Merci Jedi pour cette trouvaille. Cela me permettra d'affuter mes "réactions" (parfois, on n'a pas le temps d'exprimer des arguments, il faut se contenter de réagir vite et juste

:headonwall: ) et j'ai du mal avec tout relativisme. Surtout lorsqu'il s'agit de minimiser le génocide des juifs dans le cadre d'une compétition morbide entre les horreurs qu'ont vécu telle ou telle communauté, surtout lorsque cela dissimule le communautarisme effréné ("notre peuple est celui qui a le plus souffert sur terre", etc, etc. Et cela, je l'ai déjà entendu dire très sérieusement - et ce n'était pas de la part de juifs, ni de descendants d'esclaves noirs...).
Mais effectivement, certains prolétaires peuvent sentir qu'il s'agit de faire du génocide juif une exception, au milieu de la barbarie que l'impérialisme est susceptible de faire subir à un peuple (ou laisser faire subir à un peuple) dans le cadre de la lutte de classe qu'elle mène au prolétariat (même si les prolétaires n'en sont pas les seules victimes), là je vois que je peux comprendre l'énervement.
Car le communautarisme juif, qui brandit "son" génocide, "sa souffrance" n'est pas meilleur qu'un autre communautarisme.
Justement, à propos de barbarie - toujours en embuscade sous le capitalisme, ça fait un bout de temps que je voulais en parler sur le forum - en ouvrant un fil : le génocide du Rwanda.
S'il fallait en choisir un, il faudrait choisir "une saison de machettes" de Jean Hatzfeld (mais je n'ai pas lu la "stratégie des antilopes") : IL FAUT QUE TOUT LE MONDE LISE CE LIVRE.
C'est la "Shoah" du génocide rwandais.
Les morts ne peuvent pas témoigner de ce qu'ils ont vécu.
Les rescapés ne peuvent témoigner que de ce qu'ils ont vécu.
Mais les bourreaux ont survécu à toutes les horreurs qu'ils ont commises, et ils peuvent témoigner de tout...
Les nazis ont tous nié.
Hatzfeld fait parler les massacreurs avec sincérité.
Dans "la saison des machettes" Hatzfeld fait aussi parfois parler les rescapés, pour illustrer ce que raconte les massacreurs - ce qui me fait recommander ce livre plutôt que "dans le nu de la vie" qui fait parler exclusivement les rescapés (mais il faut le lire aussi)
Si ça, c'est pas une barbarie "d'exception" ! qui s'est déroulé tranquillement sous les yeux de toutes les "démocraties" impérialistes... plutôt même "aidée"...
Ce n'est pas indescriptible, c'est parfaitement décrit dans ce livre.
Comment la barbarie peut-être une chose facile, banale, et tout à fait avantageuse à commettre. Commment les seuls regrets ne peuvent être, pour un bourreau, en réalité que celui d'avoir été pris et puni.
Comment les boureaux sont faciles à fabriquer à la pelle.
Pas besoin de moyens industriels d'assassinat lorsqu'on dispose d'une main d'oeuvre abondante... et de beaucoup d'espace (mais Hatzfeld n'évoque pas trop la densité de cadavres sur les lieux des crimes répétés)
Des soldats loin de chez eux, logés chichement dans des casernes ou des campements peuvent se trouver fatigués de fusiller à la chaîne, toutes la journée, des lignes et des lignes de victimes (je fais référence au problème qui a pu inspirer la solution finale par des moyens industriels, faute de massacreurs suffisamment motivés, et en nombre - comme le montre le livre "les bienveillantes")
Mais lorsque, après le massacre, on pille ceux que l'on vient de massacrer, puis qu'on se repaît de ce qu'on vient de piller, en en faisant profiter sa famille. Famille soulagée du labeur quotidien et harassant des champs... avec l'assurance de l'impunité absolue, rien de plus intéressant, voire enthousiasmant...
Action suivie de récompense immédiate, ce n'est pas fatigant, c'est motivant...
Et il n'y a pas de rescapé de candidats au massacre qui ont refusé de s'adonner au massacre...
En creux ce toute cette description, pas évoqué, mais gros comme le nez au milieu de la figure, notre monde impérialiste qui n'a pas levé le petit doigt...
Comment ne pas sentir le ridicule de la mise en cause des seuls massacreurs paysans dans ces événements "extraordinaires" ?
Il n'est plus temps d'alerter l'humanité en disant "socialisme ou barbarie" :
la barbarie on est en plein dedans...