En défense de l’Histoire !

[Valiere]

En défense de l’Histoire !

La Fédération Nationale de la Libre Pensée, informée de l’émotion suscitée chez de nombreux historiens par la présentation à des classes de collèges et lycées d’un docufiction intitulé « L’évasion du roi » sur la fuite à Varennes, présentation accompagnée de contrevérités manifestes, s’élève contre la vision caricaturale, voire purement mensongère, par déformation ou omission des faits, de la révolution française.

Elle déplore que cette vision ait été largement popularisée par la programmation, mardi 24 février, de ce docufiction sur la chaîne publique France 2 .Elle s’élève contre l’absence, après le film, de toute discussion permettant, dans le cadre d’un libre échange entre historiens, de rétablir quelques vérités élémentaires.

[satanas]

J'ai vu "en diagonale" ce film ,c'était effectivement stupéfiant.
C'est clairement l'éloge de Louis XVI et de la monarchie et il est tout de même étonnant que ce fim puisse être utilisé pédagogiquement.
On savait depuis déjà un moment que la bourgeoisie n'assumait plus sa révolution, celle qui l'a amenée au pouvoir qu'elle détient encore aujourd'hui ,mais là ,ça semble refléter un pas supplémentaire dans cette négation.
(même si ce n'est pas forcément le "sarkozisme" qui influe directement.
Mais la droite la plus réac ,artistes ,medias et cinéastes compris, est vraiment "décompléxée".

[Vérié]

Dès le début, en effet, il est question de la "populace assoiffée de sang" etc
Je l'avais enregistré car la critique... du [i]Monde[/i] était bonne, mais j'ai laissé tomber écoeuré.

C'est très tendance en effet, depuis feu Furet, de pleurnicher sur le sort des aristos et en particulier de Marie-Antoinette - voir le film de Sophie Coppola, entre autres...

[Surgut]

J'ai vu le téléfilm de bout en bout. Ecoeurant, ce Louis XVI bon, beau et incompris. Ecoeurant ce martyr qui finalement s'était rangé du côté de la monarchie parlementaire. Ecoeurante, cette présentation des femmes du 5-6 octobre 1789, et cette présentation de Drouet et de la population qui arrête la famille royale.

Ces gens qui ont fait ce film seraient aujourd'hui peut-être encore en train de cultiver leur champ sous les ordres d'aristos si la "populace" n'avait pas arrêté le roi à Varennes. (oh d'ailleurs pauvre chou, il ne voulait pas marcher sur Paris avec Bouillé, non non, il voulait juste....négocier....)

[Casimirowski]

La bourgeoisie, depuis le début de la crise et plus encore aujourd'hui, se trouve peut-être beaucoup d'analogie avec la nobleese à la veille de la révolution, durant la réaction nobiliaire.

[Valiere]

J'ai refusé de regarder le film: j'ai laissé mes beaux parents devant l'écran et j'ai lu...On fait de la résistance comme on peut.

[Ottokar]

Le Monde en disait effectivement le plus grand bien en précisant tout de même que c'était le point de vue du Roi... je n'ai pas vu le téléfilm mais si j'avais eu accès à une télé j'aurais regardé, ne serait-ce que pour critiquer.

Si on veut lire à-dessus, on peut lire évidement les pages de Michelet, qui est épouvantablement long, détaillé, parfois même bavard, mais qui est excellent dès que les grands évènements se bousculent.

Et puis il y a Zweig, qui a écrit une excellente biographie de Marie-Antoinette. Il est républicain, autrichien de surcroît, et a priori n'aime guère cette princesse insignifiante, cette tête de linotte destinée à sceller des alliances diplomatiques et fournir aux monarchies des rejetons légitimes comme il dit. Mais il la montre politique en diable dans la crise révolutionnaire. Sur la fuite du roi, c'est à mourir de rire. Il décrit le projet d'évasion prévu par Fersen, discret, une famille bourgeoise dans une petite voiture quelconque ; mais on prend ses aises, on embarque les serviteurs, et on se retrouve avec une énorme berline confortable, quasiment une diligence qui se voit comme le nez au milieu de la figure ! Ce qui est étonnant c'est même qu'ils ne se soient faits prendre qu'à un relais de la frontière et pas aux portes de Paris !

Sur le retour du roi, la comédie est encore meilleure. On est en juin 1791, il y a une assemblée bourgeoise, la Législative, qui doit appliquer une constitution avec monarchie constitutionnelle à l'anglaise et le gouvernement comprend des républicains modérés, les Girondins. Mais évidement en sous-main, le roi sabote tant qu'il peut. Quand il s'enfuit, la trahison devient manifeste et normalement il devrait être destitué, arrêté séance tenante. Or que fait cette assemblée ? Elle prétend que le "roi a été enlevé" et continue comme avant... !!! Sinon, cela voulait dire le renverser et les républicains ne sont pas encore assez forts, il faudra un an de plus, l'été 92 et le 10 août. En attendant, les républicains protestent, par une pétition portée un dimanche de juillet au Champ de mars. Et c'est là où La Fayette, à la tête d'une garde bourgeoise, fait tirer sur la foule. Marat est arrêté, mis en prison.

Trotsky a fait la comparaison avec la révolution russe dans son Histoire. Il voit évidemment le parallèle avec les journées de juillet 17, sa propre arrestation, etc.

Sur Drouet, qui n'était pas n'importe qui mais un jacobin, un militant républicain en quelque sorte, j'avais lu une intéressante biographie de Massin je crois, dans une édition proche du PC (Messidor ?). Cela devrait se trouver en bibli si dans votre banlieue ils n'ont pas tout jeté. Une recherche rapide sur le net me donne : Qu'est devenu Drouet l'homme de Varennes (maitre de postes de Varennes). ..... collection Portrait de l'Histoire dirigée par Jean Massin, 1960, 302 pages, ...