La légion d'honneur

Rien n'est hors-sujet ici, sauf si ça parle de politique

Message par Wapi » 09 Jan 2009, 00:47

Parfois, ces décorations, et il n'y a pas que la légion d'honneur loin de là dans les palmes que décerne la bourgeoisie ne sont attribuées qu'à un seul mais sont un signe envoyé en direction de tout une équipe de travail, c'est vrai surtout dans les milieux scientifiques et de la recherche. Du coup, c'est plus compliqué de refuser au
nom des autres que de soi même, quand on est celui qui se trouve honoré par délégation. On se fait mousser par héroïsme à deux sous, mais on envoie un balader ses subordonnés auxquels on peut demander quand même leur avis ... pas sûr que ce soit alors ni très sympa ni du même coup très politique de décider tout seul.

Maintenant, ce n'est pas la même chose de recevoir une décoration et de la porter.
Wapi
 
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Message par Vérié » 09 Jan 2009, 08:34

a écrit :
"On prétend que la Légion d’Honneur est un hochet. Et bien, c’est avec des hochets que l’on mène les hommes. >>
Napoléon Bonaparte (qui a créé la légion d'honneur.


Certains tiennent beaucoup à ce Hochet, tel Papon qui s'est fait enterrer avec, bien qu'on lui ait officiellement retiré. Parmi les récents titutaires : Ingrid Bétancourt.

Un certain nombre de gens l'ont refusé par dignité :

a écrit :

Wikipedia
Ils refusèrent la décoration : le dramaturge Népomucène Lemercier refusant de prêter serment à l’Empereur et à sa dynastie, La Fayette, le poète Jean-François Ducis (qui préférait « porter des haillons que des chaînes »[9]), Gérard de Nerval, Nadar, George Sand (qui écrivit au ministre qui lui proposait la croix : « Ne faites pas cela cher ami, je ne veux pas avoir l’air d’une vieille cantinière ! »), Honoré Daumier (qui déclara : « Je prie le gouvernement de me laisser tranquille ! »), Littré, Gustave Courbet, Guy de Maupassant, Maurice Ravel (qui refuse immédiatement cette distinction, sans donner de justification), Pierre et Marie Curie (Pierre, à qui l’on proposait la croix, rétorqua simplement : « Je n’en vois pas la nécessité »), Claude Monet, Georges Bernanos[10], Eugène Le Roy, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir,
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Message par Matrok » 09 Jan 2009, 11:22

(Vérié citant Wikipédia a écrit :Un certain nombre de gens l'ont refusé par dignité :
a écrit :... Maurice Ravel (qui refuse immédiatement cette distinction, sans donner de justification)...


Tiens, d'ailleurs, au sujet de la petite phrase citée plus haut, je l'avais entendue sous cette variante : ce serait Erik Satie qui aurait dit quelque chose du genre "Ravel a refusé la légion d'honneur, mais toute sa musique la réclame."
Matrok
 
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Message par Wapi » 09 Jan 2009, 12:18

(Vérié @ vendredi 9 janvier 2009 à 07:34 a écrit :
a écrit :
"On prétend que la Légion d’Honneur est un hochet. Et bien, c’est avec des hochets que l’on mène les hommes. >>
Napoléon Bonaparte (qui a créé la légion d'honneur.


Certains tiennent beaucoup à ce Hochet, tel Papon qui s'est fait enterrer avec, bien qu'on lui ait officiellement retiré. Parmi les récents titutaires : Ingrid Bétancourt.

Un certain nombre de gens l'ont refusé par dignité :

a écrit :

Wikipedia
Ils refusèrent la décoration : le dramaturge Népomucène Lemercier refusant de prêter serment à l’Empereur et à sa dynastie, La Fayette, le poète Jean-François Ducis (qui préférait « porter des haillons que des chaînes »[9]), Gérard de Nerval, Nadar, George Sand (qui écrivit au ministre qui lui proposait la croix : « Ne faites pas cela cher ami, je ne veux pas avoir l’air d’une vieille cantinière ! »), Honoré Daumier (qui déclara : « Je prie le gouvernement de me laisser tranquille ! »), Littré, Gustave Courbet, Guy de Maupassant, Maurice Ravel (qui refuse immédiatement cette distinction, sans donner de justification), Pierre et Marie Curie (Pierre, à qui l’on proposait la croix, rétorqua simplement : « Je n’en vois pas la nécessité »), Claude Monet, Georges Bernanos[10], Eugène Le Roy, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir,

Est-il arrivé à des camarades du forum d'accepter ou de refuser la médaille du travail ou les palmes académiques ou autres décorations, prix, ou approchants et si oui pour quelles raisons ?

PS : Je remarque que dans cette liste de "grands" qui n'ont pas voulu de la croix, il y a quelques fieffés salopards comme George Sand ou Maupassant . Il n'y a qu'à voir ce qu'ils ont écrit sur les communards par exemple, comme G. Sand lorsqu'elle écrit à Flaubert : "Cette Commune est une crise de vomissements, les saturnales de la folie..."

Bravo.

Quand au lettré Littré, il ne vaut guère mieux : « J'abhorre la guerre que le prolétariat parisien vient de susciter. Il s'est rendu cruellement coupable à l'égard de la patrie, ivre qu'il était de doctrines farouches : le devoir étroit des gouvernements est de réprimer fermement le socialisme dans ses écarts anarchiques. »

Re-bravo.

Etc, etc ...

Le refus de la rosette ne suffit pas à fabriquer quelqu'un de bien. C'est juste un petit plaisir un peu gauchiste qu'on se fait à applaudir ces intellectuels parfois tout autant bourgeois que leurs décoreurs, mais pas plus ni pas moins.
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Message par Matrok » 09 Jan 2009, 12:40

(Wapi @ vendredi 9 janvier 2009 à 11:18 a écrit : Le refus de la rosette ne suffit pas à fabriquer quelqu'un de bien.
Certes, mais enfin personne n'a dit ça ici...
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Message par com_71 » 09 Jan 2009, 12:55

(Wapi @ vendredi 9 janvier 2009 à 12:18 a écrit :
Est-il arrivé à des camarades du forum d'accepter ou de refuser la médaille du travail ou les palmes académiques ou autres décorations, prix, ou approchants et si oui pour quelles raisons ?
Les médailles du travail sont décernées sur demande du salarié par le ministère du travail, au bout de certains laps de temps correspondant à une hiériarchie de métaux se terminant par "grand or" je crois (40 ans de salariat).

Certaines entreprises y font correspondre des primes (j'ai connu un mois ou 1,5 mois de salaire) qui incitent le salarié à faire la demande. Elles peuvent exiger pour verser la prime la présentation du diplome à aller rechercher en mairie.

Les entreprises peuvent se faire remettre une médaille physique (mais en toc) que le chef d'établissement adore épingler lui-même aux salariés au cours d'une sauterie à laquelle on peut se dispenser d'assister.

Ma dernière médaille -physique- avait été ainsi demandée à la suite d'une erreur d'une secrétaire qui aurait du mieux se renseigner. A la suite de la cérémonie elle est donc restée, bien embêtée, avec une médaille sur les bras et ne savait vraiment pas qu'en faire :roll: . En privé elle m'a demandé de la décharger de son fardeau :roll: , ce que j'ai fait.

Je crois sans en être sûr que ce bout de métal a terminé dans une poubelle.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Bertrand » 09 Jan 2009, 13:06

(Wapi @ vendredi 9 janvier 2009 à 12:18 a écrit :
...Est-il arrivé à des camarades du forum d'accepter ou de refuser  les palmes académiques ...

Accrochée au mur de ma classe pendant des années et exposée lors de mon pot de départ :D
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Message par Wapi » 09 Jan 2009, 13:08

:D
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Message par Bertrand » 09 Jan 2009, 17:47

Dans Lutte Ouvrière de cette semaine

a écrit : Michelle Audin refuse la Légion d'honneur et l'amnésie d'État
Trois personnes viennent de refuser la Légion d'honneur que leur destinait le président de la République en ce début d'année.


Ainsi les journalistes Françoise Fressoz (Le Monde) et Marie-Ève Malouines (France Info) ont souligné qu'elles n'avaient pas sollicité cette décoration et que rien d'exceptionnel dans leur parcours professionnel ne la justifiait. Françoise Fressoz a même ajouté que, « pour exercer librement sa fonction, un journaliste doit rester à l'écart des honneurs ».

Le troisième refus provient de la fille de Josette et Maurice Audin, Michelle Audin. Mathématicienne comme son père, elle a motivé son refus au président de la République. Dans sa lettre, elle suppose que cette distinction entend récompenser ses recherches mathématiques. Mais elle n'a pas oublié que, lors de la prise de fonction présidentielle, sa mère avait écrit à Sarkozy pour lui demander que toute la vérité soit faite sur la mort de son mari, torturé et assassiné en 1957 par des parachutistes de l'armée française pendant la bataille d'Alger. Celle-ci, conduite par le général Massu, institua l'usage de la torture contre les partisans de l'Algérie indépendante, avec le quitus du gouvernement dirigé par le « socialiste » Guy Mollet, qui entendait que l'Algérie reste française.

Le 11 juin 1957, Maurice Audin, professeur de mathématiques de 25 ans, anticolonialiste et militant du Parti Communiste Algérien interdit depuis 1955, était arrêté à son domicile d'Alger par des parachutistes. Il devait mourir le 21 juin 1957 au cours d'une séance de torture, étranglé par le lieutenant Charbonnier. Les parachutistes maquillèrent l'assassinat en une tentative d'évasion. Le corps du « porté disparu » ne fut jamais retrouvé. Paru en 1958, un livre, La Question, écrit par Henri Alleg, militant du PCA, ami d'Audin, arrêté et torturé lui aussi, allait dénoncer l'usage de la torture. Alleg a donné un échantillon des propos des officiers pendant qu'ils le torturaient : « Tu sais ce que c'est la Gestapo ? Tu vas disparaître. Personne ne sait que tu es arrêté, tu vas crever et ta putain de République, on la foutra en l'air aussi ! »

Plusieurs tentatives de Josette Audin d'obtenir réparation en justice, à l'époque et encore en 2001 sous Jospin, se sont soldées par des non-lieu ou des appels rejetés, sans parler du décret d'amnistie promulgué par l'État français dès 1959 pour les crimes de l'armée lors des « opérations de maintien de l'ordre contre l'insurrection algérienne ».

Cinquante ans après, Josette Audin estimait qu'il restait des témoins susceptibles de faire la lumière sur les circonstances précises de la mort de son mari. Un des protagonistes, le général Aussaresses, supérieur hiérarchique de Charbonnier, n'avait-il pas fait des demi-aveux sur les circonstances ? Josette Audin espérait aussi que l'État français reconnaîtrait que ses représentants avaient usé de la torture et condamnerait cette pratique.

Mais l'amnésie de l'État, quand il s'agit de ses crimes, est en général durable. Heureusement, la famille Audin n'a pas la mémoire courte. Et c'est parce que le président Sarkozy n'a même pas daigné répondre à la lettre de sa mère que Michelle Audin a refusé la Légion d'honneur. Comment, il est vrai, aurait-elle pu accepter une décoration que l'État français avait jadis remise au tortionnaire de son père ?

Jacques FONTENOY
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Message par com_71 » 10 Jan 2009, 00:50

(Michelle Audin a écrit :Lettre (ouverte) à Monsieur le Président de la République
Monsieur le Président,
Par une lettre datée du 30 décembre 2008, vous m’informez de votre décision
de me décerner, sur la réserve présidentielle, le grade de chevalier de la Légion
d’honneur.
Je suis très heureuse, Monsieur le Président, de cet intérêt montré à ma
contribution à la recherche fondamentale en mathématiques et à la popularisation
de cette discipline et je vous en remercie.
Monsieur le Président, il y a un an et demi, vous receviez une lettre (ouverte)
envoyée par ma mère, Josette Audin, qui vous demandait de contribuer à faire
la vérité sur la disparition de mon père, Maurice Audin, mathématicien lui
aussi, et disparu depuis le 21 juin 1957 alors qu’il était sous la responsabilité
de l’armée française.
A ce jour, vous n’avez pas donné suite à cette demande. Vous n’avez
d’ailleurs même pas répondu à cette lettre.
Cette distinction décernée par vous est incompatible avec cette non-réponse
de votre part. Vous me voyez donc au regret de vous informer que
je ne souhaite pas recevoir cette décoration.
Je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’expression de mon respect,
A Strasbourg, le 1er janvier 2009
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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