Le mouvement d'établissement

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par yannalan » 23 Déc 2007, 20:00

Pour répondre à Zelda, Linhart est sociologue et prof de fac.
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Message par artza » 24 Déc 2007, 09:42

(Zelda @ dimanche 23 décembre 2007 à 17:25 a écrit :
(Quijote a écrit :A l époque VO avait écrit là dessus.


Quelqu'un a-t-il l'article (ou les articles) et/ou la possibilité de scanner ?

J'aimerais bien lire les arguments de première main.

En effet, il y a 36 approches possibles.

Pour ma part, là comme ça, l'argument qui dit en substance "Les prolétaires par choix trichent parce qu'ils pourront quand ils le veulent retourner dans leur milieu d'origine" me convainc peu.

Par contre, ce qui me gêne vraiment, c'est la probable motivation profonde du geste : l'accompagnement de la révolution culturelle en Chine et la culpabilité de n'être pas né prolétaire. Mais bon je peux me gourrer, je n'ai jamais discuté avec un militant maoïste de leurs motivations.

Je n'ai pas le souvenir d'écrits de LO sur "l'établissement", maintenant la mémoire :(

Les prolétaires pas choix peuvent bien sur à tout moment retourner d'où ils viennent, diplômes, mais aussi relations et connaissance d'autres milieux, d'autres possibilités le leur permettent.

C'est pas une tricherie, ça n'infirme pas leur sincérité.

Ils ont ces atouts en en main c'est tout.

Au bout du compte c'est pas différent de nombre de révolutionnaires "professionels" qui prennent du champ et font une belle carrière.
N'oublions pas quelques militants ouvriers qui ont acquis connaissance, savoir-faire et relations et sont devenus bien autre chose ;)

Quelques uns peuvent d'ailleurs garder quelques idées de leur jeunesse ou ne pas cracher dessus. C'est le cas de Robert Linhardt.

La culpabilité de n'être pas prolétaires étaient réservée aux compagnons de route (Sartre), mais je doute qu'elle animait un Victor, un Geismar un de Sardan, un Grumbach et même un Linhardt.



Il ne faut pas oublier que ce courant n'avait rien à voir avec les populistes russes dont l'idéalisme fut respecté par tous les socialistes et Lénine se revendiqua toujours de leur dévouement à la cause et le cita toujours en exemple.

Les maos ne venaient pas du stalinisme pour rien, leur méthode, leurs mot-d'ordres, l'exaltation du Front populaire, de la Résistance, de la 3ème période, des fronts nationaux et du socialisme dans une seule Chine :w00t: Ils n'ignoraient rien, des violences et des calomnies à l'encontre de tous les autres courants, la démagogie ne les effrayait pas non plus.

Bref par tout ça ils étaient étrangers au marxisme et au socialisme ouvrier.
artza
 
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Message par com_71 » 24 Déc 2007, 11:01

(artza @ lundi 24 décembre 2007 à 09:42 a écrit :
Je n'ai pas le souvenir d'écrits de LO sur "l'établissement", maintenant la mémoire :(

Moi non plus. (Ceci en réponse aux camarades qui m'ont demandé).

Publiquement, ça aurait été un procès d'intention pouvant être injuste.
Il y a des trucs, mais plus généraux, sur le mouvement maoïste, dans les 2 n°s spéciaux d'été 1968 et 69 et dans la LDC bilingue d'après 68.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Vérié » 24 Déc 2007, 11:08

Je suis d'accord avec Artza. Mais, ayant cotoyé un certain nombre de ces établis et pas mal de maoistes de ces années-là, il y a un autre aspect assez intéressant. Un certain nombre de ces jeunes-là, tout en étant "sincères" (mais la sincérité ne veut pas toujours dire grand chose), allaient certes rejoindre le prolétariat et partager sa vie, du moins une partie de sa vie, mais ils y allaient aussi avec l'ambition, consciente ou semi consciente, de s'y tailler des places de garde-rouges et de chefs. Se sentant bloqués par la société capitaliste, ils espèraient obtenir une meilleure place à la hauteur de leurs ambitions dans une autres société qu'ils imaginaient à l'aune de la Chine maoiste. (Cela-dit, ce phénomène psycho-sociologique peut être présent aussi dans d'autres courants, mais il était significatif et parfois caricatural chez les Maos.)

Ce n'est sans doute pas vrai pour tous, je ne saurais établir de pourcentages. Et c'était très différent pour les maos de la branche stalinienne PCMLF qui eux venaient du PC et avaient profil des militants PC des années 50.

Sinon, je ne crois pas que ça soit une bonne chose de vouloir à toute force transformer les militants "petits bourgeois intellos" en prolétaires. Je sais que LO dans les années 70 avait dissuadé certains copains de "s'établir". Le problème, c'est plutôt d'aider les travailleurs combatifs à acquérir les connaissances qui feront d'eux des intellectuels ouvriers révolutionnaires. S'il y a une qualité que je reconnais bien à LO, c'est d'y être parvenu dans une certaine mesure à petite échelle. Les Maos, eux, ne sont pas restés dans la classe ouvrière, ni comme établis, quelques exceptions mises à part, ni comme militants ouvriers gagnés à leurs positions.
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Message par eruditrotsk » 01 Avr 2008, 18:42

Je crois me souvenir que LO a publié une petite chronique sur le livre de Linhart vers 1978 (si ma mémoire n'est pas trop défectueuse) qui était plutôt dans le sens de décrire avec sympathie son contenu et avec une réserve en passant sur l'établissement.

Une anecdote sur le sujet. Je me souviens d'une émission de télé avec divers invités pour le 20ème anniversaire de Mai 68, avec des gens aussi détestables que Weber ou Cohn-Bendit, tels qu'en eux-mêmes et gonflés de leur ego. Mais il y avait aussi un universitaire un peu plus modeste (je ne me souviens plus de son nom) devenu je crois un spécialiste de l'islam et qui expliqua dans l'émission avoir rencontré des années après la fin de son (bref) "établissement" un ouvrier de l'usine où il avait milité. L'ouvrier lui demanda ce qu'il était devenu. L'universitaire ne lui cacha pas sa réintégration dans la vie universitaire et lui demanda des nouvelles de l'usine et le prolo de lui dire : "tu sais chez nous à la boîte rien n'a changé depuis ton départ, toujours les mêmes chefs, la même exploitation etc...", ce qui contrastait avec les rodomontades des Weber et Cie sur le monde qui a changé, qui n'est plus comme avant... et ce qu'on entend aujourd'hui dans la bouche de Cohn-Bendit : "oublier Mai 68". Nous, nous n'oublions rien (en tou cas on essaye).
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