par Front Unique » 05 Sep 2009, 19:15
Informations Ouvrières N° 62 semaine du 3 septembre au 9 septembre 2009
L’EDITO PAR DANIEL GLUCKSTEIN
Ils “ont fait leur job”. Qui fera le nôtre ?
On lit dans Le Monde (1er septembre) : « Le 15 septembre 2008, la banque d’affaires Lehman Brothers faisait faillite. Comme terrassée par un infarctus, l’économie mondiale s’effondrait (…). Un an a passé (…). Les gouvernements “ont fait le job”, le système financier a été sauvé. » C’est un fait : les gouvernements ont « fait le job », celui de la classe capitaliste. Ils ont déversé des milliers de milliards d’euros et de dollars pour renflouer les banques et les spéculateurs. Et on nous annonce aujourd’hui une « reprise » ?
La seule reprise, c’est celle de la spéculation, de l’exploitation et des licenciements. Un ouvrier de l’automobile témoigne : « La direction a reçu plus de trois milliards du gouvernement. Elle les a utilisés pour financer les suppressions d’emplois, baptisées “départs volontaires”. Et maintenant, elle fait appel à plusieurs centaines d’intérimaires. »
Oui, les gouvernements ont « fait leur job ». En France, ils ont offert 420 milliards d’euros aux capitalistes et aux spéculateurs. Et pendant ce temps-là, en cette semaine de rentrée, on apprend que ce sont 100 000 postes qui ont été détruits dans l’Education nationale en six ans ! En masse salariale, cela représente, chaque année, moins de 1 % des 420 milliards d’euros offerts en un claquement de doigts aux capitalistes et aux spéculateurs...
C’est la rentrée : des milliers de postes d’enseignants RASED sont supprimés en primaire, et, de ce fait, des dizaines de milliers d’enfants en difficulté seront privés de toute possibilité de suivre une scolarité correcte.
Oui, le gouvernement « a fait son job ». Mais qui « fera le job » pour la classe ouvrière ?
A l’université du PS, Martine Aubry a formulé nombre de critiques tout à fait justes vis-à-vis du gouvernement Sarkozy. Mais qu’a-t-elle proposé ? Les milliards versés aux capitalistes ? « Il fallait bien sûr les aider. » Les confisquer ? Pas question. Elle condamne « la désindustrialisation, avec son cortège de licenciements, (qui) n’est ni nécessaire, ni utile, ni fatale ». Fort bien. Mais alors, s’agit-il d’interdire les licenciements ? Non, il faut « financer le reclassement des salariés, accroître le niveau et la durée de l’indemnisation du chômage ». Les jeunes ? Elle préconise « la création de 150 000 emplois jeunes dans l’économie verte », autrement dit la précarité.
On comprend, dans ces conditions, que le directeur de la rédaction du journal capitaliste Enjeux-Les Echos se félicite que le PS ne semble pas s’opposer à la politique du gouvernement. Et pendant ce temps, des dizaines de milliers d’enfants sont refusés dans les écoles, on licencie à tour de bras. Les travailleurs se poseront la question : comment se fait-il que les partis qui se réclament de la classe ouvrière, leurs dirigeants, refusent obstinément de « faire leur job » ? Et pour commencer : unir leurs forces dans l’exigence incontournable de l’interdiction des licenciements. La question sera débattue dans la rencontre du 5 septembre.
Le POI, pour sa part, se prononce pour la nationalisation sans indemnité ni rachat des entreprises qui licencient, la confiscation de leurs avoirs, l’interdiction de tous les licenciements, le droit à un vrai travail, un vrai salaire pour tous, et en particulier pour chaque jeune, garanti par les conventions collectives et les statuts, et pour la confiscation des 420 milliards offerts aux banquiers. Cela pour mettre en oeuvre un véritable plan d’urgence, de maintien des emplois et des garanties collectives.
Le POI : un parti qui n’a d’autre intérêt que l’unité de la classe ouvrière et de ses organisations pour la défense et la reconquête de tous les emplois et de la démocratie.
PAR DANIEL GLUCKSTEIN