le PS, mais Sarkozy, la droite, et le Medef. Si aujourd'hui on a des désaccords, c'est sur la façon de combattre Sarkozy, la droite et le Medef. »

Krivine a poursuivi : « La première question que je pose : peut-on résorber [l'inégalité sociale] par des mesures concrètes qui impliquent une nouvelle répartition des richesses ? La deuxième question est celle des moyens : toutes les grandes réformes en France, celles du Front populaire, celles de la Libération, celle de 68, la victoire sur le CPE, ne sont jamais venues directement des parlementaires. C'est parce que des millions de gens sont descendus dans la rue, ont fait la grève générale, vous ont botté les fesses. »

On peut difficilement imaginer une perspective plus étriquée que celle qui considère les luttes sociales titanesques du vingtième siècle principalement comme un moyen de pression sur la bourgeoisie en vue d'obtenir des réformes législatives. On ne peut pas traiter ici de toutes les questions historiques soulevées par Krivine. Cependant, on peut se contenter de dire qu'en aucune manière elles ne corroborent la prétention implicite de Krivine, selon laquelle il suffit de mobiliser un grand nombre de grévistes pour obtenir de la bourgeoisie des réformes durables. La question des perspectives politiques mises en action par la classe ouvrière internationale, est absolument essentielle.

Le Front populaire de 1936 en est peut-être l'exemple le plus flagrant. L'alliance entre le Parti radical, la SFIO (précurseur du PS) et le PC avait empêché une lutte révolutionnaire pour la prise du pouvoir par la classe ouvrière. En laissant quasiment intacte la politique étrangère de la bourgeoisie française, cette alliance avait scellé l'isolement du mouvement des travailleurs espagnols qui soutenait la lutte de la République contre Franco, contribuant à conduire à la victoire des fascistes durant la guerre civile espagnole. En retirant encore davantage de l'ordre du jour politique mondial la lutte pour le pouvoir des travailleurs, cette alliance a contribué à consolider le régime de Hitler en Allemagne nazie. Les réformes que le Front populaire avaient garanties furent en fait rapidement réduites à néant par la Deuxième Guerre mondiale, l'occupation nazie de la France et la collaboration de la bourgeoisie française avec l'occupant.

Ces réformes furent rétablies sous la Libération et dans l'après-guerre du fait de la peur d'une révolution, notamment au moment de la Libération en 1945 où l'autorité de l'Etat s'était effondrée dans bien des endroits de l'Hexagone, et de l'immense pression idéologique exercée par l'héritage de la révolution bolchevique et l'existence de l'URSS. Cela avait aussi été rendu possible par le fait que la plus grande part de la vie financière et industrielle se produisait à l'échelle nationale. Cette situation n'existe cependant plus.

Ceci est souligné par la dernière lutte mentionnée par Krivine, celle contre le CPE (Contrat première embauche) de 2006. Du fait d'une collaboration politique délibérée entre les directions syndicales et le ministre de l'Intérieur de l'époque, Nicolas Sarkozy, qui cherchait à désarçonner ses rivaux politiques de droite, les résultats de la lutte se sont limités au retrait temporaire du CPE. Mais cela n'a fait que contribuer à ouvrir la voie à l'élection de Sarkozy comme président et par là même à des attaques plus vigoureuses encore sur le niveau de vie des travailleurs.

On ne peut vaincre l'offensive de Sarkozy au moyen simplement de grèves déterminées. Les pressions compétitives exercées par la mondialisation capitaliste et l'explosion des tensions géopolitiques mondiale conduisent l'impérialisme français à s'attaquer au niveau de vie de la classe ouvrière dans le pays et à l'agression militaire à l'étranger, pour exemple l'alignement de Sarkozy avec l'administration Bush sur la politique au Moyen-Orient. Ceci appelle une riposte politique de la part de la classe ouvrière beaucoup plus importante que les luttes syndicales envisagées par LO et la LCR et pose la question de la prise de pouvoir par les travailleurs.

C'est sur la base de cette perspective que le Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI) appelle au développement d'une section du CIQI en France.

(Article original paru le 13 décembre 2007)

Samedi 15 Décembre 2007
Alex Lantier

htt p://www.wsws.org

(réaction Jacquemart a écrit : C'est un excellent article... à l'insu de son auteur.
Tous ceux qui voudront apprendre ce que sont, hélas, les pires défauts de l'extrême-gauche le liront avec profit.

(réaction El convivado de piedra a écrit : Bon, j'ai lu le premier paragraphe...et j'ai eclaté de rire.

a écrit :Les grèves d'octobre et novembre 2007 contre les attaques sur les retraites prévues par le président Nicolas Sarkozy ont été, en dépit de leur défaite, un tournant stratégique dans les relations de classe en France. Leurs répercussions ont ébranlé les milieux politiques bourgeois.



Etant donné que mes nerfs ne supportent plus les conneries je m'arrete la.

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Comment peut-on écrire de telles imbécilités ?
DocStarrduck
 
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Message par com_71 » 18 Déc 2007, 10:03

(Extrait du site d'info LyonCapitale.fr a écrit :

MUNICIPALES 2008
Accord Lutte Ouvrière/PC à Vénissieux (12/12/2007 )

“Un accord de principe” a été passé entre l'organisation d'Arlette Laguiller et André Gerin. Du côté LO, cet accord n'a rien de surprenant puisqu'il s'intègre parfaitement dans le récent repositionnement de l'organisation trotskyste, qui est maintenant ouverte à participer à des listes communes de gauche aux municipales. Du côté Gerin, c'est plus inhabituel, puisque le tenant de la ligne très orthodoxe du PCF a toujours tiré à boulet rouge sur les trotskystes. Mais une quatième réélection vaut bien quelques entorses aux principes.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par gerard_wegan » 18 Déc 2007, 23:19

(Lancement de la campagne des municipales des 9 et 16 mars 2008 a écrit :Jeudi 29 novembre dernier, aux côtés de Eléazar BAFOUNTA, Parti radical de gauche, Guy FISCHER, président du Comité de soutien, Michel PERRET, adjoint au maire, membre du Parti socialiste, Marie-Christine SEEMANN, Lutte Ouvrière, Serge TRUSCELLO, Parti communiste français et Thierry VIGNAUD, Mouvement républicain et citoyen, André GERIN a donné le coup d'envoi de la campagne des municipales des 9 et 16 mars 2008. En avant Vénissieux pour réussir à gauche. Tel est le pari que la liste propose aux Vénissians. Une équipe motivée et engagée pour l'avenir de nos enfants.

Lors de cette soirée, l'équipe municipale qui travaille d'arrache pied depuis mars 2001 a présenté son bilan.
source

Intervention_Gerin_29_novembre_2007.pdf
gerard_wegan
 
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