par Vérié » 11 Mars 2008, 10:04
Bonjour à tous,
Voici un point de vue sur le bilan du premier tour. Je ne répondrai qu'en "bloc", sans polémiquer au fur et à mesure de la discussion.
V.
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Premier tour des municipales : quel bilan pour l’extrême-gauche ?
1) La gauche : pas de raz de marée
Ces élections traduisent un recul de la droite, mais ce n’est pas un ras de marée de gauche. D’une part, parce que les élections ne donnent qu’une image déformée de l’état d’esprit de la population laborieuse, même dans les périodes de luttes intenses il n’y a pas de ras de marée ; d’autre part peut-être parce que les partis de la gauche de gouvernement ne représentaient pas un moyen d’exprimer ce mécontentement – ou cette colère – pour un certain nombre d’électeurs qui ont compris que le PS ne s’oppose pas à Sarkozy sur le fond de ses réformes anti-sociales.
2) Bonne tenue du PC
Comme tous les observateurs l’ont noté, le PC s’est bien maintenu, notamment face au PS, dans de nombreuses communes, en particulier des communes de la région parisienne. Le PC a repris Dieppe, menace la droite au Havre etc. C’est une bonne chose dans la mesure où le langage du PC comme sa composition sociale ne sont pas ceux du PS, même si le PC n’a qu’un objectif : revenir aux affaires, que ce soit sur le plan municipal ou le plan national.
3) Extrême-gauche : confirmation de l’existence d’un courant électoral « radical »
Mais ce qui nous intéresse avant tout, c’est évidemment le score de l’extrême gauche, qui était présente à la fois sur des listes d’Union de la gauche (LO) et avec des listes indépendantes (LO, LCR – ou « LCR élargie » - et PT).
-En ce qui concerne les listes d’Union de la gauche auxquelles participait LO, il est difficile de savoir quel a été l’apport électoral de LO à ces listes. Ce qu’on peut constater, c’est que dans beaucoup d’endroits où se présentaient à la fois une liste d’Union de la gauche avec LO et une liste LCR indépendante, la liste LCR a réalisé de très beaux scores.
-Dans les endroits où se présentaient en concurrence des listes LO et LCR, la LCR a le plus souvent dépassé très largement LO, jusqu’à parfois trois fois son score. La situation que nous avions connu pendant très longtemps, à savoir que les résultats de LO dépassaient le plus souvent ceux de la LCR a été inversée. Dans certains endroits, LO a même fait moins que le PT.
-En revanche, là où LO se présentait seule à côté de listes d’Union de la gauche, LO a souvent réalisé de beaux scores. De même les listes LO-LCR ont obtenu aussi de bons résultats.
Ce qui ressort donc de ces élections :
-Il existe un courant d’électeurs « radicaux » relativement stable, de l’ordre de 5 % à plus de 10 % des électeurs voire près de 15 % dans certaines communes ouvrières petites et moyennes. Ce courant a voulu exprimer à la fois son hostilité à l’égard de la droite et sa méfiance voire son hostilité à l’égar des politiciens de gauche. Ce courant s’est donc exprimé en utilisant les listes présentes : LCR ou LCR élargie, LO indépendante, LO-LCR, mais il n’a pas pour l’essentiel suivi LO dans son alliance avec les listes d’Union de la gauche, en particulier les listes menées par le PS. Là où la LCR et LO étaient en concurrence, une majorité de ce courant a opté pour la LCR, peut-être en raison de l’audience médiatique de Besancenot, mais sans doute aussi parce que ce courant ne se reconnaissait pas dans le choix de LO qui ne s’est présentée seule qu’en raison du refus de la gauche locale de répondre à ses offres de service. Une partie importante de ces électeurs radicaux a été plus soucieuse d’exprimer sa méfiance ou son rejet de la gauche de gouvernement que d’élire des conseillers municipaux LO. Quant au projet de nouveau parti de la LCR, il ne semble pas qu’il ait beaucoup influencé les choix de ces électeurs « radicaux ».
Il est donc permis de constater qu’une partie significative de ce courant d ‘électeurs « radicaux » a clairement désavoué la politique de participation de LO à l’Union de la gauche municipale. En revanche, une partie de ce courant « radical » a parfois voté « utile », comme au Havre pour le PC.
On peut se féliciter de l’existence constante de ce courant électoral radical qui traduit certainement l’état d’esprit d’une partie des travailleurs, de la jeunesse etc. Qu’une partie significative de ce courant ait désavoué l’opportunisme droitier de LO est une bonne chose. Mais la LCR, dont l’opportunisme n’a eu par le passé pas grand chose à envier à celui actuel de LO, en dépit de son orientation actuelle moins suiviste par rapport à la gauche, est loin de lui proposer des perspectives claires. On ne peut donc que regretter encore une fois qu’une alliance LO-LCR n’aient pas permis à cet électorat « radical » de s’exprimer sur des bases plus claires.