élections en Tunisie

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Message par abounouwas » 28 Sep 2009, 12:21

a écrit :
Tunisie : l'opposant Mustapha Ben Jaafar écarté de la course à la présidence
LEMONDE.FR | 28.09.09 | 10h47

Le docteur Mustapha Ben Jaafar, fondateur et secrétaire général du Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL), l'une des personnalités les plus respectées de l'opposition tunisienne, a été écarté, dimanche 27 septembre, de la course à la présidentielle du 25 octobre, date à laquelle le président Zine El Abidine Ben Ali briguera un cinquième mandat.

Le conseil constitutionnel a invalidé la candidature de M. Ben Jaafar au motif que ce médecin de 69 ans n'a pas été élu à la tête de son parti depuis plus de deux ans, comme l'exige une "loi électorale provisoire" adoptée l'année dernière.

"On joue sur les mots et on se moque des gens. Je dirige mon parti depuis sept ans. Cet habillage juridique d'une décision politique ne trompe personne", commente l'intéressé. Pour lui, la décision du conseil constitutionnel souligne "le seuil de tolérance" du pouvoir aux candidats crédibles. "Nous avons la confirmation que la loi électorale n'a pas été faite pour élargir le champ de la participation [comme annoncé officiellement] mais pour éliminer des adversaires gênants", déplore M.Ben Jaafar, tout en regrettant "cette occasion perdue" d'animer la vie politique en Tunisie et de tenter de "sortir la population de sa léthargie."

"INVALIDATION ABUSIVE"

La nouvelle loi électorale autorise les candidats à postuler à condition qu'ils soient les chefs "élus" de leurs partis politiques depuis au moins deux ans. Or Mustapha Ben Jaafar, s'il dirige le FDTL depuis 2002, année de sa légalisation, n'a réussi à organiser un congrès de son parti qu'en mai 2009.

En août, une autre figure de l'opposition tunisienne, l'avocat Néjib Chebbi, 60 ans, fondateur du Parti démocratique progressiste (PDP), avait annoncé qu'il boycotterait la présidentielle du 25 octobre, la loi électorale étant, disait-il "taillée sur mesure pour fermer la voie à toute candidature libre et priver le peuple tunisien du libre choix de ses dirigeants".

Le FDTL, comme le PDP, ont toutefois l'intention de participer aux élections législatives qui se dérouleront le même jour que la présidentielle, le 25 octobre, afin, disent-ils, de "ne pas déserter la bataille politique" et de ne pas rater l'occasion de garder le contact avec la population.

Reste à savoir si, là encore, ces deux partis ne seront pas réduits à la portion congrue. Sur les huit listes électorales qu'il a jusque là présentées, le parti de Mustapha Ben Jaafar en a déjà vu quatre éliminées par les autorités tunisiennes.

Quant au parti de Néjib Chebbi, sur les vingt-six listes présentées, vingt ont été rejetées. Le PDP dénonce une "invalidation abusive" et une "atteinte aux règles du jeu politique ainsi qu'au code électoral".

Florence Beaugé


Le FDTL est un regroupement d'organisations marxistes et du PCOT.
La dictature de Ben Ali, ami des capitalistes et de l'État bleu-blanc-rouge, a encore de beaux jours devant elle.
abounouwas
 
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Message par abounouwas » 28 Sep 2009, 12:29

... qui se sont diluées dans ce programme:

a écrit :
Notre projet se résume autour des axes suivants :

-  Mobiliser les forces démocratiques et les forces du travail, qui souffrent actuellement de la dispersion et de la marginalisation, autour de l’élaboration d’uni projet d’alternative globale en vue de :
rompre avec l’héritage négatif du monopartisme et ses pesanteurs.
imaginer des articulations vivantes et dynamiques pour dépasser les dichotomies traditionnelles opposant le politique et le social, le social et l’économique, le culturel et le mercantile, le national et l’international.
concevoir une nouvelle structure de pouvoir propre à libérer les énergies latentes de notre société et à permettre à notre peuple de sortir de la résignation et de la démission pour prendre en charge son destin au moyen d’institutions et de représentations capables d’exprimer ses préoccupations pour le présent et ses aspirations pour 1`avenir.

-  Renforcer l’esprit d’ouverture et de tolérance dans notre société imprégnée des valeurs de la civilisation arabo-musulmane et l’insérer dans une dynamique d’échanges avec les forces de progrès dans le reste du monde pour faire face aux défis de l’avenir et rejeter toutes forme de sectarisme et de fanatisme.

-  Concrétiser l’Etat de Droit. Etat de tous les Tunisiens, permettant La reconnaissance des Droits de l’individu, la protection des Droits de l’homme et assurant la poursuite des efforts accomplis dans la voie de l’égalité entre toutes les composantes de la société, hommes ou femmes.

-  Renforcer la culture nationale par uni débat largement ouvert, capable de restituer au peuple l’initiative d’un projet culturel réconciliant notre enracinement civilisationnel et historique avec les progrès scientifiques et techniques contemporains, seule possibilité de contribuer à l’évolution de l’humanité.

-  Construire une société démocratique. Cette tache doit être considérée comme un objectif stratégique dont la réalisation présuppose l’indépendance de la justice, la séparation des pouvoirs, l’institutionnalisation de contre-pouvoirs a tous les niveaux, qu’ils soient constitutionnels, politiques, économiques, syndicaux, sociaux ou culturels ; cette délimitation des compétences au sein de la société est seule susceptible de favoriser l’émergence et l’épanouissement du civisme par une pratique intériorisée dans le vécu quotidien.

-  Abolir les obstacles qui entravent la liberté d’information et d’expression et transforment les moyens audiovisuels et de communication en instruments dociles au service du pouvoir et de son parti ; rompre le monologue et instaurer une information pluraliste exigent notamment une révision radicale du code de la presse, une démocratisation de l’acces aux médias et la réhabilitation des professions du journalisme pour les protéger contre les intrus et la médiocrité.

-  Institutionnaliser les voies politiques et pacifiques pour traiter les divergences ci les conflits, quel qu’en soit l’objet, et établir un dialogue permanent entre toutes les composantes de la société dans le respect du droit à la différence et des droits de la minorité, quelles que soient les situations afro de concrétiser une réconciliation nationale véritable.

-  Adopter une politique économique mettant la restructuration des rouages de l’économie au service du développement et de la justice sociale ; cette conception rejette le désengagement de l’Etat comme étant un déni de responsabilité et impose la généralisation de la transparence dans la gestion des deniers publics ; elle ouvre la voie a l’initiative nationale, encourage l’effort, récompense l’ innovation et la création et réhabilite la science et le savoir.

La construction d’une économie nationale compétitive implique la participation effective des forces du travail ; elle doit être articulée en priorité vers la satisfaction des besoins essentiels de la population sur la base dune répartition équitable des ressources et des fruits de la production.
Les mutations idéologiques et les nouveaux rapports, tant politiques qu’économiques, qui se dessinent à l’échelle mondiale, confèrent aux questions de démocratie et de Droits de l’homme une place essentielle dans ha conscience universelle, rejoignant ainsi les aspirations permanentes de tous les peuples
En ce qui concerne notre environnement et notre prise, nul ne peut tuer que l’absence de ces valeurs a constitué et constitue l’une des causes essentielles de la crise dans laquelle se débattent les sociétés arabes, paralysant ainsi leurs forces vives et empêchant leur participation au progrès de l’humanité.
Si notre pays a assume plus dune fois un rôle de premier plan a travers sa longue histoire, il le doit avant tout aux qualités de son peuple qui a su faire preuve d’esprit de reforme, de tolérance et d’ouverture a l’universalité ; il ne peut renouer avec cette tradition et rayonner dans le Maghreb qu’en faisant droit aux aspirations de son peuple tout en se mettant au diapason de l’universel.
Nous sommes convaincus qu’a l’aube du XXIeme siècle et après 38 ans d’indépendance, la Tunisie avec son patrimoine civilisationnel, sa tradition militante et son capital humain est capable d’assumer une vie politique évoluée, respectueuse de la volonté du peuple et des droits des citoyens, de faire face aux défis de l’avenir et de participer à l’éveil rationnel du Monde Arabe dans un climat de liberté, de conscience de communauté de destin et de solidarité avec les pays en voie de développement dans leur lutte pour la liberté et le bien-être, contre toutes les formes d’exploitation et d’autoritarisme.

Tunis le 9 avril 1994


(piqué sur leur site, http://www.fdtl.org)
abounouwas
 
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Message par abounouwas » 23 Oct 2009, 09:17

a écrit :
Reportage
En Tunisie, "il y a ceux qui profitent du système et ceux qui enragent d'en être exclus"
LE MONDE | 22.10.09 | 14h25  •  Mis à jour le 23.10.09 | 07h46
Tunis, Monastir Envoyée spéciale

Tous les cinq ans, ils se persuadent que "c'est la dernière fois". La dernière fois qu'ils laissent "l'artisan du changement", selon la terminologie officielle, se maintenir au pouvoir, à coups d'amendements édictés à la veille des élections pour écarter tout rival sérieux. Mais voilà vingt-deux ans que cela dure. Autant les Tunisiens nourrissaient des illusions, au soir du 7 novembre 1987, après que M. Ben Ali, alors premier ministre, eut déposé Habib Bourguiba, devenu sénile, autant ils n'en ont plus aujourd'hui. Et, dimanche soir, ils le savent : quel que soit leur vote, Zine El-Abidine Ben Ali sera reconduit à la tête du pays pour un cinquième mandat, avec un score frôlant les 95 %.

Pourtant, l'impopularité de cet homme de 73 ans est frappante. Des trois pays du Maghreb, le régime tunisien est sans doute celui qui est le plus mal aimé de sa population. Même en Algérie, le pouvoir n'a pas droit à un tel mépris... Pour le touriste de passage, c'est à n'y rien comprendre. A première vue, la Tunisie est propre et belle. Routes, aéroports, services, tout fonctionne plutôt vite et bien. Tous les foyers tunisiens ou presque sont raccordés à l'eau et à l'électricité ; 80 % de la population est propriétaire de son logement (au prix d'un lourd endettement) ; il y a peu de bidonvilles. La scolarisation et les soins, même imparfaits, sont accessibles à tous. Les femmes bénéficient des mêmes droits que les hommes (sauf en matière d'héritage).

Le pays, géré par une équipe de bons technocrates, affiche également chaque année des taux de croissance honorables, de l'ordre de 5 %. Et pourtant, il est difficile de rencontrer des Tunisiens qui se disent heureux...

Dimanche 25 octobre, Rachid ira voter. Mais "pas pour "lui"", dit-il sèchement. Autrement dit, pas pour le candidat Ben Ali. Plutôt que de boycotter les urnes, ce père de deux enfants, 55 ans, fonctionnaire dans les chemins de fer, ira faire un tour dans l'isoloir, pour "ne pas se faire remarquer". Mais à l'abri des regards, il votera blanc. Ce qui l'exaspère ? Pêle-mêle, le chômage (14 %), en particulier celui des jeunes diplômés. Les salaires trop bas (le salaire minimum est de 250 dinars, soit 130 euros). Les passe-droits. Le racket des petits fonctionnaires, des policiers notamment. L'obligation d'adhérer au parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), pour bénéficier d'aides telles qu'un emploi, une bourse, un permis de construire, etc.

Ce maillage étouffant de la société par le RCD et ses affidés - comités de quartier et indicateurs -, Rachid et sa femme le vivent de plus en plus mal. Tous deux s'inquiètent pour leurs enfants. "Qu'est-ce que nous allons leur léguer ? Un pays où l'Etat de droit n'est qu'un mot en l'air ?", s'interrogent-ils avec anxiété et colère.

Mais un autre sujet domine toutes les conversations et alimente la frustration générale : la main-mise de "la famille" sur le pays. Comme le dit Rachid, "après un petit verre - car le vin ça dégage tout ! -, on vous avouera la vérité : on en a marre !". Marre, précise-t-il, des frères, des gendres, des neveux, des Trabelsi, Chiboub, Ben Ali, El-Materi, "de tout ce clan familial qui ne cesse de grossir et de s'accaparer les richesses du pays".

"La Tunisie connaît une croissance indiscutable depuis vingt ans, mais qui profite de façon très inégalitaire à la population. D'où la rancoeur que vous constatez. Nous sommes aujourd'hui dans une société duale, ce qui est nouveau. Il y a ceux qui profitent du système et en vivent extrêmement bien, et ceux qui enragent d'en être exclus ", analyse Tarek, un homme d'affaires prospère. Pour lui, le président Ben Ali excelle "à prendre le pouls du petit peuple" et à réagir au moment adéquat. Il lâche du lest quand monte la pression et décrète, par exemple, des hausses de salaire, pour éviter tout dérapage social sérieux ou prolongé. C'est cette capacité à deviner "jusqu'où il peut aller" qui, conjuguée au clientélisme et au maillage policier de la société, expliquent, en bonne partie, son maintien à la tête du pays.

Voilà longtemps, en tout cas, que le chef de l'Etat a compris que ses partenaires européens se contenteraient d'une démocratie en trompe-l'oeil en Tunisie. "Les droits de l'homme ? Après vingt-deux ans de bénalisme, la jeunesse s'en fiche ! A la limite, elle nous donne tort de continuer à mener ce combat. Elle estime que nous sommes bien bêtes de ne pas profiter du système ", se désole la sociologue Khadija Chérif, membre de l'Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), découragée comme beaucoup d'autres de sa génération. "Les étudiants sont totalement dépolitisés. Pour eux, la réussite passe par l'argent, non par l'effort ou les études", confirme l'universitaire Larbi Chouikha.

Résignés, indifférents, mais par-dessus tout tenaillés par la peur, les Tunisiens attendent. Quoi ? Ils ne le savent pas très bien. Que "la mort", "un coup d'Etat ", voire "un attentat", disent-ils un peu gênés, presque honteux, viennent les délivrer de cette soumission à un régime qui leur pèse, mais pas au point de se révolter. Grâce à la chaîne d'information qatarie Al-Jazira - "notre oxygène", disent-ils -, ils n'ignorent rien de ce qui se passe chez eux, en dépit du muselage de la presse nationale. "Tout a une fin", disent-ils de temps à autre, comme pour se rassurer.

Imperturbable, le pouvoir, lui, peaufine son langage à destination de l'Occident. "Nous souffrons d'un déficit d'image, par manque de savoir-faire en communication. C'est cela, notre principale faiblesse", soupire ainsi Zouhair Mdhaffar, ministre délégué auprès du premier ministre, chargé de la fonction publique, avant de poursuivre benoîtement : "Nous sommes une démocratie émergente. Nous savons que nous avons encore des progrès à faire dans ce domaine. Mais pourquoi donc êtes-vous si sévères avec la Tunisie ? Vous feriez mieux d'apprécier notre bilan global au lieu de vous attacher à des petits détails !"

Dehors, pendant ce temps, les défenseurs des droits de l'homme subissent un harcèlement quotidien, rendu possible par une administration et une justice aux ordres. "Petits détails", sans doute, que les tabassages en règle, et en pleine rue. Les filatures vingt-quatre heures sur vingt-quatre (y compris pour les journalistes étrangers). Les interdictions arbitraires de sortie du territoire. Les détournements de courrier, en particulier électronique. La surveillance des lignes téléphoniques. Le filtrage policier à l'entrée des domiciles privés. On n'en finirait pas de dresser la liste des méthodes employées par le régime...

"Détails" aussi, ces campagnes de diffamation, menées semaine après semaine par une presse de caniveau, contre toute voix discordante. Exemples choisis. Selon Kol El Nass et Al Hadath, deux journaux arabophones proches du pouvoir, Khemaïs Chammari, ancien député, est "un vendu et un corrompu". Hamma Hammami, porte-parole du Parti communiste des ouvriers de Tunisie (POCT, interdit), est "un salaud fanfaron". Le docteur Moncef Marzouki, ex-secrétaire général de la Ligue tunisienne des droits de l'homme, est "un drogué". Quant à Maya Jribi, secrétaire générale du Parti démocratique progressiste, (PDP, légal), l'une des très rares femmes à avoir eu l'audace de se lancer en politique, elle n'est rien d'autre qu'une lamboua ("putain").
Ce reportage a été réalisé au début du mois d'octobre, avant que l'envoyée spéciale du Monde, de retour en Tunisie, ne soit refoulée à l'aéroport de Tunis, le 21 octobre.



Florence Beaugé
Des présidentielles en forme de plébiscite

Depuis l'indépendance (1956), une caractéristique des élections présidentielles est que le vainqueur l'a toujours emporté avec plus de 90 % des suffrages exprimés. Habib Bourguiba a obtenu 99,67 % en 1959 ; 99,78 % en 1964 ; 99,75 % en 1969 et 99,85 % en 1974. De 1975 à 1987, ce fut "la présidence à vie" de Bourguiba. Son successeur, le président Ben Ali, a suivi la même voie. Arrivé au pouvoir en 1987, il a recueilli 99,27 % des suffrages en 1989 ; 99,91 % en 1994 ; 99,44 % en 1999. Mais "seulement" 94,48 % des suffrages en 2004.




Article paru dans l'édition du 23.10.09

abounouwas
 
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Message par artza » 23 Oct 2009, 09:49

(abounouwas @ vendredi 23 octobre 2009 à 09:17 a écrit :

Depuis l'indépendance (1956), une caractéristique des élections présidentielles est que le vainqueur l'a toujours emporté avec plus de 90 %

En France aussi on a connu ça...il parait que c'était une victoire de la démocratie :D
artza
 
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