La journée de la jupe

[Vérié]

[quote=" (artza @ dimanche 17 mai 2009 à 08:40"]
Un peu comme toi, qui ne supporte pas que l'on montre un voyou africain etc...Je sais, tu sais que ça existe, mais faut pas en parler.


Sincèrement, non ! Je ne suis pas débile à ce point-là.

On peut tout montrer, parler de tout, je le répète. C'est la façon d'en parler qui donne son contenu à un film comme La Journée de la jupe ou un autre.

Si ce film parlait des voyous noirs ou beurs de façon intelligente et subtile, sensible, comme Ken Loach (et d'autres) parlent des jeunes délinquants, il ne serait bien évidemment pas récupéré par tout ce que le pays compte de racistes, de fascistes, d'islamophobes divers.

Par exemple, ça ne me viendrait pas à l'idée de dire que le film d'animation de Satrapi sur l'Iran, qui dénonce la dictature horrible des mollahs, est islamophobe.

C'est à de multiples détails - au delà de la qualité ou de la médiocrité d'un film ou d'un livre - qu'on peut juger de son contenu idéologique. Or celui de La journée de la jupe est clair, c'est "Fermez vos gueules, vous n'êtes pas des victimes", c'est la dénonciation du "racisme anti français" chère à Finkielkraut et Le Pen.

Et, encore une fois, je suis atterré que des amis de LO n'en aient pas conscience.

[Matrok]

Quitte à être hors-sujet, car je refuse de discuter d'un film que je n'ai pas vu uniquement sur la base de qui l'a récupéré, je vais réagir juste là dessus:

...aujourd'hui... tout de même... les Juifs, religieux ou non, d'origine juive etc, ne constituent plus du tout une communauté opprimée, discriminée etc en France.

Il n'y a donc pas d'antisémitisme, il n'y a jamais aucune aggression antisémite, aucun propos antisémite tenu par des "personnalités" genre Le Pen, Soral ou Dieudonné ?

[Vérié]

Il n'y a donc pas d'antisémitisme, il n'y a jamais aucune aggression antisémite, aucun propos antisémite tenu par des "personnalités" genre Le Pen, Soral ou Dieudonné ?

Je ne dis pas que l'antisémitisme a complètement disparu. Mais il n'a strictement rien à voir avec l'antisémitisme des années trente, quand les militants de l'Action Française chassaient des étudiants juifs des amphis aux cris de "La France aux Français".

Surtout, les personnes de religion juive et d'origine juive ne sont plus l'objet d'aucune discrimination aujourd'hui. Il vaut mieux se présenter pour un stage sous le nom de Pierre Levy que sous celui de Ahmed Farouk. Enfin, si les "Juifs" d'Europe centrale récemment émigrés faisaient partie avant guerre des catégories les plus défavorisées, une bonne partie de leurs descendants ont rejoint les rangs de la petite bourgeoisie ou de la bourgeoisie, seuls les "Juifs" orientaux immigrés récemment sont peut-être au même niveau que les immigrés maghrebins et africains.

En ce qui concerne les agressions antisémites, elles ont été très exagérées, voire inventées par les Sionistes (comme l'affaire du RER ou celle du Rabbin se disant agressé). Même s'il peut y avoir encore des agressions antisémites, elles sont sans commune mesure avec les agressions anti-arabes ou anti-noirs depuis plusieurs dizaine d'années.

De plus, l'antisémitisme n'a pas droit de cité (à juste titre) dans les médias et la classe politique, ce qui n'est pas le cas du tout de l'islamophobie. Le cas de ce misérable Dieudonné reste tout de même très marginal, et, comme Le Pen, il a été mis au banc d'infâmie.

Pour toutes ces raisons, il est fort douteux que l'antisémitisme puisse à nouveau jouer le rôle qui a été le sien lors de la montée du fascisme des années trente. L'islamophobie a très largement pris le relais, à l'échelle mondiale d'ailleurs, bien que la fin de l'administration Bush ait peut-être mis (provisoirement ?) fin à son développement. Hollywood a par exemple produit récemment de nombreux films de propagande anti-arabe. Aucun film antisémite ne pourrait voir le jour aujourd'hui, sauf sans doute en Iran...

Pour en revenir à La journée de la jupe, c'est un point sur lequel je n'avais pas insisté, mais il s'inscrit bien dans cette ligne de dénonciation, non seulement du "racisme anti-français" mais de l'antisémistisme dont sont accusés les jeunes "issus de l'immigration."
Cet antisémitisme peut sans doute exister, dans des proportions qu'il conviendrait de cerner, mais il est très largement instrumentalisé par les Finkielkraut, les Sionistes et tous ceux qui ont intérêt - comme le soulignait Artza - à ce que l'antismitisme continue à exister pour justifier leur propre politique et leur existence.

Sur la manipulation de l'antisémitisme par les Sionistes, plusieurs ouvrages sont parus récemment, comme Le mal être juif de Dominique Vidal (journaliste au Monde Diplomatique) et Comment le peuple Juif fut inventé de l'auteur israélien Shlomo Sand.

On peut lire aussi certains chapitres instructifs de Un homme à part de Gilles Perrault, biographie de Curiel, dans lequel il rapporte comment les services secrets israéliens ont organisé de faux attentats antisémites dans les pays arabes pour inciter la population "juive" de ces pays à émigrer en Israël.

Enfin, il y a eu un excellent article sur le Sionisme dans la LDC...

[Valiere]

Je viens de regarder le film avec des jeunes, ils l'ont trouvé émouvant, authentique et encore une fois il a donné lieu à un débat sur l'identité et l'école.
L'anti sémitisme comme d'autres racismes est traité dans le film avec mesure, c'est surtout la fonction de l'école et l'égalité des droits qui sont abordés prioritairement...
Quant à la tirade de la prof sur son identité à elle: je suis professeur dans une école laïque, elle résume tout!

[Vérié]

Significatif :

Ce matin, sur France Info, Sylvie Pierre Brossolette, rédactrice en chef du Point Ultra sécuritaire, réac, qui revendique des mesures sécuritaires dans les écoles, a longuement cité en exemple La journée de la jupe pour justifier les nouveaux projets de Sarkozy...

[Valiere]

Je l'ai entendue, elle n'a ni vu le film , ni compris le message...Ce ne sont pas des flics qu'il faut mais tout un travail éducatif et des réformes sérieuses: réduction de la dimension des établissements, personnels éducatifs en plus, des programmes qui s'appuient sur toutes les compétences y compris techniques, formation pédagogique des enseignants ( la formation dite disciplinaire ne suffit pas)....
Le film n'est pas sécuritaire, il montre d'ailleurs des flics inconséquents et incompétents !

[Vérié]

elle n'a ni vu le film , ni compris le message

Pas vu le film ? Je n'en sais rien, mais elle le résume bien...

Pas compris ? Elle a bien compris que ce film constitue une arme efficace pour faire trembler les gens et justifier une aggravation de la politique sécuritaire de Sarkozy, y compris ses dérives comme l'arrestation de deux gamins de 6 et 8 ans à la sortie de l'école pour "vol de vélo présumé". Et transformer les établissements scolaires en bunker avec portiques, gardes, chiens et pourquoi pas miradors...

[com_71]

elle n'a ni vu le film , ni compris le message

Pas vu le film ? Je n'en sais rien, mais elle le résume bien...

Pas compris ? Elle a bien compris que ce film constitue une arme efficace pour faire trembler les gens
Et comment Verie parlait du film dans son 1er post (avant d'etre secoue par des vents -tres localement- dominants) :

Avez-vous vu La journée de la jupe, qui est passé deux fois sur Arte et sort en salle ?

Sans trahir le suspense, c'est l'histoire d'une prof qui disjoncte et prend se sélèves en otage. Ce film a beaucoup de qualités, à commencer par l'interprétation. Mais il m'a mis mal à l'aise dans la mesure où :
-Le personnage le plus antipathique, vraiment odieux, est un voyou black
-Le personnage le plus sympa et le plus "positif" est un flic chargé des négociations. (L'excellent Denis Poladides).

Je redoute donc, même s'il existe bien évidemment des voyous blacks et des flics sympas, que ce film renforce l'esprit sécuritaire et raciste, même si, de toute, évidence, le réalisateur n'est pas raciste, bien au contraire.

J'aimerais avoir l'avis de ceux qui l'ont vu, et notamment des enseignants.

[Matrok]

Sauf qu'entre le premier et le dernier post de Vérié il s'est passé quelque chose qu'il avait justement pronostiqué, c'est que l'extrême droite, la droite et toute une gauche sécuritaire et/ou "islamophobe" (je n'aime pas ce mot pour tout un tas de raisons mais j'ai la flemme de faire une périphrase) a récupéré ce film et le brandit comme un argument. Avec l'assentiment ou non du réalisateur, je n'en sais rien, il faudra le lui demander à la fête. Après avoir vu (ou revu) le film.

[Vérié]

Et comment Verie parlait du film dans son 1er post (avant d'etre secoue par des vents -tres localement- dominants

En effet,
-D'une part, je souhaitais avoir des avis, sans d'emblée afficher un point de vue trop catégorique,
-Je me suis fait en partie piéger par le battage médiatique précédent le passage sur Arte et par le jeu d'Adjani (contrairement semble-t-il à pas mal d'autres), c'est à ces qualités-là que je fais allusion.

Mais je suis d'accord avec Artza et pas mal d'autres que, en dehors du contenu idéologique, certains aspects sont grotesques.

Cela-dit, j'ai en effet été influencé ensuite - et je n'en ai pas honte -, d'une part par divers critiques pertinentes, d'autre part par le déferlement de louanges de l'extrême-droite, des racistes et sécuritaires de tout poil, dont l'intervention de la rédac'chef du Point, journal qui s'est signalé par son islamophobie depuis longtemps, est le dernier exemple.

En ce qui concerne "les vents dominants" :
-A droite et extrême-droite, c'est l'extase.
-La bonne gauche (Télérama, Libération et c'est aussi l'extase, mais avec un peu de nuances et un discours évidemment un peu différent.
-Seule la la gauche un peu plus... à gauche ou radicale dénonce le caractère sécuritaire, islamophobe du film. Sauf semble-t-il certains sympathisants et militants de LO :33: qui rejoignent la catégorie précédente...

En ce qui concerne le réalisateur, a priori, je ne pense toujours pas qu'il soit raciste, mais il est visiblement très influencé par un "vent dominant" qui consiste à dénoncer prioritairement l'antisémitisme des jeunes "issus de l'immigration".

Sur la comparaison entre l'antisémitisme et l'islamophobie et leurs conséquences :
Les victimes de crimes racistes, arabes et noirs sont très nombreux depuis des dizaines d'années, mais on serait bien en peine de citer un seul crime antisémite.
(Qu'on ne cite pas le cas de Ilan Halimi qui est avant tout un crime crapuleux.)