(Zimer @ lundi 17 mars 2008 à 20:35 a écrit :
La ligue Montreuilloise a refusé la fusion technique proposé par Brard parsqu'en réalité une composante imporantante de la liste était bien plus sensible à la liste de "Dominique " comme elle est appellé par des camarades de la liste LCR ....Oui Brard est un bureaucrate sans beaucoup de principes , qui a a tout privatisé et qui a fait bien des saloperies ...Mais pour les militants du coin il n' y avait pas d'ambiguité possible entre les deux listes
LO : QUELLES CONSIGNES A MONTREUIL ?
En, l'occurence, la LCR n'a pas donné de consignes de vote à Montreuil, contrairement à toutes sortes de sous-entendus lus sur ce forum. Et je pense qu'elle a eu raison. LO en a-t-elle données ? Pas à ma connaissance, mais je peux me tromper. Au nom de quelle autre politique critiques-tu le refus de choisir entre Brard et Voynet ?
Donc, à t'écouter, le vote Brard aurait été un "vote de classe". Je crois sincèrement, Zimer, que toi (et un certain nombre d'autres camarades), vous vous trompez d'époque. Non seulement en raison de la politique de Brard (concession de l'eau à Veolia, appel aux CRS contre les squatters et les sans papiers, népotisme et clientèlisme éhonté etc), mais surtout parce que les communes comme Montreuil n'ont plus rien à voir avec ce qu'elles étaient dans les années 50-70.
LE VOTE BRARD, UN VOTE DE CLASSE ?
Vous ne semblez pas comprendre que Brard et son équipe n'ont plus du tout les mêmes relations avec la population et les travailleurs que celles qu'entretenaient les maires PC voici... bientôt un demi-siècle. Sans doute les dirigeants du PCF de l'époque précédente étaient-ils des staliniens, avec tout ce que cela représente, sans doute certains avaient-ils déjà des velleités de voler de leurs propres ailes pour devenir des notables bourgeois à part entière. Mais le PC avait des liens solides avec la classe ouvrière, la CGT ; il organisait localement des centaines voire des milliers de travailleurs et de gens modestes au travers d'associations etc.
Il comptait des centaines de militants honnêtes et dévoués. Il était indispensable de tenir compte de ces militants, de la force qu'ils représentaient, de s'adresser à eux. Dans ce sens, en l'absence d'alternative, le vote PC pouvait alors être considéré comme un vote de classe.
Tout cela, c'est aujourd'hui terminé. Le PC n'est plus que l'ombre de lui-même, surtout sur le plan municipal. Les maires staliniens d'origine ouvrière, qui se plaçaient devant les usines en grève avec leur écharpe tricolore et entête des manifs face aux CRS, ont laissé la place à de petits notables qui ne se maintiennent que grâce à des appareils composés d'obligés et de clients, et non plus de militants. Alors, cela varie certes d'une commune à l'autre, en fonction de la situation locale, de la personnalité du maire. Selon les endroits, le pouvoir municipal PC est plus ou moins "dégénéré" et décomposé. Mais, justement, compte tenu de ces différences locales, Brard se place au hit parade de l'intégration complète dans la société bourgeoise. Il est à juste titre détesté par toute une partie de la population et des militants d'extrême-gauche, PC compris.
Ces municipalités sont tellement coupées de la population la plus pauvre que l'absention est énorme dans les cités. Ce qui contribue d'ailleurs à expliquer le succès de Voynet et du PS : les bobos se mobilisent beaucoup plus que les chômeurs et les jeunes des cités. Il y a sans doute diverses explications à ce désinteret pour la politique, y compris locale, des populations le splus pauvres.
Notamment des explications sociologiques telle que la désindustrialisation de ces communes et le chomage, le remplacement de la population ouvrière par des populations marginalisées et sans expérience de lutte. Mais les maires PC portent aussi une part de responsabilité dans la mesure où, non seulement ils n'ont rien fait pour s'adresser à ces populations, essayer de les organiser, mais, tel Brard, ils les ont traitées avec mépris et se sont parfois opposés à elles par la répression, quand celles-ci revendiquaient des droits et de meilleures conditions de vie.
LA SOCIETE ET LES MUNICIPALITES PC ONT CHANGE !
Alors, encore un effort pour prendre conscience de la réalité qui est la notre aujourd'hui. Faire semblant de croire qu'on a encore affaire à des municipalités "ouvrières" et à des communistes, même staliniens, quand on se trouve en face de personnages comme Brard, Hue et pas mal d'autres, c'est faire preuve de beaucoup d'ignorance et de naiveté. C'est d'ailleurs pourquoi j'ai été surpris de voir Artza - qui doit bien connaître ces questions - applaudir l'élection de Hue, l'un des artisans les plus caricaturaux de l'achèvement de la sociale-démocratisation du PC français.
Un élément devrait vous faire réfléchir : l'effondrement brutal de certains fiefs du PC. Les maires PC donnent l'impression de tenir solidement une commune où ils remportent depuis des années presque la majorité au premier tour, perdent de justesse, puis après une gestion de droite ou PS, ne retrouvent qu'un pourcentage de voix incroyablement bas par rapport à leurs scores précédents. Ce ne sont pourtant pas les politiques sociales de la droite et du PS qui leur ont fait gagner les faveurs de l'électorat populaire ! Mais le pouvoir local du PC était totalement artificiel, il ne reposait plus sur des organisations militants mais sur des réseaux de clientèles. Comme la plupart des municipalités, mais sans doute à un degré plus élevé encore car les vieilles méthodes staliniennes se mariaient avec le clientèlisme bourgeois avec une certaine efficacité.
Alors c'est triste bien sûr de voir un univers s'effondrer, une époque disparaître, on peut avoir la nostalgie des associations sportives de la FSGT et des colos UFOVAL d'Ivry des années cinquante, mais on ne les fera pas revenir.