Libé du 10 aout 2009 : Thierry Jonquet est mort

[Vérié]

Victor Serge, comparable à Jonquet?

Ca manque un peu de sens de la mesure, vérié
Tu m'as mal compris. Je prenais seulement le cas de Victor Serge, et ce qu'on peut retenir de lui, comme exemple. Il est bien évident que ni l'engagement dans la vie, ni les livres de Jonquet ne peuvent être comparés à ceux de Victor Serge. Toutefois, il faut tout de même aussi prendre en compte le fait qu'ils n'ont pas vécu à la même époque. La "carrière" politique littéraire de Jonquet s'est déroulée entre les années soixante-dix et aujourd'hui. A part mai 68 - comme jeune lycéen -, il n'a pas vécu des événements comparables à ceux qui ont marqué la vie de Victor Serge.

Les révolutionnaires et les écrivains révolutionnaires apparaissent généralement dans les périodes révolutionnaires.

[pelon]

C'est sûr, pas plus que personne Jonquet n'est responsable de la période dans laquelle il a vécu. Mais il n'a donc pas subi tout ce que Serge s'est pris au long de sa vie. On peut se décourager aussi parce que l'on vit une période peu enthousiasmante dira-t-on. Oui mais la barbarie du système se propage, s'étend et il y a beaucoup à faire. Donc respect à ceux qui tiennent le coup !

[Ottokar]

Moi j'ai finalement lu pas mal de livres de Jonquet et je n'ai pas trop aimé. J'ai lu "du passé faisons table rase", roman paru sous le pseudo de Ramon Mercader, pas très bon et parfois avec des personnages réellement connus à LO. J'ai lu le numéro 2000 de la série noire, un honneur, "la belle et la bête" et c'était glauque. J'ai lu "Rouge c'est la vie" où il réglait ses comptes 30 ans après avec LO, rajoutant sa petite pierre à la campagne anti LO à la joie de certains LCR... qui se le sont pris dans les dents deux ans après.

Non, je n'aimais pas Jonquet, ni lui, ni son évolution, ni ce qu'il a écrit.

[Vérié]

[quote=" (luc marchauciel @ vendredi 14 août 2009 à 06:59"]

J'ai lu quasiment tout Jonquet (sauf les deux derniers, juste pas envie, rapport à so évolution politique sans doute), et j'ai toujours trouvé ça très bon. Tout ça est un peu ancien, maintenant, mais je crois que Moloch et Les Orpailleurs sont ceux qui m'avaient le plus plu.
Son évolution idéologique apparait déjà dans Moloch et les Orpailleurs, où l'héroine est une juge du Syndicat de la magistrature - une justice républicaine donc. Et où un des plus gros méchants est un... tortionnaire serbe, à l'époque de la guerre, quand Plantu dessinait les soldats serbes sous les traits de cochons. A mes yeux, ces deux romans sont très bien ficelés, très bien construits, car Jonquet était très habile, mais très fabriqués, contrairement à ses premiers plus spontanés, plus sincères.

Et c'est vrai que, ces derniers temps, il ne manquait pas une occasion d'aligner ses anciens camarades : un raciste qui vote Arlette dans Mon vieux, et un prof trotskyste antisémite dans Ils sont notre épouvante. Triste évolution certes, qui lui vaut aujourd'hui les louanges d'une partie de la presse, et en particulier de Jean Birnbaum dans Le Monde, qui apprécie visiblement beaucoup sa "désillusion". les ex sont toujours beaucoup plus appréciés que les militants en activité.

Mais, je le répète, on peut tout de même retenir aussi la période, beaucoup plus longue, pendant laquelle Jonquet a été sincèrement engagé, en dépit de son hostilité particulière à l'égard de LO. A la fin de sa vie, obsédé par l'antisémitisme, il était cependant bien plus hostile à l'égard de la LCR qu'il accusait de complaisance vis à vis des islamistes et de l'antisémitisme.

[Ottokar]

je lis cela d'un peu loin, mais je crois qu'on est en train de déraper vers des débats qu'on a déjà eus (ce qui n'empêche pas de les recommencer) et surtout dans le hors sujet.

Mieux vaut revenir à Jonquet.

J'avais oublié les Orpailleurs en effet, qui ne m'avaient pas déplu, mais je n'en ai guère de souvenir. Ce que je lui reproche plutôt, outre son hostilité irrationnelle à LO, c'est son côté malsain. Dans lequel de ses romans un psy viole des débiles déjà ? Dans "la belle et la bête", on patauge dans la poubelle, et dans ses mémoires, il met sur le même plan ses engagements à l'extrême gauche et le sionisme idéalisé et quasi fanatique de sa compagne...

Tout cela, ajouté à son évolution, fait un tableau guère attirant. Allez, paix à ses cendres, j'en ai assez dit de mal.

Modération : la discussion sur la question du réalisme en littérature a été coupée (un peu à la hache, désolé) et déplacée ici. Ottokar

[luc marchauciel]

Pour ceux qui comme moi aiment Jonquet : l'émission "Mauvais genres" de France Culture lui rend hommage :

http://www.tv-radio.com/ondemand/france_cu...RES20091031.ram