Roger Salengro

[yannalan]

J'ai une expérience fort limitée mais le gars qui torture, qui maltraite les prisonniers, qui vole les bijoux et viole la fille est rarement considéré comme un type bien par ses collègues, même dans la propagande officielle hypocrite et mensongère il n'est pas considéré comme bon soldat.

Ca n'est pas du tout aussi simple que ça !

Pendant la guerre d'Algérie, la pression sur les soldats était énorme. C'était au contraire bien souvent ceux qui refusaient la torture et les exécutions sommaires qui étaient mal considérés par leurs camarades. Comme on le voit d'ailleurs dans RAS et dans Avoir vingt ans dans les Aurés, mais aussi comme plusieurs camarades me l'ont raconté.

D'ailleurs, avant même l'Algérie, en France, pendant la formation, d'assez nombreux jeunes se disaient entièrement d'accord avec la torture, ils n'étaient pas isolés.
En fait, ça dépend des unités et de leur encadrement. Mais une fois sur le terrain, il y a un effet de groupe, et des gens tout à fait "normaux" dans la vie civile peuvent se révéler ignobles une arme à la main...
Beaucoup de jeunes soldats, partis de mauvais gré, ont changé d'optique dès les premières balles reçues... Les officiers connaissaient leur boulot et certains groupes de foprtes têtes sont devenus de "bonnes unités" (au sens de l'armée)

[artza]

Beaucoup de jeunes soldats, partis de mauvais gré, ont changé d'optique dès les premières balles reçues...

Et l'inverse est tout aussi vrai.

Combien sont partis la fleur au fusil en 14 et ensuite...

Combien sont partis convaincus que l'Algérie c'était la France et sont revenus avec un tout autre point de vue. Un de ceux qui m'éveilla à la politique était de ceux là.

Je connais un vieux camarade engagé dans la colonne Fabien "pour casser du boche" c'était ses propres mots. Arrivé en Forêt Noire, il changea de point de vue. Retourné travailler chez Renault, il fut de la grève de 47.

[yannalan]

Après , oui.

Mais "pendant", en général, tout le monde "fait son boulot".

[artza]

Yannalan:

et pour les communistes, le défaitisme révolutionnaire ne signifait la désertion individuelle

[Vérié]

Yannalan:

et pour les communistes, le défaitisme révolutionnaire ne signifait la désertion individuelle

Nous sommes bien d'accord. Il n'en reste pas moins qu'on n'a pas la même attitude vis à vis de la désertion quand on dénonce la boucherie impérialiste et quand on défend le sacrifice patriotique ! Sans préconiser nécessairement par exemple la désertion pendant la guerre d'Algérie ou aujourd'hui en Afghanistan, on n'irait pas dénoncer les déserteurs. Aux Etats Unis et au Canada, pas mal d'organisations d'extrême-gauche soutiennent les déserteurs d'Irak réfugiés au Canada.

L'autre argument donné par Yannalan - "ils envoient les autres mais, eux, se tirent" - me semble plus crédible. Toutefois, je serais curieux de savoir dans quels termes le PC attaquait Salengro sur ce thème dans les années vingt...