Euh... Il me semble que tu as compris de travers ce que j'ai écrit. Ou alors, je me suis mal exprimé.
Je n'ai jamais dit qu'il y a "du bon et du mauvais partout". Ca n'a pas de sens. Et certainement pas du bon chez les monarchistes iraniens. J'ai cité cette auteure pour donner un exemple d'amalgame islamophobe : Islam/mosquée = recul des libertés. Rien de plus.
Par ailleurs, je ne préconise pas de faire du foulard de Ilhem un drapeau pour la campagne du NPA (ou de tout autre parti d'extrême-gauche). Je ne vois pas où tu as été chercher cette idée ? :33: J'estime qu'on doit la défendre contre l'attaque virulente dont elle est l'objet de la part de gens qui sont beaucoup plus islamophobes que préoccupés par le sort et les droits des femmes.
Voici un texte de la tendance CLAIRE (ex scission du POI) du NPA, qui contient pas mal de choses justes à mon avis. Je suis en tout cas d'accord avec l'axe principal contenu dans le titre.
(J'ai coupé les parties qui concernent des critiques du NPA sur d'autres sujet et sont donc HS sur ce fil. Mais laissé la critique du SWP britannique. Le texte complet est sur le site de CLAIRE)
a écrit :
Contre la campagne haineuse et hypocrite de la bourgeoisie, une priorité : défendons notre camarade Ilhem Moussaid et le NPA !
La contradiction entre le foulard musulman et les valeurs féministes ne peut faire obstacle à la pleine intégration de ces militantes si elles défendent le programme du parti
De nombreux camarades se sont émus, voire indignés, en apprenant par la presse qu’une militante du NPA, qui a fait le choix de porter un voile en raison de ses convictions religieuses, se trouvait sur la liste NPA du Vaucluse (région PACA). Le débat est d’autant plus nécessaire que la direction de notre parti a refusé de l’organiser au préalable. Mais il nous semble important d’essayer de le poser dans des termes concrets, car on ne peut pas se contenter de réaffirmer les principes généraux de la laïcité ou du féminisme. Nous devons inscrire ce débat dans le contexte politique et tenir compte du fait que des jeunes femmes musulmanes se réclament du féminisme et de l’anticapitalisme tout en faisant le choix de porter un foulard, afin de nous demander dès lors si cette contradiction, réelle, ne pourrait pas être assumée dans le cadre d’un parti anticapitaliste révolutionnaire cherchant à gagner les plus opprimés.
Dans quel contexte intervient cette campagne de la bourgeoisie contre la camarade Ilhem et le NPA ?
Depuis trente ans — sans même remonter à la guerre d’Algérie —, la bourgeoisie essaie de nous faire croire que l’une des causes du chômage de masse serait la présence massive d’immigrés, originaires avant tout de pays musulmans. Depuis trente ans, la politique des gouvernements successifs de droite et de gauche consiste à multiplier les lois anti-immigrés et sécuritaires, à parquer les populations d’origine immigrée dans des ghettos de banlieue et à soutenir de fait la montée des discriminations de toutes sortes contre ces populations. Cela s’est encore aggravé avec l’arrivée de Sarkozy au pouvoir, qui s’est fait élire en reprenant des thèmes du Front national et qui, depuis, mène une chasse systématique et impitoyable aux sans-papiers et aux jeunes des quartiers populaires. Enfin, depuis la crise capitaliste qui a éclaté à l’été 2008, la bourgeoisie redouble ses coups contre les travailleurs, la jeunesse et les femmes. D’autant plus que le retour du prolétariat sur la scène de la lutte des classes et la résistance multiforme des travailleurs, malgré la politique des appareils, l’inquiètent. C’est pourquoi elle cherche frénétiquement à diviser les travailleurs, à détourner leur attention des véritables problèmes et à trouver des boucs émissaires à la crise. C’est pourquoi le gouvernement a lancé son débat raciste sur l’identité nationale et prépare une projet de loi interdisant le port de la burqa dont le seul but est de stigmatiser les musulmans.
Ne pas comprendre que la campagne hystérique de la bourgeoisie contre notre camarade Ilhem et le NPA est étroitement liée à ce contexte politique, c’est prendre le risque de mener un débat abstrait, coupé de la très difficile situation sociale et politique à laquelle nous sommes confrontés. De fait, cette campagne a été lancée par le quotidien réactionnaire Le Figaro et relayé en quelques heures par tous les principaux partis de la bourgeoisie, du FN aux dirigeants du PCF. Naturellement, les arguments « laïques » et « féministes » avancés ne sont qu’hypocrisies de la part de ces partis qui gouvernent le pays à tour de rôle, aux niveaux national et régional, en subventionnant les écoles et lycées privés (catholiques à 90%), en rémunérant par les fonds publics les prêtres d’Alsace-Moselle, en refusant toute mesure sérieuse pour l’égalité salariale des hommes et des femmes, en rétablissant le travail de nuit des femmes dans l’industrie (gouvernement Jospin-Buffet-Mélenchon en 2001), en refusant la contraception gratuite, en fermant les centres IVG, en soutenant les gouvernements les plus réactionnaires de par le monde, etc. Dans le cas du PS et du PCF, la participation à la campagne contre le NPA est d’une hypocrisie d’autant plus scandaleuse que ces partis ont l’un et l’autre présenté une candidate portant un foulard musulman à des élections antérieures, l’une siégeant au conseil municipal de Creil (Oise), l’autre à celui d’Echirolles dans l’Isère (cf. Le Monde du 8 février).
(...)
Ilhem a toute sa place dans notre parti et ne doit subir aucune discrimination !
En effet, la camarade Ilhem n’est ni une militante de l’islam politique, ni une prosélyte de sa religion : c’est une militante qui revendique, comme nous tous, un combat anticapitaliste, laïque et féministe, se prononçant en particulier, publiquement, pour la liberté sexuelle, la contraception et le droit à l’avortement (cf. Politiques, 05/02 et Le Monde, 10/02). À moins de l’accuser de mentir ou de lui faire un procès d’intention, ce qui serait contraire au principe selon lequel on juge les gens par leurs actes, il n’y a aucune raison de douter de la sincérité de son engagement. D’autant plus que le NPA a fait le choix d’accepter en son sein toute personne se disant en accord avec « l’essentiel de ses principes fondateurs » et de ses statuts — et, dans les faits, il accueille à bras ouverts même des réformistes assumés, voire les met aux premières places électorales, sans que cela suscite de polémiques au-delà de la Tendance CLAIRE et de quelques autres camarades de la gauche du parti . — Bref, Ilhem a toute sa place dans le parti et, comme il n’y a pas deux catégories de militants, elle a comme les autres le droit de représenter le NPA si elle s’engage à défendre publiquement son programme et si, après débat, le parti le décide (sachant qu’elle est évidemment mandatée et révocable, comme tout représentant du parti).
Certes, Ilhem porte un foulard musulman sur la tête. Mais rien ne l’interdit dans nos statuts — fort heureusement. Contrairement à un ou une chrétien-ne qui porterait une grosse croix, ce foulard n’en fait pas par lui-même une militante de l’islam qui ferait du prosélytisme : chacun sait que c’est là un signe consubstantiel à une certaine interprétation de la religion musulmane. Si cette camarade est croyante et qu’elle partage cette interprétation de sa religion, c’est son droit. Il serait inacceptable de lui faire subir une discrimination sous prétexte que le signe en question est inévitablement visible alors que la croyance d’un homme musulman ne le serait pas et que celle d’un ou une chrétien-ne s’exprimerait plus discrètement par une petite croix autour du cou.
Le foulard musulman est contradictoire avec nos valeurs féministes, mais cette contradiction est secondaire si l’on est d’accord avec notre programme
Certes, ce foulard symbolise, dans la religion musulmane (comme d’ailleurs dans la religion juive et dans la religion chrétienne à d’autres époques et encore aujourd’hui dans certains cas), une oppression des femmes par les hommes. Mais nous combattons avant tout les oppresseurs, donc les hommes qui imposent le foulard aux femmes, non les opprimées, les femmes qui le portent et que nous aidons au contraire à prendre conscience qu’elles peuvent s’en libérer et à combattre pour cela. De ce point de vue, il est juste de soutenir et encourager les femmes qui décident d’enlever le foulard : nous devrions les mettre systématiquement en avant pour en faire des modèles et qu’elles assurent prioritairement la représentation du parti dans les quartiers populaires (et il n’y aurait ainsi pas la moindre attaque possible sur cette question contre le NPA).
Cependant, le fait est qu’Ilhem, après avoir acquis par son engagement les instruments politiques qui la mettent à égalité avec les autres militants, persiste quant à elle à vouloir porter un foulard tout en se revendiquant du féminisme et des autres valeurs de notre parti. Or ce combat politique subvertit par lui-même, non complètement, mais largement, le sens de son foulard. Il s’agit certes d’une contradiction personnelle qui pose un problème politique : on ne peut le nier, comme prétendent le faire certains camarades en parlant unilatéralement de « libre choix », comme si le foulard ne symbolisait rien. De plus, en menant la campagne du NPA tout en portant le foulard, Ilhem affichera en permanence cette réelle contradiction. Si nous comprenons que cela trouble certains camarades, nous pensons néanmoins que nous devons l’assumer. En effet, Ilhem n’est pas la seule militante à porter une ou plusieurs contradictions personnelles posant des problèmes politiques ! Nous connaissons aussi des militants qui se disent anticapitalistes et qui signent des accords avec le PC et/ou le PG pour subventionner les entreprises privées. Nous en connaissons d’autres qui se disent révolutionnaires et qui croient que des élus NPA dans les conseils régionaux vont pouvoir changer les choses. Plus généralement, nous connaissons tous des militants dont le comportement trahit un machisme ordinaire même quand ils se disent féministes. Nous savons que certains prennent leur grosse voiture bien polluante même quand ils ont un métro ou un RER près de chez eux. Et nous connaissons même des camarades qui fustigent le capitalisme et qui exercent pourtant des professions d’encadrement. La seule différence avec Ilhem, c’est que ces contradictions personnelles ne se voient pas sur une liste électorale !
Mais surtout, la camarade Ilhem est une femme, une jeune et immigrée (elle est née au Maroc). Elle fait donc partie à trois titres des catégories les plus opprimées de la société française profondément inégalitaire et de plus en plus oppressive. À moins de sombrer dans le formalisme d’une morale abstraite, on ne peut être insensible à l’importance politique décisive de ce fait. Le NPA revendique à juste titre de vouloir se construire comme un parti des exploités et des opprimés qui luttent contre le capitalisme, car c’est là que se trouve le principal ferment de la révolte et la classe qui accomplira la révolution. S’il doit se concentrer avant tout sur l’activité en direction de la classe ouvrière (ce qu’il ne fait vraiment pas assez aujourd’hui), il est crucial que notre parti recrute tout particulièrement parmi les couches les plus opprimées, notamment les femmes, les jeunes les personnes d’origine maghrébine ou africaine. Nous devons donc revendiquer fièrement la présence de ces opprimés dans notre parti et sur nos listes.
S’il s’agit de femmes musulmanes, le parti préférera certes qu’elles ne portent pas de foulard, mais c’est à elles seules de le décider : on ne peut se libérer que librement ! De plus, dans un pays impérialiste, colonialiste et raciste comme la France, depuis les années 1980 et surtout depuis la « guerre des civilisations » lancée par Bush après les attentats du 11 septembre 2001, beaucoup de jeunes musulmanes portent le foulard pour exprimer leur solidarité avec leur communauté, pour dire leur refus des discriminations et du racisme. Même si cet acte exprime alors une évidente confusion dont il faut discuter avec elles, il traduit aussi une préoccupation légitime et constitue de fait un véritable phénomène de génération, qu’on ne peut nullement réduire à la montée de l’islam politique. Beaucoup de jeunes du parti et les camarades intervenant dans les quartiers populaires en ont conscience, alors que ce phénomène relativement récent n’est pas toujours bien perçu par des camarades venus en politique dans les années 1970, croyant voir dans toutes les femmes voilées, sans distinction, le visage de l’islam politique qui étrangla la révolution iranienne en 1979 avec la complicité des staliniens alliés à Khomeyni sous prétexte d’anti-impérialisme. De fait, la montée de l’islam politique depuis les années 1980 s’est nourrie des trahisons staliniennes et réformistes qui ont à la fois facilité l’offensive néolibérale et impérialiste des bourgeoisies occidentales et entraîné une crise profonde du mouvement ouvrier et de la conscience de classe. Pourtant, il est évident que le foulard imposé de force par un État réactionnaire, un imam ou même une famille traditionaliste n’a pas le même sens que celui porté par de jeunes musulmanes en signe de solidarité avec leur communauté d’origine opprimée. C’est pourquoi, si le parti n’a pas réussi à convaincre les camarades gagnées à l’anticapitalisme et au féminisme, mais voulant garder leur foulard, de la contradiction que celui-ci représente avec de tels principes, cela ne doit pas être un obstacle au fait de militer ensemble et à égalité. Le parti doit au contraire assumer publiquement le fait qu’une telle contradiction personnelle ait sa place dans ses rangs — d’autant plus qu’elle restera de toute façon secondaire et marginale. C’est ainsi qu’il sera possible d’aller au dialogue à la fois avec les femmes musulmanes qui ont enlevé leur foulard et avec celles qui le portent encore, en défendant nos principes et notre volonté d’y gagner en priorité les opprimés.
La seule manière de lutter efficacement contre les préjugés religieux des opprimés, c’est de les gagner au marxisme révolutionnaire
Il ne s’agit évidemment pas de faire la moindre concession à l’islam politique. Tout au contraire, il faut condamner avec la plus grande fermeté la politique du SWP britannique, relayée par ses amis au sein du NPA, consistant à passer des accords politiques (coalition « Respect ») avec des organisations politiques islamistes, donc bourgeoises, sous prétexte que l’islam est, dans les pays impérialistes, une religion d’opprimés et que cela suffirait à en faire une force contestataire du système. Nous devons combattre l’islam politique comme tous les programmes bourgeois, ne jamais mélanger notre drapeau avec le sien — même quand une mobilisation contre la guerre impérialiste, contre le racisme anti-musulman ou pour soutenir le peuple palestinien peut justifier de frapper ensemble et au même moment l’ennemi commun.