(redsamourai @ dimanche 4 mai 2008 à 11:59 a écrit : [
tu t'avances un peu, non?
A mon avis si à l'issue de la bagarre des sans papiers sont régularisés, et ils n'oublieront pas la manière avec laquelle ils les ont obtenus. Ils n'oublieront pas non plus les travailleurs qui les ont soutenu, y compris et notamment ceux qui sont organisés syndicalement.Je ne vois pas pourquoi on pourrait les (les SP) présumer plus """utilitaristes""" que les autres. :hmpf:
D'une façon générale, il est très difficile de continuer à organiser des gens qui se sont mobilisés sur un problème particulier comme la régularisation ou le logement.
Quand le problème qui les réunissait est réglé, chacun est à nouveau isolé et a tendance à revenir à ses préoccupations individuelles. Ce n'est pas tout à fait la meme chose que les salariés d'une entreprise.
Il ne s'agit pas le leur reprocher mais d'en être conscient. Et bien entendu, on ne peut pas généraliser. Et ce n'est pas une raison pour ne pas soutenir leur lutte évidemment.
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a écrit : D'une façon générale, il est très difficile de continuer à organiser des gens qui se sont mobilisés sur un problème particulier comme la régularisation ou le logement.
Quand le problème qui les réunissait est réglé, chacun est à nouveau isolé et a tendance à revenir à ses préoccupations individuelles. Ce n'est pas tout à fait la meme chose que les salariés d'une entreprise.
Il ne s'agit pas le leur reprocher mais d'en être conscient. Et bien entendu, on ne peut pas généraliser. Et ce n'est pas une raison pour ne pas soutenir leur lutte évidemment.
(sur indymedia a écrit :le chantier de démolition en grève dans le 13e arrondissement de Paris, soutenu par la CGT (UL 13e) a subi une agression violente et rapide d'une dizaine de fascistes armés de batons.
Un camarade de la CGT qui s'est interposé a la machoire fracturée. D'autres ont pris quelques coups mais ont réussi à se barricader dans le chantier, puis les agresseurs ont pris la fuite.
Les intéressés ont leur idée sur la provenance de cette lâche et misérable démonstration de haine de classe et de racisme.
SOLIDARITE ANTIFASCISTE
SOLIDARITE AVEC LES TRAVAILLEURS EN GREVE
a écrit :
La grève des salariés sans-papiers : une lutte qui concerne tous les travailleurs !
Depuis le 15 avril, plus d’un millier de salariés sans-papiers sont en grève en Ile-de-France pour obtenir leur régularisation. Ils suivent l’exemple des grévistes de Buffalo Grill à Viry-Châtillon ou encore du restaurant de la Grande Armée à Paris, qui quelques mois plus tôt ont obtenu gain de cause par leur lutte déterminée, avec grève et occupation de leur lieu de travail. Sans parler du très chic café de la Jatte, dans le fief sarkozien de Neuilly-sur-Seine, dont les cuisiniers ont reçu une autorisation provisoire de séjour suite à leur mobilisation. Ce coup de colère met en lumière la situation que les travailleurs sans-papiers subissent depuis des années : ils ont un emploi, le plus souvent un contrat de travail, ils payent donc des impôts, des cotisations sociales, mais n’ont droit à rien car ils n’ont pas d’existence légale.
Par la politique xénophobe de Sarkozy, incarnée par son ministre de l’immigration Hortefeux, la précarité de leurs conditions de vie s’est encore aggravée, avec à tous moments la peur de se voir expulser. Une véritable traque s’est mise en place avec la multiplication des contrôles d’identité et des arrestations. Alors que la crise alimentaire, savamment orchestrée par les spéculateurs, menace de famine un grand nombre toujours plus grand de pays, venir tenter sa chance dans un pays plus riche est présenté comme un crime. Cette démagogie, qui vise à concurrencer le Front National sur son terrain de prédilection, se veut spectaculaire, avec ses objectifs chiffrés chaque année en hausse pour le nombre d’expulsions à réaliser. Pour l’année 2008, ce sont 26 000 personnes que le gouvernement prévoit d’expulser.
Or c’est sur cet aspect de sa politique que Sarkozy ne se retrouve plus aujourd’hui tout à fait en phase avec une partie du patronat, malgré ses efforts pour satisfaire toutes les aspirations de ses amis les patrons ! Car dans des secteurs tels que la restauration, le bâtiment, le nettoyage, le besoin de main d’œuvre est tel qu’on a pu voir bon nombre de chefs d’entreprise, qui ne tiennent pas à trop se concurrencer entre eux, prendre publiquement position pour réclamer la régularisation de leurs salariés sans-papiers, en expliquant qu’il leur serait extrêmement difficile de les remplacer. Rien que pour le secteur de l’hôtellerie restauration, les patrons évoquent la nécessité de régulariser 50 000 travailleurs.
Toujours est-il que le mouvement des sans-papiers s’amplifie, encouragé par les premiers succès remportés par les grévistes précurseurs de la mobilisation.
Un mouvement qui prend de l’ampleur
Lors de la manifestation parisienne du 1er mai, les travailleurs sans-papiers étaient en tête de cortège, soutenus notamment par la CGT qui a pris en charge certaines de ces luttes. Actuellement, si des dissensions ou désaccords tactiques apparaissent, entre syndicats et coordinations de sans-papiers, c’est aussi parce que les premières initiatives ont créé un espoir motivant toujours plus de nouvelles luttes. Le millier de dossiers de régularisation déposés par la CGT ne saurait marquer le mot de la fin, les travailleurs concernés étant bien plus nombreux. Ce mouvement doit continuer, prendre de l’ampleur, avec le soutien de tous les travailleurs. Car le combat des sans-papiers concerne toute la classe ouvrière : ils se battent pour le droit à vivre dans la dignité et pour l’amélioration de leurs conditions de travail.
Ce combat, ils le mènent avec les armes du mouvement ouvrier, la grève, seul moyen efficace de se faire entendre, dans une économie où toutes les richesses sont créées par la classe ouvrière, notre classe. Leur lutte peut aussi changer le climat social. Par l’exemple de grèves victorieuses, elle doit nous faire prendre confiance dans notre force, et dans nos capacités à nous défendre tous ensemble, travailleurs français et immigrés, avec ou sans papiers, contre les attaques de ce gouvernement. Vive la grève des travailleurs sans-papiers !
(Crockette @ mercredi 7 mai 2008 à 17:46 a écrit : oui et je tiens à dire que meme si les troskistes reprochent souvent ( à raison peut être) à la CGT de tourner au rouge décoloré, on peut pas dire que sur ce coup là elle fait preuve de timidité.
IL s'agit tout de meme d'une opération bien encadrée et très limitée qui rencontre l'approbation d'une partie du patronat (hotellerie-restauration). La direction de la CGT ne semble pas avoir l'intention d'aller beaucoup plus loin. Mais l'exemple peut évidemment s'avérer contagieux. C'est ce qu'il faut souhaiter.
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(position csp59 a écrit :LA CNSP APPELLE A L’UNITE DE TOUS
FACE AU GOUVERNEMENT SARKOZY/HORTERFEUX ET AU GRAND PATRONAT!
C’est avec inquiétude que la CNSP a lu :
- la déclaration de la CSP75 : « VENDREDI 2 MAI /OCCUPATION DE LA BOURSE DU TRAVAIL PAR LA COORDINATION 75, 85 rue Charlot, Métro République ( pas rue du château d'eau), Par cette action la CSP 75 des sans papiers, regroupant l'ensemble des collectifs d'arrondissement, souhaite interpeller le syndicat CGT. En effet la coordination 75 reconnaît l'exemplarité du mouvement de grève conduit par le syndicat de l'association Droits Devant. Ce mouvement a la mérite d'avoir mis sur la place publique les problèmes des travailleurs sans papiers et la nécessité pour eux d'être régularisés. Cette grève a ouvert une brèche à une régularisation d'envergure pour les travailleurs sans papiers d'Ile de France. (…)Ce dépôt nous a été refusé. Or nombre de grévistes appartiennent également à différents collectifs membre de la coordination 75 et à ce titre la CGT ne peut fermer les yeux sur le soutien que nous lui avons apporté. Les questions que nous posons sont les suivantes: *** Quel est exactement l'ACCORD qui a été passé entre l'Etat et les différents représentants. De cette grève? *** Cet accord prévoit-il l'exclusivité pour la CGT ET DROITS DEVANT, du dépôt de dossiers Qui seront pris en compte par cet accord? CE QUI BIEN SÛR LIMITERAIT LA PORTEE D'UN MOUVEMENT QUI AURAIT PU CONDUIRE A DES REGULARISATIONS BIEN PLUS MASSIVES ! AINSI DEVANT LE MANQUE DE DIALOGUE ET L'OBSTINATION DE LA CGT A NOUS OUBLIER, nous demandons : *** l'ouverture de discussions avec le syndicat pour envisager la prise en compte de la coordination 75 des sans papiers, dans les accords passés avec l'Etat. *** La prise en compte de nos dossiers de travailleurs sans papiers au même titre que ceux déposés par la CGT , afin qu'eux aussi soient 'favorablement' étudiés».
- de l’UD CGT Paris : « Vendredi 2 mai, à 14h30, un grand nombre de ces sans papiers emmenés par les responsables des collectifs parisiens envahissaient la Bourse du Travail demandant à la CGT de prendre les dossiers refusés par la Préfecture de Police de Paris. En montant cette provocation et en voulant dresser les sans papiers les uns contre les autres, la Préfecture de Police de Paris veut casser le mouvement des grévistes qui occupent leurs entreprises. Comme nous l’avons dit à maintes reprises, il n’est pas question d’exposer face à la Préfecture des non grévistes tant que les dossiers de ceux qui sont dans le mouvement n’ont pas été résolus positivement. Les sans papiers qui ont engagé le mouvement le 15 avril, et pour certains le 27 mars, sont des travailleurs. En se mettant en grève, ils font la démonstration de leur rôle et de leur place dans la société. Ils luttent pour les droits et la dignité de tous les sans papiers ».
La CNSP en appelle au sens des responsabilités de tous et de chacun et exprime sa confiance en tous et chacun.
Tous les sans papiers sont des travailleurs qu’ils soient avec ou sans « contrats de travail et fiches de salaires avec vraies ou fausses identités ».
L’UD CGT de Paris démasque elle même la stratégie de division des sans papiers qu’introduit le gouvernement : « Le 30 avril, la coordination des collectifs de sans papiers du 75 a déposé de son côté 1.000 dossiers de ses adhérents et ceci de son propre chef à la Préfecture de Paris. La Préfecture de Paris a renvoyé la coordination et ses 1.000 dossiers sur la CGT : véritable provocation qui malheureusement a été suivie d’effet ». Il apparaît ainsi qu’en « renvoyant la CSP75 vers la CGT », la préfecture de Paris cherche à opposer les uns aux autres.
La CNSP demande à la CGT, à tous les syndicats ainsi qu’à l’ensemble du mouvement social et démocratique français d’exiger à toutes les préfectures de recevoir les demandes collectives organisées (syndicats, CSP, associations, réseaux) de régularisation, notamment à de Paris.
La CNSP demande aux syndicats d’examiner très sérieusement l’idée d’une grève générale des sans papiers dans toutes les entreprises des secteurs du bâtiment, de l’hôtellerie, du nettoyage, de la sécurité, de la restauration, etc.
Un tel mouvement que seuls les syndicats peuvent organiser élargira la brèche déjà ouverte par la formidable prise de responsabilité du mouvement syndical français concrétisée par l’actuelle grève des sans papiers de la restauration.
Il n’y a pas et il ne peut y avoir d’opposition entre syndicats et CSP, de même qu’il ne peut pas et ne peut avoir de division entre sans papiers et soutiens associatifs ou individuels. Ce serait de part et d’autre une faute que nous payerons tous d’une manière ou d’un autre.
La CNSP invite l’UD CGT et la CSP75 a ouvrir le dialogue entre partenaire du mouvement social et définir ensemble une stratégie convergente et unitaire.
La CNSP appelle les sans papiers, les CSP, les syndicats, les associations française, les organisations de l’immigration, les organisations antillaises à organiser ensemble une manifestation unique et unitaire le samedi 10 mai à 15h de Place de Clichy à l’occasion de l’arrivée des Ch’tis sans papiers marcheurs et de la commémoration du crime contre l’humanité qu’ont été la traite et l’esclavage des noirs. Rendons hommage en même temps à feu Aimé CESAIRE.
Fait à Paris le 03/05/08
( position de ou va la cgt a écrit : Grève des sans-papiers : moment critique
Avec l’occupation de la Bourse du Travail, la lutte des travailleurs sans-papiers est rentrée dans une nouvelle phase. La tension est forte, l’amertume également, tout le monde est aux aguets, d’autant que nombre des occupants de la Bourse sont également syndiqués CGT… On se sent sur le fil du rasoir et chacun veut éviter un clash irrémédiable. En soi, c’est déjà quelque chose de positif.
Nous ne reviendrons pas sur la chronologie de la grève vécue par les uns et les autres, le sentiment de trahison, la division des sans-papiers eux-mêmes entre ceux qui veulent lutter et les inévitables opportunistes, l’attitude des responsables CGT. Non pas que cela soit sans intérêt, au contraire cela peut éclairer les raisons pour lesquelles on en est arrivé là. Mais l’heure est à avancer, sur la base d’une situation donnée, par la critique et l’autocritique.
Nous vivons un moment délicat, dont on sent (avec un peu d’expérience) qu’il pourrait déboucher sur le pire, sur une scission du mouvement ouvrier, comme a pu l’être en son temps la grève à Talbot Poissy au début 1983 (grève des OS immigrés des chaînes, qui s’étaient affrontés à l’aristocratie ouvrière française des professionnels).
La question, si c’est possible, c’est de « sortir par le haut », comme le note un commentaire. De ce point de vue, la position du CSP 59 est un bon point de départ, et nous invitons ces camarades à jouer un rôle de médiateur important.
La première chose c’est de faire le constat qu’il y a un mouvement de grève avec dépôt de dossiers de régularisation, mouvement limité par accord entre le ministère et la CGT. C’est la réalité.
Cette limitation n’est plus possible aujourd’hui, pour autant qu’elle l’ait jamais été. Des milliers de sans-papiers se pressent dans les UL, les UD, jusque dans des régions reculées. Ils sont le dos au mur, n’en pouvent plus de deux ans (ou plus) de rafles et de clandestinité renforcée. Ils sont fatigués, ils voient une issue par la lutte : comment peut-on aujourd’hui leur interdire de s’y investir au nom d’une stratégie syndicale pour le moins complexe ?
D’autant que les travailleurs sans-papiers n’ont pas de tradition organisée, et qu’ils votent avec leur pieds comme on dit, avec leur révolte d’ouvrier(ère) sur-exploité(e)s.
L’heure est donc absolument à l’élargissement, qui commence partout, sous la pression des événements. C’est la seule manière d’éviter la scission du mouvement des sans-papiers, d’éviter la scission d’avec le mouvement syndical. Sinon, avoir lancé un tel mouvement sans avoir préparé cet afflux est proprement irresponsable (RESF a déjà une longue expérience en la matière...)
Nous avons connaissance d’initiatives prises par la CGT à Lyon (le 17 mai, c’est bien tard !), à Toulouse (le 7 Mai), dans les Alpes Maritimes (le 6 Mai), dans la Seine-Saint-Denis (le 14 Mai), et probablement bien d’autres endroits (à nous faire connaître). Malheureusement, force est de constater que ce n’est pas la vision de la Confédération, qui insiste lourdement sur le refus d’ouvrir de nouveaux fronts de grève pour l’instant.
La deuxième chose, c’est d’organiser la grève. De bien clarifier qu’il ne s’agit pas de dépôt de dossier individuels (même collectivement) : l’exemple des dossiers de RESF est là pour montrer que c’est voué à l’échec. 6924 régularisations fin 2006 sur près de 35 000 dépôts, à peine 20%. On peut s’attendre à un même ordre de grandeur dans le cas des travailleurs grévistes, 200 à 300 régularisations…
L’heure est à la grève, au rapport de force, et pas aux faux espoirs. Et les grévistes ont de solides atouts dans la manche : la sympathie de l’opinion, la division du patronat, et bien sûr surtout leur place dans l’économie ! Imagine-t-on le tourisme bloqué sur la Côte d’Azur ? Rungis fermé ? Les chantiers arrêtés ? L’industrie textile au chômage technique ?
Organiser une telle grève n’est sans doute pas facile, mais la CGT ne manque pas de moyens d’organisation quand elle veut bien s’y mettre. Et c’est bien entendu bien plus facile d’organiser un mouvement collectif général qu’une somme de petits mouvements locaux, entreprise par entreprise, la grève au « cas par cas » en quelque sorte !
Quoiqu’il en soit, nous pouvons admettre que cela ne soit pas évident. Mais reprenons alors la formule du CSP59 : « La CNSP demande aux syndicats d’examiner très sérieusement l’idée d’une grève générale des sans papiers dans toutes les entreprises des secteurs du bâtiment, de l’hôtellerie, du nettoyage, de la sécurité, de la restauration, etc. » Examiner très sérieusement… encore faut-il le vouloir !
Face aux sans-papiers dans le désarroi, il ne faut créer aucune illusion sur l’examen des dossiers. Il faut se battre, aller au combat. Encore faut-il le vouloir…
Enfin, même s’il faut être unitaires, il faut être au clair sur l’attitude de la Confédération. Elle est maintenant explicite dans une « Note aux organisations », datée du 2 mai, et co-signée par F.Blanche et R.Chauveau :
« Ce sont ces quelques dernières lignes de la circulaire (du 7 janvier 2008) que nous avions considérées comme une brèche et que nous avons utilisées pour la première fois avec succès au restaurant « la grande armée » en février (d’ores et déjà 8 régularisations sur 9). C’est cette « jurisprudence expérimentale » de la « grande armée » que nous utilisons dans le conflit actuel. Le gouvernement pensait que ce serait les employeurs qui feraient la démarche. Cela aurait été laissé les salariés pieds et poings liés face à leur employeur et risqué des régularisations limitées à un contrat donné et à un employeur donné. C’est ce scénario que la lutte actuelle est en train de casser. Les patrons veulent régulariser pour avoir des salariés sans droits. Nous voulons au contraire la régularisation pour que ces salariés aient les mêmes droits que tous les autres salariés et prennent toute leur place dans la lutte pour le progrès social et le plein emploi solidaire. »
Note qui par ailleurs rejette explicitement l’élargissement de la lutte pour l’instant. Conception également explicitée ainsi par G.Lemaire des Verts :
« La CGT prépare depuis plusieurs mois avec Droits Devant ! le mouvement de grève. On ne peut au pied levé envoyer des travailleurs sans papiers en grève alors que souvent ils sont 2, 3, 5, 10 au maximum 20 dans la même entreprise. Il faut les regrouper et préparer le soutien.
Le mouvement de grève a déjà obtenu plusieurs résultats importants : les sans papiers sont reconnus comme des travailleurs nécessaires à l'économie, le patronat se divise, le Gouvernement ne peut plus en rester sur sa position idéologique de chasse aux sans papiers.
Le Gouvernement a accepté d'examiner positivement 1000 dossiers le 21 avril. La CGT attend de voir le résultat réel de cet examen pour définir la deuxième vague du mouvement. Si la CGT déposait d'autres dossiers immédiatement ils ne seraient pas pris en compte.
Par contre si une grosse proportion des dossiers fait l'objet d'une régularisation alors il ne sera pas possible au gouvernement de refuser de discuter d'une remise à plat de la politique gouvernementale d'ensemble. C'est l'objet de la lettre CGT, CFDT, CIMADE, LDH envoyé le 29 avril au premier Ministre. Ces organisations demandent l'ouverture de discussion avec les organisations syndicales, les collectifs de sans papiers, les associations.
Si il n'y a pas régularisation massive des 1000, une deuxième vague de grève aura lieu, nous nous y préparons, venez la préparer avec nous vous y avez toute votre place. »
Cette position comporte trois erreurs
- Il n’y a pas de « brèche » dans la loi Hortefeux. Cela a été longuement débattu dans le mouvement de soutien aux sans-papiers, et d’ailleurs à l’origine de la démission de plusieurs membres du collectif national immigration de la CGT.
- Il n’y aura pas une « grosse proportion de régularisation », car ce ne sont pas de simples crétins au gouvernement, ils connaissent aussi bien que nous le sens des symboles. Il y aura une petite proportion, histoire de désamorcer le conflit sans rien céder sur le fond. Démarche similaire à ce qui s’est passé avec RESF fin 2006.
- Elle n’aborde la question des sans-papiers que par le travail plus ou moins légal, les feuilles de paie, les patrons plus ou moins convaincus, et laisse de côté tous les autres, tous ceux qui travaillent complètement « au noir ». C’est parfaitement net dans la note aux organisations. Or, avec ou sans papier, avec ou sans feuille de paye, nous sommes tous des travailleurs !
Et elle comporte une conception de fond, illustrant l’évolution de la CGT : la priorité est désormais donnée à la négociation d’experts syndicaux avec les experts des ministères, la lutte (toujours limitée au minimum) n’étant là que pour faire un peu pression et « convaincre amicalement » de lâcher du lest.
D’ailleurs, on ne peut que noter la discrétion de la CGT sur le conflit. Même le communiqué du 29 avril, supposé être au cœur de la stratégie de la confédération, est introuvable sur son site. Et comme le fait remarquer un commentaire, la grève ne fait que 10 lignes dans le dernier numéro d’Ensemble, et quasiment absente du site confédéral.
Y aura-t-il une « deuxième vague » comme l’annonce la Confédération (y compris dans sa note aux organisations) ? Quelle sera sa nature (un nouveau petit millier, sous contrôle…) ?
Même si tout doit être fait pour renouer les liens et aller de l’avant, on ne peut être que très sceptiques sur l’évolution à venir, n’en déplaise au CSP59. Il ne faut pas être trop naïf : l’occupation de la Bourse de Paris ne résulte pas d’incompréhension, ou de questions de personnes, ou de précipitation. C’est le résultat d’une orientation syndicale bien élaborée, qui aboutit concrètement au résultat actuel : diviser le mouvement, dresser les sans-papiers les uns contre les autres et aller dans le mur.
Comme le note F.Riou dans un commentaire, il y a trop peu de visites aux occupants de la Bourse, ne serait-ce que pour les réconforter. Nous l’avons dit : il est de notre responsabilité de syndicalistes de classe d’intervenir, d’élargir le mouvement partout où cela est possible, de développer la grève dans un maximum d’entreprises pour construire ce mouvement général seul capable de réunifier les sans-papiers, et ceux-ci avec la CGT !
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