(kasimir @ vendredi 10 octobre 2008 à 11:03 a écrit : a écrit :Cette opposition historique entre classe ouvrière et paysannerie est, selon la formule célèbre de Trotsky "le drame de la révolution mexicaine".
(...)Le drame de la révolution mexicaine c'est Villa et Zapata eux même. Je veux dire par là que le drame de toutes les révolutions hormis celle de 1917 en Russie repose essentiellement sur l'absence de parti Bolchevik. Ni Villa ni Zapata n'étaient des révolutionnaires prolétariens. Leur armée et surtout celle de Villa était constituée d'une part de paysans révoltés mais aussi de gangsters, d'aventuriers, de mercenaires, certes avec des idées sur l'honneur, la justice, la fraternité, le courage ou la bravoure mais rien de très net sur le communisme et la dictature de prolétariat.
La guerre civile a durer jusqu'à l'épuisement total des forces et des dollars des uns et des autres. Mais l'objectif politique des uns et des autres était le même une révolution nationale et libérale c'est à dire bourgeoise.
La redistribution des terres aux Indiens du Chiappas n'était pas fondamentalement nécessaire pour la réforme agraire par conséquent les revendications Zapatistes n'ont jamais vraiment aboutit, ni à l'époque de Zapata ni par la suite.
Villa et Zapata ? C'étaient des dirigeants paysans, et Villa était illettré, difficile de leur reprocher de ne pas avoir eu une "conscience bolchevique" ! Toutefois, Zapata s'intéressait beaucoup aux idées et il évoluait. Quant à Villa, à la fin de sa vie, il avait des relations, rencontres, discussions avec des bolcheviques et des anars.
Mais, si tu veux chercher une "responsabilité", c'est plutot du côté des dirigeants du mouvement ouvrier mexicain qu'il faut la chercher ! A savoir les dirigeants anarchistes de la Casa del obrero del Mundo, qui eux étaient des "ouvriers intellos cultivés", des imprimeurs notamment. Et ils ont pris l'initiative de former des bataillons pour combattre Villa, en échange de quelques places et de quelques améliorations du sort des salariés.
Sans doute cela est-il lié aussi à ce qu'était la classe ouvrière mexicaine d el'époque, encore moins importante numériquement, beaucoup plus minoritaire et beaucoup moins concentrée que n'était la classe ouvrière russe en 1917.
L'absence d'une direction bolchevique, bien sur, mais c'est une vérité très générale. Une telle direction ne sort pas du néant.
En ce qui concerne les aventuriers et les bandits qui combattaient aux côtés de Villa, ta remarque me choque un peu. Même pendant la révolution russe, il y avait des gens de ce genre qui combattaient les Blancs, par exemple les bandes de Makhno que les anars idéalisent, mais il y en avait d'autres. C'est un épiphénomène qu'on retrouve dans toutes les guerres civiles de grande envergure.
Enfin, quant à la réforme agraire, elle n'a pas été complète, certes, loin de là, mais elle a tout de même été un des acquis, certes bourgeois, de la révolution. Elle perdure même encore un peu aujourd'hui avec l'ejido. (Je ne sais pas pourquoi tu cites le Chiapas :33: . Ce n'est qu'une petite partie du Mexique. Ni Villa ni Zapata n'étaient originaires de cette région et n'ont combattu dans le Chiapas. Il y a eu d'autres régions d'ailleurs qui sont restés un peu à l'écart de la révolution. Il y a meme eu des régions dont les habitants, Indiens, ont combattu indiferemment comme mercenaires dans les deux camps, en échange de promesses. Par exemple les Yaquis du Sonora, qui ne défendaient que leur existence tribale. Le niveau de conscience et de mobilisation, meme sur le plan paysan, variait beaucoup d'une région à l'autre, car le Mexique était et reste très hétérogène.