a écrit :
« Quelle école maternelle
pour nos enfants »
livre d'Alain Bentolila
Editions Odile Jacob
janvier 2009
153 pages
18 €
DEFENDRE ET REFONDRE L'ECOLE MATERNELLE!
Sachant que Xavier Darcos avait reçu en décembre 2007 un rapport d'une quarantaine de pages, co-rédigé par Alain Bentolila, je m'inquiétais quelque peu de retrouver dans ce livre quelques propos scandaleux . Le ministre n'avait-il pas déclaré quelques mois après, le 3 juillet 2008 que les professeurs en maternelle faisaient faire des siestes et changeaient les couches!?
J'ai été rassuré très vite, dès les premières pages de ce livre d'analyse et de propositions. J'avoue même que ce professeur de linguistique m'a intéressé, voire passionné.
Dommage que tous ces chercheurs ou spécialistes finissent par rédiger des rapports à des gouvernement réactionnaires qui rêvent de casser l'école publique!
La connaissance de l'enfant et de son évolution sont le point de départ de ce livre, ce qui contribue à donner à l'enseignant ou même au parent curieux des pistes de compréhension. Effectivement, d'ailleurs, comme le propose Alain Bentolila, une formation sérieuse et approfondie sur ces questions et d'autres contribuerait à donner des outils adaptés et solides à tous les enseignants et à toutes les enseignantes de maternelle qui ont une double mission d'instruction et d'éducation, indispensable, fondamentale même.
La priorité de l'école maternelle qui devrait constituer à elle seule le premier cycle d'enseignement est de donner à tous les enfants, quelles que soient leurs origines et leurs acquis « une maîtrise de la langue qui leur permette, une fois élucidés les mécanismes du code écrit, de construire avec respect et audace le sens du texte d'un autre. »
L'acquisition d'un vocabulaire le plus riche et précis possible pour une maîtrise de la langue orale ou écrite passe inévitablement par des séquences d'acquisitions systématiques, de lecture d'histoires, de conversation permettant à chaque enfant de parler et de se construire un bagage.
Mais comment faire pour pouvoir aider chacun alors que les tout petits sont à plus de trente élèves par classe? :
Passer à un effectif de 15 par enseignant(e) ou faire intervenir, en plus et pas à la place des hussards du savoir, d'autres personnels?
Je suis assez facilement l'auteur de ce livre quand il propose une scolarisation obligatoire des enfants à trois ans, une préparation des instituteurs et institutrices à une excellente maîtrise de la lecture et des échanges réguliers, institutionnalisés chaque trimestre entre chaque parent et l'enseignant.... Par contre je suis plus que réservé sur la question des enfants de deux à trois ans même si je reconnais que sur ce terrain il avance sans nier la réalité et sans mettre en projet la fin de la scolarisation à cet âge:
il faudrait, d'après lui : « créer les conditions sociales d'un désengagement progressif de l'école maternelle de la scolarisation à l'âge de deux ans et, en attendant, veiller à un accueil honorable des tout-petits ».
Il y a là un sujet de réflexion à poursuivre et à approfondir car si les conditions des accueils des tout petits de deux ans ne se sont pas satisfaisantes à l'école, le nombre de crèches est insuffisant et seul le cadre de l'Education Nationale peut offrir un accueil éducatif de qualité.... mais il est certain qu'il faut des moyens et descendre les taux d'encadrement à au moins un enseignant pour dix élèves.
Cet ouvrage à un double mérite, c'est d'être accessible au plus grand nombre et de formuler des propositions concrètes pour une meilleure réussite des élèves.
Jean-François CHALOT