a écrit : Piter
et puis quand Lénine dit (dans une lettre à Molotov, en 1923,) que ce ne sont pas les effectifs du parti qui détermine le caractère prolétarien de sa politique, mais l'immense autorité de sa vieille garde, que dans le meme temps le caractère ouvrier de l'Etat est expliqué par la dictature du parti, le fait que les cadres supérieurs des institutions étatiques sont communistes,
Il me semble qu'on peut dire que ce pouvoir de "la vieille garde communiste" au début des années 20, après l'effondrement des organisations ouvrières, permet de dire que l'Etat est, sinon "ouvrier" dans le sens exprimé dans l'Etat et la révolution,
un Etat qui agit encore, au moins en partie, dans l'interet du prolétariat mondial, notamment en favorisant la révolution mondiale par la construction d'une internationale. Et que, bien entendu, il fallait encore soutenir cet Etat.
Ce pouvoir de la vieille garde communiste était tout ce qui restait de la révolution.
Bien entendu, comme tu le dis, Piter, sur un autre fil, pour répondre à Conviviado et à ses conceptions "substitutistes", dans l'autre sens, ce ne serait pas possible : un Etat bourgeois ne pourrait pas jouer le role de l'Etat de l'URSS de 1922 parce que des communistes seraient élus à sa tête - supposition de toute façon absurde, mais pas plus absurde que de penser que nationalistes bourgeois maoistes pourraient subitement devenir des révolutionnaires prolétariens au moment de la
GRCP.
Mais, bien évidemment, il s'agit d'une situation de crise.
a écrit :
la perpective que formule Lénine n'est pas celle d'une réappropriation par les producteurs du procès de production, mais plutot l'orientation du développement capitaliste dans la voie capitalsite d'Etat pour relever l'industrie. dans ces conditions est ce que la situation pour le moins contradictoire du parti communiste et de l'Etat "soviétique" suffit à expliquer et justifier le fait que Lénine s'écarte nettement, aussi bien de ses positions exprimée dans L'Etat et la révolution, que plus généralement du marxisme (en substituant la volonté politique des chefs à la lutte des classes et aux rapports de production comme élément déterminant de l'évolution sociale)?
Lénine et les bolchevks se trouvaient alors dans une impasse historique. On peut dire qu'il a fait parfois de nécessité vertu. Ca ne signifie pas qu'il avait abandonné la perspective de "réappropriation par les producteurs etc", mais qu'il l'avait repoussé car, dans l'immédiat, elle n'avait pas le sens. Il fallait tenir en attendant des jours meilleurs, mais les mesures destinées à tenir allaient aussi à l'encontre de l'auto-organisation de la classe.
UNE DIRECTION, CERTES... MAIS POUR DIRIGER
a écrit : Trotsky cité par Artza
On nous a accusés plus d'une fois d'avoir sbstitué à la dictature des soviets celle du parti. Et cepEndant, on peut affirmer, sans risquer de se tromper, que la dictature des soviets n'a été possible que grâce à la dictature du parti: grâce à la clarté de sa vision théorique, grâce à sa forte organisation révolutionnaire, le parti a assuré aux soviets la possibilité de se transformer, d'informes parlements ouvriers qu'ils étaient, en un appareil de domination du travail. (...) il n'y a là aucune substitution... il est tout à fait naturel ....(que) les communistes deviennent les représentants reconnus de la classe ouvrière dans sa totalité.
D'abord, il faut éviter, Artza, d'assimiler directement ou indirectement ceux qui critiquent certains aspects de la politique des bolcheviks, de leurs positions ou de celles de Trotsky plus tard, aux Mencheviks.
Ensuite, cette réponse ne correspond pas au problème posé. Le fait de constater que seule la classe ouvrière peut transformer les rapports sociaux, que la dictature du prolétariat ne peut être exercé que par les prolétaires eux-memes ne revient pas à nier la nécessité d'une direction politiquement consciente et d'un parti. Mais une direction, cela suppose qu'elle dirige les prolétaires organisés, qu'elle soit reconnue par eux comme leur direction, sinon ce n'est pas une direction du prolétariat mais une direction auto-proclamée hors du prolétariat voire contre le prolétariat. Et cela suppose aussi certaines formes de controle par la base, sans tomber dans l'apologie du "démocratisme".
Lénine expliquait bien que le parti bolchevik était la direction d'un prolétariat qui n'existait plus. Et, quand le prolétariat s'est reconstitué, de fait, le parti bolchevik n'était plus sa direction : on ne peut pas dire que Staline était un "mauvais dirigeant du prolétariat", il était le chef d'une dictature sur le prolétariat.
Donc, si une direction est indispensable, l'auto-organisation du prolétariat ne l'est pas moins. L'un ne va pas sans l'autre.
COMMENT POSER LE PROBLEME ?
Si on laisse de côté ceux qui pensent qu'il n'y a pas eu de révolution en URSS, mais un puitsh, et ceux qui pensent que Lénine était un révolutionnaire bourgeois, il y a plusieurs façons de considérer la question :
-Estimer que, avec l'effondrement des organes de classe dès les années 20, il n'y a plus d'Etat ouvrier proprement dit,
-Estimer que le pouvoir de la vieille garde permet encore de caractériser ll'Etat comme ouvrier.
-Considérer, comme Trotsky, que la bureaucratie n'est qu'une excroissance parasitaire et que, tant qu'elle n'est pas revenue sur la propriété étatique des moyens de production, elle n'est pas passé du coté de la bourgeoisie, mais joue un jeu d'équilibre etc. C'est dans ce sens-là que Trotsky parlait de "centrisme bureaucratique".
L'erreur de cette dernière conception vient évidemment, à mon avis, du caractère de classe accordé à la propriété étatique des moyens de production.
Pour en revenir à la situation de Lénine et Trotsky dans les années 20, et de TRotsky jusque dans les années 30. A leurs yeux, le danger qui menaçait l'Etat ouvrier était une contre-révolution bourgeoise traditionnelle, au service de la bourgeoisie privée, comme celle qui avait écrasé la Commune de Paris. Ils ne pouvaient pas voir que le danger principal venait de la bureaucratie étatique qui allait se substituer à la bourgeoisie. Car c'était en effet la première expérience de ce type.
Aujourd'hui en revanche, nous savons que la contre-révolution bureaucratique est un des principaux dangers qui menacerait une nouvelle révolution prolétarienne. Et il y a évidemment des conséquences à en tirer. Nous ne pourrions pas, dans ces circonstances, tenir les memes discours que Lénine et Trotsky dans les années 20, ni faire exactement les memes choix.