J'ai eu le malheur de discuter Convidado et vlan ! plein la tête... il est vrai que lui-même n'a pas été à la noce (chez les petits-bourgeois

) avec Kasimir qui ne fait pas dans le gloubi-boulga.
Bon, comme d'habitude, je vais tenter d'appeler à un peu plus de ... modération (une de mes casquettes, outre celle de béotien en art ). On peut discuter sans s'invectiver et sans supposer je ne sais quel dessein machiavélique ou ignorance crasse chez son interlocuteur. Et surtout se LIRE quand on discute.
Prenons ce qui a déclenché les foudres de Convidado. J'ai dit
a écrit :Mon guide russe qui racontait l'histoire avec cette grand chose, je veux bien, je l'ai fait aussi, raconter la révolution française avec la toile très pompier aussi de la mort des Girondins ou l'assassinat de Marat (un David précurseur du réalisme socialiste, avec personnages gommés et Bonaparte enjolivé... ? )
Ma phrase était un raccourci pas très bien fichue, mais quand je parlais de pompier, il s'agissait de Meissonnier (IInd Empire) ou de "la Mort des Girondins" dont je n'ai pas retrouvé de reproduction sur le net, désolé. Et je disais que j'ai raconté des trucs historiques aussi avec la mort de Marat (sans dire que c'est pompier, c'est du "classique"). Dommage que je n'ai pas trouvé les Girondins , c'est une belle toile bien pompière, qui montre les Girondins dans leur cellule. Et je me souviens avoir fait bien marrer un copain américain amateur de bon vin en lui racontant que la légende veut que les Girondins se soient fait livrer de la bonne bouffe et des bouteilles pour leur dernière nuit et soient montés à l'échafaud à moitié bourrés !
Encore une légende sans doute, très révision XIXème siècle qui présente la "bonne" révolution, bourgeoise républicaine, modérée et bon vivant, celle de Danton (et donc des Girondins) contre la "mauvaise", celle des jacobins durs comme l'acier et inflexibles, Robespierre sur la vie sexuelle duquel on s'interroge ou Saint Just. Le film de Wajda adapté de la pièce polonaise "Danton". Le tableau a une date, une signification historique et sociale, la reconstruction bourgeoise de la révolution "acceptable" (= les Girondins) contre celle qui ne l'est pas (=les Jacobins et aussi Marat). La technique suit le propos.
Sinon, merci de nous le rappeler, "la mort de Marat" est un tableau de commande de David, reproduit par lui-même et par son atelier à des dizaines d'exemplaires je crois, et qui date de 60-70 ans avant les "pompiers".
Pourquoi je n'aime pas les Cosaque Zaporogues ? Tout ! le sujet, ridicule, le traitement, "pompier" ce qui veut dire ultra-classique, convenu, sans surprise, plat par rapport aux innovations de l'époque. Oui, j'avoue, je suis plus ému par la chambre biscornue de Van Gogh ou sa nuit d'Arles complètement folle, par la cathédrale dans le brouillard de Monet davantage que par les affreux mangeurs de pomme de terre du même Van Gogh.
Il est possible, inévitable que ma sensibilité soit celle de mon époque et que je sois fortement influencé par l'idéologie "bourgeoise". Qui ne l'est ? Mais je crois surtout que la querelle du réalisme est une fausse querelle. Car réaliste, les toiles ne le sont jamais (les photos non plus d'ailleurs). D'abord parce qu'elles emprisonnent la vie, qui est changeante, qui a une dimension temporelle, dans un instantané figé. Et puis parce que les toiles obéissent à des codes, des règles techniques issues de la Renaissance qui sont le produit de conventions mais aussi de contraintes : représenter un espace à 3 dimension (en relief) dans une toile qui n'en a que deux (elle est plate). Et puis enfin parce que rien n'est jamais réaliste. Les sculptires grecques obéissent à des codes, des "canons" de beauté (tête à 1/7 ou 1/8 ème du corps, etc.). Même à Lascaux, les artistes de la préhistoire ne représentent pas TOUS les animaux, mais certains, pas TOUS les humains, dans TOUTES les positions, mais certains humains dans certains actes... et que certains codes ou clés sont perdues.
Sur les intentions des artistes, je conseille vivement un petit livre de Daniel Arasse "On n'y voit rien", court, en poche, pas cher, moins de 7 €, très lisible et même très drôle, où on assiste à de véritables enquêtes policières en 20-30 pages sur chaque oeuvre, pour montrer ce qui est vu aujourd'hui, ce qui était vu au moment de la création de l'oeuvre, les intentions de l'artiste, des commanditaires, etc. sur une demi-douzaine de tableaux.
Et on devient modeste sur tous ces sujets....
(et comme d'habitude je suis trop long !)