Le désarroi des prodiges des marchés

Message par Sterd » 03 Oct 2008, 13:59

Un article qui malgré son titre relativise la capacité des soit disant génies de la finance de tirer quelque leçon que ce soit.

a écrit :Le désarroi des prodiges des marchés
LE MONDE | 01.10.08 | 13h48  •  Mis à jour le 01.10.08 | 15h44

Mercredi 1er octobre, les élèves du master "Probabilités et finance" de l'université Pierre-et-Marie-Curie et de l'Ecole polytechnique, codirigé par Nicole El Karoui, terminent leur stage de fin d'études. Dans quinze jours, ils soutiendront leur mémoire et seront donc sur le marché du travail. Ces as des mathématiques financières étaient jusqu'à présent recrutés à prix d'or dans les salles de marché du monde entier, notamment à Wall Street ou à la City de Londres. Appelés "quants", ils modélisent des produits financiers sophistiqués à base de produits dérivés d'actions ou d'obligations. Ceux-là mêmes que l'on accuse de tous les maux aujourd'hui.

Cette année, ils devront donc rabattre leurs prétentions. Sur les cent élèves du master El Karoui, une vingtaine sont également diplômés de l'Ecole polytechnique. La crème de la crème. Près du tiers de cet échantillon exceptionnel n'a pourtant pas encore signé de contrat de travail, ce qui aurait été impensable en 2007. "Quatre, très brillants élèves, en stage chez Goldman Sachs, avaient reçu un accord de principe pour être embauchés par cette institution. Ils n'ont donc pas cherché ailleurs. Maintenant, cet accord est remis en cause, se désole Mme El Karoui. Ceux de mes élèves qui avaient signé avant le 31 août sont sûrs d'avoir un emploi, mais les autres..."

Un jeune polytechnicien, salarié depuis deux ans d'une banque parisienne, confirme. "Cette année, aucun stagiaire ne restera. Certains vont reprendre des études. En 2006, tous avaient été embauchés. En 2007, un sur deux seulement, mais ceux qui n'avaient pas été gardés avaient trouvé du travail ailleurs."

La faillite de Lehman Brothers a porté un rude coup aux "quants". Des centaines d'entre eux ont été mis sur le marché et demandent désormais des salaires de débutants. Les vrais novices, sans expérience, ne peuvent rivaliser. "Je commence à recevoir des curriculum vitae de "quants" de la Société générale, de Calyon et des Etats-Unis", confirme Elie Ayache, fondateur et PDG de la société de modélisation financière ITO 33, située dans le centre de Paris. La plupart de ces spécialistes confirmés, qui encadraient eux-mêmes des équipes de "quants", disent que leur rémunération est négociable, à partir de 70 000 euros par an, précisent certains. Soit moins que ce que demandait, ces dernières années, un débutant à New York - environ 150 000 dollars (soit 108 000 euros) - et à peine plus que ce que demandait un débutant à Paris (40 000 à 50 000 euros)."

Une nouvelle promotion du master El Karoui commence néanmoins les cours dans une semaine. "On poussera les gens peu motivés à se réorienter. Et on conseillera aux autres de faire des thèses. Ils seront sur le marché dans trois ans, quand l'activité aura redémarré", relativise Mme El Karoui.

Car elle en est sûre. Le marché redémarrera. Il est certes actuellement au point mort pour les produits dérivés de crédits, par lesquels la crise est arrivée. Mais ceux-ci connaîtront un retour en grâce, "car leur existence n'est pas absurde. C'est leur taille qui l'était devenue", estime Mme El Karoui. Il en est de même de la titrisation, cette technique qui consiste à transformer des prêts bancaires en obligations achetées par les investisseurs du monde entier. "La titrisation devait sécuriser les banques de détail en minimisant les risques qu'elles maîtrisaient mal. Ce n'était pas absurde. Mais à trop grande échelle, on ne savait plus ce qu'on faisait."

"EDICTER DE NOUVELLES RÈGLES"


Son collègue, Frédéric Abergel, responsable de l'enseignement des mathématiques financières à l'Ecole centrale de Paris (ECP), en est aussi convaincu. A tel point qu'il n'a guère l'intention de réduire les prochaines promotions de l'option mathématiques financières de l'ECP, qui compte actuellement 40 élèves en troisième année. "On ne va pas les dissuader. Car l'activité ne va pas disparaître. Elle est indispensable à l'économie." Les produits dérivés permettent en effet aux acheteurs d'actions ou d'obligations de se protéger contre les baisses des cours. Ce qui est essentiel au bon fonctionnement des marchés boursiers.

M. Ayache se frotte même les mains. "Un déluge va nettoyer le monde des produits financiers trop complexes. On reviendra aux options classiques, mais qui seront utilisées avec des produits sophistiqués", ceux-là mêmes que sa société conçoit.

"Les mathématiques ne sont qu'un maillon de la crise, mais pas décisif", rappelle Mme El Karoui. Elle accuse en revanche les agences de notation. Elles portent " une grande responsabilité" pour avoir donné des AAA (très bonnes notes) à des produits qui ne le méritaient pas, estime-t-elle.

Elle plaide pour plus de surveillance. "Il faudrait créer des systèmes d'alerte, avant d'édicter de nouvelles règles. Il faudrait créer un baromètre des activités financières, qui prévienne de la surchauffe. Pourquoi a-t-on laissé le système s'emballer à ce point ?, s'interroge-t-elle, faussement naïve. La fragilité du système était connue. Mais les intervenants y gagnaient, au jour le jour. Le monde a oublié qu'on ne pouvait vivre à court terme. Il faut donc que des gens ayant une vue d'ensemble mettent en place des signaux, plutôt que d'attendre qu'il y ait le feu." Pour rappeler à tout un chacun, cette règle de base de l'économie selon laquelle plus on gagne, plus on risque, aussi, de perdre.
Annie Kahn
Sterd
 
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Message par titi » 03 Oct 2008, 20:21

le capitalisme, quel gachis de matière grise
titi
 
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