Informations Ouvrières

Message par Front Unique » 16 Avr 2008, 21:54

Informations Ouvrières N° 841 - Semaine du 17 au 23 avril 2008

Emeutes de la faim :
qui sont les responsables ?
Quelles sont les solutions ?


On sait qu’aux Etats-Unis politique et religion font bon ménage. Les présidents y prêtent serment sur la Bible. Et les guerres les plus monstrueuses — du Vietnam hier à l’Irak aujourd’hui — trouvent toujours des cohortes de frères prêcheurs pour les justifier au nom de Dieu.

« Notre » ministre de l’Economie, Mme Lagarde, ne manque aucune occasion de rappeler qu’elle a fait toute sa car­rière professionnelle aux Etats-Unis.

On ne s’étonnera donc pas que, recevant à dîner les plus importants banquiers du monde en marge du G 7 (1), elle ait déclaré : « La dizaine de professionnels, en particulier des banques d’investissement, ont reconnu leur responsabilité collective. Ils ont pour ainsi dire fait acte de repentance, admettant les excès de cupidité qui ont poussé certains opérateurs à prendre des risques excessifs » (2).

Repentance ?! Excusez-nous pour notre « excès de cupidité », auraient donc dit les patrons, s’engageant : c’est promis, on ne le fera plus… ou pas de manière aussi « excessive ».

De qui se moque-t-on ?

Ces « professionnels » avec lesquels Mme Lagarde a dîné, ce sont les dirigeants qui campent aux sommets du système capitaliste mondial.

C’est leur système fondé sur l’exploitation forcenée de la classe ouvrière qui accumule des montagnes de capitaux à un pôle de la société et la misère à l’autre pôle. « Le monde croule sous les liquidités », et c’est cela qui provoque les « fièvres spéculatives », reconnaît le spécialiste Patrick Artus, économiste à Natixis (3).

La spéculation sur les subprimes a débouché sur une véritable récession dont nul ne peut prédire la fin.

Des millions de ménages ouvriers américains chassés de leur maison, des millions d’ouvriers chassés de leur emploi dans le monde entier !

Des crédits immobiliers s’effondrant, les montagnes de capitaux spéculatifs — 600 000 milliards de dollars ! — se sont déplacés vers le pétrole, le gaz et les produits agricoles.

Haïti, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Yémen… : les émeutes de la faim ont déjà soulevé les peuples de trente pays ces derniers mois. Qui est responsable ? Les Chinois et les Indiens qui consomment trop, comme d’aucuns osent le prétendre ?

Mensonge !

Responsables, la classe capitaliste, les grandes banques, les multinationales qui, par cette spéculation effrénée, ont provoqué une flambée des prix des aliments à l’échelle mondiale : + 85 % en 26 mois (4) ! Flambée des prix qui plonge dans la misère absolue un nombre grandissant d’êtres hu­mains en Afrique et en Asie d’abord, mais aussi en Europe et en France (5) !

Responsables, le FMI, la Banque mondiale, l’OMC qui multiplient les rapports pour contraindre les pays à l’équilibre budgétaire et à l’abandon des cultures vivrières au profit des cultures industrielles pour l’export.

Responsable, l’Union européenne, qui, par sa politique de quotas et de mise en jachère, a scientifiquement organisé la pénurie alimentaire, transformant des pays exportateurs en pays souffrant d’un déficit constant en blé, en lait, etc. !

Responsable, la Banque centrale européenne, qui, au nom des traités de Maastricht et Lisbonne et de la sacro-sainte « concurrence libre et non faussée », s’oppose à la fois à toute augmentation des salaires et des revenus, et à tout blocage des prix.

A tous ceux qui prétendent que la solution viendrait d’une « réorientation» du FMI, de l’Union européenne ou de la Banque centrale européenne (6), les événements dramatiques des dernières semaines devraient rappeler cette loi de l’histoire : on ne précipite pas impunément les peuples dans la misère !

La révolte gronde, qui soulève le couvercle de la marmite.

Le premier pas vers une politique conforme aux besoins des peuples, c’est le respect et la restauration de la souveraineté des nations, condition de la souveraineté alimentaire.

L’encouragement et le subventionnement des produits agricoles, le blocage des prix des produits alimentaires, l’augmentation générale des salaires et des revenus, et le financement de ces mesures de sauvegarde par la confiscation de profits spéculatifs et la (re)nationalisation des grandes ban­ques et des secteurs clés de l’industrie : ces mesures en France comme dans le monde entier sont possibles, nécessaires, urgentes.

On n’y parviendra certainement pas par le miracle de la « repentance » hypocrite de quelques responsables, mais par la rupture avec les institutions qui imposent le talon de fer capitaliste et la misère qu’il répand sur tout le globe ; par la rupture, donc, avec le FMI, l’OMC et l’Union européenne (7) !

Daniel Gluckstein


(1) Sommet des représentants des gouvernements des sept pays les plus industria­lisés.
(2) Le Figaro, 14 avril 2008.
(3) France-Inter, 11 avril 2008.
(4) Chiffres de l’organisation de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture, cités par le Financial Times, 14 avril 2008.
(5) Selon le Fonds international de développement agricole (FIDA), agence de l’ONU, chaque augmentation de 1 % du prix des denrées alimentaires de base plonge 16 millions d’êtres humains supplémentaires dans « l’insécurité alimentaire », d’où la prévision de « 1,2 milliard d’êtres humains (qui) pourraient avoir chroniquement faim d’ici à 2025 » (Le Monde, 13 avril 2008). Concernant la France, lire pages 2 et 3.?
(6) Comme Jean-Christophe Cambadélis saluant « Strauss-Kahn en train de réussir son pari » à la tête du FMI, ou encore L’Humanité (14 avril) appelant de ses vœux un « FMI rénové » et une « Union européenne réorientée ».
(7) On lira pages 12 et 13 l’appel à une conférence mondiale ouverte sur cet axe.


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Message par Valiere » 17 Avr 2008, 23:02

Encore l'Europe! toujours l'Europe et ses institutions!
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Message par Front Unique » 25 Avr 2008, 00:19

Informations Ouvrières N° 842 - Semaine du 24 au 30 avril 2008

Les contre-réformistes

A en croire certains commentaires, la marque principale de la nouvelle « déclaration de principes » du Parti socialiste serait son article 13 : « Le Parti socialiste est un parti réformiste. » (Lire en page 7).

Que le PS ne soit pas révolutionnaire, voilà qui ne surprendra pas. Est-il pour autant « réformiste » ?

Traditionnellement, au sein du mouvement ouvrier, révolutionnaires et réformistes forment deux courants distincts, mais s’accordent sur un point essentiel : la société est divisée en classes sociales aux intérêts contradictoires ; par conséquent la classe ouvrière a le droit et le devoir de s’organiser comme classe pour combattre et arracher des réformes (ou conquêtes) qui renforcent sa position face à la classe capitaliste et préparent les conditions pour son émancipation totale.

Il en découle qu’authentiques révolutionnaires comme authentiques réformistes se doivent de défendre en toutes circonstances les conquêtes arrachées par la lutte de classe.

Est-ce le cas du PS dans sa « nouvelle déclaration » ? Dans ce texte fondateur, il n’est plus question de lutte de classes ni même, comme c’était le cas dans sa déclaration précédente (en 1990), « des oppositions des classes ». Le texte précise : « Les socialistes portent une critique historique du capitalisme », mais ils sont « partisans (…) d’une économie de marché régulée ». Enfin, il indique en toutes lettres que le PS « agit dans l’Union européenne qu’il a non seulement voulue, mais en partie conçue et fondée. Il revendique le choix historique de l’Union européenne. »

Ainsi soumis à l’Union européenne et à l’économie de marché, et renonçant à toute référence à la lutte de classe, les dirigeants du PS ont-ils la moindre chance de se comporter en « réformistes » ? Qu’on en juge à partir des faits récents.

Le rapport Larcher, commandé par Sarkozy, décrète la liquidation de 240 hôpitaux ? Le dirigeant socialiste Claude Evin dessine lui-même la carte des 240 établissements condamnés (lire page 2).

La cote de popularité de Sarkozy chute, notamment en rapport avec sa contre-réforme sur les retraites ? Le dirigeant du PS Vincent Peillon s’exclame : « C’est incompréhensible, d’autant plus que nous-mêmes avons dit que cette réforme devait être faite » (1).

Enseignants et lycéens manifestent contre les mesures de Darcos ? « Nous n’avons jamais pensé qu’il ne fallait pas réformer en profondeur l’Education nationale (…). Il ne faut pas non plus considérer que c’est uniquement en disant “nous voulons garder les postes tels qu’ils sont” que nous avancerons », déclare le même Peillon, qui ajoute : « Il faudra faire les réformes dans un budget contraint. Il faut savoir être courageux. »

Alors, réformistes, les Evin, les Peillon ? Non. Contre-réformistes, comme quiconque accepte de se couler dans le moule des traités de Maastricht et Lisbonne, du pacte de stabilité, des directives et des diktats de la Banque centrale européenne.

Le mouvement ouvrier, c’est la lutte contre les contre-réformes, c’est l’unité, sur le terrain de classe, pour le retour aux 37,5 pour tous et à la Sécurité sociale de 1945 ; c’est l’unité contre le rapport Larcher et pour sauver les 240 hôpitaux menacés, pour la restitution des 11 200 postes de professeur, pour la défense et la reconquête de tous les services publics.

Dans les luttes de classe en cours s’exprime une re­cherche : celle de l’unité sur ces mots d’ordre de sauvegarde, pour mettre en échec les plans destructeurs dictés par l’Union européenne et mis en œuvre par le gouvernement Sarkozy-Fillon.

Y a-t-il tâche plus urgente que de réaliser cette unité ?

Daniel Gluckstein



(1) Le Monde, 23 avril 2008.

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Message par Front Unique » 01 Mai 2008, 10:52

Informations Ouvrières N° 843 - Semaine du 1er au 7 mai 2008

Jusqu’à quand ?

Donc, ce lundi 28 avril, le ministre Xavier Bertrand a convoqué les responsables des confédérations syndicales. Objet : faire passer à 41 le nombre d’annuités de cotisations nécessaires pour partir à la retraite à taux plein. En réalité, c’est le système américain qu’on veut introduire chez nous : comme personne n’atteindra 41, 42 annuités pour partir à la retraite, il s’agira de contraindre les travailleurs, passé un certain âge, à combiner une pension insuffisante avec un petit boulot partiel, précaire et sans garantie. Et cela jusqu’à sa mort !

C’est pourquoi l’annonce des 41 annuités s’accompagne des mesures sur « l’emploi des seniors ». Travailleurs, soyez heureux, vous pourrez être exploités jusqu’à votre dernier souffle !

Bien sûr, il ne s’agit pas de « négocier » avec les syndicats. D’ailleurs qu’y aurait-il à négocier dans une telle contre-réforme réactionnaire ?

Non, les syndicats sont juste convoqués pour « se concerter » au sujet des « conditions du nouvel allongement de la durée de cotisations ».

Ce régime politique de la Ve République a atteint un tel stade de décomposition antidémocratique qu’il semble naturel à ses dirigeants d’exiger des syndicats ouvriers qu’ils se comportent comme des instruments dociles de la mise en œuvre des plans !

Jusqu’à quand cela va-t-il durer ?

Le passage à 41 annuités mis en route par le gouvernement cette semaine n’est que l’une des 55 contre-réformes dont le président Sarkozy a annoncé jeudi dernier qu’il allait les « accélérer » parce que « tout se tient ».

Tout se tient, en effet.

Et tout tient à l’Union européenne qui, dans ce domaine comme dans chacun des autres, dicte la ligne à suivre (1). D’ailleurs, heureux hasard, au moment même où X. Bertrand convoque les syndicats, la Commission de Bruxelles adresse un sévère avertissement à la France dont les déficits atteindraient le niveau maximal et exige d’elle qu’elle ait réglé ce problème avant le début de la présidence française de l’Europe au 1er juillet.

Jusqu’à quand cela va-t-il durer ?

Le discours télévisé de Sarkozy, comme la « consultation » des syndicats par le ministre Bertrand, ne suffisent pas à masquer la réalité. La réalité, ce sont les grèves et les manifestations qui, des travailleurs portuaires aux enseignants, des employés de la Redoute à ceux de la plate-forme de Roissy, soulèvent chaque jour davantage la classe ouvrière contre telle ou telle attaque des patrons, du gouvernement.

De toutes parts, la lutte de classe affleure.

Comment lui ouvrir une issue ?

Pour toutes les organisations qui se réclament de la classe ouvrière et de la démocratie, la situation se résume à l’alternative suivante :
— ou bien se soumettre à Bruxelles et jouer le jeu de la « grande coalition » pour aider Sarkozy à mener à bien ses contre-réformes ;
— ou bien l’unité sur les revendications vitales de la classe ouvrière, ce qui suppose de refuser d’être relié aux diktats de Bruxelles et de la Banque centrale européenne.

L’assemblée qui s’est réunie à Dreux, rassemblant plus de 500 travailleurs et délégués d’entreprise avec leurs syndicats répondant à l’appel commun des unions locales CGT et FO, avec le soutien des responsables régionaux et nationaux des deux confédérations, a soudé tous les participants sur l’exigence commune : « Assez des licenciements, des délocalisations dans le privé, des suppressions d’emplois et de postes dans le public ! Ce sont tous les secteurs qui sont concernés, c’est l’avenir de la jeunesse qui est compromis, c’est toute la ville qui est menacée. Maintenant, il faut y aller ! Salariés du public et du privé, lycéens, jeunes, chômeurs, retraités, nous sommes tous concernés. Pour le retrait des plans de licenciement à Philips, à Rosi, pour la défense de tous les emplois à La Poste, à l’hôpital, à la SNCF, dans l’enseignement, grève interprofessionnelle le 15 mai ! » (2)

Ce qui s’est réalisé à Dreux, n’est-ce pas la voie la plus sûre et la plus économique pour bloquer la machine infernale de désertification industrielle et de contre-réformes du gouvernement aux ordres de l’Union européenne ?

Daniel Gluckstein

(1) Rappelons que c’est au sommet européen de Barcelone (2002) qu’il a été décidé de repousser de cinq ans l’âge moyen de départ à la retraite pour tous les travailleurs des pays européens.
(2) Extrait de l’appel du 24 avril des Unions locales FO et CGT de Dreux.


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Message par Valiere » 01 Mai 2008, 11:49

Les éditos sont souvent percutants mais encore une fois FU , pourquoi encore et toujours l'union européenne!????
Valiere
 
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Message par Front Unique » 08 Mai 2008, 23:34

Informations Ouvrières N° 844 - Semaine du 8 au 14 mai 2008

Appel d’urgence

Deux « records » battus en moins de 24 heures, ce 5 mai. A New York, « record » de profits pour les spéculateurs : le baril de pétrole brut passe le seuil des 120 dollars. A Paris, « record » de cynisme : avec « l’offre raisonnable d’emploi », le gouvernement prétend contraindre les chômeurs à accepter n’importe quel emploi pour 57,4 % du sa­laire antérieur, sous peine de suppression de leur allocation ! S’ajoutant aux prétendus emplois seniors, aux 41 annuités de cotisation pour un départ à la retraite à taux plein, au blo­cage des salaires, à la privatisation de la Sécurité sociale…, c’est toute la classe ouvrière et la jeunesse qui se trouvent projetées vers un « avenir » de misère et de précarité.

Un « avenir » déjà bien présent : « J’ai découvert des collègues qui dorment dans leur voiture. C’est concret : un jeune à bac + 2 qui gagne 950 euros par mois, comment peut-il y arriver ? Une collègue a 1 050 euros par mois, comment peut-elle élever ses deux enfants ? », interroge, dans une réunion, un employé de la Sécurité sociale. A quoi un camarade de l’Education nationale répond : « A l’occasion d’une réunion avec des personnels TOS, j’ai appris qu’une collègue était en train de perdre la garde de son enfant parce qu’elle ne peut plus se loger et dort aussi dans sa voiture. »

Peut-on laisser faire ?

Les deux informations livrées au début de cet éditorial sont évidemment liées entre elles. C’est au nom de la « lutte contre l’inflation » que la Banque centrale européenne enjoint à tous les gouvernements d’Europe — et particulièrement au gouvernement français — de tailler à la hache dans les revenus des chômeurs, des travailleurs, des retraités.

Mais qu’est-ce que l’inflation ? Une malédiction tombée du ciel ? Certainement pas ! Qu’on en juge. Un très officiel communiqué de presse de l’OCDE (1) établit à 3,2 % l’inflation annuelle en France entre mars 2007 et mars 2008. Mais, hors « alimentation » et « énergie », l’inflation tombe à 1,5 %. Explication de l’OCDE : l’inflation des prix à la consommation s’élève en France sur un an à 5,6 % pour les dépenses d’alimentation et à 12,7 % pour celles d’énergie (2).

Qui fixe les prix des produits alimentaires et énergétiques ? Les multinationales, les fonds de pension et autres institutions internationales, qui spéculent pour dégager des profits colossaux. Et c’est pour ne pas contrarier ces appétits spéculatifs que des millions devraient être condamnés à la misère ?

Peut-on accepter ?

Un gouvernement qui ne serait pas aux ordres de la Banque centrale européenne prendrait les mesures qui s’imposent : le blocage des prix à la consommation et l’augmentation générale des salaires et pensions. Encore faut-il pour cela ne pas craindre de rompre avec l’Union européenne.

Telle est la position du comité permanent pour un parti ouvrier indépendant, qui prépare le congrès de fondation des 14 et 15 juin. Cette position, il n’en fait pas un préalable : « Qu’on partage ou non ces conclusions, quel travailleur, quel jeune, quel militant, quel responsable d’une organisation se réclamant du mouvement ouvrier pourrait-il accepter que les choses continuent ainsi ? Qui pourrait s’opposer à la réalisation de l’unité sur les revendications communes ? » (3).

Chacun peut le constater : le rejet de la politique du gouvernement Sarkozy-Fillon aux ordres de Bruxelles grandit de jour en jour. Dans tous les secteurs de la classe ouvrière et de la jeunesse mûrit en profondeur un mouvement qui cherche à converger, dans l’unité d’action, avec les organisations, en particulier dans la grève interprofessionnelle le 15 mai.

Certes, les obstacles ne manquent pas, depuis les dirigeants de la CFDT qui font mine de défendre les retraites en revendiquant leur soutien au plan Fillon et au passage aux 41 annuités jusqu’aux dirigeants du PS qui se félicitent de nouer, avec l’UMP, un « compromis historique bipartisan » pour la réforme des institutions (4).

L’appel lancé par le comité permanent n’a qu’un but : aider à forger l’unité sur des revendications précises, essentielles à la défense de l’immense majorité de la population. Le comité propose à chaque comité local, à chaque membre fondateur d’en organiser la signature massive et de s’adresser ensemble, à tous les niveaux, aux « responsables de tous les partis se réclamant du mouvement ouvrier et de la démocratie afin de leur soumettre cette proposition ».

C’est ainsi que nous contribuerons ensemble à construire le mouvement de millions et de millions qui cherchent une solution, et disent aujourd’hui à haute voix : « Ça ne peut plus durer, il y a urgence ! »

Daniel Gluckstein

(1) Communiqué du 29 avril 2008. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) rassemble les pays européens, les Etats-Unis et le Canada.
(2) Le 6 mai, le gouvernement a annoncé une nouvelle hausse — la troisième en un an — du prix du gaz, de 1,9 %?au 1er juillet !?Jusqu’où vont-ils aller ?
(3) Appel du comité permanent (lire page I d’Ouvrons le débat).
(4) Lire page 7.

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Message par Valiere » 09 Mai 2008, 06:43

La CFDT est naturellement attaquée-ce qui est légitime- quant à FO, Gluckstein couvre sa politique et sa signature
Valiere
 
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Message par Front Unique » 14 Mai 2008, 15:48

[b]Informations Ouvrières N° 845 - Semaine du 15 au 21 mai 2008[/b]

[b]“Equipes de tri”[/b]

Faut-il, pour résoudre la crise majeure qui frappe le pays, remettre en cause l’Union européenne ? Certainement pas, répondent les dirigeants du Parti socialiste, parti qui « agit dans l’Union européenne, qu’il a non seulement voulue, mais en partie conçue et fondée » (1). Certainement pas, ré­pondent les dirigeants du Parti communiste français, pour qui il suffirait de « réorienter les structures et les politiques de l’Union européenne » (2).

Certainement pas, répond Besancenot, qui, en trois heures de télévision grande écoute, n’évoque pas une seule fois la responsabilité de l’Union européenne (3).

N’est-ce pas là pourtant la question centrale ?

Qu’on en juge à partir des faits.

On lit dans une dépêche d’Associated Press (5 mai 2008) l’information suivante à propos des Etats-Unis : « Les médecins savent qu’en cas de pandémie de grippe ou d’autres désastres, un certain nombre de malades ne pourront pas bénéficier de soins vitaux. Le dilemme sera de décider qui doit mourir (…). Une liste de recommandations concernant les patients qui ne seraient pas traités (a été dressée par — NDLR) les membres d’une commission venue d’universités prestigieuses, de groupes médicaux, d’agences du gouvernement et de l’armée (…). Les indications doivent faire l’objet de lignes directrices pour les hôpitaux “de manière à ce que chacun réfléchisse de la même manière” en cas d’épidémie (…). L’idée est d’essayer de garantir que les ressources limitées — incluant les ventilateurs, les médicaments, les médecins et les infirmières — seront utilisées d’une manière objective et uniforme (…). Pour s’y préparer, les hôpitaux devraient désigner une équipe de tri chargée de décider qui bénéficiera des soins permettant de sauver leur vie et qui n’en bénéficiera pas » (4).

Selon la dépêche, seraient exclus des soins en priorité « les citoyens les plus pauvres et les plus démunis ».

Comment qualifier cela, sinon de marche à la barbarie, qui, dans ses moindres détails, évoque de sinistres précédents ?

On objectera peut-être qu’il s’agit là des Etats-Unis et que nous ne sommes pas concernés ?

Précisément… Conquête arrachée par le mouvement ouvrier en 1945, la Sécurité sociale est une institution fondée sur la solidarité ouvrière, qui, encore aujourd’hui et en dépit de toutes les attaques déjà portées, stipule : « L’organisation de la Sécurité sociale est fondée sur le principe de solidarité nationale. Elle garantit les travailleurs et leurs familles contre les risques de toute nature susceptibles de réduire ou de supprimer leur capacité de gain (…). Indépendamment de son âge et de son état de santé, chaque assuré social bénéficie contre le risque et les conséquences de la maladie d’une protection qu’il finance selon ses ressources » (5).

C’est donc sans aucune considération de coût et a fortiori de revenu que la Sécurité sociale a été fondée pour, comme cela est dit, « la protection » du travailleur et de sa famille.

A ce principe de protection solidaire s’oppose depuis 1992 le traité de Maastricht, qui prétend enfermer la Sécurité sociale dans un budget, devenu enveloppe fermée en 2004, se réduisant d’année en année, tandis que les patrons sont chaque année un peu plus exonérés des cotisations qu’ils doivent (6).

De contre-réforme en contre-réforme, on en arrive à une situation où, au prétexte du « trou » et du respect des critères de Maastricht, la Sécurité sociale réduit sa prise en charge à peau de chagrin, les assurances privées étant invitées à envahir ce juteux marché qui, jusque-là, leur échappait. Tels sont les diktats de l’Union européenne... au nom de la « concurrence libre et non faussée ». C’est l’individualisation substituée à la solidarité. Au bout du compte… les riches se soigneront… et les pauvres ?

Sommes-nous très loin des sinistres « équipes de tri » qu’on veut installer dans les hôpitaux américains ?

Alors oui, comme le dit l’appel du comité permanent, ça ne peut plus durer !

La marche à la barbarie doit être stoppée. L’unité nécessaire pour sauver la Sécurité sociale de 1945, les retraites, les services publics et les droits ouvriers met à l’ordre du jour — que cela plaise ou non, et au risque de rompre le consensus — la rupture avec l’Union européenne.

Barbarie ou civilisation : telle est l’alternative sur laquelle chacun doit se prononcer.

[b]Daniel Gluckstein[/b]



[i][b](1) Déclaration de principes du PS.
(2) Site du PCF « Nos propositions : 4 initiatives fortes pour réorienter la construction européenne ».
(3) Lire page 5.
(4) Pour le lecteur horrifié qui douterait de la traduction, la formulation en anglais est : « To prepare, hospitals should designate a triage team with the task of deciding who will and who won’t get lifesaving care. »
(5) Code de la Sécurité sociale.
(6) Instaurées par le Premier ministre socialiste Michel Rocard en 1991, les exonérations, qui n’ont cessé d’augmenter sous tous les gouvernements de toutes couleurs politiques, totalisent aujourd’hui plus de 200 milliards d’euros, bien plus que les prétendus déficits.[/b][/i]
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Message par titi » 14 Mai 2008, 19:53

[quote=" (Front Unique @ mercredi 14 mai 2008 à 16:48"]
...la responsabilité de l’Union européenne (3).

N’est-ce pas là pourtant la question centrale ?
[/quote]
eh non

ok, je sors... :hinhin:
titi
 
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