par Barnabé » 21 Août 2003, 12:54
Je crois que le fond du problème, c'est de comprendre les rapports entre les bourgeoisies nationales européennes (et leurs états respectifs) et les "institutions européennes".
De fait, vu les rapports interimpérialistes mondiaux, les bourgeoisies européennes ont décidé, afin de faire contrepoids au poids économique de l'impérialisme américain, de fonder un marché commun à l'intérieur de l'europe. Cela signifiait pour elle de se faire des concessions mutuelles, et accepter un certain nombre de règles communes. Ce sont ces règles ("critères de convergence" etc.) qui ont été formalisées sous la forme de différents traités. De fait l'essentiel des bourgeoisies européennes a décidé d'aller assez loin dans la voie des concessions (l'impérialisme brittanique, fortement lié au capital américain est allé moins loin), allant par exemple, jusqu'à abandonner leur droit à faire fluctuer leurs monnaies avec l'établissement d'un taux de parité fixe (l'euro). Pour gérer ces compromis et arbitrer les désaccords, ont été mises en place un certain nombre d'institutions (parlement, conseil, commission). Mais celles-ci ne font jamais qu'exprimer le résultat du rapport de force entre les différentes bourgeoisies européennes, chacune défendant son bout de gras (comme on l'a vu par exemple dans les négociations sur la PAC).
Du reste, rien ne dit que cette "union européenne" soit faite pour durer éternellement. Les bourgeoisies européennes peuvent avoir, et ont souvent des intérêts divergents (comme l'a illustré la "crise" autour de la guerre en Irak), et si jusqu'ici, elles ont préférer sacrifier par des compromis une partie de leurs intérêts propres, en cas d'une crise aïgue du capitalisme mondiale (qui n'est jamais à exclure), il est possible qu'elles préfèrent laisser tomber tout ou partie des "accords européens" pour tenter de s'en sortir (en jouant par exemple sur les cours de leur monnaies et en enterrant du coup l'euro).
Dans tous les cas les états européens ne sont soumis à "Maastricht" que dans la mesure où c'est le choix qu'ils ont fait pour défendre les intérêts de leurs bourgeois (et parfois comme avec l'histoire des déficites, ils ne s'y tiennent même pas vraiment). Mais ils n'ont ni la volonté ni la capacité d'unifier politiquement l'europe (et si c'était le cas, nous devrions alors admettre que les états bourgeois peuvent encore avoir un rôle historique progressiste). La seule force sociale capable de le faire reste la classe ouvrière, et la seule véritable union européenne possible, les Etats Unis Socialistes d'Europe.