Guadeloupe-Martinique

Message par jeug » 23 Fév 2009, 15:21

(France-Antilles Guadeloupe 23.02.2009 a écrit :L'HOMMAGE D'UN PEUPLE

Jacques Bino a été inhumé hier après-midi, au cimetière de Petit-Canal, ville dont il était l'enfant. Ce militant syndical, membre de la CGTG, membre du collectif Liyannaj kont pwòfitasyon (LKP), a trouvé la mort dans des circonstances tragiques, assassiné le 18 février, alors qu'il quittait une réunion du LKP et rentrait chez lui avec un ami. Ses parents, ses amis, la Guadeloupe lui ont rendu un hommage solennel.

Il a des larmes dans les yeux. Il se tient debout, à quelques mètres du cercueil encore ouvert où repose Jacques Bino, son camarade de la section CGTG des impôts. « Si nous sommes là aujourd'hui, clame Jean-Marie Nomertin, secrétaire général de la CGTG, au moment des témoignages, ce n'est pas de notre fait. Le 28 janvier, à 16 h 52, le préfet a quitté la table des négociations. Le 8 février, l'Etat a pris la fuite pour la deuxième fois. Et nous sommes soi-disant dans un Etat de droit. Je suis enragé. Je le dis fermement : je suis un homme atteint. On n'a pas compris que ce n'était pas une simple grève, que c'est un mouvement social fort. On n'arrêtera pas ce combat là! Ce serait trahir notre camarade. Je lui donne, ici, l'assurance que le combat continue. Lui est mort au combat sans être au combat. Il n'avait rien dans sa voiture, ni arme, ni bombe. Moi, je vous le dis : si on n'a pas encore tué, ici, c'est parce qu'il y a la presse internationale. »
Jean-Marie Nomertin se rassoit et retient difficilement ses larmes. Il réajuste ses lunettes de soleil. Cache ses yeux rouges de chagrin et de fatigue.
« Pas de récupération politique »
Toute la cérémonie d'hier après-midi, dans le hall des sports de Petit-Canal, qui contient avec peine près de 3 000 personnes assises dans les gradins, mais aussi debout, pieds nus, sur le terrain de handball, a été empreinte d'une intense émotion, mais aussi d'une grande retenue. Face à la mort d'un homme assassiné en plein conflit social. Dignité.
Dans ces gradins, quasi anonymes tellement ils se montreront discrets tout au long de la cérémonie, qui va durer près de trois heures, il y a des élus, Victorin Lurel, président du conseil régional, en tête. Il y a aussi Ségolène Royal, présidente de la Région Poitou-Charentes, ancienne candidate à la présidentielle, qui est arrivée en retard, s'est installée tout devant, avant de s'asseoir en retrait, tandis que la cérémonie se poursuivait. Pas de récupération politique, ont clamé les intervenants. Cela s'adresse à tout le monde. D'ici... et de là-bas. José Bové, vedette de la veille, est absent. Olivier Besancenot est en Martinique, avant de revenir pour quelques jours en Guadeloupe, aujourd'hui ou demain.
Au premier rang, il y a Elie Domota, secrétaire général de l'UGTG et porte-parole de LKP, Jean-Marie Nomertin, Lita Dahomay, de Combat ouvrier, Félix Flémin, secrétaire général du PCG, Alain Plaisir, secrétaire général de la CTU, des syndicalistes... Au deuxième rang, il y a les représentants d'associations, il y a la cinquantaine d'associations qui constituent le LKP.
Tout devant, un cercueil très simple. Et dans ce cercueil, un homme, Jacques Bino, le syndicaliste assassiné. L'enquête est en cours. Assis, tout près, il y a la famille. Il y a surtout Marie-Antoinette, sa compagne, corsage blanc, qui retient ses larmes, et Cédric, 8 ans, leur fils, qui, lui, ne retient pas son immense chagrin. Il a perdu son papa.
Plus loin encore, il y a les prêtres : le vicaire général Jean Hamot, le père Plaucoste, le père Blanchard. Il y a la chorale de Petit-Canal, aux voix profondes. Il y a aussi des récitants, les frères Jernidier, un chanteur à textes, Rony Théophile. Et une chaleur intense. Il y a aussi des groupes carnavalesques, dont Akiyo, dont était membre Jacques Bino.
« Nou ni dèwa kontinyé lalit! »
Les prises de paroles sont courtes, martelées. Lita Dahomay, de Combat ouvrier, a des mots durs, véritable réquisitoire : « C'est un crime douteux. Nou vlé sav tou sa ki pasé ekzaktéman. » Elle en perd son créole.
Rony Théophile entonne, a capella : « Sa ki sav sav, sa ki pa sav pa sav. »
« Nou ké fin sav... » , commente quelqu'un. La nature de la mort de Jacques Bino pèse sur la salle.
Elie Domota se lève, se dirige vers le micro. Le porte-parole du LKP s'exclame : « Jodila, pèp gwadloup, sé on moment de tristesse. Kamarad Bino! Nou ni dèwa kontinyé lalit! Nou ka pozé pwoblèm. Nou ka poté manèv pou difikilté a pèp... Nou pozé pwoblèm, ki répons nou ka réséwa ? Pas grand-chose. L'heure est toujours à la mobilisation. » Et de conclure : « Nou trist mé nou ka goumé! »
Autre intervenant, Patrice Tacita, du Mouvman Akiyo, pour dire un poème de Sonny Rupaire, avant de faire un portrait de Jacques Bino : fulgurant de générosité, avec une voix puissante, une solidarité avec les autres jamais démentie.
Des témoignages d'amis, de la famille, suivent. « Qui était Jacques ? » dira un proche. Une colombe. Un homme soigné, sobre, correct, un amoureux des plantes, un conseiller fidèle, loyal. Avec de l'humour, de la discrétion, le sens de la famille.
« Il y a une aube après la nuit, affirme le père Hamot. La foi ne rend pas la séparation moins douloureuse. »
Jacques Binot a été conduit au petit cimetière de Petit-Canal, en fin de journée. Son cercueil a été suivi par plus de cinq mille personnes dans les rues du bourg. Au son du gwo-ka et de la complainte : « La Gwadloupe sé tan nou, la Gwadloup a pa ta yo! »

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Message par jeug » 23 Fév 2009, 15:32

A la Martinique

(France-Antilles Martinique 23.02.2009 a écrit :Des négociations molokoy

Après une journée de discussion à la préfecture, samedi, le dossier des augmentations de salaires n'a pas bougé d'un centimètre. Le Collectif du 5 février n'exclut pas de changer sa stratégie avant de se rendre en préfecture cet après-midi.
Après 17 jours de grève générale, l'impression de faire du surplace est de plus en plus partagée par les observateurs. Alors que les groupes de travail sur les prix des services, de l'eau, du transport et du logement ont tenu leur première réunion samedi matin, les dirigeants du Collectif du 5 février, ceux du patronat (Medef, MPI, CGPME, tourisme) et le préfet s'installaient dans la salle Félix-Eboué, à la préfecture de Fort-de-France. Les parlementaires les ayant rejoints après leur escapade élyséenne, l'ouverture du dossier sur les augmentations de salaires pouvait avoir lieu. Rappelons que le Collectif entend obtenir 354 euros net d'augmentation de salaires, ceci pour l'ensemble des bas et moyens salaires. Une revendication qui fait grincer les dents de l'ensemble des chefs d'entreprise mais que personne n'a rejetée en bloc. En réalité, le décompte des dispositifs annoncé par le président de la République et le Premier ministre (primes + R SA), sont autant de facteurs d'augmentation des revenus que chacune des parties n'ignore pas.
Enième « clash »
Mais établir une négociation dans le cadre de la grève générale n'est pas perçu par tous de la même manière. C'est ainsi que la plupart des organisations patronales pensent plutôt aux négociations de branche pour définir le montant des augmentations salariales. Une posture qui ne suscite pas d'adhésion dans les rangs du Collectif du 5 février. « Nous avons demandé au préfet de nous présenter un tableau des propositions du gouvernement afin que nous ayons une vision plus précise de leur répercussion sur les fiches de salaires des employés. Mais en face, les patrons n'ont rien avancé comme propositions, sinon que cela relève des accords de branche. Manifestement, ces gens n'ont pas compris que nous ne sommes pas dans le cadre des NAO dans les entreprises » explique Michel Monrose, président et porte-parole du Collectif.
Un énième clash a eu lieu samedi soir à la préfecture après quatre heures de réunion. Ce qui ne laisse pas augurer d'un début de semaine aisé pour tous, d'autant que la délégation du Collectif estime avoir suffisamment fait preuve de bonne volonté et d'un esprit conciliant, sans aucune monnaie en échange. « Au sein des groupes de travail, les choses n'avancent pas plus qu'en plénière. Alors nous faisons un pas en avant un jour, le lendemain nous reculons de deux » constate Michel Monrose.
Mais pour ne pas anéantir tout espoir, tout le monde a pris l'engagement de se retrouver ce lundi après-midi à la préfecture, pour tenter de renouer le fil d'un dialogue qui s'effiloche de jour en jour. Ce qui n'exclut pas pour autant un changement de stratégie de la part du collectif, ceci assez rapidement.
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Message par malaka » 23 Fév 2009, 20:58

Trouvé sur le blog d'un membre de la CTU (centrale des travailleurs unis) et du Cercasol (npa local) si j'ai bien compris
Le blog du chien créole
a écrit :SAUVÉ PAR SON ORDINATEUR


Chien Créole a été le premier à vous relater l’arrestation de Patrice, accusé d’être l’assassin de Jacques Bino, une arrestation particulièrement brutale et qui posait beaucoup de questions. Les médias locaux et nationaux n’ ont eu vent de ce scoop que le lendemain ! Samedi, grâce à Eric Nanette, président de l'association de défense des locataires de la cité Henri IV, j'ai retrouvé Patrice, choqué mais libre. Dans sa petite chambre, je lui fais lire l’article de Chien Créole écrit la veille.


Chien Créole : Est-ce que tu veux corriger quelque chose ?

Patrice : Non, ça s’est passé comme tu le racontes. En fait je n’ai rien compris à ce qui m’arrivait. Ça a été tellement rapide et brutal... Ils m’ont frappé sauvagement et quand j’ai réalisé, j’étais menotté, assis sur le lit. C’est seulement quand j’ai vu une femme entrer avec un T-shirt avec écrit Police Judiciaire que j’ai compris que les types cagoulés qui me sont tombés dessus étaient des policiers. En fait c’était le RAID.
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Patrice, le visage marqué par les violents coups qu'il a reçu des hommes du RAID (photo FG)


CC : C’est le RAID qui t’a arrêté ?!! Eh ben, dis donc. Et pourquoi est-ce qu’ils t’ont frappé comme ça? Tu as tenté de résister ?

P : Mais non, je dormais !


CC : Quand tu as saisi que c’était la police, tu as fais le rapprochement avec la mort de Jacques Bino ?

P : Tout de suite, je leur ai dit que je n’y étais pour rien mais ils étaient persuadé de tenir le coupable. Ils m’ont dit que j'avais été dénoncé.


CC : Peut-être que parmi les jeunes interpelés la veille, certains, sommés de lâcher un nom, ce sont dit qu’en balançant un gars tranquille et qui fait des études de droit, il aurait plus de chances qu’un autre de s’en sortir ?

P : Je ne sais pas, c’est possible. Il y a des jalousies aussi. Ça fait un an ou deux que je ne descends plus pour trainer avec eux. Et puis il y a toutes sortes de rumeurs,. Ce matin, un ami est passé me voir . Il m'a dit: "ouais, je comprends pas, il y a des gens qui disent que la police a trouvé un grand fusil chez toi." Tu vois les bâtiments ici sont comme écrasés, pour la mentalité des gens, c'est pareil.Je vais essayer de partir une quinzaine de jours, je ne sais pas où, mais là, j'ai vraiment besoin de changer d'air.


CC : Comment s’est passée ta garde-à-vue ?

P : Beaucoup mieux, pour l’interrogatoire, ils ont été corrects, rien à voir avec les conditions de l’arrestation.


CC : Tu as pu voir un docteur, là-bas ?

P : Ils m’ont proposé mais j’ai refusé, je ne voulais rien leur devoir. Je n’ai pas mangé non plus. J’ai demandé à Dieu de me protéger et de me libérer.


CC : quand est-ce que tu as été relâché ?

P : hier soir à 22h00, j’ai pu voir un docteur ce matin qui m’ a fait un certificat d’incapacité de 5 jours.


CC : Ils t'ont expliqué pourquoi ils t’ont relâché ?

P : Ah et bien déjà ils n’ont rien trouvé chez moi et puis c’est mon ordi qui m’a sauvé : ce soir là, je tchattais avec mes amis. Je sortais un peu, sur le pallier, comme à mon habitude et ce que je voyais je l’écrivais sur MSN.


CC : et qu’est-ce que tu as vu ce soir là ?

P : Il y avait de l’animation. J’ai entendu des coups de feu et j’ai vu une trentaine de jeunes cagoulés passer en face. Les policiers ont pris mon unité centrale d'ordi, fait parler l’historique et ont compris que je n’avais rien à voir avec ça. A l’heure du coup de feu, j’étais en train d’écrire, par chance ! Et puis je n’avais pas de trace de poudre sur les mains. Ils m’ont demandé en me libérant de ne pas trop faire de vagues avec cette affaire.


graffiti de la cité Henri IV (photo FG)


CC : Tu comptes porter plainte ?

P: Oui, ma grand-mère a pris contact avec un avocat. Hier je ne comprenais pas ce qui m’arrivait, aujourd’hui, je suis écœuré, en colère. Je ne peux pas laisser passer ça. Ils ne peuvent pas arriver comme ça chez quelqu'un, lui casser la figure, l'emmener juste parce que quelqu'un l'a dénoncé. Je leur ai dit, je comprends que vous fassiez votre boulot, je suis étudiant en droit, mais je ne peux pas accepter la méthode ! Sans compter qu'ils ont laissé ma grand-mère comme ça, après l'avoir bousculée, dans un appart qui ne fermait plus en jetant toutes ses affaires et les miennes par terre. Heureusement que les gens de l'association la Tyrolienne qui soutient les locataires de la cité Henri IV sont venus l'aider, en lui changeant la serrure très rapidement.


CC: C'est ta grand-mère qui t'a élevé?

P : Oui ma mère est décédée quand j'avais six ans et après ça mon père est parti. Depuis je vis avec elle. On survit avec sa petite retraite, ce n'est pas facile tous les jours.


CC: Est-ce que cet épisode t'as encore plus motivé à étudier le droit, pour réparer les injustices comme celle que tu viens de vivre et qui s'est heureusement bien terminée?

P: j'étais déjà bien motivé avant. Je veux m'en sortir. Dès que les gens apprennent que tu viens d'Henri IV, tu es tout de suite catalogué comme voleur, dealer; ils vont jamais penser qu'il y a des étudiants, d'autres jeunes que ces jeunes là ça. J'ai envie de m'en sortir pour dire à tous ces gens, je viens d'Henri IV, j'ai réussi et je vous emmerde ! Ça c'est un truc que la grève a montré : si tu veux quelque chose, il faut aller le chercher;


Entrevue réalisée par Frédéric Gircour
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Message par com_71 » 23 Fév 2009, 21:17

Une émission récente de Daniel Mermet sur France Inter (là bas si j'y suis) qui a interviewé des représentants du LKP (dont JM Nomertin et A Lollia).

http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1621


lecture du mp3 :

http://media.la-bas.org/mp3/090219/090219.mp3
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Message par com_71 » 24 Fév 2009, 10:04

(Reuters a écrit :Négociations au point mort en Guadeloupe, le LKP en colère

Le collectif LKP a appelé lundi à un durcissement de la grève en Guadeloupe, où les négociations salariales entre les syndicats, le patronat et l'Etat ont été suspendues sur un nouveau constat d'échec.

Les protagonistes s'étaient retrouvés au port autonome de Pointe-à-Pitre pour reprendre les discussions interrompues vendredi et se sont séparés après neuf heures de pourparlers sans avoir trouvé d'accord.

Ils doivent à nouveau se réunir mardi à 11h00 locales (16h00 heure de Paris), a fait savoir la préfecture de région.

Le collectif contre l'exploitation réclame toujours une revalorisation de 200 euros nets des bas salaires et a dit faire face à la fois à l'opposition du Medef et au silence de l'Etat.

Lundi, l'Union des chefs d'entreprise de Guadeloupe (UCEG) a suggéré une nouvelle fois que cette augmentation de 200 euros interviennent en deux temps et que la charge soit partagée entre les entreprises, les collectivités et l'Etat.

Six organisations patronales largement majoritaires ont approuvé cette proposition, selon le LKP, et seul le Medef l'a rejetée.

L'UCEG a proposé une revalorisation salariale de 100 euros financée à part égale par les entreprises et les collectivités locales, sous forme de prêt.

Invités à la réunion, les présidents socialistes du conseil général Jacques Gillot et du conseil régional Victorin Lurel ont annoncé dans une lettre aux partenaires sociaux qu'ils acceptaient d'apporter cette contribution de 50 euros pour une durée d'un an non reconductible.

"Cette nouvelle offre implique un engagement financier de 24 millions d'euros pour les deux collectivités (qui) procèderont en conséquence au recyclage des enveloppes financières exceptionnelles initialement consacrées à l'aide aux foyers les plus défavorisés", précisent les deux élus dans leur texte.

L'ÉTAT "SE DÉBINE"

L'UCEG a ensuite évoqué une suspension pour trois des cotisations sociales (CSG et RDS) afin d'obtenir, si l'Etat consent à adopter cette solution, un nouveau gain de 100 euros bénéficiant aux salariés.

Jusqu'à présent, l'Etat s'est refusé à prendre en charge une partie de l'augmentation salariale et si la réponse du gouvernement est encore attendue, le préfet de Guadeloupe a laissé entendre qu'il ne fallait pas attendre d'accord rapide.

"Il est certain que cette franchise de cotisations sociales mettrait le système social par terre", a dit sur France Info le préfet de Guadeloupe Nicolas Desforges.

"Je crois qu'il faut être réaliste dans les demandes, tenir compte des règles de droit, des contraintes financières, des effets de contagion, tout ça mérite d'être pris en compte dans une réflexion gouvernementale sur les demandes formulées par le LKP", a-t-il ajouté.

Ces propos ont agacé le LKP, qui dit être d'accord avec six organisations patronales sur une proposition qui "va dans le sens de nos revendications", a expliqué le chef de file du mouvement, Elie Domota.

Sorti en colère de la réunion, il a appelé à un durcissement du mouvement de grève qui paralyse l'île depuis quatre semaines, "le seul langage qu'ils comprennent".

"On veut un engagement solennel et on ne va pas reprendre le travail (...) Aujourd'hui une fois de plus, l'Etat se débine et bien évidemment, si nous n'avons pas de réponse, je crois que les choses ne pourront que s'envenimer", a-t-il prévenu.

Le LKP a ainsi annoncé la relance mardi de la grève générale et la mise en place de nouveaux barrages routiers dans l'île.

Dans la journée de lundi, le Premier ministre François Fillon avait appelé chaque partie à "faire un effort" et "garder son sang-froid".

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Message par com_71 » 24 Fév 2009, 10:10


(France-Antilles Martinique 23.02.2009 a écrit :Des négociations molokoy



Molokoy :


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Message par com_71 » 24 Fév 2009, 10:46

Anecdote (source carib-fm) : La semaine dernière canal 10 (une télé locale) a fait une interview de Domota où il aurait dit que si l'on touchait un seul cheveu d'un membre du LKP il y aurait des morts. Après une première diffusion il y a eu intervention des gendarmes dans les locaux de la télévision et saisie de la cassette (ou du disque ?). Mais comme c'était en créole, ils ont du faire appel à un interprète... :roll:
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Message par jeug » 24 Fév 2009, 14:21

(France-Antilles Guadeloupe 24.02.2009 a écrit :A TRES PETITS PAS

Aucun accord n'a été signé hier soir. Les patrons ont remis par écrit leur proposition au préfet qui doit la transmettre sans délai à Matignon. Le LKP reste suspendu à la décision de l'Etat de financer une partie du montage financier présenté par les patrons pour régler les 200 euros. Les négociations devraient reprendre à la réception de la réponse du gouvernement. La partie n'est pas gagnée.

Peu avant 11 h 30, soit une dizaine de minutes après le début des négociations d'hier les petits patrons réclament une suspension de séance. Entre deux portes, les patrons chuchotent ; côté LKP, la douzaine d'experts et de syndicats du groupe s'agglutine autour d'Elie Domota et d'Alain Plaisir. La presse est tenue à l'écart, mais elle peut, à la faveur d'une porte entrebâillée, observer durant un court instant la posture des trois camps : le collectif, l'Etat et les médiateurs, les patrons.
La suspension de séance terminée, c'est l'heure du tour de table. On découvre les propositions des uns et des autres. Le Medef lit sa copie : pour la tranche des entreprises de vingt à cent salariés, elle propose une augmentation de 70 euros et pour celles de plus de cent salariés, 90 euros.
L'Uceg (Union des chefs d'entreprise) met tout de suite les pieds dans le plat. Elle présente un montage financier sur trois ans, certes complexe, mais qui agrée le LKP. L'option des chefs d'entreprise fait intervenir le patronat, les collectivités et l'Etat. Ainsi, pour les années 2009, 2010, 2011, les petites entreprises proposent le versement de 50 euros par les patrons, 25 euros par chacune des collectivités (conseil régional, conseil général) et compte sur 100 euros de franchise sur la part salariale (exonération du RDS, de la CSG).
Les petites entreprises estiment qu'ils faudraient trois ans pour qu'elles se remettent en équilibre grâce aux économies réalisées par les nouvelles mesures de l'Etat. Et, à partir de 2012, elles prendraient le relais et paieraient seules, l'intégralité des 200 euros... réclamés aujourd'hui. Les autres syndicats professionnels, la FTPE, la CGPME, l'UPA, l'Umpeg, adhèrent à cette proposition.
« Ces exonérations ne sont pas prévues par l'Etat, » tempère le préfet Desforges, hors micro, qui s'en tient au cadre fixé par Nicolas Sarkozy la semaine dernière. Le Medef n'est pas franchement hostile à la proposition, mais il s'en tient à sa proposition initiale.

Pas question d'abandonner la CSG

Pendant plus de sept heures, les négociations se sont poursuivies. Derrière la porte de la salle de réunion où sont réunis les négociateurs - les experts du LKP, le patronat, les médiateurs dépêchés par François Fillon, le préfet - quelques journalistes tendent l'oreille pour extraire des murs quelques informations. Les premières indiscrétions viennent de la bouche de syndicalistes. « On ne nous respecte pas. Les petits patrons sont prêts à faire un geste. Eux sont au moins sensibles à la situation. Tandis que le Medef ne bronche pas. Il pose des questions, mais n'est venu avec aucune proposition. »
D'autres indiscrétions livrent une information non vérifiée. « On nous a dit que Hayot a déclaré qu'il pourrait payer. » Des supputations propres à énerver un autre membre du LKP qui lâche : « Le vrai problème est que l'Etat ne prête aucune oreille à nos demandes » . En fait le gouvernement reste ferme. Pas question pour lui d'abandonner la CSG (contribution sociale généralisée) et le RDS (remboursement de la dette sociale) sur les salaires allant jusqu'à 1,6 de Smic comme le souhaite le collectif pour arriver à ces fameux 200 euros.
Autour de la table, tout le monde est convaincu que ces contributions sociales sont nécessaires dans une société comme la nôtre. Aucun syndicaliste n'imagine le retour à un système sans protection sociale. Alors la rage au coeur, le LKP poursuit la discussion pestant contre l'immobilisme des patrons et contre l'inflexibilité de l'Etat qui pourrait, selon lui, imaginer un impôt plus juste, une réforme de la TVA trop prompte à frapper indifféremment toutes les classes de la population. En fait, le LKP voudrait un nouvel ordre économique.
Vendredi dernier, à leur retour à la table des négociations, les petites entreprises proposaient un effort de 50 euros sur les bas salaires et les moyennes et grandes entreprises 70. On pourrait croire à des enchères. Non assure-t-on au Medef. « Il s'agit de prendre la vraie mesure de l'impact de ces augmentations conséquentes pour les entreprises au moment où la crise mondiale nous frappe... » , répète Willy Angèle. « On ne peut pas donner ce que l'on n'a pas. »
La journée s'achève dans une atmosphère moins tendue. Autour de la table, les patrons sous l'oeil « véyatif » du LKP affinent et rédigent leurs propositions. Chaque mot écrit est important, le document doit être adressé sans délai au Premier ministre ; car l'Etat doit jouer un rôle prépondérant dans le montage financier proposé. Matignon s'est déjà montré inflexible sur les nouvelles exonérations de taxes réclamées. La partie n'est pas gagnée. On revient à la case départ : le coup de pouce de l'Etat. Côté collectivités, les présidents Lurel et Gillot interviennent en fin de journée pour les parties qui les intéressent. Rappelons que les collectivités étaient prêtes à payer chacune 50 euros sur trois mois alors que le LKP demande maintenant, un effort un peu plus long des collectivités. Tout se complique. On assiste à présent à un dialogue de sourds.

- « On ne peut plus reculer »
La journée avait mal commencé. 11 heures et pas un membre du LKP à l'horizon. Ils se font désirer. « Malpalant, ils arrivent » , crie une femme cachée derrière une cabine téléphonique. Elle est aux premières loges. Juste en face de la porte qui mène à la salle, où vont siéger les négociateurs. Les éclaireurs déboulent. Les hommes de Raymond Gama sont présents. Les hommes et des femmes du LKP ne portent pas le tee-shirt de l'organisation. Gama, Nomertin, Domota et les autres ont choisi des couleurs sombres. En signe de deuil.
Une fois les négociateurs à l'intérieur, Ismar Oguenin appelle à un rassemblement et à une manifestation à travers les rues du centre. Rue Frébault, rue Nozières, rue Schoelcher, encore rue Frébault, ensuite direction la Darse et un retour au port. « On ne voulait pas que les commerçants baissent le rideau en nous voyant, raconte Ismar Oguenin, du LKP. On voulait au contraire qu'ils nous reçoivent et qu'on leur explique pourquoi on est mobilisés depuis le 20 janvier. »
La sensibilisation et non « l'intimidation » , affirme Ismar, a eu de l'effet. Les magasins ont gardé portes closes l'après-midi.

Des centaines de manifestants toujours présents

De retour sur la placette du port autonome, les hommes et les femmes en sueur, fatigués et affamés déplient les chaises, sortent les tabourets. Ils savent que l'attente sera longue. Ils se placent à l'ombre, le long des bâtiments, pour se protéger du soleil brûlant. Des roulottes à bokits et des vendeuses de boissons fraîches, de cacahuètes et de pistaches se sont installées sur les trottoirs. Ces femmes dévouées amènent dans une camionnette débâchée, le repas des hommes de la sécurité.
La portion de route qui referme les quais est infranchissable. L'espace est entièrement dédié aux manifestants. Les tanbouyé organisent une ronde de léwòz, et Rizèn caresse de ses mains la peau de cabri. Ka la ka sonné! Il est soutenu par l'infatigable Maya. A 67 ans, il a encore la force d'animer et de tenir en haleine les manifestants, jour et nuit. En toutes circonstances. Il a préparé les chants, réajusté les classiques et remanié les slogans revendicateurs pour que « ça sonne bien » . De temps en temps, les centaines d'hommes et de femmes qui sont assis se lèvent pour se dégourdir les jambes ou aller écouter les points faits par Rosan Mounien ou Raymond Gama. Les négociations ont été suspendues vers 19 h 30. Ils attendent le prochain rendez-vous. Ils reviendront. « On ne peut plus reculer » , assènent-ils.

- Rosan Mounien (LKP) : une affaire de marge brute...

« Nous réaffirmons que nous sommes venus dans une négociation pour tomber d'accord sur un accord interprofessionnel, sur tous les secteurs d'activités et toutes les entreprises quel que soit le nombre de salariés. Dans les propositions faites on écarte certains secteurs : la santé, le bâtiment, le nettoyage... Nous ne sommes pas d'accord pour faire la distinction entre les entreprises de plus de vingt salariés ou celles qui en compte davantage. Toutes les catégories d'entreprises ne génèrent pas les mêmes chiffres. L'effectif n'est pas le critère économique à prendre en compte dans le cadre de négociations salariales. Le seul critère à prendre en compte, ce serait celui de la marge brute. Nous ne parlons pas de chiffre d'affaires, qui dépend aussi de l'activité. Par contre, la marge brute est l'élément économique qui permet de mesurer le niveau de prospérité d'une entreprise. Pour travailler sur ces marges, il faut que les entreprises acceptent de déposer chaque année leur bilan au greffe du tribunal de commerce ; or aujourd'hui, les seules à le faire systématiquement ce sont les entreprises de transport ; car leur agrément est conditionné par ce dépôt.
« La plupart des grandes entreprises ont une double comptabilité dispersée ailleurs dans les paradis fiscaux. Ce n'est pas à nous d'aller analyser leurs comptes, c'est à eux de faire la preuve de leur bonne foi. »
Nous ne demandons pas à l'Etat de payer à la place des entreprises ; mais de faire un moratoire sur trois ans qui passe par la suppression de la CSG sur les salaires, ce qui fait que le salarié gagnerait 100 euros sur son salaire...
La plupart des grandes entreprises ont une double comptabilité dispersée ailleurs dans les paradis fiscaux. Ce n'est pas à nous d'aller analyser leurs comptes, c'est à eux de faire la preuve de leur bonne foi.Les hommes et des femmes du LKP ne portaient pas le tee-shirt de l'organisation. Gama, Nomertin, Domota et les autres avaient choisi des couleurs sombres. En signe de deuil.

- Encore 20 points à acter pour débloquer le pays
Le LKP indique que pas moins d'une vingtaine de points reste encore à résoudre immédiatement pour débloquer le conflit. Ces revendications sont : la baisse des prix ; la mise en place d'un moratoire de 4 ans pour la réforme du recrutement des enseignants, le plan d'urgence pour la formation et l'emploi des jeunes, le règlement de la situation des transporteurs, des marins pêcheurs et des agriculteurs, des petites mutuelles, la prise en compte dans la programmation des medias de la langue et de la culture guadeloupéenne, la résolution définitive des conflits en cours, l'abandon des poursuites liées au conflit en cours.
Certes, la grande majorité de ces points ont été discutés, mais n'ont pas été actés. D'après un membre du LKP, cette plate-forme peut être réglée en une journée.

jeug
 
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Message par com_71 » 24 Fév 2009, 14:33

L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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com_71
 
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Message par Vérié » 24 Fév 2009, 19:10

Selon un sondage évoqué par France Inter 19 H, qui consacre la chute de la cote de Sarko, près de 80 % des "Français" approuvent la lutte des travailleurs des Antilles ! =D> =D> =D>
Vérié
 
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