Lutte de classes en Bolivie

[Vérié]

Un article dans Rouge cette semaine, toujours aussi complaisant vis-à-vis de Morales:

C'est non seulement complaisant, mais faux sur certains points. L'obtention de négociations avec les oligarques est présentée comme un succès de Morales, alors que les négociations durent depuis déjà très longtemps, bien avant ces événements, et que les oligarques n'ont rien cédé pour le moment. C'est plutot le contraire : les oligarques ont contraint Morales à des concessions en se livrant à leurs opérations d'occupation et de saccages d'institutions.

Imaginons un instant qu'on ait découvert de gros gisements d'hydrocarbures en Bretagne et des séparatistes bretons qui occuperaient la préfecture de Rennes, les commissariats, les bâtiments officiels, bloqueraient l'aéroport, prétendraient bénéficier du pétrole pour eux tous seuls etc. Aucun gouvernement ne tolérerait cela. Si le président de la République se mettait à négocier avec ces séparatistes bretons à Versailles ou à l'Elysée, et si un ahuri du genre Hervé Do Alto présentait cette négociation comme une victoire, :prosterne: tout le monde le prendrait pour un demeuré.

De plus Hervé do Alto "oublie", d'une part que Morales et le MAS ont réprimé les grèves de mineurs et enseignants, d'autre part que c'est sous la pression d'un immense mouvement d'indignation que le préfet assassin Fernandez a été incarcéré. Aux dernières nouvelles, il serait toujours à San Pedro, dont la garde a été renforcée, par crainte d'une attaque de gens qui voudraient lyncher cette canaille. Et on discute toujours pour savoir s'il est seulement "confinado" pour refus de respecter l'état de siège ou "détenido" en raison de l'accusation de crimes qu pèse sur lui. Le gouvernement est très prudent car il veut montrer qu'il respecte les institutions et les lois à la lettre, sans mécontenter non plus la population qui réclame justice.

Hervé do Alto "oublie" également que ces négociations se déroulent sous la pression (et même semble-t-il le contrôle) des principaux Etats de l'UNASUR, en particulier le Brésil.

Mais Hervé do Alto, qui sévit dans toutes les publications "alter" ne raisonne pas en marxiste mais en crypto-indigéniste. La LCR devrait faire le ménage parmi ses correspondants ! :altharion:

[Vérié]

Je ne sais pas ce qui va se passer en Bolivie, mais je vous donne mes réflexions. Vérié se fait des illusions et prend ses désirs pour la réalité.
Ben moi non plus je ne sais pas ce qui va se passer...
Et je n'ai pas dit que c'était gagné et que la révolution était pour demain matin. :33:
Donc je ne vois pas du tout quelles illusions tu me prêtes...

Tu me reproches peut-être de ne pas être complètement désespéré ?

[Vérié]

DERNIERES INFOS

-Les Etats unis décident de boycotter un certain nombre de produits boliviens : bijoux en or, textiles, cuirs, meubles. Le patronat bolivien accuse Morales de risquer ainsi, par la rupture avec les Etats unis, la perte de 75 000 emplois, et presse Morales de renouer les liens. Les Etats-Unis accusent aussi la Bolie d'être un Etat narco et l'ont viré d'un organisme de lutte contre la drogue, en utilisant notamment le cas des trafiquants qui appartiennent à la famille d'une dirigeante du MAS.

- L'inflation atteindrait 25 % en un an en Bolivie.

-La COB de la région minière de Potosi, après celle d'Oruro et les enseignants, rejette l'accord signé par la direction nationale de la COB avec Morales.

-Les mineurs de la région d'Oruro repartent en campagne pour la démission du prefet de la région, Aguilar, responsable de plusieurs fusillades contre les mineurs qui ont fait une vingtaine de mort depuis celle de Huanumi (voir le début de ce fil) et la récente répression d'une manif. (Visiblement, les mineurs distinguent les responsabilité du prefet et de la police locale de celles de Morales... qui les soutient au moins passivement.)

-Grosse bagarre médiatique. La presse de droite accuse Morales de financer... une campagne médiatique contre le préfet Fernandez "accusé de massacre". (C'est la presse de droite qui met le mot "massacre " entre guillements, comme si ce massacre n'était pas établi !) La presse de droite continue aussi à attaquer Morales et le MAS sur le cas des frères d'une dirigeante du MAS arrêté avec 140 kgs de coke. Le ministre de l'intérieur a dit que le gouvernement n'interviendrait pas pouor les défendre. De soin côté, la presse pro-gouvernementale publie des révélations sur la mafia régionale mise en place par le préfet Fernandez, qui jouait le rôle d'un véritable parrain, a placé des membres de sa famille à tous les postes clés, achète les journalistes, les fonctionnaires etc.

-Le ministre de l'intérieur a déclaré, face à la mobilisation des institutions judiciaires et de la droite, que "le cas du prefet Fernandez est clos. Il restera au pénitencier de San Pedro, à la fois commme "confinado" pour son non respetc de l'état de siége et comme "détenido" pour les accusations de crimes. Le préfet du Béni a donné une conf de presse pour accuser Morales d'être undictateur qui viole la constitution, ne respecte pas la séparation des pouvoirs etc.

-Les négociations avec les Civiques reprendront lundi, mais elles sont dans l'impasse pour le moment. Titre d'Econoticias (gauchisant) :
"Evo croit à la bonne foi des fascistes".

Morales a déclaré qu'il n'était pas exclu que la mobilisation et les marches reprennent si les Civiques ne veulent rien savoir. (On croirait entendre Thibault...)
_
Les propagandistes pro-Morales ont trouvé un jeu de mot dont ils sont très fiers :
"Evo Eva" : les Argentins ont eu leur Eva (Peron), nous voulons garder notre Evo.
Comme référence socialiste et révolutionnaire, on fait mieux. Mais que des partisans de Morales se reconnaissent dans le populisme de Péron n'est pas tout à fait un hasard...
____
Conférence de presse des patrons boliviens pour revendiquer le rétablissement de bonnes relations avec les Etats-unis.

[Vérié]

DERNIERES INFOS

-En raison de l'échec des négociations avec les oligarques, Morales engage le dialogue direct, en tête à tête, avec Ruben Costas, prefet-gouverneur de Santa Cruz et leader des oligarques. Il l'a invité à venir discuter dans la résidence présidentielle officielle.
-La presse de droite poursuit sa campagne en dénonçant maintenant la présence de Cubains et de Vénézuèliens parmi les proches collaborateurs du gouvernement.
(Faire vibrer la corde nationaliste anti-étrangers, c'est semble-t-il un truc qui marche...)
-La presse dénonce aussi un membre de la commission d'enquête envoyée par l'UNASUR pour mener de sinvestigations sur le massacre du Pando. Celui-ci, un Argentin, serait un ancien sympathisant des Montonéros (guérilléros péronistes de gauche sous la dictature), donc soupçonné d'être trop hostile aux oligarques...

ANALYSE
Dans une analyse, la LOR-CI estime que l'objectif des oligarques, en lançant leur grande offensive (paros, occupation d'institutions etc) était davantage de rétablir un rapport de forces en leur faveur, après le référendum victorieux de Morales, que de faire tomber Morales. Ils semblent avoir réussi, puisque Morales recule et négocie...

___
Morales discutant avec le prefet Costas, leader des oligarques (photo d'archives)

[Vérié]

LES MINEURS SALARIES AFFIRMENT LEUR INDEPENDANCE DE CLASSE

Guido Mitma, dirigeants de la COB mineurs salariés, a déclaré que les mineurs ne participeraient pas aux opérations de pression sur le congrès lancées par Morales pour essayer d'imposer sa nouvelle constitution. En sbstance, il a expliqué que les mineurs entendaient conserver leur indépendance de classe, défendre leurs intérets et ceux des autres travailleurs, combattre les patrons et les oligarques à leur manière, mais sans se faire instrumentaliser. Il a précisé que la constitution contient divers points qui ne sont pas favorables aux mineurs et aux travailleurs dans leur ensemble, que les revendications des mineurs, notamment sur les retraites, n'avaient toujours pas reçu de réponse, que les flucs qui avaient tiré sur les mineurs n'avaient toujours pas été punis ni meme sanctionné.

Comme quoi, certains dirigeants syndicaux ont davantage de spositions de classe que tous les alter et gauchistes qui cirent les bottes de MOrales !

-Réunion Lula, Chavez, Morales au Brésil. Discours très gauchiste de Morales. "La crise montre que le capitalisme a fait son temps".
-Les négociations avec les oligarques sont au point mort et devraient reprendre la semaine prochaine. Morales envisage de nouvelles manifestations pour faire pression sur eux.
-Nouveau cas de bavure mortelle au sein de l'armée. Un jeune conscrit d'origine indienne, tabassé, est mort à l'hopital de Santa Cruz. Sa famille s'est rendue sur place et exige une enquête.
-Les manifestants renforcent la surveillance de la prison de San Pedro où est détenu le préfet assassin Fernandez.
-Une campagne a été lancée dans le Pando pour prétendre qu'une partie des victimes du massacres seraient... des milit&aires et des agents vénézuéliens déguisés en paysans !
-Des députés demandent à l'armée de participer à l'enquête sur le massacre. En fait l'état de siège a été très allégé (symbolique ?) et la terreur fasciste règne : 600 familles se sont réfugiées au Brésil.
-Une mission de parlementaires européens est arrivé en Bolivie pour essayer de concilier les camps opposés.
-Tous les observateurs - organisations de droit de l'homme etc - notent une montée du racisme dans les régions de l'Oriente tenues par les Oligarques et leurs milices.

__
Guido Mitma, dirigeant de la COB (mineurs salariés) faisant une déclaration sur l'indépendance de classe des mineurs.

[com_71]

Ouai... Un dirigeant syndical fait des déclarations sur "l'indépendance de classe", c'est peut-être significatif d'une certaine ambiance, mais, croire sur parole ce genre de déclarations, c'est oublier toute l'expérience récente et moins récente du mouvement ouvrier.

[artza]

croire sur parole ce genre de déclarations, c'est oublier toute l'expérience récente et moins récente du mouvement ouvrier.
...et du mouvement ouvrier bolivien :hinhin:

[Vérié]

croire sur parole ce genre de déclarations, c'est oublier toute l'expérience récente et moins récente du mouvement ouvrier.

...et du mouvement ouvrier bolivien :hinhin:

Oui, je suis tout à fait d'accord. Je ne prend pas ces déclarations au pied de la lettre, bien entendu. J'aurais du écrire "... des positions de classes, du moins en paroles."
Mais, dans la situation actuelle, où selon les partisans de Morales, il faudrait "choisir entre deux canmps" : Morales ou les oligarques, c'est en effet significatif d'une méfiance et d'un instinct de classe d'une partie de la classe ouvrière.

[Puig Antich]

Ouai... Un dirigeant syndical fait des déclarations sur "l'indépendance de classe", c'est peut-être significatif d'une certaine ambiance, mais, croire sur parole ce genre de déclarations, c'est oublier toute l'expérience récente et moins récente du mouvement ouvrier.

Il faut les prendre pour ce qu'elles sont, ni plus, mais ni moins. La COB est ce qu'elle est, mais sans parti révolutionnaire, la classe ouvrière s'exprime par sa seule organisation de masse à l'échelle nationale. On ne peut pas préjuger de la sincérité, ni de la non-sincérité de l'individu en question : juste montrer les limites de ces déclarations : ce n'est pas une fédération syndicale qui va faire la révolution. Mais il n'empêche qu'on doit s'intéresser aux débats dans la COB, notamment autour de la question de créer un parti pour la classe ouvrière.