OGM : Les chercheurs sortent de leur réserve

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par Sterd » 11 Jan 2008, 11:02

a écrit :OGM: 14 membres de la Haute autorité contestent les termes "doutes sérieux"

AFP - Jeudi 10 janvier, 20h10

PARIS (AFP) - Quatorze scientifiques membres de la Haute autorité provisoire sur les OGM ont contesté jeudi les "doutes sérieux" évoqués par le président de cette instance Jean-François Le Grand pour présenter l'avis sur le maïs MON 810 .

Ils "font remarquer" dans un communiqué publié jeudi soir que "le projet d'avis qu'ils ont rédigé le 9 janvier 2008 sur la dissémination du MON810 sur le territoire français ne comporte pas les termes de +doutes sérieux+, pas plus qu'il ne qualifie les faits scientifiques nouveaux de +négatifs+", comme l'a déclaré le président, le sénateur Jean-François Le Grand.

Les termes exacts de l'avis, selon eux, sont que "ces faits et questions (...) représentent des interrogations quant aux conséquences environnementales, sanitaires et économiques possibles de la culture et de la commercialisation du MON810" et que le "comité de préfiguration souligne la publication de plusieurs faits scientifiques nouveaux qui concernent l'impact du MON810 sur l'environnement, sur la santé humaine, l'économie et l'agronomie".

Les scientifiques se disent "gênés par le décalage entre l'avis tel qu'ils l'ont rédigé et sa transcription" et "regrettent le manque de temps qui ne leur a pas permis, d'une part de réaliser une expertise plus complète du MON810 selon les critères de l'expertise collective, et d'autre part de relire sereinement l'avis avant sa diffusion".

Le communiqué est signé de 12 des quinze membres du comité scientifique (dont Antoine Messéan, chercheur en agronomie à l'Inra) de la Haute autorité, et de 2 membres de la section économique, éthique et sociale.

Pour sa part, le botaniste Pierre-Henri Gouyon, également membre de la haute autorité et non signataire de ce communiqué, reconnait dans une réponse écrite que le président Jean-François Le Grand "aurait pu mieux séparer ce qui était le texte du comité de son interprétation". Il juge toutefois que "le doute est évident devant l'ensemble des faits".

"L'exercice auquel on se livre dans ce comité est très difficile puisqu'on a notamment des gens qui sont là pour promouvoir les OGM comme les semenciers", explique-t-il à l'AFP.

"On ne pourra jamais se mettre d'accord sur un avis, donc la décision que nous avons prise très sagement c'est de donner les faits. Aujourd'hui certains s'indignent car (dans cet avis) il y a le mot +interrogation+ mais pas +doute+". "Je commence à en avoir assez des gens qui bloquent sur toute une série de mots, comme doute, ou contamination: il faudrait parler de présence fortuite!", poursuit-il, en dénonçant une "rhétorique criticable".
Sterd
 
Message(s) : 0
Inscription : 27 Nov 2005, 20:51

Message par canardos » 11 Jan 2008, 11:19

précisons que sur 34 membres, 35 avec le sénateur président, il y a 15 scientifiques!

12 scientifiques sur 15 ont jugé nécessaire de se démarquer de cette décision qui les décridibilisent et qui a été prise par un assortiment de membres représentant les differents lobbies
canardos
 
Message(s) : 18
Inscription : 23 Déc 2005, 16:16

Message par canardos » 11 Jan 2008, 14:12

On voit de mieux en mieux que cet organisme batard qu'est le comité de préfiguration de la haute autorité sur les OGM n'avait pour seule fonction que de permettre à Sarkozy de tenir ses promesses du grenelle de l'environnement pour eviter toutes contestations au moins jusqu'apres les municipales et faire passer ses impots "écologiques"...

en effet Sarkozy avait dit qu'en cas de "doutes sérieux" il ferait jouer la clause de sauvegarde sur le mais MON810 et le sénateur UMP président du comité à rajouté cette expression de sa blanche main alors qu'elle n'"était pas dans le rapport du de la section scientifique du comité qui disait exactement l'inverse...

a écrit :

[center]Des membres de la Haute Autorité sur les OGM contestent les termes "doutes sérieux" [/center]

LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 10.01.08 |

Au lendemain des déclarations du président de la Haute Autorité provisoire sur les OGM, Jean-François Le Grand, sur le maïs MON 810, quatorze scientifiques ayant participé à la rédaction de l'avis ont contesté, jeudi 10 janvier, la formulation utilisée. Mercredi, M. Le Grand, également  sénateur UMP de la Manche, avait indiqué que la Haute Autorité avait "relevé un certain nombre de faits scientifiques nouveaux négatifs impactant notamment la flore et la faune", avant d'ajouter :"Nous avons des doutes sérieux".


Dans un communiqué diffusé jeudi, les quatorze experts soulignent que l'expression "doutes sérieux" ne figure pas dans "le projet d'avis sur la dissémination du MON 810 sur le territoire français", tout comme la formulation qualifiant "les faits scientifiques nouveaux de 'négatifs'". Ils se disent "gênés par le décalage entre l'avis tel qu'ils l'ont rédigé et sa transcription", soulignant que les termes exacts du document "représentent des interrogations quant aux conséquences environnementales, sanitaires et économiques" et soulignent "la publication de plusieurs faits scientifiques nouveaux qui concernent l'impact du MON 810". Signé par douze des quinze membres du comité scientifique et par deux membres de la section économique, éthique et sociale, le texte dénonce également le manque de temps, qui "ne leur a pas permis de réaliser une expertise plus complète et de relire sereinement l'avis avant sa diffusion".

"ON NE POURRA JAMAIS SE METTRE D'ACCORD SUR UN AVIS"

Le botaniste Pierre-Henri Gouyon, membre du comité qui n'a pas signé le communiqué, a reconnu que M. Le Grand "aurait pu mieux séparer ce qui était le texte du comité de son interprétation", estimant toutefois que "le doute est évident devant l'ensemble des faits". "On ne pourra jamais se mettre d'accord sur un avis, donc la décision que nous avons prise très sagement c'est de donner les faits. Aujourd'hui certains s'indignent car il y a le mot 'interrogation' mais pas 'doute'. (...) Je commence à en avoir assez des gens qui bloquent sur toute une série de mots, comme doute, ou contamination : il faudrait parler de présence fortuite !", écrit M. Gouyon dans un texte envoyé à l'AFP.


La décision du comité avait déjà suscité des réactions négatives au sein de la classe politique. Jean-Yves Le Déaut, député PS et ancien président d'une commission d'enquête parlementaire sur les OGM, était arrivé au même constat que les scientifiques signataires, dénonçant une instrumentalisation de la Haute Autorité par l'UMP. "Ni les termes de 'risques sérieux', ni ceux des 'effets négatifs' n'ont été employés dans l'avis", qui n'a en outre "pas été validé", a assuré M. Le Déaut. "L'autorité provisoire a été instrumentalisée pour permettre à l'UMP de passer les municipales 'au chaud'", a-t-il conclu.

Côté UMP, le président de l'Assemblée, Bernard Accoyer, s'est également attaqué à des "verdicts" pris "avec peut-être un peu de précipitation", mais pas pour les mêmes raisons. "Ce n'est pas l'idée que je me fais du fonctionnement d'une démocratie qui doit, sur les avancées scientifiques, s'appuyer sur les connaissances communes de la science de tous les pays de la planète", a expliqué M. Accoyer, estimant que "la pression n'est pas une position acceptable pour les bonnes décisions".

Nicolas Sarkozy, qui a indiqué qu'il prendrait une décision concernant l'activation de la clause de sauvegarde "dans les tout prochains jours", avait affirmé lors de ses vœux à la presse qu'il ne prendrait une telle décision qu'en cas "de doutes sérieux".



"la haute "autorité" se discredite totalement sur le plan scientifique pour permettre à Sarkozy de se livrer une pitoyable pantalonnade et guignolade ayant pour but d'instrumentaliser à peu de frais grace à une concession sur un point mineur l'ensemble du courant écologique...

j'attend le communiqué de victoire avant choucroute du con sanguin du Larzac
canardos
 
Message(s) : 18
Inscription : 23 Déc 2005, 16:16

Message par canardos » 13 Jan 2008, 15:50

a écrit :

[center]Lettre ouverte sur les biotechnologies végétales, signée par quarante scientifiques français[/center]*.

A l'issue du Grenelle de l'Environnement, le président de la République a annoncé la suspension provisoire des cultures d'OGM en France au motif affirmé de l'insuffisance de leur évaluation scientifique.

Membres des Académies des Sciences, des Technologies et d'Agriculture, nous souhaitons intervenir dans un débat afin de rappeler certains points trop souvent oubliés.

Nous nous étonnons de voir ainsi peu pris en compte le travail des scientifiques dans ce domaine. Rappelons qu'avant toute autorisation de mise en culture chaque OGM est l'objet, au cas par cas, d'évaluations approfondies tant au niveau national qu'européen. L'impact sur l'environnement de même que la sécurité sanitaire sont aujourd'hui évalués au plan national par la Commission du génie biomoléculaire (CGB) et/ou l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) puis au plan européen par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA). L'autorisation de mise en marché ne peut être obtenue qu'après consultation de ces deux niveaux. Le seul OGM actuellement cultivé en Europe avait obtenu, des instances nationale et européenne de l'époque, un avis favorable.

Sur quelles bases alors remettre en cause ces travaux ? Comment expliquer à nos concitoyens que l'on suspende aujourd'hui, sans éléments scientifiques nouveaux solidement argumentés, la culture d'un OGM qui a été autorisé par toutes les instances nommées par le gouvernement et leur demander d'avoir confiance, demain, dans les avis des prochaines autorités mises en place ?

Nous regrettons que la parole des scientifiques ait été totalement inaudible dans ce débat où la passion l'emporte souvent sur la raison. Leur mission n'était-elle pas, et d'ailleurs ne sont-ils pas les seuls à pouvoir le faire, d'évaluer, dans des conditions précises et nécessairement au terme de nombreux essais en plein champ, l'impact des OGM sur la santé et l'environnement?

Tout en reconnaissant que les choix politiques peuvent reposer sur d'autres critères que les seules analyses fournies par les scientifiques, nous demandons que le rejet de ces dernières ne soit pas les raisons avancées pour des décisions dont les fondements sont tout autres. Dès lors le sérieux des études scientifiques doit être affirmé, respecté et défendu, alors que de nombreux scientifiques français ont été publiquement vilipendés, diffamés, voire physiquement menacés, leur probité et leurs compétences ont été remises en question parce qu'ils n'avaient pas l'heur de se joindre au concert assourdissant des critiques contre les OGM.

En sapant la légitimité de la parole scientifique caractérisée par une demande de rigueur, ceux qui s'opposent par principe aux OGM souhaitent empêcher que la première pierre d'une confiance partagée sur ce dossier ne soit posée et par là s'opposent au souhait du gouvernement d'en débattre avec objectivité.

Il est toujours plus aisé de susciter l'inquiétude en entretenant la confusion, en martelant des slogans et en convoquant la presse à chaque fauchage qui peut détruire des années de recherche, que d'expliquer simplement, par la vulgarisation, les mécanismes scientifiques et techniques mis en oeuvre pour l'obtention des OGM et pour analyser leurs impacts éventuels sur la santé et l'environnement. Il est plus qu'urgent de diffuser les résultats des études scientifiques et d'entreprendre un important travail de pédagogie.

Rappelons que les biotechnologies végétales sont l'application, dans le domaine agronomique, du génie génétique qui est aujourd'hui à la base de progrès majeurs dans l'industrie pharmaceutique. Par exemple, près de 40% des nouveaux médicaments en sont issus.

L'Europe, et plus particulièrement la France, a été l'une des pionnières des biotechnologies végétales. Pour de multiples raisons qui ne doivent rien à l'incompétence de nos chercheurs, ce sont désormais d'autres nations qui sont à la tête du progrès scientifique dans ce domaine.

Nous sommes donc particulièrement inquiets pour l'avenir de la recherche française et de la compétitivité de notre filière agro-industrielle. Pour progresser dans ces domaines, la connaissance doit en effet s'appuyer sur des expériences nombreuses, y compris en plein champ, ces mêmes champs qui sont chaque année saccagés.

Le nombre d'expérimentations en France n'a cessé de chuter. Une centaine en 1997, issue d'une recherche privée et publique encore dynamique, treize en 2007, essentiellement pour le compte d'entreprises étrangères. Nos jeunes chercheurs, formés en France dans des centres de recherche en biologie et en agronomie réputés dans le monde entier, s'expatrient peu à peu. Ils savent que dans l'Hexagone leur travail sera discrédité, détruit ou qu'il ne pourra trouver d'application concrète. A l'inverse, des pays comme les Etats-Unis, la Chine, l'Inde ou le Brésil investissent massivement dans ces domaines. En 2007 près de mille essais sur de nouveaux OGM ont été menés aux Etats-Unis. Alors qu'on assiste à un foisonnement d'idées et de réalisations nouvelles à l'étranger, nous sommes de plus en plus exclus de la recherche sur de nouveaux OGM. Nous ne maîtriserons bientôt même plus les aspects techniques de cette méthode d'amélioration des productions végétales. Notre risque, soit de manque de compétitivité, soit de dépendance en matière de semences et donc de production agricole, est bien réel.

Déjà l'intérêt technique, économique et écologique des OGM actuels est net, ce qui explique leur culture sur plus de 100 millions d'hectares en 2006 dans de nombreux pays développés et en développement. Nous savons aussi que des recherches actuelles ouvrent des perspectives passionnantes : plantes qui consomment moins d'eau, qui valorisent mieux l'azote, qui résistent à des parasites, plantes dont la production réclame moins d'énergie, qui participent à la dépollution des sols, plantes dont les propriétés nutritionnelles et sanitaires sont améliorées, plantes produisant de nouvelles molécules pour la production de médicaments, plantes enfin produisant de nouvelles matières premières renouvelables pour l'industrie. La recherche doit donc pouvoir s'exprimer pleinement.

La poursuite d'une évaluation stricte, au cas par cas, de chaque nouvel OGM doit rester la règle, garante de la bonne gouvernance et la base d'une confiance partagée sur ces sujets. Mais sans respect de la légitimité des expertises scientifiques, aucune confiance ne pourra être bâtie pour le développement apaisé des biotechnologies végétales.

*Liste des signataires :

Benveniste Pierre (Académie des Sciences), Bost Pierre-Etienne (Académie des Technologies), Boudet Alain (Ac Tech), Caboche Michel (Ac Sciences), Combarnous Alain (Ac Tech et Ac Sciences), Dattée Daniel (Académie d'Agriculture) Dattée Yvette (Ac Agr), Daugeras Bernard (Ac Tech), Décamps Henri (Ac Sciences), Delaage Michel (Ac Tech), Delseny Michel (Ac Sciences), Desmaret Patrice (Ac Agr et Ac Tech), Devaux Pierre (Ac Agr), DouceRoland (Ac Sciences), Dumas Christian (Ac Sciences), Feillet Pierre (Ac Agr et Ac Tech), Fillet Pierre (Ac Tech), Gallais André (Ac Agr), Galle Pierre (Ac Sciences), Gros François (Ac Sciences et Ac Tech), Isambert Jean-François (Ac Agr), Jarry Bruno (Ac Tech), Joliot Pierre (Ac Sciences), Karcher Xavier (Ac Tech), Le Buanec Bernard (Ac Agr et Ac Tech), Lehn Jean-Marie (Ac Sciences et Ac Tech) Lewiner Jacques (Ac Tech), Louisot Pierre (Ac Agr et Ac Tech), LunelJean (Ac Tech), Ménoret Yves (Ac Agr), Monsan Pierre (Ac Tech), Mounolou Jean-Claude (Ac Agr), Nougarède Arlette (Ac Sciences), Pascal Gérard (Ac Tech et Ac Agr), Pavé Alain (Ac Tech et Ac Agr), Pelletier Georges (Ac Sciences et Ac Agr), Pernollet Jean-Claude (Ac Agr), Rives Max (Ac Agr), Simon Michel (Ac. Agr), Stern Jacques (Ac Tech).

canardos
 
Message(s) : 18
Inscription : 23 Déc 2005, 16:16

Message par canardos » 17 Mars 2008, 20:20

un aveu du président de la basse autorité, rapporté dans Agriculture Environnement:

a écrit :

[center]L’aveu tardif du sénateur Jean-François Legrand[/center]

vendredi, 14 mars 2008 / Gil Rivière Wekstein 

Celles et ceux qui se sont interrogés sur la terminologie utilisée par le sénateur Jean-François Legrand, président du Comité de préfiguration de la Haute autorité sur les organismes génétiquement modifiés, lors de la remise de l’expertise de ladite autorité, ont enfin la réponse...
Le sénateur Jean-François Legrand a en effet révélé au journaliste d’Agriculture Horizon Pascal Friang que lorsqu’il s’est rendu au ministère, « Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’Etat chargée à l’Ecologie, [lui] a demandé d’utiliser, dans [sa] communication, le terme de “doutes” plutôt qu’ “interrogations” ». Le sénateur s’est donc exécuté, préférant la formulation politiquement plus correcte à celle figurant dans le texte signé par les 35 membres de son Comité, ce qu’il considère être une « attitude gaulliste » ! Dire qu’ensuite le sénateur s’est permis de mettre en doute l’intégrité et l’indépendance de 14 experts, qui n’ont pas apprécié la manœuvre...

L’entretien est disponible en cliquant ICI

canardos
 
Message(s) : 18
Inscription : 23 Déc 2005, 16:16

Message par com_71 » 17 Mars 2008, 20:49

(canardos @ dimanche 13 janvier 2008 à 15:50 a écrit : Benveniste Pierre (Académie des Sciences)

C'est pas celui de la "mémoire de l'eau", au moins ?
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
Avatar de l’utilisateur
com_71
 
Message(s) : 6402
Inscription : 12 Oct 2002, 00:14

Message par canardos » 17 Mars 2008, 21:05

non, celui la il est mort meme si il est resté dans la mémoire de LO....
canardos
 
Message(s) : 18
Inscription : 23 Déc 2005, 16:16

Message par canardos » 19 Sep 2008, 07:19

sur le site de l'Association française pour l'information scientifique (AFIS):

a écrit :

[center]Quelles leçons tirer de « l’affaire du MON810 » ?[/center]

par Jean-Paul Krivine et Michel Naud - SPS n° 281, avril 2008

La saga des plantes génétiquement modifiées a connu un nouvel épisode en cet hiver 2007-2008 : « l’affaire du MON810 » ou « l’affaire de la clause de sauvegarde ». Le scénario de cet épisode semble avoir été remanié à plusieurs reprises, voire très largement improvisé, mais la scène finale de l’« activation de la clause de sauvegarde », était écrite semble-t-il dès l’automne. Quoi qu’il en soit, la perception qui l’a emporté a été le sentiment de la plus grande confusion. Cette confusion prend sa source dans un extraordinaire mélange des genres, jusque-là très inhabituel en France, caractérisé par l’instrumentalisation à des fins partisanes de l’expertise scientifique par l’autorité politique. Par-delà la dimension scientifique, ici régulièrement abordée, il convient donc de tirer quelques enseignements spécifiques de « l’affaire MON810 ».

En tout premier lieu, en abordant un sujet fortement controversé, il convient de le rappeler une nouvelle fois : il n’a jamais été question pour nous de regretter que des considérations autres que scientifiques soient prises en compte dans l’élaboration des décisions politiques. La légitimité de l’expertise scientifique est celle du savoir. Chaque responsable politique comme chaque citoyen attend d’elle qu’elle dise l’état des savoirs comme celui des incertitudes, qu’elle éclaire sur les conséquences prévisibles de telle ou telle décision politique, en termes de bénéfices et de risques, qu’elle aide celles et ceux qui ont mandat pour élaborer la loi commune à écarter les arguments pseudo-scientifiques tout comme les données fausses ou inappropriées. La légitimité du scientifique, quand il intervient ès qualité, s’arrête là. Dire ce qu’il est souhaitable de mettre en œuvre et ce qui ne l’est pas est une action de nature politique : autant le responsable politique devrait se fonder sur l’état de la connaissance scientifiquement établie, autant il prend légitimement en compte de nombreuses autres considérations.

Le gouvernement a fait le choix de suspendre la culture de la seule variété de plantes génétiquement modifiées actuellement autorisée à la culture en France, et dans le même temps, d’initier un processus législatif pour encadrer plus généralement la mise en œuvre des biotechnologies, en particulier dans l’agriculture. Plutôt que d’assumer pour ce qu’elle est cette décision politique de suspension, les autorités gouvernementales ont préféré donner un habillage scientifique à cette annonce. C’est ainsi qu’il a été procédé à une sélection partielle et partiale des informations disponibles, et donc à la promotion d’une vision déformée de l’état des connaissances scientifiques ; enfin, les scientifiques appelés à siéger dans la nouvelle instance présentée comme devant procéder à l’évaluation, le fameux « comité de préfiguration de la haute autorité sur les organismes génétiquement modifiés » ont été instrumentalisés par les autorités politiques. Retour sur le film des événements…

Le Grenelle de l’environnement
Le 25 octobre 2007, concluant le « Grenelle de l’environnement », et évoquant les OGM, le Président de la République déclarait : « la vérité est que nous avons des doutes sur l’intérêt actuel des OGM pesticides ; la vérité est que nous avons des doutes sur le contrôle de la dissémination des OGM ; la vérité est que nous avons des doutes sur les bénéfices sanitaires et environnementaux des OGM ». Le conseil des ministres du 31 octobre 2007 décidait de suspendre la culture commerciale du maïs rendu résistant à la pyrale et à la sésamie (les insectes ravageurs du maïs) en attendant les conclusions d’une expertise qui serait conduite par une nouvelle instance indépendante créée avant la fin de l’année.

Le 7 décembre 2007, un arrêté du ministère de l’écologie et du développement durable portait nomination du « comité de préfiguration de la Haute Autorité sur les organismes génétiquement modifiés » composé d’une « section scientifique » de 15 membres et d’une « section économique, éthique et sociale » de 19 membres ; cette dernière réunissait, outre un économiste, une juriste et un sociologue, des représentants des filières concernées de l’agriculture et de l’industrie, des représentants des associations d’élus locaux, ainsi qu’une sélection de représentants d’associations et d’organisations dites non gouvernementales. La présidence de ce comité était confiée à un responsable politique, le sénateur UMP de la Manche Jean-François Le Grand.

Le « comité de préfiguration », ainsi que son nom l’indique, était présenté comme prototype de ce que le gouvernement comptait mettre en place si son projet de loi sur les biotechnologies était adopté en l’état. Mais le principe même d’une instance construite suivant un tel profil, ainsi que la suite de l’histoire le confirmera, soulève des questions importantes. Quelle lettre de mission pouvait être confiée à un comité mêlant des experts scientifiques nommés ès qualité, des représentants de groupes de pression (tels les ONG) ou de groupements d’intérêt (tels les représentants des filières agricoles ou industrielles) ? Entendait-on lui demander d’émettre un avis scientifique sur l’innocuité ou le risque sanitaire de tel organisme génétiquement modifié ou sur l’impact environnemental de la culture de telle ou telle variété de plante comparativement à celui des autres types de culture ? Mais que venaient alors faire dans ce comité les représentants des différents groupes de pression idéologiques ou économiques ? À l’inverse, si l’objectif gouvernemental poursuivi avec ce « comité de préfiguration » était d’atteindre un consensus politique sur la mise en culture de plantes génétiquement modifiées, les citoyens sont en droit de s’interroger sur la légitimité d’un tel mode d’élaboration des décisions politiques où la démocratie de représentation cède la place à une gouvernance fondée sur un subtil dosage (suivant quels critères démocratiques et transparents ?) entre groupes de pression et réseaux d’influence ; qui plus est chacun peut alors se demander ce que les experts scientifiques viennent y faire ès qualité, si ce n’est pour servir de caution scientifique au processus de gouvernance.

« Effets négatifs » et « doutes sérieux »
Alors que la France émerge des fêtes de fin d’année et qu’à la trêve des confiseurs succède la couverture médiatique d’une nouvelle grève de la faim de José Bové, le Président de la République annonce être « disposé à engager la clause de sauvegarde » à l’encontre du maïs MON810, seule variété de plante génétiquement modifiée autorisée à la culture en France à cette date, si le comité de préfiguration de la Haute Autorité institué à l’issue du Grenelle de l’environnement, « soulève des doutes sérieux » (dépêche AFP du 8 janvier 2008). Le lendemain, le sénateur Le Grand, encadré du ministre d’État Jean-Louis Borloo et de la secrétaire d’État Nathalie Kosciusko-Morizet, présente les conclusions du comité dont il a assuré la présidence et rapporte qu’«  un certain nombre de faits scientifiques nouveaux négatifs impactant notamment la flore et la faune » ont été relevés. Et de conclure : « nous avons des doutes sérieux »… « Doutes sérieux »… les mots mêmes entendus la veille dans la bouche du Président Sarkozy. « Les mots n’ont pas été choisis au hasard » suggère le quotidien Le Monde et toute la presse reprenait cette « conclusion » (Le Figaro du 10/01, Le Monde, Libération et L’Humanité du 11/01…). Pour la majorité de la population du pays, la cause serait entendue : une commission scientifique a trouvé des éléments nouveaux négatifs et exprime des « doutes sérieux » quant à l’innocuité du maïs transgénique. Dès lors, le gouvernement prenait la seule décision susceptible de protéger la population menacée : l’activation de la clause de sauvegarde.

Pourtant, et cela n’avait semble-t-il pas été imaginé, douze des quinze membres de la section scientifique du comité de préfiguration protestent dans un communiqué adressé à l’AFP : le projet d’avis qu’ils ont élaboré « ne comporte pas les termes de “doutes sérieux”, pas plus qu’il ne qualifie les faits scientifiques nouveaux de “négatifs” ». Ils regrettent par ailleurs la précipitation et « le manque de temps qui ne leur a pas permis, d’une part, de réaliser une expertise plus complète du MON 810 selon les critères de l’expertise collective, et, d’autre part, de relire sereinement l’avis avant sa diffusion ». [1] Dans un étonnant contrepied, le sénateur Le Grand voyait dans la réaction des experts scientifiques de la recherche publique… la marque de lobbies puissants [2]…

Il n’y a aucune base scientifique à la décision d’un nouveau moratoire
Le 11 janvier 2008, quarante scientifiques, membres de diverses académies, ont publiquement réagi [3], demandant que « la parole des scientifiques soit respectée ». Ils rappellent le sérieux des évaluations réalisées par le service public de l’expertise scientifique que sont la Commission du génie biomoléculaire (CGB), l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA), tout comme de celles, au plan européen, réalisées par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA). Ils s’interrogent ensuite sur la décision de suspension de la culture d’une variété de plante génétiquement modifiée, « sans éléments scientifiques nouveaux solidement argumentés », culture qui avait été autorisée par toutes les instances nommées par le gouvernement. Comment, s’interrogentils, nos concitoyens pourront-ils dès lors « avoir confiance, demain, dans les avis des prochaines autorités mises en place ? »

Le 17 janvier 2008, se tenait à Paris un colloque organisé par l’AFIS et intitulé « Biotechnologies & Agriculture durable » [4]. Tous les points soulevés dans l’avis sur la dissémination du MON810 émis par le comité de préfiguration d’une Haute Autorité sur les organismes génétiquement modifiés (dissémination, coexistence, biovigilance, sécurité sanitaire, impacts sur la faune du sol, mise en œuvre de la liberté de choix pour le consommateur comme pour l’agriculteur, etc.) y étaient présentés et discutés par des scientifiques spécialistes de chacun des aspects concernés, dont certains des auteurs de communications citées par l’avis du comité de préfiguration (voir encadré). Là encore, il apparaît clairement que le dossier de la clause de sauvegarde est scientifiquement vide. Le premier ministre lui-même finissait par admettre qu’il convenait par la mise en œuvre de ce nouveau moratoire d’honorer un compromis politique scellé durant le Grenelle de l’environnement. Il n’est pas inutile de se rappeler à cette occasion qu’un premier moratoire, destiné à lever les incertitudes, avait été appliqué de 1997 à 2003, puis que les cultures avaient été autorisées (après examen au cas par cas) sur la base des résultats obtenus des programmes de recherche. Il n’est pas inutile non plus de relever que sur la base des mêmes « faits nouveaux » discutés à la conférence de Séville de novembre 2007 du projet européen SIGMEA « Sustainable Introduction of Genetically Modified Crops into European Agriculture », dont l’objectif était, en se basant sur les dernières connaissances acquises en matière de paramètres de la dissémination, de fonder les règles de coexistence entre les différentes filières (conventionnelles, biotechnologiques et agrobiologiques) [5], le gouvernement allemand, quant à lui, prenait une décision fort différente puisqu’il restaurait l’autorisation de la mise en culture du même Mon810.

À l’issue du colloque organisé par l’AFIS, Philippe Joudrier a coordonné les commentaires relatifs à l’analyse scientifique de l’avis du comité de préfiguration de la Haute Autorité. Philippe Joudrier est directeur de recherche de l’INRA en retraite. Chargé de mission par l’INRA, il préside le Comité d’Experts Spécialisé Biotechnologie de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (AFSSA) en charge de l’évaluation des OGM.

Nous reproduisons ici quelques courts extraits. Le texte complet peut être consulté sur le site Internet du colloque : http:/agribiotech.free.fr/

La dissémination. La dissémination n’a jamais été niée par personne, et celle-ci n’a pas attendu les OGM pour se produire. Une pollinisation croisée n’est pas synonyme automatique d’un danger. Après analyse des textes examinés par le comité, ce qui était déjà connu est confirmé : « ce n’est pas un problème nouveau, et on sait le maîtriser depuis bien longtemps (c’est tout le travail des semenciers qui depuis des décennies sont capables de fournir aux utilisateurs des semences pures de 99,5 à 99,99 % selon les espèces. Il ne faut pas confondre flux pollinique et flux de gènes. La pollinisation croisée OGM vers non-OGM n’est pas plus ou moins dangereuse que tout autre pollinisation croisée. »

Apparition de résistances sur les ravageurs cibles. Deux références sont données par le comité. L’une concerne la pyrale de la canne à sucre (non pertinent pour le maïs). L’autre concerne un foreur africain des graminées. Ceux-ci sont rares dans les cultures et sembleraient plus tolérants à Cry1Ab que d’autres insectes. Mais, remarque importante, on ne connaissait pas l’état de cette population en terme de résistance préexistante. On peut ajouter que, dans le monde, la « stratégie Bt » appliquée chez les PGM n’a pas encore été contournée. Si celle-ci l’était un jour, ce serait normal. Parmi les objectifs constants et permanents des sélectionneurs, il est celui d’obtenir de nouvelles variétés résistantes à chacun des ravageurs car ceux-ci, évoluant sans cesse, contournent les résistances des variétés existantes à un moment donné. Donc, rien de nouveau.

Effets sur la faune non-cible. Une publication traite des effets sur les lombrics et mentionne une perte de poids de 18 % par rapport à un groupe témoin après 200 jours d’expérimentations au laboratoire. Ce seul résultat n’indique pas d’ailleurs que cette perte serait liée à un problème de toxicité éventuel. De plus, dans le résumé de la publication figure l’avertissement suivant : « des études complémentaires sont nécessaires pour établir si ces différences de poids sont dus à la toxine Bt où à d’autres facteurs discuté dans le corps de l’article ». Mais l’analyse de la littérature sur le sujet montre qu’en conditions naturelles, c’est-à-dire en plein champ, les lombrics ne présentent pas la perte de poids notée en laboratoire.Trois publications citées font référence à des analyses sur les effets toxiques à long terme sur les papillons monarques. Cette affaire du papillon monarque est maintenant établie. Il a été largement démontré, depuis longtemps maintenant, que le maïs Bt constituait plutôt un envi ronnement amical pour le Monarque.

Présence possible de la toxine Bt dans la chaîne trophique. Les études mentionnées ne montrent pas d’effets non désirés.

Conséquences sur la santé hum aine. La seule référence sur ce thème concerne une publication de l’AFSSA de 2004. De fait, ce document est une synthèse intitulée : « OGM et alimentation : Peut-on identifier et évaluer des bénéfices pour la santé ? Étude au travers de 4 exemples ». [Le document] mentionne une diminution de la présence de fumonisine (produite par le champignon Fusarium), mycotoxine reconnue comme cancérigène pour l’homme. Le seul effet notable du maïs Bt cité dans cet avis et concernant la santé humaine est donc un point extrêmement positif.

Il faut garantir l’intégrité scientifique dans l’élaboration des décisions politiques
La manipulation consistant à tenter de masquer la nature politique de la décision derrière un habillage scientifique est donc établie. Le problème n’est pas nouveau, et c’est ainsi par exemple qu’aux États-Unis, en 2004, confronté à une manipulation du même genre à propos du réchauffement climatique, Kurt Gottfried, le président de la très active Union of Concerned Scientists, présentait une protestation signée de plusieurs milliers de chercheurs américains. Il était amené à parler en ces termes de l’administration du président Georges W. Bush : « Ils ont peu de scrupules à tordre les connaissances scientifiques quand elles ne se conforment pas à leurs objectifs politiques. Ils parlent comme s’ils étaient autorisés à émettre non seulement leurs propres opinions, mais aussi leurs propres faits. » [6]

En décembre 2005, et sur des problématiques pas si éloignées que cela pourrait apparaître en premier abord, l’AFIS, s’associant aux manifestations organisées à l’occasion du centenaire de la loi de 1905 pour en assurer la défense et la promotion, explicitait son soutien en affirmant que « la séparation entre les idéologies, y compris religieuses, et les États est une nécessité incontournable pour que les chercheurs, les enseignants, les médecins et personnels de santé, etc., puissent exercer leur activité et contribuer ainsi au progrès de l’humanité, sans à avoir à tenir compte des pressions des théologiens et des idéologues  ». Elle ajoutait que « les conditions d’exercice de la recherche en matière de biologie et biotechnologies (humaines, animales, végétales) et les pressions récurrentes, politiques ou religieuses, qui s’exercent sur le corps enseignant à propos du contenu des programmes (sciences naturelles, histoire, etc.), illustrent que les lobbies idéologiques et religieux tendent à profiter de toutes les failles des dispositifs de la laïcité républicaine et quelquefois y parviennent. » [7]

Le débat démocratique usurpé

Soyons justes : le mélange des genres sur la question des OGM n’est pas qu’une spécialité gouvernementale. Chacun d’entre nous est confronté dans les discussions qu’il peut avoir, une fois les arguments pseudo-scientifiques écartés, à un argument du genre de celui avancé en public par un ancien directeur de Greenpeace France : « Nous n’avons pas peur des OGM. Nous sommes seulement convaincus qu’il s’agit d’une mauvaise solution. Les OGM sont peut-être une merveilleuse solution pour un certain type de société. Mais justement, c’est de ce projet de société que nous ne voulons pas » [8].

En surfant sur la néophobie instinctive en matière alimentaire qu’Homo sapiens partage avec les autres espèces du règne animal usant d’une alimentation diversifiée, voire en l’instrumentalisant, si ce n’est même en la suscitant, on prive les citoyens de controverses légitimes en démocratie. En inventant des risques sanitaires ou environnementaux non établis sur la variété de maïs MON810 et en s’appuyant sur des incertitudes imaginaires voire mensongères, les réfractaires à l’utilisation des biotechnologies dans l’agriculture et l’alimentation ont empêché que la collectivité nationale s’empare des questions importantes soulevées par ces avancées scientifiques et technologiques majeures que sont les biotechnologies : quelle amélioration des conditions matérielles d’existence des êtres humains pouvons-nous entrevoir avec ces innovations ? À quelles conditions sociales et économiques peuvent-elles être mises en œuvre ? Quels efforts la collectivité nationale souhaite-t-elle consentir pour que la population bénéficie des potentialités ouvertes par les biotechnologies, dans quelles directions et pour quels enjeux ? Quelle politique agricole entendons-nous favoriser au regard de la prise en compte des besoins alimentaires – en quantité et qualité –, de la maîtrise des impacts environnementaux, de l’amélioration des conditions de travail des agriculteurs, etc. ? Comment prendre en compte le fait qu’une large part de nos concitoyens perçoit, avec les OGM, un risque pour la santé et l’environnement (même si pour une bonne part, cette défiance est un des produits de la désinformation) ? Quelle politique industrielle ? Quelle politique de recherche publique ? Etc.

Au lieu de cela, par la mise en avant de mots d’ordre tels que « Traquons les OGM où qu’ils se trouvent ! » [9](Greenpeace France) ou la dénonciation des « horreurs transgéniques » [10], c’est un refus principiel des outils de la modification génétique contrôlée qui est opposé. À l’inverse toute posture ne reprenant pas l’argumentaire « anti-OGM » est alors taxée de « pro-OGM ».

Progrès social et progrès scientifique

De notre côté, nous sommes clairement favorables à l’utilisation des biotechnologies pour contribuer, avec les autres techniques d’ores et déjà disponibles et à venir, à l’amélioration des conditions matérielles d’existence des habitants de notre pays, et plus généralement de la planète, c’est-à-dire pour contribuer au progrès économique et social. Le progrès est un concept auquel nous continuons à souscrire. Mais nous savons aussi que les avancées scientifiques et technologiques ne se suffisent pas à elles-mêmes pour assurer un tel progrès. Ainsi, nous sommes dans le même mouvement, vigilants devant toute tentative éventuelle de détournement des acquis scientifiques et technologiques à des fins malfaisantes.

Cette posture peut-elle être caractérisée de « pro-OGM » ? Pourquoi pas, après tout, mais il est nécessaire de préciser plusieurs points essentiels. D’abord, sauf à adopter un point de vue métaphysique, parler des OGM en général n’a absolument aucun sens : on ne peut parler des OGM qu’au cas par cas. Ensuite il ne s’agit nullement de suggérer que les biotechnologies vont régler tous les problèmes de la planète, mais simplement d’inclure les biotechnologies, avec les techniques maîtrisées depuis plus longtemps et celles en devenir que l’humanité maîtrisera demain, dans la palette des outils disponibles pouvant permettre, pas à pas, d’améliorer les conditions d’existence des bientôt neuf milliards d’habitants de la planète.

Cette posture peut-elle être caractérisée de « scientiste » ? C’est ce qu’a cru devoir dénoncer dans Libération le 4 février 2008 [11] un « chercheur militant » : « Le principal problème, ce n’est pas tant les lobbys financier ou semencier, c’est le lobby scientiste. Ils restent persuadés que la science va répondre à tout ». Nous avons l’habitude d’entendre ou lire cela puisqu’il n’est guère de voyant, d’astrologue ou de promoteur de pratique pseudoscientifique qui ne nous traite pas de « scientistes » dès lors que nous dénonçons l’imposture de sa discipline. Avec les « scientistes » nous partageons l’affirmation qu’il convient de s’appuyer sur l’avancement des sciences et des techniques pour améliorer les conditions d’existence des êtres humains. Mais, contrairement à eux, nous considérons que, si cette condition est bien nécessaire, elle n’est pas pour autant suffisante. Il suffit de constater que toute maîtrise technologique par l’humanité, aussi loin que l’archéologie nous permet de le constater (pierre taillée, maîtrise du feu, métallurgie, etc.), a ouvert la voie aussi bien qu’à des applications bénéfiques pour les populations qui les ont utilisées qu’à des applications malfaisantes, et notamment guerrières. Il convient donc bien que la collectivité favorise le développement des premières tout en se prémunissant contre le développement des secondes.

Au-delà de la seule question de l’application des biotechnologies à l’agriculture et l’alimentation, les enseignements que l’on peut tirer de « l’affaire du MON810 » doivent bénéficier à l’ensemble des sujets potentiellement sensibles à l’interface entre science, techniques et société, tels que par exemple, pour ne parler que de ceux qui sont aujourd’hui les plus médiatisés, les voies ouvertes par les recherches sur les cellules souches ou sur les nanotechnologies.



--------------------------------------------------------------------------------

[1] http://tempsreel.nouvelobs.com/actu.... À propos de cet avis, et « du manque de temps et d’absence de relecture » mentionné par les experts, Marc Fellous, ancien président de la Commission du Génie Biologique (CGB) constatera : « L’avis du comité est tout juste un brouillon, rempli d’erreurs inacceptables : bibliographie erronée, références au MON863 au lieu du MON810, études caduques, non pertinentes, voire frauduleuses ».

[2] http://tf1.lci.fr/infos/sciences/en....

[3] « OGM : respecter la parole des scientifiques ». Le Figaro, 11 janvier 2008.

[4] http://agribiotech.free.fr/.

[5] http://www.inra.fr/presse/resultats....

[6] http :ermm: /www.ucsusa.org/news/press_r....

[7] manifestation nationale du 10 décembre 2005 pour la défense et la promotion de la loi de séparation du 9 décembre 1905.

[8] http://www.conso.net/images_publica....

[9] http://www.greenpeace.org/france/de....

[10] http://www.greenpeace.org/france/de....

[11] http://www.liberation.fr/actualite/....

canardos
 
Message(s) : 18
Inscription : 23 Déc 2005, 16:16

Précédent

Retour vers Sciences

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 0 invité(s)