Ce texte qui émane du PCMLN (un des derniers groupes mao staliniens survivants) montre que ses auteurs ont lu - ou parcouru - Trotsky, quelques textes de LO, de Cliff etc. Le rapport de forces n'étant plus celui des années 50 où les staliniens pouvaient se permettre de liquider les trotskystes par quelques calomnies, du genre "Trotsky agent des impérialistes japonais" ou plus tard "Trotsky assassiné pour une affaire de moeurs" (sic
L'Humanité rouge), nos rescapés du stalinisme essaient de se hisser au niveau de la discussion théorique.
Des passages comme celui-ci montrent toutefois qu'ils n'ont pas renoncé aux pires méthodes staliniennes de l'amalgame :
a écrit :
Le courant des partisans de Cliff n'utilise aucun symbole communiste et revendique un « socialisme par en bas » ; son slogan « ni Washington ni Moscou mais le socialisme international » est exactement similaire dans l'idée aux conceptions socialistes anti-communistes de Castoriadis, Shachtman, Rubel, Munis, Bordiga, Sartre, Marcuse, etc.
Tracer un trait d'égalité entre Bordiga, pionnier du communisme italien, ou Munis, militant espagnol fidèle au communisme jusqu'à la fin de ses jours, avec le rénégat Shachtman, le libertaire Rubel, ou Marcuse et... Sartre, témoigne d'une ignorance crasse ou d'une très grand malhonneteté. Même entrte Bordiga, Munis et Cliff, qui furent tous des militants communistes jusqu'à la fin de leurs jours, il y a de grandes différences d'analyse.
Il est donc quasiment impossible de discuter avec des gens aussi malhonnêtes.
Par ailleurs, Finimore se mélange sérieusement les pinceaux dans ce passage :
a écrit : Finimore
Constatons plutôt que nous retrouvons ici donc le fondement de l'analyse trotskyste, commun aux partisans de Cliff comme aux trotskystes orthodoxes : il peut exister un régime où la propriété privée n'existe pas et qui ne soit pas le socialisme (à part entière ou du tout).
Cette thèse, nous marxistes-léninistes-maoïstes nous la réfutons.
Selon cette thèse en effet, un État est ouvrier quand il y a l'étatisation (ou socialisation) des moyens de production, le monopole du commerce extérieur, la planification.
Cela signifie donc que ni la Commune ni la Russie de Lénine n'étaient des États ouvriers, puisque l'ensemble de l'économie n'étaient pas encore étatisé!
Il faudrait en effet que Finimore soit d'accord avec lui-même :
1) Un régime d'exploitation peut-il exister sans la propriété privée des moyens de production ? Ici, il nous affirme que non au début du passage cité, alors que la thèse traditionnelle des maoistes était que Khroutchev a rétabli le capitalisme ? :33:
2) A la fin du texte, il souligne que la Commune et la Russie de 1920 étaient des Etats ouvriers, bien que l'économie n'ait pas été étatisée, ce qui est juste, mais vient en contradiction avec la première affirmation.
Bref, au bout du compte, Finimore, quel est le ou les critères que tu retiens pour déterminer la nature d'un Etat ?
A ce propos, il faut souligner que les mao-staliniens ne parlaient pas jusqu'à présent d'Etat ouvrier mais d'Etat socialiste, ce qui n'est pas exactement la même chose. Il semble que ce soit la nécessité de polémiquer avec les Trotskyste qui leur a fait découvrir la différence, mais il y a encore des progrès à faire...
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Toujours pas de réponse sur la nature de l'Etat en Corée du Nord où n'existe pas la propriété privée des moyens de production... :33:
a écrit : Convidado
D'ailleurs quelques analyses d'intellectuels maoistes allaient dans le sens des thèses de Cliff. Dès que l'etat et le parti "changent de couleur" la société devient "capitaliste d'état" et la parti communiste un "parti fasciste", la politique étrangère: social-impérialiste
Convidado, qui sait de quoi il parle, résume bien les positions des maoistes (et pas seulement de quelques intellectuels). En revanche, il n'a pas du tout compris les positions de Cliff !
Cliff considère que l'Etat ouvrier - la classe ouvrière organisée en classe dominante - s'est effondré dans les années vingt, ce qui est un fait assez difficile à discuter. A partir de là, est resté en place pendant quelques années un Etat de type traditionnel, encore parcouru de courants contradictoires, encore soumis à la pression d'une parti de la classe ouvrière, avec à sa tête des révolutionnaires internationalistes qui se trouvent contraints par les circonstances de prendre de smesures qui renforcent la bureaucratie et ses privilèges, donc creusent leur propre tombe... sauf si la révolutionn internationale vient à leur secours.
L'éviction des révolutionnaires et l'adoption de la théorie du socialisme dans un seul pays sont les dernières étapes du processus dont l'élément le plus important est la disparition de la classe ouvrière organisée. Le changement de théorie par la direction n'est que la "normalisation", l'adaptation complète du pouvoir à la situation et aux impératifs de développement du capitalisme étatique.
Je te conseille de lire le texte de Cliff dont j'ai fourni le lien. Tu constateras que son analyse n'a rien à voir avec celle - complètement idéaliste - des ML (maos stals).
Par ailleurs, s'il a remis en cause la théorie de l'Etat ouvrier dégénéré, Cliff se revendiquait toujours de l'analyse du processus de dégénrescence de l'URSS décrit par Trotsky dans
Le révolution trahie. Texte qui reste indispensable pour comprendre le phénomène et dont nos rescapés du stalinisme actuels ne retiennent que les passages très ambigus qui les arrangent :"Le socialisme a prouvé sa supériorité dans le langage de l'acier..." etc.
Mais cette interprétation de Trotsky reste néanmoins très malhonnête, car Trotsky n'a jamais considéré que le socialisme avait été "construit" en URSS !
Il n'en reste pas moins, pour revenir à l'origine de cette discussion, que mesurer le caractère progressiste, "globalement positif" etc d'un régime à l'aune de la progression de la production industrielle est une grave erreur. Car, à ce compte, on devrait considérer que le régime chinois actuel de capitalisme sauvage est bien plus progressiste que celui de Mao, puisque la production se développe beaucoup plus vite !