a écrit :
Si il y avait une "impasse historique" ce n'était pas que pour les bolchéviks mais cette expression n'a aucun sens à moins que l'on entende que la révolution était nécessairement condamnée et que l'action de l'opposition de gaucheelle aussi menait à une impasse
Bon, cette discussion prend un tour un peu... ésotérique. Je suis d'accord avec toi qu'il n'y a pas de fatalisme historique, au moins depuis que les forces productives ont atteint un niveau suffisant pour permettre de remplacer le capitalisme par le socialisme. A partir du moment où ce niveau est suffisant, il ne manque que la conscience et la détermination des masses. Ce que Trotsky entendait résumer en disant qu'il "ne manque qu'une bonne direction".
Néanmoins, à l'échelle de l'URSS isolée, en l'absence d'extension de la révolution, la contre-révolution triomphait inévitablement d'une façon ou d'une autre. Ca, c'était incontournable. C'est pourquoi Trotsky comptait sur la révolution dans d'autres pays : Chine, Allemagne, Espagne. Je pense que nous sommes d'accord.
Trotsky a constaté avec retard que le Thermidor avait eu lieu. Il fait une analogie en considérant que Thermidor français a représenté le passage du pouvoir des mains de la fraction la plus radicale à la fraction modérée, mais que les rapports sociaux (bourgeois) établis par la révolution sont restés les mêmes. Donc, il considère que la prise du pouvoir de la bureaucratie se fait dans le cadre d'un Etat où les rapports de production ne sont pas revenus au capitalisme.
C'est sur ce point, à mon sens, que son analogie trouve ses limites. Car les rapports de production en URSS n'avaient pas dépassé le stade du capitalisme, et en étaient même en deça (pré-capitalistes) pour une part, et ils ne pouvaient pas les dépasser dans un Etat isolé. Ca, c'était une nécessité historique absolue.
Sur le texte de 1928 que tu cites et que tu commentes ainsi :
La bureaucratie qui s'était élevée en arbitre entre les classe se vit contrainte de prendre indirectement le parti du prolétariat et des paysans pauvres,
Trotsky considérait en effet alors Stalinien comme un Bonaparte jouant un jeu d'équilibre entre prolétariat et bourgeoisie. Mais c'est une lourde erreur de croire que la bureaucratie a pris le parti du prolétariat et des paysans pauvres
Plus tard, dans son Staline, une des dernières oeuvres de sa vie, il a clairement expliqué que le combat entre la bureaucratie et les koulaks était un combat pour s'approprier le surproduit social. C'était le seul moyen de procéder à l'accumulation primitive du capital. Et il poouvait écraser les koulaks dans la mesure où il n'y avait plus de menace sur sa gauche. A partir de ce moment, on ne peut plus dire qu'il jouait un jeu d'équilibre bonapartiste.