Je recite un article de Combat Ouvrier (avril 2008) qui répond - partiellement - aux interrogations de Puig Antich.
(combat ouvrier a écrit :Guadeloupe
Élie Domota, nouveau secrétaire général de l'UGTG
L'Union Générale des Travailleurs de Guadeloupe (UGTG) a tenu son 12ème congrès du 2 au 5 avril dernier. C'est Elie Domota qui a été choisi par les ugtgistes pour succéder à Raymond Gauthierrot, le secrétaire général sortant. Elie Domota, cadre de l'ANPE, est un militant connu de l'UGTG qui a participé et dirigé diverses grèves en Guadeloupe et pas seulement à l'ANPE.
Lors de ce 12ème congrès, la direction de l'UGTG a tenu à bien expliquer qu'elle situait son action dans le cadre de la lutte de classe mais aussi avec l'indépendance Nationale de la Guadeloupe comme principal objectif. Donc, rien de nouveau par rapport aux années précédentes. On sait que ce qui fait la force de syndicat c'est sa réputation justifiée de combativité, et notamment le fait qu'il est capable, face à des patrons retors, d'aider les travailleurs à tenir le temps qu'il faut pour arracher tout ou partie de leurs revendications. C'est d'ailleurs plus là-dessus que sur l'affichage de ses convictions indépendantistes qu'est fondée sa popularité. Au moment où le principal mouvement indépendantiste de Guadeloupe, l'UPLG, avait subi des revers et un réel recul, les militants les plus convaincus, les plus combatifs s'étaient regroupés autour des syndicats nationalistes et avaient renforcé l'UGTG, faisant de celle-ci une véritable force combattante au sein des travailleurs.
Pour l'instant, son appartenance au camp indépendantiste n'a pas d'incidence politique sur la situation politique, pour la raison simple que les sentiments autonomistes ou indépendantistes dans la population ont en partie reculé. Car l'état colonial français, en tant qu'état d'une puissance riche, a joué sur les investissements divers et les améliorations matérielles de tous ordres pour faire reculer les anti-colonialistes, tout en leur donnant satisfaction sur certains points (reconnaissance politique de leurs organisations et leaders, reconnaissance officielle du créole, etc...).
Aujourd'hui, contrairement aux années 60 et 70, on peut être officiellement indépendantiste et faire partie des gestionnaires des institutions officielles (mairie, Région, département, assemblée nationale). Rappelons nous qu'en 1960 des anti-colonialistes divers de la fonction publique avaient été mutés d'office hors d'ici, pour avoir affiché leurs convictions autonomistes!
On n'en est plus là mais la population, dans ses diverses couches, a trouvé au travers des luttes et manifestations une façon de composer avec le dit colonialisme qui lui-même a fait donc des concessions et s'y prend de façon plus modérée, plus indirecte pour maintenir sa mainmise sur ses dits DOM et TOM. Il y a mis beaucoup plus d'argent, mis fin à certaines discriminations criantes et fait beaucoup de promotion des uns et des autres.
Mais il n'est pas dit qu'il pourra toujours continuer à mener cette politique. Notamment, en ce moment où le président français lui-même affirme qu'il n'y a plus d'argent dans les caisses et que les économies sont nécessaires. L'Etat, aujourd'hui, a tendance à rogner sur toutes les dépenses publiques. Il y a fort à parier que les dépenses pour les DOM-TOM sont celles qui seront parmi les premières à sérieusement diminuer. Quoiqu'il en soit on voit déjà - par la décentralisation - un véritable désengagement de l'Etat qui aura des conséquences sur l'emploi et le niveau de vie des populations de nos territoires.
En maintenant son drapeau indépendantiste, au travers de son activité syndicale, l'UGTG espère bien qu'à un tournant de la situation, à un moment donné, en tant qu'organisation indépendantiste, elle pourra reprendre l'initiative politique, et avec beaucoup plus de poids car s'appuyant sur le mécontentement des travailleurs, comme le faisaient les nationalistes dans les années 60/70 à 80.
Pour notre part, en tant que militants communistes, nous espérons et nous agissons pour que les poids des travailleurs, leur expérience de lutte, leurs organisations leur permettent de jouer un rôle primordial pour faire triompher leur point de vue sur l'organisation de la société. Ce qui est indispensable pour ne pas voir, à un tournant de la situation, des hauts fonctionnaires et politiciens de l'Etat colonial simplement remplacés un jour par des notables en mal de pouvoir et chargés de préserver les intérêts des capitalistes et possédants locaux et internationaux sévissant dans nos territoires. Et cela au détriment des intérêts des masses travailleuses et pauvres.
Il se pourrait que les deux positions que mettent en avant les militants de l'UGTG, à savoir la lutte de classe et l'indépendance nationale, deviennent, pour eux, contradictoires dans le développement de la lutte des travailleurs. L'UGTG sera-t-elle alors plus nationaliste que partisan de la lutte de classe? La question sera posée à travers la lutte des travailleurs. La classe ouvrière doit chercher à renverser la société bourgeoise et à mettre à sa place une organisation sociale contrôlée par les travailleurs en vue de leur émancipation. Ce n'est donc pas pour eux uniquement un problème «d'indépendance» qui se posera. Il s'agit bien finalement de leur propre émancipation à travers une société contrôlée par eux dans leurs entreprises, leurs quartiers.
Il est clair que si l'indépendance consiste à ce qu'une bande de notables, fussent-ils blancs, noirs, indiens et autres bourgeois compradors ou internationaux, se servent de la lutte des travailleurs pour mettre en place un pouvoir politique pour leur propre compte, les travailleurs devront s'y opposer et tenter par tous les moyens de construire leur propre pouvoir, en prenant la tête de toutes les formes de protestations anticolonialistes et de toutes les luttes sociales! Les travailleurs n'opposeront pas à leur propres buts les aspirations anti-colonialistes ou nationales, si elles se font jour. Mais agiront à l'intérieur de celles-ci pour parvenir à leurs propres buts conformes aux intérêts des larges masses, opposés à ceux d'une minorité de possédants, de notables et d'affairistes internationaux divers.
Aujourd'hui, on est évidemment loin d'une situation où ces problèmes se posent réellement, autrement qu'à l'état d'évaluation et de prise de position théorique, compte tenu de l'état des forces, du niveau des luttes aux Antilles et en France. Mais autant que l'UGTG insiste pour préserver son orientation indépendantiste, ce qui est son droit, autant il est nécessaire dans le camp des travailleurs de maintenir tout aussi clairement ce que sont les objectifs propres des travailleurs de ce pays, indépendamment de ceux des notables nationalistes de toute obédience, face aux problèmes politiques qui se posent aujourd'hui ou pour demain.
Retour en arrière :
(20 minutes 18 02 2009 a écrit :
Guadeloupe: Le syndicaliste «n'a pas été atteint par une balle perdue»
C'est la première victime du conflit en Guadeloupe. Un homme a été tué par une balle tirée «depuis un barrage tenu par des jeunes» vers 0h30, dans la nuit de mardi à mercredi à Pointe-à-Pitre. Selon les informations de 20minutes.fr, il s'agit d'un militant de la CGTG, la Confédération Générale du Travail de la Guadeloupe, la deuxième organisation syndicale sur l'île. Il s'agit de Jacques Bino, un agent des impôts. C'est un père de famille de 47 ans.
«Il venait de participer à un meeting à la Mutualité. On venait justement de décider de maintenir les barrages, mais de calmer les jeunes, nous explique Max Céleste, membre de la direction de Combat Ouvrier. Il y a des pillards, des jeunes incontrôlables. On voulait leur dire d'arrêter de faire n'importe quoi. Avec son frère, Jacques Bino est rentré chez lui en voiture, dans la cité Henri IV. Il approchait d'une barricade où des jeunes tiraient sur des policiers, quand, brusquement, il s'est effondré au volant après avoir été touché par une balle au thorax. C'était une balle perdue. Vus les premiers élements qu'on a, on ne peut incriminer la police. Son frère est choqué, mais il n'a rien.»Des policiers de la Bac intervenus sur place ont effectivement été visés et trois policiers ont été légèrement bléssés.
Pourtant selon les premiers éléments de l'enquête Jacques Bino n'a pas été atteint par une balle perdue, a affirmé mercredi le procureur de Pointe-à-Pitre, Jean-Michel Prêtre. Au terme des premières constatations, sa voiture a subi trois tirs dont les deux premiers ont visé le côté arrière-droit du coffre de la voiture et le troisième, mortel, a été «tiré par la fenêtre ouverte du passager assis à l'avant droit», a précisé le procureur lors d'une conférence de presse.
Le coup de gueule d'un camarade du syndicaliste tué
Pour Max Céleste, membre de la direction de Combat Ouvrier et qui côtoyait le militant CGTG décédé au sein du collectif LKP, «l'Etat français a créé une situation chaotique. Les jeunes deviennent incontrôlables, si le LKP n'avait pas fait preuve de sang froid et eu un service d'ordre efficace, il y aurait eu de nombreux dérapages bien plus tôt dans le conflit.» Selon Céleste, «la dégradation actuelle est terrible quand on voit que Jégo avait validé le dimanche 8 février un pré-accord entre patronat et syndicats. Mais ses aller-retours en métropole et le volte-face du gouvernement ont mené indirectement à ce drame. Tout comme des insultes racistes de certaines forces de l'ordre.»
Réunion d'urgence cet après-midi
Michèle Alliot-Marie a annoncé l'envoi sur place de quatre escadrons de la gendarmerie dès mercredi soir, en renfort .
Le début de la nuit avait déjà été le théâtre d'affrontements violents. Outre les trois policiers à Henri IV, trois gendarmes ont été légèrement blessés par des tirs d'armes à feu alors que les affrontements entre jeunes et forces de l'ordre se multipliaient. Plusieurs magasins ont été pillés à Pointe-à-Pitre et des barrages, dont certains enflammés, dressés sur plusieurs rues de la ville désertées par les habitants. Selon la préfecture, «des incendies se déclarent dans des commerces, essentiellement dans l'agglomération de Pointe-à-Pitre».
Ont notamment été pillés des magasins et entreprises appartenant au groupe béké martiniquais Bernard Hayot (GBH), notamment une concession Renault, un atelier de réparations auto rapides, un magasin de pneus et un hypermarché Carrefour.
Fusils à pompe
A Baie-Mahault, à dix kilomètres de Pointe-à-Pitre, de violentes échauffourées ont opposé dès 19 heures mardi (minuit en métropole) une centaine de jeunes à des gendarmes mobiles.
Selon le maire de la ville, Ary Chalus, une centaine de jeunes étaient présents dans la zone commerciale de Destrelland à Baie-Mahault, qui avait brièvement rouvert le week-end sous haute surveillance policière. Certains, munis de fusils à pompe, ont tiré à balles réelles en direction des forces de l'ordre. «Les jeunes ont même tiré sur l'hélicoptère qui amenait sur place le colonel de gendarmerie», a affirmé Chalus, qui parle de scènes de «chaos». «On risque d'avoir des familles endeuillées, il y a des enfants de 15 ans qui sont en train d'affronter les gendarmes».
Trois gendarmes ont été légèrement blessés, tandis que trois jeunes ont également été interpellés.
«Ne répondez pas à la provocation»
Face à ce regain de violences, le LKP, qui mène la grève générale paralysant l'île depuis le 20 janvier, a tenu à apaiser les esprits sur la radio RCI en milieu de soirée. Son leader, Elie Domota, a demandé en créole aux émeutiers: «Ne mettez pas votre vie en danger, ne mettez pas la vie des autres en danger». «Ne répondez pas à la provocation», a-t-il lancé aux jeunes, demandant dans le même temps au préfet de «retirer ses gendarmes».
Le porte-parole du gouvernement Luc Chatel a lui aussi lancé, sur Europe 1, un «appel au calme», estimant que «la place des uns et des autres, est davantage autour de la table que sur les barricades».
Le début de semaine est extrêmement agité. Lundi matin, les militants du LKP avaient dressé de nombreux barrages et les forces de l'ordre étaient intervenues, puis dans la soirée et la nuit des bandes de jeunes s'étaient opposées aux forces de l'ordre.
Rappelons que le président de la République doit recevoir jeudi à Paris les parlementaires et présidents des collectivités territoriales de Guadeloupe et Martinique.