Un vent de révolte en Grèce

Dans le monde...

Message par shadoko » 12 Déc 2008, 16:35

a écrit :
D'ailleurs j'aurais pu la fermer, mais vu que c'est déjà la deuxième fois qu'on entend des critiques contre ce qui est une manifestation inévitable de la colère des masses et qui se présentera toujours quand il y aura une explosion social, je trouvait important de faire cette critique.

Il est sûrement inévitable qu'il y ait une certaine violence lors d'une explosion sociale, et si ça la défrise, la bourgeoisie n'a qu'à s'en prendre à elle-même car c'est elle qui fait bouillir la marmite.
Mais en face d'une situation concrète (par exemple la Grèce aujourd'hui), il faut distinguer ce qui sert le mouvement, et ce qui joue en sa défaveur. Or, si l'on en croit ce qui est rapporté (par exemple par le correspondant LO), ça n'a rien d'extraordinaire de dire que ce n'est pas ce genre d'actions plus ou moins violentes, destructrices et gratuites (qui ne sont pas anecdotiques dans le cas présent) qui vont aider à la généralisation et à l'extension du mouvement. Selon moi, c'est le sens de l'article, et non pas une polémique à retardement avec une partie de l'extrême gauche (française). LO n'a pas pour habitude de polémiquer à mots couverts dans son journal, qui ne s'adresse pas à cette extrême gauche (sauf articles ponctuels, bien sûr, mais c'est rare).
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Message par com_71 » 12 Déc 2008, 16:36

(Vérié @ vendredi 12 décembre 2008 à 15:50 a écrit : A la première fête de LO, j'ai le souvenir d'un stand où on pouvait lancer des pavés sur des mannequins de CRS. LO, même si elle avait manqué le coche au début (CF le fameux texte "la violence hors de l'histoire") revendiquait donc fièrement ces affrontements et ces violences, et bénéficiait même, comme tous les groupes de l'époque, de leur popularité.

Alors pourquoi aujourd'hui se démarquer ainsi de façon "respectable" d'actes qu'on a approuvés hier, ou du moins dont on a pas éprouvé le besoin de se démarquer de la même manière ?

Vérié affirmant sans rire qu'en 1968 VO a "approuvé" les événements de l'automne 2005 en France. :roll: :roll: :roll:

Quant au coche manqué, quelle fable !

Un texte, écrit quelques semaines avant les événement de mai 1968, et reprochant, à juste titre, à la JCR entre autres, un certain culte de la violence :

(Lutte de Classe n° 15 a écrit :Le rôle de la violence hors de l'histoire.

Depuis très longtemps, l’extrême-gauche française est à la recherche de la pierre philosophale capable de transmuter un faible groupe de militants en un parti influent. Reconnaissons-lui d’ailleurs qu’elle l’a cherchée dans maintes directions. La dernière en date, nous dit-on, serait l’organisation de manifestations «dures», acceptant, sinon provoquant l’affrontement avec la police. Une manière au fond de prouver, sinon ses capacités politiques, du moins ses capacités «militaires»...

Certes, aucun marxiste ne nie à priori que l’emploi de la violence soit nécessaire aux révolutionnaires.
Mais il ne s’agit pas pour nous d’une technique propre à mobiliser des couches sociales qui ne le sont pas, encore moins à montrer à ces couches sociales une oppression qu’elles subiraient sans s’en apercevoir...


Ce texte, dont les militants VO n'avaient pas à rougir, y compris devant les lazzis des JCR, dans la cour de la Sorbonne en 1968, n'a naturellement pas empêché VO de couvrir favorablement les événements de mai, dès leur début et même presqu'avant, dans sa presse. Comme en témoigne la réédition de tous ces textes, qui a été proposée, avec une certaine fierté, à la fête de LO 2008.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Vérié » 12 Déc 2008, 16:45

On s'éloigne doucement de la Grèce vers le HS, mais c'est un peu de ma faute. Les manifs étudiantes et les affrontements ont joué un rôle de détonateur incontestable en mai 68. Quand les salariés ont constaté que les étudiants avaient été capables de faire reculer le pouvoir "fort" de De Gaulle, ils se sont sentis encouragés à entrer en lutte. La violence des barricades est donc... entrée dans l'histoire.

Pour revenir au sujet du fil, on ne peut d'ailleurs exclure que les révoltes des jeunes encouragent les travailleurs à se révolter eux aussi. Nous devons en tout cas tout faire pour !
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Message par Vérié » 12 Déc 2008, 16:56

Il est certain que le ton des camarades du PO argentin, qui ont vécu eux-mêmes des événements de ce genre, est assez différent de celui de LO :
a écrit :
(...)
Los medios de prensa intentan cultivar la histeria entre la clase media contra los "hooligans sociales" que "explotan la desafortunada muerte del joven" y "destruyen la propiedad privada e incendian los bancos". La ex ministra de Educación Marietta Yannakou, que renunció como consecuencia del masivo movimiento estudiantil de 2006/2007, acusó a los "trotskistas de mediana edad (¡!) y anarquistas que encabezan los motines por medio de la Facultad de Derecho en Atenas".
(...)

Le PO dévonce les médias qui cherchent à dresser les classes moyennes contre les "hooligans sociales" qui détruisent la propriété privéen incendient les banques etc Et accusent les trotskystes et les anars de diriger les émeutiers !



a écrit :
La rebelión, por supuesto, no es manipulada por nadie. Pone de manifiesto la explosiva situación producida por la crisis capitalista mundial. La rebelión es expresión de una cólera de masas acumulada en el último período, cuando la joven generación vive sin futuro, en un presente de miseria bajo las peores condiciones de flexibilidad laboral, desempleo y continuo hostigamiento policial. Miles de chicas y chicos se identificaron con la víctima inocente, el joven Alexis Grigoropoulos, y su trágico final. A veces, la explosión de su bronca toma la forma de violencia ciega, como en la rebelión de 2006 en los suburbios de París - y esta es la razón por la cual muchos representantes de la clase dominante reclaman un "Sarkozy griego". Pero tanto en París como en Atenas, las causas reales son profundamente sociales, en realidad cuestiones de clase.


Le PO compare cette explosion avec celle de 2006 dans les banlieues françaises.
a écrit :
La dirección del KKE (stalinista) va todavía más lejos hacia la derecha, denunciando junto con el gobierno y la extrema derecha a... Synaspismos (ex eurocomunistas) como "protectores de los ‘hooligans' y provocadores". ¡La secretaria general del KKE, Aleca Papariga, calificó a los jóvenes manifestantes de "talibanes", creados por los servicios de inteligencia del Estado bajo los gobiernos del Pasok y Nueva Democracia y ahora fuera de su control! Recibió un elogio entusiasta del gobierno derechista y hasta del fascista y antisemita dirigente de la extrema derecha.

Le PO critique aussi la direction du KKE (PC grec) qui accuse les gauchistes d'être les "protecteurs des hooligans et des provocateurs". Le KKE a même traité les jeunes manifestants de "Talibans" et été chaudement félicité par le gouvernement de droite et les fasciste.
Ca nous rappelle vraiment mai 68...



__

Ah doublon, Convidado n'avait pas encore traduit...
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Message par shadoko » 12 Déc 2008, 17:41

("El Convidado" a écrit :
Il verra ce qui est vraiment important.

Je ne sais pas si j'ai été très clair. Je ne dis pas que "ce qui est important" dans ce mouvement, ce sont ces actes de destruction (et d'ailleurs, je me fous totalement qu'ils brûlent les banques, on s'en remettra). Je dis simplement que dans un tel mouvement, il ne faut pas faire fuir les travailleurs. Et le meilleur moyen de les faire fuir, c'est justement de transformer ça en une bataille rangée et violente de quelques uns avec la police (si on reste sur ce terrain, on ne peut que perdre). Bien sûr, le plus important, c'est le reste, et comme le dit d'ailleurs l'article de LO (le gras est de moi)
a écrit :
On comprend donc l'explosion de colère d'une jeunesse, y compris la jeunesse étudiante, qui ne se voit d'autre avenir que celui de chômeurs ou de travailleurs précaires dans une société en crise. C'est avec raison qu'elle s'en prend au gouvernement et à ses représentants, et sa colère est certainement partagée par une grande partie des travailleurs et des couches populaires. Mais il est certain que les actions violentes, destructrices et gratuites, ne sont pas celles qui peuvent le mieux entraîner celles-ci dans la lutte. Or, au-delà de la protestation contre l'action odieuse de la police, c'est bien le problème posé par toute la situation.

Toi, Convidado, tu dis (en substance): "Vive la jeunesse grecque, point barre". LO dit (toujours en substance) "Vive la jeunesse grecque, comment faudrait-il faire pour que ça s'étende, vu ce qui se passe actuellement?". Ça n'est pas une préoccupation ridicule, il me semble.
shadoko
 
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Message par Vérié » 12 Déc 2008, 18:02

(shadoko @ vendredi 12 décembre 2008 à 17:41 a écrit : LO dit (toujours en substance) "Vive la jeunesse grecque, comment faudrait-il faire pour que ça s'étende, vu ce qui se passe actuellement?". Ça n'est pas une préoccupation ridicule, il me semble.

C'est une interprétation...la tienne.
Cet article de LO n'est certes pas infâmant, mais je vois plutôt dans ce passage une volonté totalement inutile de se démarquer des "violences", d'autant plus inutile qu'on n'est pas sur place. Et je préfère de très loin le ton et le contenu de l'article du PO argentin qui critique, non pas les violences, mais ceux qui s'en prennent aux révoltés en prenant les violences pour prétexte, à savoir la presse, la droite et les staliniens. (Et peut-être aussi le PASOK ? Je n'en sais rien...)

Ce qu'il faut faire exactement pour étendre le mouvement ? Commencer par dire :
"Vive la jeunesse grecque qui montre l'exemple par sa détermination et son courage !"

Encore une fois, pourquoi les jeunes n'auraient-ils pas envie de rendre coup pour coup aux bandes armées du capital, après avoir vu assassiner l'un des leurs ? Au nom de quels principes leur refuserait-on cette légitimité ? La haine de classe et la haine contre son appareil de répression seront de toute manière des composantes déterminantes d'une révolution, si nous en connaissons une un jour.
"Le sang de nos frères réclame vengeance. Plus rien n'arrêtera la colère des masses !", c'est un chant que nous connaissons tous, non ?
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Message par Sterd » 12 Déc 2008, 18:29

Sterd
 
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Message par Vérié » 12 Déc 2008, 18:30

Même Filoche a des retours de flamme ! Assez étonnant, non, pour un type qui n'arrête pas de raconter que les révolutionnaires sont des ringards ? :33:

a écrit :
Ils disent "violences, violences, violences" sur nos chaînes de télé pour parler d’Athènes de Salonique ou de Rhodes, mais...
Vive la jeunesse et les salariés grecs !

Face à l’exploitation par les capitalistes, banquiers, actionnaires fauteurs de “crise”, la première explosion sociale européenne a lieu en Grèce ! Les manifestants disent pour la première fois dans un pays d’Europe, qu’ils veulent de l’argent pour l’éducation pas pour les banquiers banqueroutiers... Nous sommes solidaires !
Ils se soulèvent contre une droite et un patronat arrogants, ils ne supportent pas que la police ait tué délibérément un jeune homme, Andréas Grigoropoulos, âgé de 15 ans. Halte à la droitisation policière des institutions, à Athènes comme ici à Paris. Les confédérations syndicales appellent mercredi 11 décembre à une grève générale dans tout la Grèce. C’est un nouveau mai 68 comme il va y en avoir partout, et en France aussi, pour dire que le cynisme des banquiers de grandes multinationales capitalistes qui ont coulé l”économie mondiale et croient qu’ils peuvent continuer à la piller comme avant, en Grèce, en France et partout, ça suffit !

Vive la jeunesse et les salariés grecs qui manifestent en ce moment et feront grève mercredi, vivent leurs revendications légitimes, non à la répression qui les frappe, et non à nos médias qui présentent déjà cela à la sauce Sarkozy comme s’ils s’agissaient de “casseurs”.

Pour l’heure en France, halte aux licenciements abusifs et boursiers ! Les capitalistes français se ruent sur l’aubaine et font des plans sociaux pour faire payer LEUR crise aux salariés. Sarkozy dont c’est le monde, l’idéologie, la politique qui s’effondre, a prétendu qu’on ne pouvait empêcher les licenciements et les salaires : c’est pourtant bien cela la seule réponse a la crise, empêcher les licenciements abusifs, boursiers et sans cause réelle et sérieuse, et augmenter massivement les salaires pour permettre la relance. Il n’y a pas d’autre alternative : aucune confiance aux banques, et aux banquiers, aucune confiance aux actionnaires et aux spéculateurs ! Confiance en ceux qui travaillent et qui produisent, et qui consommeront, si on protége leur emploi face au chantage et si on leur donne immédiatement les hausses de salaires indispensables à la relance. En urgence : Smic à 1500 euros, 200 euros pour tous, et contrôle de la puissance publique par une loi d’urgence qui permette de suspendre tous les licenciements boursiers.

Gérard Filoche, lundi 9 décembre 2009
Vérié
 
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Message par Wapi » 12 Déc 2008, 18:33

Vérié, Convivado, est-ce que l'idée qu'il manquait à la jeunesse et aux travailleurs grecs un parti communiste digne de ce nom vous a-t-elle seulement effleurée ?

Si vous n'avez pas cette idée à l'arrière-plan de tous vos soucis d'interprétation politique, c'est que vous n'êtes pas léninistes, et que vous ne pourrez donc jamais être d'accord avec LO dans l'appréciation de ces mouvements.

C'est un peu lapidaire, mais comme c'est le style de mon ami le Convive, il sait que ce n'est pas écrit pour le vexer.
Wapi
 
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