Déclaration de la plate-forme C

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par Louis » 16 Juil 2003, 19:37

Ni Ramulaud, ni tête-à-tête avec LO, mais nous engager dans la construction
d'une alliance anticapitaliste 1. La mobilisation de mai-juin 2003, la plus
puissante en France depuis mai-juin 1968, a profondément modifié la
situation politique. En réaction à l'offensive de Chirac-Raffarin et du
Medef se développe en effet un nouveau mouvement de masse, en rupture avec
la gauche capitaliste et les bureaucraties syndicales. Après les
mobilisations antifascistes, altermondialistes et anti-guerre, ce sont les
salariés qui ont fait irruption sur le devant de la scène. La victoire du
gouvernement, qui a imposé l'essentiel de son plan sur les retraites et la
décentralisation, est partielle et précaire. Le sentiment dominant parmi
ceux qui se sont mobilisés est que ce mouvement n'a été que le premier round
d'une lutte de longue haleine qui va se poursuivre. Dès cet été, la lutte
des intermittents du spectacle prolonge le mouvement en défense des
retraites et confirme la réalité du tournant politique. 2. Parmi les traits
originaux du mouvement de mai-juin, il faut relever, outre sa massivité et
sa détermination :
- la force de l'auto-organisation chez les enseignants ainsi qu'à travers
les assemblées et coordinations interprofessionnelles ;
- les regroupements militants (interpros, comités de résistance, etc.) qui
se maintiennent à l'issue du mouvement sur des bases radicales, avec une
dynamique anticapitaliste ;
- la conscience largement répandue que le combat engagé est global ; que ce
qui est en jeu est un choix de société ; que la gauche ex-plurielle avait
préparé le terrain à la droite et continue pour l'essentiel de se situer
dans la même logique politique ; qu'une alternative est à construire en
dehors de ses partis ;
- le fait que les directions syndicales aient suppléé la gauche ex-plurielle
discréditée afin d'empêcher l'ouverture d'une crise politique, en assumant
directement un rôle de syndicat jaune (CFDT) ou en chevauchant et bridant la
mobilisation (CGT, FO, FSU, UNSA) ;
- la présence des organisations d'extrême gauche (LCR, PT, LO) et des
courants libertaires comme seules forces politiques organisées à avoir
construit le mouvement. 3. Les débats qui ont été menés depuis un an dans la
LCR sur :
- le caractère profond ou bien superficiel (“ seulement électoral,
superstructurel ”) du 21 avril 2002,
- les conséquences du vote Chirac du 5 mai avec la forme d'union nationale à
laquelle il avait en partie donné lieu, concrètement le fait de savoir si
les rapports sociaux et politiques du 5 mai avaient, ou non, pris le pas sur
ceux du 21 avril,
- la nécessité ou non, la présence ou l'absence d'un “ événement fondateur
”,
- la présence ou l'absence de “ partenaires ”,
- la possibilité ou l'impossibilité de mener la lutte pour la nouvelle force
politique “ en terme de structures organisationnelles ”,
- la pertinence ou non d'une stratégie de “ front des révolutionnaires ”
axée sur l'unité voire même sur une perspective de fusion LCR-LO…

… tous ces débats ont été tranchés ou devraient, pour le moins, se trouver
aujourd'hui dépassés. Il est en effet évident que mai-juin 2003 a traduit
dans la lutte de classes les rapports sociaux et politiques qui s'étaient
exprimés dans le premier tour de l'élection présidentielle et qui, comme le
montre déjà la lutte des intermittents du spectacle, vont maintenant
continuer de se développer. Le 21 avril au niveau électoral, puis mai-juin
2003 dans la lutte de classes, ont “ fondé ” une nouvelle situation, si ce
n'est une nouvelle période politique, dans laquelle nous avons comme “
partenaires ” potentiels des dizaines de milliers de militants dont une
partie commence à discuter le problème de l'alternative politique, dans des
“ structures organisationnelles ” issues du mouvement, tandis que d'autres “
structures organisationnelles ” se sont constituées pour répondre
spécifiquement à cette question (en particulier, l'appel Ramulaud à droite
et l'appel de Marseille à gauche). Parallèlement, des aspects centraux de la
politique suivie en mai-juin par LO, avec son refus d'un développement
démocratique de l'auto-organisation basé sur le mandat et son opposition à
la bataille pour la grève générale, l'ont située dans une assez large mesure
en porte-à-faux vis-à-vis de l'aile marchante du mouvement et à la remorque
des bureaucraties syndicales. 4. Face au vide politique à gauche contrastant
avec le caractère profondément politique des mobilisations et au rôle
central que l'extrême gauche trotskyste et libertaire y a joué, il était
inévitable que des forces néoréformistes allument un contre-feu : telle est
la signification de “ l'appel pour une alternative à gauche ” (Ramulaud).
Lancé à l'initiative de diverses composantes de l'ex-gauche plurielle
(refondateurs du PCF, partie du courant Nouveau Monde du PS derrière
l'ancien ministre Mélenchon, actuelle direction des Verts), ce texte
préconise la formation d'un front antilibéral qui ne serait pas
anticapitaliste et qui ne s'opposerait pas frontalement à la politique et
aux appareils des partis de l'ex-gauche plurielle. Cette expression de la
ligne politique qui prétend revenir à un capitalisme “ régulé ” et plus “
humain ” a pour but de ramener les acteurs du mouvement de mai-juin sur le
terrain de la gauche gestionnaire désavouée et rejetée, et de faire ainsi
obstacle à l'émergence d'une alternative anticapitaliste. La signature de ce
texte par certains responsables de la LCR est une erreur grave. Il faut se
délimiter politiquement de Ramulaud de la façon la plus claire, en
soulignant son caractère profondément trompeur et illusoire, en insistant
sur le fait qu'aucune politique “ antilibérale ” n'est possible sans
s'attaquer au capitalisme et à l'impérialisme (c'est une leçon des
expériences gouvernementales de Jospin en France et de Lula au Brésil), donc
sans lutter pour construire un pouvoir de classe alternatif. 5. Mais cette
délimitation indispensable perdra beaucoup de force si la Ligue ne se montre
pas capable, dans le même temps, de prendre des initiatives permettant
d'avancer effectivement vers la nouvelle force anticapitaliste. Olivier
Besancenot dans son article du 11 juillet publié dans Libération conclut sur
la nécessité de construire cette nouvelle force. Encore faut-il des actes.
D'ailleurs, Ramulaud tire pour une large part sa capacité d'attraction du
fait que nous ne faisons rien. “ Eux au moins, ils agissent pour une
nouvelle force unitaire ”, se disent de nombreux militants qui sont souvent
proches des positions de la LCR. Pire encore, si nous continuons à nous
contenter d'une politique d'autoconstruction, éventuellement accompagnée
d'un accord électoral avec LO (l'une n'étant nullement incompatible avec
l'autre), nous risquerions de nous retrouver en arrière du mouvement de
radicalisation politique qui se développe aujourd'hui et même d'apparaître
comme “ un parti comme les autres ”, dont la pratique différerait du
discours et qui serait incapable de se remettre en question afin de s'élever
à la hauteur des nouveaux défis. Pour pouvoir au contraire œuvrer au
dépassement nécessaire, il convient d'abandonner la théorie complètement
hors du temps, ne prenant en compte ni les coordonnées de la nouvelle
période, ni les différences historiques et politiques, ni ce qu'il se passe
aujourd'hui sous nos yeux, selon laquelle un nouveau parti de travailleurs
ne pourrait surgir que d'un processus comparable à celui de la formation du
PT brésilien, c'est-à-dire grâce à l'engagement sur le terrain politique
d'une couche de dirigeants syndicaux. Il en va de même avec la théorie de “
l'unité des révolutionnaires ” (unité LO-LCR). Nos “ partenaires ” pour la
nouvelle force politique sont avant tout les dizaines de milliers de
militants qui constituent l'aile marchante des luttes actuelles. 6. Il
s'agit donc d'engager maintenant, “ par en haut ” (appel de la LCR, contacts
avec l'ensemble des courants politiques se réclamant de la lutte contre le
système capitaliste) et “ par en bas ” (regroupements locaux dans ou vers
des collectifs unitaires anticapitalistes), le travail de construction d'une
alliance anticapitaliste, ancrée dans les luttes et visant à formuler, à
partir des aspirations qui s'en dégagent, une alternative politique en terme
de programme et d'organisation. Dans ce sens, l'objectif des forums qui
pourront être organisés ne devrait pas être limité à l'organisation de
débats, mais viser dans le même temps à la mise en place, la consolidation
ou l'élargissement de cadres d'action commune. Comme avec les alliances
socialistes anglo-saxonnes (Ecosse, Australie, Angleterre/Pays de Galles),
le développement d'interventions et de campagnes politiques communes dans un
cadre de centralisation souple et fédératif devrait permettre d'avancer vers
l'objectif d'un nouveau parti pour la révolution et le socialisme, large,
unitaire et démocratique, en tant que nouvelle représentation politique des
travailleurs. L' “ Appel pour une nouvelle force anticapitaliste ” lancé
dans les Bouches-du-Rhône par un regroupement incluant notamment la LCR, un
courant issu du PCF et de nombreux militants du mouvement de mai-juin, appel
qui doit déboucher sur l'organisation à l'automne d'une “ Rencontre
régionale de la gauche anticapitaliste ”, constitue un point d'appui pour
développer cette bataille dans les autres régions et au niveau national. 7.
La politique électorale de la LCR pour les européennes et les régionales de
2004 ne peut être que le prolongement de son orientation politique de tous
les jours, elle même déterminée par les nécessités objectives de la période,
par les intérêts généraux des exploités et des opprimés. C'est pourquoi il
est indispensable que la rupture avec la gauche capitaliste soit nette et
sans bavure, avec notamment aucune consigne de vote pour “ battre la droite
” ni de fusion prétendument “ technique ” entre les deux tours, ni aucune
alliance avec la variante “ antilibérale ” de cette gauche représentée par
les composantes de l'appel Ramulaud. C'est pourquoi, aussi, la LCR ne peut
accepter ni les termes ni la méthode de la lettre de la direction de LO en
date du 28 juin. Un accord sur de telles bases serait un accord d'appareil
purement électoraliste, largement compris comme tel par les militants et les
travailleurs qui forment l'aile marchante des luttes. Car il ne serait pas
fait pour les associer à égalité à la construction du futur “ parti des
grèves ”, mais pour leur demander de bien voter et au mieux de rejoindre
l'une des organisations. Avec tous les courants et militants qui seront
prêts à participer à cet effort, nous devrons œuvrer à la formation de
listes traduisant à la fois la diversité et l'unité des anticapitalistes,
afin de donner une expression politique aux intérêts de classe des
travailleurs et, dans ce cadre, aux aspirations du mouvement de mai-juin.
Nous souhaitons un accord avec LO, seule autre force politique
anticapitaliste organisée à l'échelle nationale, pour impulser en commun de
telles listes. 12 juillet 2003
Louis
 
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Message par ianovka » 17 Juil 2003, 07:26

CITATION Parallèlement, des aspects centraux de la
politique suivie en mai-juin par LO, avec son refus d'un développement
démocratique de l'auto-organisation basé sur le mandat et son opposition à
la bataille pour la grève générale, l'ont située dans une assez large mesure
en porte-à-faux vis-à-vis de l'aile marchante du mouvement et à la remorque
des bureaucraties syndicales.[/quote]

:x Ils sont gonflés quand même les rédacteurs de ce texte !

Par contre bravo, très "in" l'expression "l'aile marchante du mouvement".

Au fait, la C c'est ta plate-forme ?
"Le capital est une force internationale. Il faut, pour la vaincre, l'union internationale, la fraternité internationale des ouvriers." Lénine
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Message par Louis » 17 Juil 2003, 10:02

CITATION Par contre bravo, très "in" l'expression "l'aile marchante du mouvement".
[/quote]

c'est normal, il l'ont repris a l'UCI :hinhin:

CITATION La chasse aux sorcières menée par le Parti Travailliste à Liverpool incita finalement Militant à sortir du Parti Travailliste. Mais ce fut son organisation écossaise qui fut l'aile marchante de ce tournant d'où le nom qu'on lui donna de "tournant écossais" en soumettant, en avril 1991, un document interne prônant la constitution d'une organisation indépendante[/quote]

sinon, nous sommes bien d'accord sur cette analyse ??

CITATION Face au vide politique à gauche contrastant
avec le caractère profondément politique des mobilisations et au rôle
central que l'extrême gauche trotskyste et libertaire y a joué, il était
inévitable que des forces néoréformistes allument un contre-feu : telle est
la signification de “ l'appel pour une alternative à gauche ” (Ramulaud).[/quote]

et

CITATION La signature de ce
texte par certains responsables de la LCR est une erreur grave. Il faut se
délimiter politiquement de Ramulaud de la façon la plus claire, en
soulignant son caractère profondément trompeur et illusoire, en insistant
sur le fait qu'aucune politique “ antilibérale ” n'est possible sans
s'attaquer au capitalisme et à l'impérialisme (c'est une leçon des
expériences gouvernementales de Jospin en France et de Lula au Brésil), donc
sans lutter pour construire un pouvoir de classe alternatif.[/quote]

Evidemment, vous ne serez pas d'accord avec

CITATION Il s'agit donc d'engager maintenant, “ par en haut ” (appel de la LCR, contacts
avec l'ensemble des courants politiques se réclamant de la lutte contre le
système capitaliste) et “ par en bas ” (regroupements locaux dans ou vers
des collectifs unitaires anticapitalistes), le travail de construction d'une
alliance anticapitaliste, ancrée dans les luttes et visant à formuler, à
partir des aspirations qui s'en dégagent, une alternative politique en terme
de programme et d'organisation[/quote]

mais l'objectif est la : se battre pour faire émerger une gauche clairement anticapitaliste par son programme, sa participation aux luttes, son positionnement clair et sans bavure (en particulier sur les consignes de votes etc) Personnelement, et il me semble m'etre déja exprimé ici dans ce sens, je suis contre un accord avec lo qui se limiterait a des tripatouillages electoraux mais je pense que l'accord lo lcr peut aussi déboucher sur l'ébauche d'un mouvement plus large, qui s'adresserais a tous ceux qui refusent la résignation de la gauche actuelle Il ne s'agit pas de chercher une vague "alternative" mais bien de construire le "parti de la grêve" dont nous avons besoin, et qui s'étendrais bien au delas du périmetre de nos deux organisations Sinon, nous permettrons a d'autres Ramulauds de s'établir comme des coucous dans le nid de la pseudo radicalité Est ce que la révolution y gagnerait ? Je suis sur du contraire !
Louis
 
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Message par ianovka » 23 Juil 2003, 11:42

On en saura plus après le congrès.
"Le capital est une force internationale. Il faut, pour la vaincre, l'union internationale, la fraternité internationale des ouvriers." Lénine
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Message par Barikad » 24 Juil 2003, 08:15

CITATION (vilenne @ mercredi 23 juillet 2003, 13:21)La plateforme C est-elle majoritaire/minoritaire/minorité la plus importante ?[/quote]
certainement en 3° positions
Barikad
 
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Message par boispikeur » 24 Juil 2003, 10:43

CITATION certainement en 3° positions[/quote]
Entre la B et la D quoi...




Bref, un C! :roll:
boispikeur
 
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Message par Jean » 25 Juil 2003, 10:16

CITATION (boispikeur @ jeudi 24 juillet 2003, 11:43) CITATION certainement en 3° positions[/quote]
Entre la B et la D quoi...




Bref, un C! :roll: [/quote]

D'autres plates-formes peuvent encore se déclarer :hinhin:

:wavey:

Jean
Jean
 
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Message par emma-louise » 01 Août 2003, 22:39

:bounce: :bounce: :bounce: la A2-bis par exemple...
emma-louise
 
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