CLT sur la décroissance

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Sterd » 15 Déc 2009, 10:14

(Vérié @ mardi 15 décembre 2009 à 09:53 a écrit :
(Sterd @ mardi 15 décembre 2009 à 09:22 a écrit :
Un peu comme ce qui est dit à plusieurs reprises dans le topo, avec lequel tu est d'accord mais sauf sur certains points avec lesquels tu est d'accord mais sauf sur .... :pendu:

Parce qu'on doit être d'accord à 100 % avec tous les arguments employés, sinon on est classé décroissant ? :33:
Dans ton obsession a ne jamais vouloir être d'accord avec quelque texte ou citation de LO que ce soit, tu ne te rends même plus compte que tout ce que tu dis est dans le texte.

Que les décroissanteurs fassent des critiques justes, c'est le fond du propos de la longue introduction du topo. Du coup on voit pas bien ce que tu reproches à ce texte à par le fait qu'il émane de LO.

Sinon le site reporterre que tu donnes en lien ne contient pas grand chose. A 95% le site contient des articles dénonçant tel ou tel aspect du système (pas fausses en elles mêmes, comme dit dans le topo et par plusieurs camarades ici mêmes). Les rares articles ou on peut lire des propositions on tombe dans les aneries du style grève de la viande et de la voiture, campagne antiOGM et antinucléaires ou alors la plate forme de revendication de l'ADOC (traitée elle aussi dans le topo). Revendications dont on peut dire qu'elles sont utopiques si on est gentil, mais comme je ne le suis pas je dirais qu'elles sont malthusiennes et réactionnaires.
Sterd
 
Message(s) : 0
Inscription : 27 Nov 2005, 20:51

Message par Vérié » 15 Déc 2009, 10:44

a écrit : Sterd
Dans ton obsession a ne jamais vouloir être d'accord avec quelque texte ou citation de LO que ce soit

C'est un pur procès d'intention. Je pourrais te répondre : "dans ton obsession de ne pas supporter la moindre critique, la moindre nuance etc". Un texte aussi long mérite d'être discuté, il me semble, et on peut émettre des réserves sur certains points, des critiques, exprimer des désaccords.

Je développe donc à nouveau quelques points de désaccords, qui concernent une certaine vision du cpaitalisme :

a écrit : CLT (Page 8 format word en 12)
Ce n’est pas la production qui est le « but premier » du capitalisme, mais le profit. Et si, pour faire des profits, les capitalistes doivent ne pas produire, ils sont capables de le faire.


C'est totalement absurde, je le répète et j'insiste. Si un capitaliste peut décider de fermer sa boîte, consacrer ses capitaux à spéculer, acheter des immeubles et les louer, et continuer ainsi à faire du profit, c'est totalement impossible pour l'ensemble de la classe capitaliste, et même pour la classe capitaliste d'un Etat.
S'il n'y a plus de production, il n'y a plus de plus value, donc plus de profit.
De même, il n'est pas possible de continuer à faire autant de profit si la production baisse de façon significative. Cette baisse peut être compensée provisoirement en partie par une diminution des salaires réels et une augmentation de la productivité, mais ce n'est pas durable. Ca signifie que le capitalisme entre en crise, avec toutes les conséquences que cela implique, y compris la ruine d'une partie des capitalistes. La bonne santé du capitalisme - et des profits capitalistes - est inséparable de la croissance.

Tu n'as pas répondu à la question que je t'ai posée : si la décroissance est vraiment l'idéologie de secours du capitalisme, pourquoi donc Sarkozy la dénonce-t-il de façon aussi catégorique ?


a écrit : CLT (Page 9 format word en 12)
Malgré ces aspects, qui sont profondément inhérents au capitalisme lui-même, ce système a, pendant toute une période historique, révolutionné la planète et formidablement accru la quantité de richesses produites par l’humanité. Sans jamais parvenir, ni même chercher, à satisfaire les besoins humains, certes, mais d’une façon jamais vue jusque-là. C’était à l’époque de la révolution industrielle. Mais depuis, le capitalisme est entré, au 20e siècle, dans une nouvelle phase, où les progrès économiques n’ont pas cessé, mais où ils ont été grevés par des périodes de destruction massives de richesses – parmi lesquelles deux guerres mondiales, d’innombrables guerres régionales et crises locales.

On a là une vision assez proche de celle des Lambertistes, dont nous avons un défenseur sur le fil consacré au développement des forces productives. Certes, c'est plus nuancé : le texte convient que les progrès économiques n'ont pas cessé, mais s'efforce de les minimiser en expliquant qu'ils sont "grevés par des périodes de destructions massives de richesses". C'est une version soft de la théorie des "forces destructives".

Selon cette vision, l'idéologie de la décroissance serait l'idéologie du capitalisme décadent, stagnant, incapable de continuer à développer les forces productives.

En réalité, non seulement les progrès économiques n'ont pas cessé, mais le développement des forces productives s'est accéléré et à connu une véritable explosion, en dépit des destructions massives etc - destructions massives qui n'ont pas attendu 1914 pour être un trait caractéristique du capitalisme lors de ses crises. Toutes les crises du capitalisme se sont accompagnées de destructions de forces productives, c'est d'ailleurs leur "fonction". On pourra objecter que ces destructions ont été d'une ampleur sans précédent, mais le développement a lui aussi été d'une ampleur et d'une rapidité sans précédent.
a écrit : CLT (page 9)
Rien ne nous dit que l’avenir du capitalisme ne soit pas une longue période de stagnation, de croissance zéro – voire négative. Personne ne le sait, parce que personne ne contrôle ce système totalement chaotique.


Cette hypothèse est très peu vraisemblable car elle ne s'est jamais produite dans l'histoire du capitalisme. Ou du moins elle ne s'est produite que brièvement après la crise de 29 et a débouché très vite sur la guerre. On ne peut donc pas parler d'une longue période de stagnation. Le capitalisme n'est jamais resté "stationnaire". Il croit, entre en crise, s'effondre, redémarre au prix de destructions, guerres etc.

Donc, plutôt que de l'idéologie de la décroissance, le capitalisme a besoin "en temps normal" de l'idéologie de la croissance. Et, en temps de guerre, des idéologies nationalistes et xénophobes que nous ne connaissons que trop bien. Ou des deux à la fois...

J'en conclus que la théorie de la décroissance est une théorie petite bourgeoise et marginale, pas une théorie susceptible de devenir un axe idéologique de la bourgeoisie pour convaincre les travailleurs de se serrer la ceinture.
Vérié
 
Message(s) : 0
Inscription : 08 Sep 2007, 08:21

Message par volia » 15 Déc 2009, 11:25

(Vérié @ mardi 15 décembre 2009 à 11:44 a écrit :
Je développe donc à nouveau quelques points de désaccords, qui concernent une certaine vision du cpaitalisme :

a écrit : CLT (Page 8 format word en 12)
Ce n’est pas la production qui est le « but premier » du capitalisme, mais le profit. Et si, pour faire des profits, les capitalistes doivent ne pas produire, ils sont capables de le faire.


C'est totalement absurde, je le répète et j'insiste.

Et pourtant, c'est un point important et fondamental à comprendre par rapport à la situation actuelle.
Les trusts monopolistes, oui, peuvent décider de faire plus de profits en baissant la production. Il ne s'agit évidemment pas de dire que c'est une politique viable à long terme. Mais depuis quand les capitalistes mènent une politique viable à long terme ?

Exemples le plus flagrant : le pétrole. Les trusts du pétrole ont effectivement baissé leur production pour augmenter les prix et ainsi augmenter leurs profits. Au détriment d'autres capitalistes c'est vrai, mais surtout au détriment de la classe ouvrière.
Il y a plein d'autres exemples, l'automobile, l'industrie agro-alimentaire, etc.

Oui, le fondement du capitalisme c'est le profit et non pas la production. Un capitaliste ne produit que dans le but de faire du profit, c'est quand même évident pour des marxistes !

Par contre, sur la conclusion, moi aussi je la trouve un peu tiré par les cheveux. Mais pas pour les mêmes raisons. Je crois qu'assimiler la décroissance au stoïcisme ou au catholicisme, par rapport à la décadence du capitalisme, c'est donner beaucoup d'importance à la décroissance, plus qu'elle n'en mérite.
volia
 
Message(s) : 0
Inscription : 10 Nov 2005, 15:15

Message par quijote » 15 Déc 2009, 11:51

(Vérié @ mardi 15 décembre 2009 à 10:44 a écrit :. Il croit, entre en crise, s'effondre, redémarre au prix de destructions, guerres etc.


Pas d 'évolution,pas de phase , c'est toujours pareil, pas d'histoire,? J'admire la pertinence de ce raisonnement non pas dialectique mais platement mécaniste
quijote
 
Message(s) : 0
Inscription : 25 Mars 2003, 17:11

Message par pelon » 15 Déc 2009, 13:58

Question à Vérié : quelles nouvelles questions (auxquelles "ils apportent des mauvaises réponses") les décroissants posent-ils ? A mon avis, c'est plutôt des nouvelles réponses (réactionnaires certes) qu'ils apportent. Et encore, le CLT cite un certain nombre de prédécesseurs.
pelon
 
Message(s) : 33
Inscription : 30 Août 2002, 10:35

Message par Vérié » 15 Déc 2009, 14:32

(pelon @ mardi 15 décembre 2009 à 13:58 a écrit : Question à Vérié : quelles nouvelles questions (auxquelles "ils apportent des mauvaises réponses") les décroissants posent-ils ? A mon avis, c'est plutôt des nouvelles réponses (réactionnaires certes) qu'ils apportent. Et encore, le CLT  cite un certain nombre de prédécesseurs.


Même si on peut trouver des écrits de Marx expliquant que l'homme - ou plus exactement la production capitaliste - détruit la nature, la "prise de conscience écologique" et les inquiétudes qu'elle suscite est tout de même relativement récente.

En gros, ils disent "on ne peut plus continuer comme ça sans aller à la catastrophe", mais ils avancent des solution réformistes, utopispes parfois débiles en effet. Le "mouvement" (peut-on parler de mouvement ?) ou le courant de pensée décroissant exprime cette inquiétude et le rêve d'une partie de la petite bourgeoisie, des marginaux, voire d'une frange du prolétariat (?) d'échapper à "l'enfer capitaliste" - même si Paris, ce n'est qu'un enfer bien soft à côté de Bamako, Lagos ou Douala... -, voire pour certains de revenir à l'artisanat, comme les Proudhoniens.

Mais, quand ils disent "il faudrait trois planètes etc", c'est tout de même vrai dans cadre du système actuel - enfin, je ne sais pas si quelqu'un a vraiment procédé à un calcul fiable. Mais si tous les pays se développent sur le modèle des grands pays industrialisés d'aujourd'hui, sans bouleversement majeur, la planète va avoir des problèmes...
a écrit :
Les trusts monopolistes, oui, peuvent décider de faire plus de profits en baissant la production. Il ne s'agit évidemment pas de dire que c'est une politique viable à long terme. Mais depuis quand les capitalistes mènent une politique viable à long terme ?

Exemples le plus flagrant : le pétrole. Les trusts du pétrole ont effectivement baissé leur production pour augmenter les prix et ainsi augmenter leurs profits.


Le pétrole ne me semble pas du tout un bon exemple. Ce n'est pas à proprement parler une production industrielle. Il s'agit de jouer sur l'offre et la demande, en stockant, ralentissant l'extraction etc.

Mais, non seulement à long terme mais à moyen terme, il n'existe pas une seule industrie mondiale dont la production ait baissé, en dehors de productions obsolètes supplantées par d'autres. Les capitalistes s'efforcent d'obtenir une flexibilité de la production (et de la main d'oeuvre...), ils peuvent la diminuer provisoirement, mais ils la relancent ensuite, et, à l'échelle d'une période de durée moyenne, on n'observe que des hausses, même si la courbe n'est pas rectiligne. C'est encore plus évident à long terme.
Donc, je maintiens que l'idée que les capitalistes pourraient décider d'arrêter la production ou de la réduire de façon importante en conservant leurs profits est absurde.

Sinon, nous sommes évidemment bien d'accord que l'objectif du capitaliste est le profit, mais le profit ne peut se réaliser que grâce à l'extraction de la plus value, donc de la production. Le moteur du capitalisme, c'est le profit, mais c'est aussi l'exploitation dont le profit est inséparable.

Or, dans le raisonnement du texte du CLT, il s'agirait d'une idéologie destinée à accompagner une longue stagnation ou un long recul.
a écrit :
Vérié
Le capitalisme croit, entre en crise, s'effondre, redémarre au prix de destructions, guerres etc.

Réponse Quijote
Pas d 'évolution,pas de phase , c'est toujours pareil, pas d'histoire,? J'admire la pertinence de ce raisonnement non pas dialectique mais platement mécaniste


Quijote, sincèrement, je ne comprend pas le sens de ta critique, ni ce que le mécanisme vient faire là-dedans.
Vérié
 
Message(s) : 0
Inscription : 08 Sep 2007, 08:21

Message par quijote » 15 Déc 2009, 14:49

réponse à l'ami Vérié : Vérié n 'aime pas quand nous parlons de "déclin" quand nous évoquons la phase ultime du capitalisme , quand nous parlons pour le définir d 'impérialisme , de monopoles , .. pour lui , Vérié", le capitalisme n' a pas d 'histoire puisque les crises actuelles avec leur cortège de destruction , c 'est la même chose qu 'aux débuts de la révolution industrielle ..
Il nous dit " bah! des crises il y en aura toujours et te capitalisme rebondira "
Si on n 'appelle pas ça un "raisonnement" mécaniste , alors , c'est quoi?

Et Lénine ; quel idiot quand il parle de capitalisme sénile quand il parle de "stade suprême "! ...
quijote
 
Message(s) : 0
Inscription : 25 Mars 2003, 17:11

Message par Vérié » 15 Déc 2009, 15:14

a écrit : Quijote
le capitalisme n' a pas d 'histoire puisque les crises actuelles avec leur cortège de destruction , c 'est la même chose qu 'aux débuts de la révolution industrielle ..


Si, le capitalisme a une histoire, qui est justement une longue suite de périodes de prospérité et de crises plus ou moins brutales. Il a incontestablement évolué, non seulement entre la période de la révolution industrielle et celle que Lénine et Trotsky ont pu étudier (un peu plus tard pour Trotsky), mais entre celle de Lénine/trotsky et la notre. Mais, ce que montre l'expérience, c'est que le capitalisme a toujours redémarré après ses crises, aussi bien le capitalisme d'avant 14-18, que le capitalisme d'après 1945. Pour formuler des pronostics, nous nous appuyons sur l'expérience historique, non ? Or l'expérience historique ne nous montre pas une longue agonie du capitalisme, ni un capitalisme décadent en putréfaction qui ne développe plus les forces productives, mais un capitalisme qui a été capable de développer les forces productives à une vitesse et un niveau jamais atteint. Ca, ce sont les faits.
On est donc enclins à penser, en s'appuyant sur cette expérience, que, si le prolétariat n'abat pas le capitalisme à la faveur d'une prochaine crise, il redémarrera au prix sans doute de souffrances terribles de la population, à moins qu'une guerre mondiale ne ramène la planète à l'âge du bronze...

a écrit : Quijote
Et  Lénine ; quel idiot quand il parle de capitalisme sénile quand il parle de "stade suprême "! ...

Il faudrait nous démontrer en quoi le capitalisme en est arrivé à un stade qu'il ne peut plus dépasser. Lénine le pensait peut-être en 1918 et Trotsky en 1938, encore que leur pensée était autrement plus souple que celle de leurs thuriféraires qui considèrent chaque petite ligne écrite comme un commandement biblique. Mais la suite des événements a montré que le capitalisme avait au moins un autre "stade" à parcourir. A moins de considérer que le "stade" de 1945 à nos jours n'est que le prolongement de celui de 1914-1938.

On en a déjà discuté sur l'autre fil, mais cette théorie de l'effondrement total, inexorable etc est justement... mécaniste - pour de bon, puisqu'elle consiste à penser que le fonctionnement mécanique de l'économie entraîne mécaniquement l'effondrement total -, fataliste et millénariste, c'est à dire fondée sur une sorte de croyance religieuse. En cela, elle rejoint un peu les théories des décroissants que LO compare à tort ou à raison aux croyances religieuses...
Vérié
 
Message(s) : 0
Inscription : 08 Sep 2007, 08:21

Message par Vérié » 15 Déc 2009, 16:16

A Volia,

Je viens de vérifier : même ton exemple sur le pétrole n'est pas bon. Il suffit de consulter la courbe de la production mondiale de pétrole et des capacités de raffinage depuis 1970 :
http://www.unctad.org/infocomm/francais/petrole/filiere.htm

En dépit de périodes de léger recul, cette production et ces capacités n'ont jamais cessé d'augmenter jusqu'à présent. Et, si on prenait 1900 pour origine, inutile de préciser que l'augmentation serait encore plus spectaculaire. Idem d'ailleurs pour la production de matières premières plus "anciennes" comme le charbon...
Vérié
 
Message(s) : 0
Inscription : 08 Sep 2007, 08:21

Message par luc marchauciel » 15 Déc 2009, 16:49

Bien que je pense que l'on puisse évidemment caractériser la production pétrolière comme une activité industrielle (tu m'étonnes !), je pense comme Vérié que ça n'apporte pas grand chose de parler de capitalisme pourrissant en phase terminale, etc. On écrira l'histoire définitive du capitlalisme quand on vivra en soicété socialiste, d'ici là, soyons prudents...
Du coup, je ne vois pas du tout la Décroissance comme l'idéologie d'un capitalsme décadent ou je ne sais quoi. Elle ne me semble pas être l'expression de quelque capitalisme que ce soit, mais plutôt une expression d'un anticapitalisme déboussolé, le signe d'un grand désarroi dans le mouvement ouvrier, une impasse produite par une situation qui elle est bellle et bien assez pourrie... Ce n'est pas un phénomène nouveau, c'est plutôt une regréssion, un retour au stade du luddisme, une forme de pré-marxisme.
Mais il est du rôle des orgas révolutionnaires de dénoncer les impasses, surtout quand elles ont comme ici un côté réactionnaire, au sens propre du terme, plutôt que de les brosser dans le sens du poil.
luc marchauciel
 
Message(s) : 73
Inscription : 12 Avr 2008, 18:37

PrécédentSuivant

Retour vers Histoire et théorie

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Gayraud de Mazars et 1 invité