Lutte des intermittents

Message par pelon » 30 Juin 2003, 08:48

CITATION

Un accord modifie le régime des intermittents
LE MONDE | 27.06.03 | 14h03
Le protocole signé par les organisations patronales et trois syndicats, vendredi 27 juin, modifie le mode de calcul de l'indemnisation des professions du spectacle pour réduire le déficit de l'assurance-chômage. La CGT, majoritaire, n'a pas signé. Elle annonce une forte mobilisation pendant les festivals.
Au terme de neuf heures de négociations marathon au siège du Medef à Paris, un protocole d'accord modifiant le régime des intermittents du cinéma, de l'audiovisuel et du spectacle a été signé, vendredi 27 juin au petit matin, entre les organisations patronales - le Medef, la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) et l'Union professionnelle artisanale (UPA) - et seulement trois organisations syndicales - la CFDT, la CGC et la CFTC - sur les cinq présentes autour de la table.

Ni la CGT ni FO n'ont paraphé ce document qui vise à réduire le déficit du régime d'assurance-chômage appliqué aux intermittents.

La durée de cotisation permettant d'ouvrir les droits à ce régime spécifique d'allocation-chômage est réduite à dix mois pour les techniciens et à dix mois et demi pour les artistes (contre douze mois précédemment), au cours desquels il leur faudra effectuer le même nombre d'heures de travail qu'auparavant (le fameux cap des 507 heures).

Cette durée de cotisation, qui a été âprement négociée par la CGC, donne désormais droit à huit mois d'indemnisation (contre douze actuellement).  Toutefois, les modes de calcul ont été quelque peu modifiés, les périodes de maladie, de congé de maternité, de formation ou les activités complémentaires (enseignement musical, court d'art dramatique, etc.) étant désormais prises en compte.

La durée d'indemnisation s'effectue sur une période "glissante", la meilleure période de dix mois effectués et non plus celle calculée sur une date anniversaire d'ouverture de droits. "Grâce à une accélération du rythme dans la durée d'indemnisation, le système adopté incite les intermittents à travailler, à le déclarer et à travailler à nouveau", indique un des négociateurs du Medef.

L'accord prévoit également un contrôle plus strict du salarié et de l'employeur, cerne mieux les champs d'application du régime des intermittents et donne rendez-vous aux signataires dans un an, afin de constater si le déficit s'est effectivement résorbé.

"Les intermittents qui gagnent moins de 100 euros par jour, soit près de 60 % des intermittents, vont voir leur indemnité augmenter, précise Danièle Rived, secrétaire générale de la Fédération Communication et culture de la CFDT. Ceux qui gagnent plus de 100 euros par jour gagneront un peu moins qu'aujourd'hui."

"On ne s'en est pas mal sorti. Si la négociation avait été renvoyée à l'automne, au moment de la négociation sur tout le déficit de l'assurance chômage, un accord aurait été beaucoup plus difficile à trouver. Là, il était possible de trouver un moyen de donner davantage aux intermittents qu'aux autres chômeurs", ajoute-t-elle.

Pour Michel Coquillon, secrétaire général adjoint chargé de l'emploi et de la formation à la CFTC, "ce compromis n'est pas parfait, loin s'en faut, mais il a permis de sauver le régime des intermittents". Michel Coquillon redoutait que "le Medef exige carrément la fin des annexes si les négociations étaient reportées à l'automne".

Selon Patrick Bloche, député PS de Paris, ancien président d'une compagnie chorégraphique et ex-administrateur d'un théâtre, "l'accord pourra être gérable pour les entreprises de l'audiovisuel mais il n'est pas adapté à la réalité du spectacle vivant. Les entreprises culturelles souffrent déjà de la fin des emplois jeunes et bien souvent du gel ou de l'annulation des subventions d'Etat. Ce nouveau régime va encore précariser bon nombre d'artistes. De plus, les intermittents se reconnaissent dans les organisations syndicales non signataires de l'accord".

Pour les organisations patronales, l'heure était à l'urgence. Denis Gautier-Sauvagnac, le négociateur du Medef, affirme qu'"avec un nombre d'intermittents multiplié par deux en plus de dix ans et une dépense multipliée par quatre, le régime des intermittents était menacé dans son existence" ; l'accord permet selon lui de "limiter les dérives tout en sauvegardant l'indemnisation des chômeurs et même en améliorant leur situation", notamment grâce à "la suppression de la dégressivité", "l'augmentation de l'indemnisation journalière", ou encore "une franchise réduite de trente jours qui permet un démarrage plus rapide de l'indemnisation".

Cet accord devrait, selon M. Gautier-Savagnac, permettre de "maîtriser des dérives financières qui devenaient insoutenables" tout en donnant les moyens aux techniciens, aux artistes et aux professionnels du spectacle "qui veulent vivre de leur travail de compter durablement sur l'assurance-chômage pour sécuriser leur parcours professionnel".

Jacques Peskine, président de la Fédération des entreprises du spectacle vivant de la musique, de l'audiovisuel et du cinéma (Fesac), se réjouit de "ce bon accord pour les employeurs" et rend hommage "au sens des responsabilités des signataires".

Mais c'est peu dire que Jean Voirin, secrétaire général de la fédération des syndicats CGT du spectacle - très largement majoritaire dans le spectacle vivant -, n'est pas sur la même longueur d'onde. "Le rétrécissement des conditions d'entrée va se traduire par l'éviction de 30 % des allocataires ; ce sont les plus précaires, qui touchent 15 euros de cotisation par jour, qui vont être virés du système", dit-il.

Une assemblée générale était prévue vendredi 27 juin en fin de matinée pour décider du maintien de la mobilisation, mais M. Voirin assurait, dès l'accord signé par les autres organisations syndicales, que les festivals d'été, notamment ceux d'Avignon et d'Aix-en-Provence, allaient être très fortement perturbés en juillet. Au moment même où le gouvernement devra donner son agrément, feu vert nécessaire pour que la réforme du régime des intermittents puisse être mise en application.

La CGT, "qui n'a jamais donné l'impression qu'elle souhaitait signer ni même vraiment négocier", selon la CFTC, bénéficie du soutien sans faille des professionnels du spectacle. La manifestation, bon enfant, qui s'est terminée jeudi à Paris devant le siège du Medef, a rassemblé plus de 8 000 participants selon la police, et deux fois plus selon le syndicat.

Des milliers de manifestants ont également défilé à Marseille et M. Voirin a déploré l'intervention des forces de police à Marseille, Montpellier et Gap. De l'autre côté, des débordements ont été signalés de la part d'intermittents CGT qui ont fait irruption dans des locaux de la CFDT. La mobilisation promet d'être intense cet été.

Nicole Vulser
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Message par faupatronim » 30 Juin 2003, 13:47

CITATION (Le Monde @ 30 juin 2003)
Les intermittents engagent l'épreuve de force



Après la signature, par des syndicats minoritaires, d'un accord réformant leur système d'indemnisation du chômage, techniciens et artistes du spectacle durcissent leur mouvement. Montpellier Danse et les premières représentations d'Aix-en-Provence sont annulés, les autres festivals menacés.



Les intermittents du spectacle avaient annoncé un mouvement de grande ampleur, pour dénoncer les accords sur la réforme de leur système d'allocation chômage signés vendredi 27 mai par plusieurs syndicats à l'exception de FO et de la CGT, majoritaire chez les intermittents.

Ceux-ci ont tenu parole : les festivals d'été sont gravement perturbés.

La première semaine d'art lyrique Aix-en-Provence n'aura pas lieu. Montpellier-Danse est interrompu. Les nuages s'amoncellent sur le Festival de Marseille, qui risque d'être annulé, sur celui d'Avignon dont la préparation est menacée et sur les Chorégies d'Orange, en grève depuis lundi. A Paris, la dernière représentation de Pina Bausch au Théâtre de la Ville n'a pu être donnée, comme celle du Malade imaginaire à la Comédie-Française... La CGT appelle à radicaliser le mouvement en boycottant les Vieilles Charrues à Carhaix et les Tombées de la nuit à Rennes.

Lors d'une visite en Moselle dimanche 29 juin, Jean-Jacques Aillagon a fustigé "une protestation irréfléchie". S'il reconnaît à chacun dans un communiqué "le droit de s'exprimer, y compris par l'usage de la grève", le ministre de la culture et de la communication déplore profondément "les conséquences de ces mouvements. Les victimes en sont d'abord les publics, souvent venus de loin pour assister à ces spectacles, et de nombreux artistes empêchés de présenter leurs ½uvres. Ces mouvements affectent également l'économie et le tourisme locaux". "Le gouvernement, poursuit-il, souhaite disposer de quelques jours pour analyser l'accord signé vendredi", auquel il doit, dans un délai d'un mois, donner son agrément.

"TOUS DANS LE MÊME BATEAU"

M. Aillagon rappelle que cet accord "présente notamment l'avantage de préserver le principe d'un système spécifique d'indemnisation du chômage des artistes et des techniciens du spectacle et de l'audiovisuel". La CGT, reçue vendredi rue de Valois, devait rendre au ministre lundi un mémorandum sur l'accord. Le patron du Medef, Ernest-Antoine Seillière, a dénoncé sur Radio Classique "les gens qui vivent de l'assurance-chômage au lieu de vivre de leur travail".

En commençant le 26 juin, veille de l'accord, Montpellier-Danse a essuyé les plâtres de la fronde. Dimanche 29, Jean-Paul Montanari, son directeur, déclarait "l'annulation complète du festival". Mathilde Monnier, qui dirige le centre chorégraphique de la ville, fait partie des grévistes, comme Régine Chopinot, invitée à cette édition. "Je ne suis ni avec ni à côté des grévistes, nous sommes tous dans le même bateau, dit Mathilde Monnier. Cette grève intervient dans le contexte d'une politique culturelle déjà très dégradée, c'est pourquoi elle est dure."

Pour le directeur du festival, "il n'y avait pas d'autre solution. Quand tous les spectacles ont été annulés, l'un après l'autre, au dernier moment, j'ai compris que l'édition était pliée". M. Montanari s'attendait pourtant à un accord plus dur. "Il n'est pas bon, mais la situation d'avant n'était plus viable. Il y a eu pourtant des concessions, le statut de l'intermittent reste spécifique, même s'il n'est plus privilégié." Jugeant la situation "extrêmement grave", il accepte "la détermination des intermittents" dont il se sent "solidaire".

De son côté, Appoline Quintrand, directrice du Festival de Marseille qui commence le 2 juillet, a convoqué lundi 30 juin au soir son conseil d'administration en vue d'une annulation. "Ce que Montanari vient de vivre est trop douloureux. Des artistes qui voient leurs spectacles empêchés, c'est dur ! Cette saison, le public n'aura pas le choix, et j'en suis triste. Mais prendre le risque de faire venir les compagnies, c'est aussi mettre en péril l'édition de l'année prochaine. Nos économies sont fragiles. Je sais que ce régime doit être réformé, mais je dis aux intermittents : "C'est Pierrot le Fou ! Vous voulez que tout saute !" S'il faut aider les intermittents et le spectacle vivant par un coup d'éclat, il faut avoir le courage d'annuler. On est dans un piège. Aucun patron de festival n'est au Medef."

A Avignon, où le festival doit commencer mardi 8 juillet, le principe de la grève reconductible chaque jour a été adopté. Dimanche 29 juin, une assemblée générale a réuni 150 personnes : des intermittents venus de toute la région, des techniciens et l'équipe du festival. "J'ai demandé que le personnel administratif soit présent, explique Bernard Faivre d'Arcier, le directeur, parce que je voyais des banderoles avec des slogans disant : "Avignon, 20 permanents et 600 intermittents". C'est faux. Il y a 250 intermittents à Avignon. Le reste, ce sont des saisonniers qui aimeraient bien avoir un statut."

La grève met en cause essentiellement le montage des lieux de spectacle. "S'il n'est pas fini à temps, je vais avoir des problèmes avec les commissions de sécurité, dit Bernard Faivre d'Arcier. Nous avons deux jours pour rattraper le retard accumulé. Après, nous entrerons dans une période de tourbillon. Si jeudi la grève est reconduite, je convoquerai l'ensemble du personnel pour savoir s'il faut annuler les premières représentations." Pour le directeur, l'annulation n'est pas inéluctable. Il reste "serein" : "Les intermittents m'écoutent parce qu'ils savent que je n'ai rien à perdre : c'est mon dernier festival." Tout va donc se jouer dans les jours à venir, avec l'arrivée des équipes artistiques. Pourront-elles répéter ? Bartabas et Ariane Mnouchkine s'installent lundi 30 juin.

A Marseille, l'ambiance est tendue au Festival international du documentaire organisé au Théâtre national de la Criée. Le représentant du personnel, Jean-Claude Leita, explique : "Nous nous sommes demandé s'il fallait bloquer un festival où les réalisateurs invités viennent de Chine, de Grozny, où les films traitent de luttes souvent plus cruciales que les nôtres. On a choisi de poursuivre tout en menant des actions."

A Paris, la Grande Halle de la Villette a été le théâtre d'une forte contestation pendant tout le week-end. Trouvant les syndicats "trop mous", le collectif Les Précaires associés de Paris, qui avait déjà occupé le Théâtre de la Colline au cours de la semaine, a réuni plus de 400 personnes et envisage diverses opérations commandos dans des théâtres parisiens, "sans préciser lesquels, pour éviter les flics et les CRS". Ces derniers sont intervenus de façon musclée à Montpellier (Le Monde du 30 juin). A Caen, la police a délogé, lundi vers 6 heures du matin, des dizaines d'intermittents qui occupaient le théâtre municipal depuis trois jours.

Séquence culture


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La réforme contestée par la CGT et FO


L'accord sur l'adaptation du régime des intermittents du spectacle, signé vendredi 27 juin par le Medef, la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), l'Union professionnelle artisanale (UPA) et par trois des cinq syndicats présents (CFDT, CFTC et CFE-CGC), à l'exception de la CGT (majoritaire) et de FO, comporte 14 articles et des annexes.

Les champs d'application des annexes VII et X sont recadrés et mieux définis pour les salariés et les employeurs : édition d'enregistrement sonore, production d'½uvres cinématographiques et audiovisuelles, prestations techniques pour le cinéma et la télévision, production de programmes radio, diffusion d'½uvres et de programmes de télévision ou de radio ainsi que la production, la réalisation et les prestations techniques de spectacles vivants.

La durée d'indemnisation est fixée à 8 mois (contre 12 actuellement).

La durée d'affiliation requise pour une ouverture de droits est de 507 heures au cours des 10 derniers mois pour les techniciens et 10 mois et demi pour les artistes (contre 12 actuellement). Le système ne fonctionne plus avec des dates anniversaires, mais l'allocataire doit épuiser ses droits avant de prétendre à de nouvelles indemnisations. Sont désormais pris en compte la formation, les congés maladie et maternité.

L'allocation journalière n'est plus dégressive et celle, minimale, est augmentée (25,90 contre 24,24 euros).

La franchise est réduite de 30 jours, pour obtenir un démarrage plus rapide de l'indemnisation.

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Message par pelon » 01 Juil 2003, 17:43

EDITORIAL :

CITATION


    QUAND LE MEDEF DECIDE DE LA POLITIQUE CULTURELLE DU PAYS

    La grève des "intermittents" du spectacle peut sembler marginale, mais elle s'inscrit en fait dans l'ensemble des mouvements de protestation dirigés, à juste titre, contre les attaques du gouvernement et du patronat sur les retraites, les allocations chômage, la Sécurité sociale.
    Ces "intermittents" sont en fait des travailleurs intérimaires, des comédiens certes, mais surtout des techniciens : éclairagistes, cameramen, machinistes, etc. dont les entrepreneurs de spectacles ont absolument besoin, comme le prouve le fait que leur grève risque d'empêcher la tenue de tous les festivals d'été.
    Il faut un fier culot au ministre de la culture, Aillagon, pour oser dire que ces grévistes "prennent les spectateurs en otages". Mais il est vrai que pour les gouvernants, tous les travailleurs qui revendiquent sont des preneurs d'otages. Les enseignants en lutte par rapport à leurs élèves, les cheminots et les travailleurs des transports vis à vis des usagers. Par contre, pas un seul ministre n'oserait utiliser cette expression pour désigner les patrons qui n'hésitent pas à fermer des usines et à jeter à la rue des milliers de travailleurs.
    La vérité, c'est qu'en augmentant le nombre d'heures de travail effectuées par ces intermittents nécessaires pour percevoir des indemnités de chômage, en raccourcissant la durée d'indemnisation, le MEDEF (ex-CNPF), avec la complicité des syndicats qui ont joint leur signature à la sienne, s'attaque à une nouvelle catégorie de travailleurs.
    Il y aurait des "abus" de la part des intermittents, clament les dirigeants du MEDEF. Mais c'est aussi ce que ces gens-là ont dit des chômeurs. Comme ils présentent les travailleurs de la fonction publique comme des "privilégiés". Mais ni le MEDEF, ni le gouvernement, ne dénoncent les employeurs (en particulier ceux des entreprises de l'audio-visuel, qui se sont multipliées et ont prospéré depuis l'éclatement de l'ORTF et la privatisation de la production). Pourtant, profitant de la pression du chômage, nombre d'entre eux ne déclarent les intermittents qu'ils emploient que pour des horaires bien inférieurs à la réalité... et des salaires réduits en conséquence.
    Il faut aussi un fier culot au baron Seillière pour affirmer : "Le milieu du spectacle est habitué à ce qu'on ne touche pas à ses privilèges, on y touche comme à d'autres et c'est ce qu'on appelle la réforme". Le seul mal que ce monsieur s'est donné, c'est d'être né dans la richissime famille des de Wendel. Et la "réforme" à laquelle aspire cet authentique privilégié, et avec lui tout le grand patronat, cela consiste à attaquer dans tous les domaines le monde du travail, en spéculant sur le fait que la crainte du chômage paralysera les travailleurs.
    Depuis des années, sous les gouvernements dits de gauche comme sous ceux de droite, la part des richesses produites revenant aux travailleurs n'a cessé de diminuer. Les salaires, pour ceux qui ont eu la chance de conserver leur emploi, sont quasiment bloqués. Les autres ont vu leurs revenus diminuer de manière souvent considérable. Conséquence de la baisse des impôts sur le revenu, qui bénéficie avant tout aux plus riches, et de l'instauration de la CSG qui touche les revenus les plus faibles, la répartition des impôts entre les différentes classes de la société n'a cessé de se modifier au détriment des travailleurs. La "réforme" sur les retraites va se traduire par un allongement de la durée du travail pour tous les salariés, et une diminution des pensions. Depuis des années les prestations de la Sécurité sociale se réduisent comme peau de chagrin, et une nouvelle "réforme" en ce sens est annoncée.
    Face à cette offensive tous azimuts du patronat, une contre-offensive d'ensemble du monde du travail est plus que jamais nécessaire. Et le gouvernement a peut-être tort de croire qu'il a gagné la partie ce printemps. Car les mouvements sociaux qui ont secoué le pays ces deux derniers mois ne sont peut-être que le prélude de cette contre-offensive, que le patronat pourrait bien payer cher.

    Arlette Laguiller

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Message par françois marcel » 01 Juil 2003, 18:42

salut,
en effet comme le dit le communiqué ou l'édito du journal, je pense aussi que s'en prendre un à un à toutes les catégories sociales, de diviser les secteurs d'activités dans les "soit-disant réformes" pour en diminuer les forces combatives pourraient avoir l'effet contraire de celui que souhaitent ces ministres qui nous prennent en otages.
Je crois, en effet qu'en septembre quand tout le monde aura compris - au fur et à mesure de ses annonces, de ses votes -que ce gouvernement ne "réforme" pas pour sauver quoi que ce soit mais pour détruire l'équilibre social, on s'y mettra tous ! Et là il n'y aura plus de "vous n'avez bien compris", "nous avons mal communiqué" etc.... on à tous déjà bien compris ! Alors, finalement plus ça va... plus je suis confiant... Chirac et sa clique finiront par se dissoudre dans un mouvement social global. Mais il nous a déjà habitué à cela.... on devrait le savoir. Même causes, même effets !


françois marcel
 
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Message par pelon » 03 Juil 2003, 14:51

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Intermittents du spectacle : des patrons qui usent et abusent

Prenant les intermittents du spectacle pour des demeurés, et la population avec, le ministre de la Culture, Aillagon, a appelé à la télévision, lundi 30 juin, "les manifestants à bien relire le contenu de l'accord". Cet accord
que des milliers d'entre eux sont en train de combattre à travers tout le pays!

Et d'ajouter qu'il entendait très vite mettre en oeuvre la procédure d'agrément, qui donnera force de loi à cet accord décrié par l'immense majorité des intéressés. Invitée face à lui, l'actrice et réalisatrice Agnès Jaoui lui a
fait remarquer que c'est l'État qui, le premier, a couvert l'explosion du nombre d'intermittents du spectacle.

Car si cette catégorie de salariés, totalement précarisée, s'est développée ces dix dernières années, les premiers responsables en sont les gouvernements, de droite comme de gauche, suivis d'ailleurs par les notables locaux,
qui ont transformé des milliers d'emplois ordinaires en "intermittents".

Cela s'est fait en particulier au travers de la destruction des services de la télévision publique. Pour faire disparaître des milliers d'emplois, allant des techniciens, éclairagistes... aux producteurs, on a créé une société à part,
la SFP, chargée en théorie d'assurer la "création" dans la télévision publique; puis on ne lui a plus donné de travail. Dans le même temps, on a vu se créer une multitude de sociétés de production "indépendantes" privées,
où quelques animateurs-patrons de société ont pu vendre leur "production" à la télévision publique à des prix vertigineux. Inutile de dire que TF1 et M6 ont massivement utilisé ce même système. Ces sociétés de
"production" ont encaissé des centaines de millions d'euros.

Le scandale a quand même eu quelques répercussions, un court moment, et Elkabach y perdit même sa place de président de France Télévision. Un des secrets des bénéfices pharaoniques de ces sociétés réside dans le
fait qu'elles n'avaient quasiment plus de personnel permanent. Les anciens cameramen étaient maintenant payés "à la tâche" et, avec la complicité active des pouvoirs publics, ils se voyaient transformés en "intermittents du
spectacle". C'était une violation grossière et manifeste des droits élémentaires du travail. Et c'est pour faire supporter aux ex-salariés ce scandale qu'on les a fait bénéficier, en échange, des "droits" des intermittents du
spectacle.

C'est d'ailleurs un système dont rêve en secret chaque patron: revenir cent ans en arrière, ne plus avoir à supporter les "contraintes insupportables" d'un contrat de travail, et ne payer ses salariés que quand on en a
vraiment besoin.

L'explosion de la catégorie des intermittents du spectacle est le pendant de la généralisation, ici à l'extrême, des emplois précaires dans tout le monde du travail. Car, avant d'avoir le culot de réclamer de "ramener ces
derniers au droit commun", encore faudrait-il faire bénéficier de véritables contrats de travail les milliers de salariés qui le devraient.

Toutes les grandes entreprises de spectacles, qui brassent des dizaines de millions d'euros, bénéficient de cette violation permanente de la loi, et s'y enrichissent encore plus. Tous les notables locaux, si soucieux aujourd'hui
de la baisse des bénéfices que la grève de ces salariés pourrait entraîner pour leur clientèle de riches commerçants, hôteliers et restaurateurs, n'ont pas eu les mêmes scrupules vis-à-vis des travailleurs concernés.

Quant à l'État, à tous les niveaux il a été le grand ordonnateur de cette fraude, grâce à quoi, en employant des intermittents au lieu d'employer les mêmes avec de véritables contrats de travail, il a pu, avec les économies
réalisées, arroser ses amis les privilégiés de cadeaux et de passe-droits en tous genres. Ne parlons pas de ces parvenus, directeurs de compagnie, qui aujourd'hui crachent sur ce qu'ils ont été dans leur jeunesse, en osant
condamner la lutte en cours au nom de leur bonne place d'aujourd'hui.

Mais les cris et l'indignation de ces gens-là ont quelque chose de réjouissant car, dans le domaine de la "Culture", avec un grand C, ils redécouvrent une vérité première: c'est que ce sont toujours les ouvriers, du
spectacle cette fois, "qui font marcher le bastringue", comme on disait autrefois.

Paul SOREL

Lutte Ouvrière n°1822 du 4 juillet 2003[/quote]
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Message par pelon » 03 Juil 2003, 14:52

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Intermittents du spectacle en lutte pour leurs droits

Dès l'annonce de la signature du nouvel accord qui modifie les règles de leur indemnisation chômage, de nombreux intermittents du spectacle, artistes ou techniciens, ont occupé plusieurs théâtres, dont ceux de Caen ou
de la Villette, à Paris. Les actions se sont ensuite multipliées, perturbant sérieusement certains festivals et menaçant le bon déroulement de nombreux autres.

Cet accord a largement de quoi provoquer la rage des dizaines de milliers de salariés concernés. Le mode d'indemnisation particulier dont bénéficient les travailleurs du spectacle y est drastiquement revu à la baisse.

Patronat et syndicats signataires osent mettre en avant la prétendue "avancée sociale" que constituerait la suppression de la dégressivité des allocations. Mais, plus qu'une présentation tendancieuse, c'est un pur mensonge,
car la nouvelle indemnité journalière sera calculée sur une base bien plus désavantageuse pour les salariés. Et de toute manière, des dizaines de milliers d'intermittents vont se retrouver purement et simplement exclus du
dispositif. La CGT estime leur nombre à 30%.

En effet il fallait auparavant 507 heures de travail déclaré sur les douze derniers mois pour ouvrir droit aux indemnités. Dorénavant, les mêmes 507 heures devront avoir été effectuées durant les dix derniers mois. Quant à
la durée des indemnisations, elle est aussi diminuée, passant de douze à huit mois. Ce sont d'ailleurs ceux qui gagnent le moins, les plus prolétarisés, qui seront les principales victimes de ces remises en cause.

Le patronat ne s'est guère embarrassé avec les formes. Les syndicats qui ont accepté de cautionner ce recul (CGC, CFTC et CFDT) n'avaient réuni à eux trois que 12% des voix aux dernières élections professionnelles!
Quant au gouvernement, il s'est empressé d'en approuver le contenu et de faire savoir son intention de l'officialiser.

Gouvernement et patronat avancent comme justification le déficit croissant de la branche de l'Unedic gérant les intermittents (800 millions d'euros cette année), du fait de l'augmentation importante du nombre de
bénéficiaires (passés de 50000 à 100000 depuis 1993). Mais rendre ainsi les salariés responsables de la situation est particulièrement cynique.

Les principaux bénéficiaires du régime spécial des intermittents, et les principaux responsables de son déficit grandissant, ne sont pas les salariés mais les employeurs privés et publics du secteur. Ce sont des entreprises qui
ont pignon sur rue. Certains organismes d'État, comme l'Opéra de Paris, ainsi que les grosses entreprises de production, notamment télévisuelles, qui prospèrent depuis plusieurs années, emploient ainsi des centaines
d'intermittents... en permanence!

De plus, ces dernières années, plusieurs nouveaux secteurs ont obtenu d'être considérés comme entreprises de spectacles. C'est ainsi que bien des videurs et des barmen employés par les discothèques, des caissiers ou des
croupiers de casinos sont affiliés au régime des intermittents, permettant ainsi à leurs patrons de réaliser de substantielles économies.

Alors, les intermittents sont mille fois dans leur bon droit en se défendant contre les attaques dont ils sont l'objet. Et souhaitons que patronat et gouvernement, qui, comme pour les retraites, osent prétendre "sauver" un
système en le démantelant, doivent bientôt rabattre de leur superbe.

Jean RAYNARD

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Message par pelon » 03 Juil 2003, 14:54

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Les intermittents en colère

À la manifestation des intermittents du spectacle le 26 juin, nous n'étions pas plus nombreux qu'aux précédentes, car cela fait des années que notre statut est menacé et que nous manifestons. Mais elle avait de l'allure: des
machinistes et des comédiens avaient installé sur un plateau roulant une grande potence où de temps en temps ils pendaient symboliquement un manifestant, volontaire pour cette préfiguration du sort qu'on nous
réserve, aux cris de "intermittent paresseux et privilégié".

Mais c'est dans la nuit du 26 au 27 que CFDT, CFTC et CGC ont signé avec le Medef leur protocole d'accord réduisant l'assurance chômage des salariés intermittents du spectacle, du cinéma et de l'audiovisuel. Dès le
lendemain, la nouvelle de la signature a déclenché une vraie mobilisation.

Lundi 30 juin au soir, à la fin de l'assemblée générale à Paris, des discussions portaient sur comment faire grève tout en se faisant comprendre par le public. Certains, ne se voyant pas annuler leur spectacle, envisageaient
d'arrêter de jouer à la fin de la première partie pour descendre dans la salle avec des tracts. À la sortie de l'AG, alors que le ministre Aillagon soutenait à la télévision la réforme concoctée par le Medef, à l'appel du comité
d'action de la Coordination des Intermittents, nous nous retrouvions à la station de métro Franklin-Roosevelt pour gagner le cinéma UGC des Champs-Élysées, où était projeté en avant-première le film Charlies Angels.
Près de 2000 intermittents firent face aux CRS. Harnachés comme ils étaient, à deux pas du Lido, ils ne pouvaient que s'attirer des "La police en tutu!" ironiques. Mais les slogans étaient surtout: "Intermittents en colère!",
"Aillagon démission" et bien sûr "Tous ensemble, grève générale!" Les invités d'honneur de cette soirée, où l'on reconnaissait par exemple un Pierre Lescure, étaient d'un tout autre monde du spectacle que nous. Après
une heure de sit-in, nous avons descendu l'avenue des Champs-Élysées, bloquant la circulation un moment, en scandant: "Sans intermittents, pas de spectacle!"

L'appel de la CGT à la grève seulement pour le 8 juillet semblait bien lointain, comme pendant la lutte contre la réforme des retraites, où il fallait soi-disant laisser au gouvernement le temps de se raviser ou de négocier.
C'est maintenant, dès ces jours-ci, que le moral est là pour interrompre les répétitions et les festivals, et une nouvelle manifestation était prévue dès le mercredi 2 juillet.

Un intermittent du spectacle

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