par Front Unique » 05 Avr 2009, 19:42
Informations ouvrières n° 40 semaine du 2 au 8 Avril 2009
L'ÉDITO PAR DANIEL GLUCKSTEIN
Peut-on, doit-on ?
Près de quatre mois se sont écoulés depuis la première conférence pour l'unité, qui lança, le 7 décembre, l'appel « pour une marche unie pour l'interdiction des licenciements ».
Depuis, cette question revient dans toutes les bouches. Même Guaino, conseiller de Sarkozy, a déclaré la semaine dernière sur France info : «L'interdiction des licenciements ? Bien sûr que l'Etat peut le faire, l'Etat peut tout », ajoutant « mais ce n'est pas une solution, car si on interdit les licenciements, les entreprises fermeront ». Comprenne qui pourra…
Il est vrai que, depuis ce 7 décembre, les suppressions d'emplois sont tombées par centaines de milliers. Il est vrai aussi que la campagne pour l'interdiction des licenciements - campagne d'unité recueillant 40 000 signatures, en particulier de militants du PCF, du PS, du Parti de gauche, du NPA, élus, syndicalistes, formant avec les membres du POI et des travailleurs de toutes tendances des comités d'organisation pour la marche unie - a mis cette proposition au cœur de la réflexion de tous.
Le PCF, après avoir déclaré à une délégation du POI qu'il avait modifié sa position en faveur du mot d'ordre « Interdiction des licenciements » (lire Informations ouvrières, n° 37, 12mars 2009), a, ce 24 mars, déposé une proposition de loi visant à l'interdiction des « licenciements dans les entreprises qui ont reversé des dividendes à leurs actionnaires ». Formulation reprise en termes voisins dans une autre proposition de loi déposée la même semaine par le sénateur Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche). Les représentants du Parti socialiste, lors d'une entrevue avec le POI dans les Hauts-de-Seine, se prononcent pour « l'interdiction des licenciements dans certaines situations ».
Nous publions (lire pages 4 et 5) des extraits de ces prises de position, ainsi que d'autres réactions de militants ouvriers. Pourquoi ? Parce que nous y voyons de premiers pas, certes encore insuffisants, dans une bonne direction.
Pour le Parti ouvrier indépendant, l'interdiction des licenciements est un mot d'ordre politique qui concerne toute la classe ouvrière.
Il se relie à d'autres mesures comme la nationalisation (ou la renationalisation) des entreprises concernées, la confiscation des milliards donnés aux spéculateurs et leur affectation à un véritable plan de relance fondé sur la consommation. Au delà, il appelle à la remise en cause du carcan de Maastricht et d'Amsterdam.
Telle est notre position, qui n'est pas un préalable à l'action commune. A ces dirigeants qui disent vouloir interdire les licenciements dans les entreprises qui font des bénéfices, nous disons : « C'est le cas à Total, à Continental, à ArcelorMittal, alors, allez-vous appeler à la marche unie pour l'interdiction des licenciements dans ces entreprises ? Quant aux travailleurs licenciés dans les entreprises qui déclarent des pertes l'an dernier, comme ceux d'Alcatel-Lucent, nous ne pouvons croire que vous les appellerez à accepter les licenciements. »
On le voit, à la question « Peut-on, doit-on interdire les licenciements ? », il est difficile de répondre à moitié oui, c'est-à-dire à moitié non. De rassemblement régional en rassemblement régional, depuis le grand meeting à Montreuil s'élargit et s'organise le mouvement qui, en profondeur, rassemble militants et travailleurs de toutes tendances pour la marche unie pour l'interdiction des licenciements.
Cette campagne n'est dirigée contre personne dans le mouvement ouvrier. Elle vise à rassembler pour le mouvement indispensable qui bloquera la déferlante en cours. C'est le sens de l'appel (lire page 3) à une deuxième conférence nationale de délégués, les 15 et 16 mai prochains.