logiciel antiplagiat

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par canardos » 24 Jan 2008, 16:35

a écrit :

[center]Un logiciel contre le plagiat scientifique[/center]

LE MONDE | 24.01.08 |

"Publish or perish." Publier ou mourir. La règle impitoyable qui s'applique aux chercheurs, évalués à l'aune du nombre d'articles acceptés par des revues spécialisées, constitue-t-elle un pousse-au-crime ? C'est ce que tend à montrer une enquête sur le plagiat scientifique, relatée dans l'édition du jeudi 24 janvier de l'une des plus éminentes de ces revues, Nature.


Le délit n'est pas toujours facile à établir. Car la ligne blanche qui, dans toute littérature, scientifique ou non, sépare le simple emprunt du pillage éhonté, n'est pas clairement tracée. Reprendre - en citant ses sources - des données déjà publiées, mettre à jour un article à la lumière de nouveaux résultats, ou encore le traduire - en mentionnant l'original - dans une autre langue, n'a rien de répréhensible.

Il n'en va pas de même lorsque l'auteur copie le travail d'un confrère sans lui apporter la moindre plus-value, se démarque lui-même ou fait paraître un même texte dans plusieurs journaux. Une pratique d'autant plus condamnable que, s'agissant de comptes rendus d'essais cliniques, par exemple, la duplication a pour effet de leur donner un crédit indu.

Pour mesurer la fréquence de ces indélicatesses, deux chercheurs du Southwestern Medical Center de l'université du Texas, Mounir Errami et Harold Garner, ont ausculté une base documentaire médicale américaine - Medline - où sont indexés, avec des résumés, 17 millions d'articles publiés dans plus de 5 000 revues de quelque 80 pays.


DOUBLONS MIS EN LIGNE


Ils l'ont passée au crible d'un moteur de recherche, eTBLAST, capable de repérer les "similitudes". En se focalisant sur les 7 millions d'articles les plus cités, ils ont repéré un peu plus de 70 000 cas de "haute ressemblance". Ce qui, compte tenu des limites du logiciel, leur fait estimer le nombre de plagiats à plus de 200 000, sur les 17 millions d'articles référencés. Pas loin de 3 % !

Un examen chronologique, sur les trente dernières années, montre que ces manquements à la déontologie augmentent au même rythme que le nombre total de publications. Le volume croissant de ces dernières rendant plus faible le risque, pour les copistes en mal d'inspiration, d'être démasqués.

Les 70 000 articles suspectés d'être des doublons ont été mis en ligne, au vu et su de la communauté scientifique (http://spore.swmed.edu/dejavu). Huit pays - Allemagne, Canada, Chine, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni -, qui totalisent 75 % des citations de Medline, sont aussi les principaux pourvoyeurs de copistes.

Pour deux d'entre eux, la Chine et le Japon, la proportion de plagiats est environ deux fois supérieure à leur contribution à la base documentaire. Ce que les auteurs, diplomates, justifient par de possibles "différences culturelles et éthiques".

La meilleure parade, suggèrent-ils, serait que les éditeurs se dotent de moteurs de détection automatique des contrefaçons. La crainte d'être couverts d'opprobre par leurs pairs dissuaderait alors les imitateurs, à l'exception "des plus déterminés et des plus habiles" d'entre eux.

Pierre Le Hir

canardos
 
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Message par shadoko » 24 Jan 2008, 18:05

a écrit :
Ce qui, compte tenu des limites du logiciel, leur fait estimer le nombre de plagiats à plus de 200 000, sur les 17 millions d'articles référencés. Pas loin de 3 % !

Faut croire qu'il n'y a pas que le logiciel qui est limité, mais aussi la capacité de l'auteur à calculer des pourcentages. :roll:
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Message par Vérié » 24 Jan 2008, 18:20

(canardos @ jeudi 24 janvier 2008 à 16:35 a écrit : La crainte d'être couverts d'opprobre par leurs pairs dissuaderait alors les imitateurs, à l'exception "des plus déterminés et des plus habiles" d'entre eux.


Tout dépend ce qu'on appelle "plagiat"...
Pour que la loi considère qu'il y ait plagiat, du moins pour le plagiat littéraire, il faut vraiment que le plagiaire ait recopié intégralement de longs passages entiers.
Ainsi, BHL, qui avait largement "emprunté" au manuscrit envoyé par une prof de province à sa maison d'édition, a réussi à échapper à la condamnation pour plagiat, bien qu'il ait reconnu les faits devant le tribunal. (Il aurait pu semble-t-il être condamné pour "vol d'oeuvre littéraire", ce qui n'est pas la même chose, mais il n'avait pas été attaqué pour ça par la prof en question...

Attali, qui avait largement spolié un autre auteur, a échappé lui aussi à une condamnation de ce genre.

Tromper le logiciel ne devrait donc pas être si difficile que ça.

Cela-dit, la loi traite peut-être différemment le plagiat scientifique ?
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Message par shadoko » 24 Jan 2008, 18:34

Que vient faire la loi là-dedans?

Ce qui pousse les scientifiques au plagiat, c'est l'envie d'avoir plus de publications sur leur CV: avec la logique de plus en plus compétitive et marchande des structures de recherche, il leur faut en permanence aller quémander des sous ici où là, des postes ici où là, etc. Et pour avoir une chance de les obtenir, il faut un bon dossier, et surtout une longue liste de publications.

Chercher à débusquer les plagieurs (par un logiciel), ça n'est pas vraiment prendre le mal à la racine, c'est le moins qu'on puisse dire. Mais je ne crois pas que l'auteur veuille particulièrement faire condamner les coupables par le tribunal. Il dit, à juste titre, que si un scientifique est pris en flagrant délit de plagiat par ses pairs, sa réputation en prend un coup, et le jeu n'en vaut plus la chandelle. Obtenir un financement quand tu as piqué les idées des autres et que tout le monde le sait, ça n'est pas gagné.
shadoko
 
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Message par Vérié » 24 Jan 2008, 18:40

(shadoko @ jeudi 24 janvier 2008 à 18:34 a écrit : Que vient faire la loi là-dedans?


Je pensais en effet qu'ils voulaient les faire condamner. La condamnation pour plagiat constitue une sorte de preuve publique. Sinon, il y a toujours un doute? Les plagiaires nient etc.
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Message par shadoko » 24 Jan 2008, 19:08

Devant qui veux-tu que les plagiaires nient? Devant une commission chargée de leur donner des sous ou pas, et auxquels ils n'auront même pas l'occasion de parler? C'est leur réputation qui est cuite. Les milieux sont petits, les évaluations sont anonymes, et quand quelqu'un a pompé le voisin, ses collègues le savent très bien. Ce n'est pas une question d'arguties juridiques dans un tribunal. C'est une question de réputation. Et nier l'évidence, ça n'a jamais eu beaucoup d'effet dans ce domaine.
shadoko
 
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Message par Vérié » 24 Jan 2008, 19:29

(shadoko @ jeudi 24 janvier 2008 à 19:08 a écrit : Devant qui veux-tu que les plagiaires nient? Devant une commission chargée de leur donner des sous ou pas, et auxquels ils n'auront même pas l'occasion de parler? C'est leur réputation qui est cuite. Les milieux sont petits, les évaluations sont anonymes, et quand quelqu'un a pompé le voisin, ses collègues le savent très bien. Ce n'est pas une question d'arguties juridiques dans un tribunal. C'est une question de réputation. Et nier l'évidence, ça n'a jamais eu beaucoup d'effet dans ce domaine.

Tu as raison en effet. Ma comparaison avec les plagiaires littéraires, qui, eux, nient presque toujours, était mauvaise...
Vérié
 
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