L'effet de la crise sur la malnutrition dans le monde

Dans le monde...

Message par shadoko » 31 Juil 2009, 13:59

Voici un court article de "The Economist", journal bourgeois s'il en est. Il traite de l'effet de la crise financière et de l'augmentation du prix des produits alimentaires de base sur la population pauvre.

Il contient un certain nombre de chiffres qui sont tirés d'une étude de l'ONU qu'on peut trouver ici:
http://www.unscn.org/files/Publications/Br...l_Crisis_4p.pdf

Pour ceux qui ne lisent pas l'anglais, quelques exemples:

-Entre 1990 et 2007, le nombre de personnes souffrant de malnutrition a augmenté de 80 millions, puis à nouveau de 40 millions pendant l'année 2008 seulement, pour atteindre 963 millions de personnes.
-La banque mondiale estime qu'il y aura entre 200 000 et 400 000 enfants supplémentaires qui mourront de faim chaque année, d'ici 2015.
-Il y a environ 50 millions, soit 40%, de femmes enceintes anémiques dans les pays sous-développés, et ce chiffre va augmenter de 1,2 million en Asie et de 700 000 en Afrique.
-Ce sont les femmes qui sont les plus touchées par les conséquences de la crise parce que dans les foyers, ce sont les premières à devoir faire des sacrifices quand la situation financière se détériore.

a écrit :
The poor and the global crisis
The trail of disaster
Jun 18th 2009
From The Economist print edition

The downturn is claiming victims that never appear on a balance sheet


NINE months after the collapse of Lehman Brothers, the world’s economic crisis is still usually discussed as though it consisted of dire bank balance-sheets, falling exports and bankruptcies or job losses in the West. But at the other end of the trail that starts with financial woes in rich countries are underweight children and anaemic expectant mothers in poor ones. New research by the United Nations’ standing committee on nutrition (available on http://www.unscn.org) gives a first estimate of how the crisis has hurt the group of people most affected by the crash: the very poorest.

In 1990-2007, the number of hungry people rose by about 80m, though this was, by and large, a period of rising incomes in developing countries (and a huge increase in population). In 2008 alone, the number rose a further 40m, to 963m—half as much in one year as during the previous 17. In other words, lots more children and pregnant women are not getting the food they need. The report reckons that the number of underweight children will rise from 121m to 125m by 2010, assuming no change in the size of the world economy (in fact, it is expected to shrink 2% this year). The World Bank has already estimated that until 2015 the crisis will lead to between 200,000 and 400,000 more children dying every year.

The poorest face two crises: the world recession and the resumption of food-price rises. Food prices had been falling but even then, the global price fall did not translate into a comparable decline on local markets in most poor countries, so the poor did not benefit much. World prices bottomed out in December 2008 and have since risen 26%. In the poorest countries, a rise of 50% in the price of staples pushes up the family food budget from 50% to 60% of household income.

Initially, people skimp on non-staple foods, cutting the quality and diversity of their intake; in the next stage, the quantity and safety of diets suffer. That in turn damages their health. Currently, around 50m, or 40%, of pregnant women in developing countries are anaemic. Anaemia in expectant mothers, which causes low birth weight and unhealthier babies, is likely to rise by a further 1.2m in Asia and 700,000 in Africa.

To make matters worse, this is happening at a time when the global slump is causing job losses or wage squeezes everywhere—worldwide unemployment rose to 6% in 2008—so in some poor countries, it now takes an extra ten hours a week or more to feed a family of five.

The resulting burden falls heavily on women. As the report says starkly: “Women are usually the last to benefit from increasing income [but] they are usually the first to make sacrifices when the financial situation deteriorates.”
shadoko
 
Message(s) : 2
Inscription : 17 Juin 2004, 19:35

Message par Antigone » 24 Mars 2010, 13:27

On constate depuis quelques mois mois dans les pays du Sud, et surtout depuis le début de l'année, un renchérissement des denrées alimentaires: riz, viandes, légumes, sucre... même l'eau.

Dans la presse, aucun aticle n'en fait état globalement, mais pays par pays, on commence à s'alarmer de la flambée de certains produits de première nécessité: la viande en Argentine (+40% en 2 mois), le riz en Inde (+25% en un an), le sucre en Afrique de l'Ouest (+50% en quelques mois). Les récentes dévaluations monétaires intervenues au Vénézuéla et au Vietnam rendent les produits importés hors de prix.
De mauvaises récoltes, la sècheresse inhabituelle dans certains régions comme celle allant du Nord de la Thaïlande au Sud de la Chine actuellement, vont bientôt se répercuter sur les marchés et aggraver cette situation dans les mois à venir.
Des millions de personnes sont menacées de famine au Niger et au Tchad, ce qui provoque un mouvement de populations vers les pays voisins déjà instables.
Alors que les économistes envisagent une relance de l'inflation qui aurait pour effet d'éponger une petite partie de la dette, on s'achemine tout droit vers une crise alimentaire dans certains pays et à de nouvelles émeutes de la faim comme au début de l'année 2008.

Difficile de dire aujourd'hui où ça va pêter en premier, mais on sait que Alger, Le Caire, Tunis, Madagascar, le Sud de l'Asie sont particulièrement exposés. Voici quelques coupures de presse récoltées ici et là ces derniers jours, qui donnent une (petite) idée du problème...

Madagascar
a écrit :Tana News - 17 fev 2010

Face à l’augmentation du prix du sucre, la révolte du « mofo gasy » couve en sourdine

Après ceux de l’essence, c’est au tour des prix du sucre de flamber. Sur le marché international, il y a longtemps que le cours du précieux édulcorant est à la hausse, boosté par l’insuffisance de la production mondiale. Inutile cependant de vouloir expliquer ces mécanismes complexes au quidam de la rue. Lui, ce qu’il voit, c’est que son « mofo gasy » est passé de Ar 50 à Ar 70 et qu’il ne peut plus demander de supplément de sucre pour adoucir l’amertume de son café (et de son quotidien).

La hausse du sucre pourrait donc bien être celle de trop pour la HAT qui n’a qu’à se tourner vers les « émeutes de la faim » d’Afrique et d’ailleurs pour voir ce qu’une population lassée des privations est capable de faire. On a vu des laitiers perdre leur empire pour moins que ça


Algérie
a écrit :TSA - 23 mar 2010

Les prix des légumes et des viandes flambent en l’absence de contrôle

Les prix des légumes s’envolent à nouveau sur les marchés de la capitale. La laitue était cédée mardi matin à plus de 90 da le kilogramme contre moins de 70 dinars il y a seulement quelques jours, a constaté un journaliste de TSA dans un marché du centre d’Alger. La tomate a également flambé. Le prix de ce fruit a quasiment doublé depuis jeudi, passant de 50 dinars à 100 dinars sans aucune explication, selon des commerçants interrogés par TSA. « On ne comprend plus rien. Ce matin au marché de gros des fruits et légumes, les prix étaient trop élevés par rapport à ceux pratiqués la semaine passée », affirme un commerçant qui tente de justifier à ses clients cette nouvelle flambée des prix.

« Il n’y a aucun contrôle. Le marché est livré à lui-même », ajoute t-il. Si le prix de la pomme de terre semble stable autour de 40-50 dinars le kilogramme, l’ognon est pratiquement hors de portée à près de 100 dinars ainsi que le citron dont le prix dépasse 120 dinars le kilogramme. La nouvelle flambée des prix des produits de large consommation concerne aussi les viandes rouges et les poissons. Le prix d’un kilogramme de viande bovine a augmenté de 100 dinars en quelques jours, passant de 750 dinars à 850 dinars alors que la sardine est cotée à plus de 250 dinars le kilogramme. Les prix des poissons dépassent les 500 dinars le kilogramme.

La nouvelle hausse des prix intervient après les déclarations du ministre du Commerce Hachemi Djaâboub sur des mesures prévues pour contrôler et stabiliser des prix des produits de large consommation. Elle illustre l’incapacité des autorités chargées du contrôle à lutter contre la spéculation et les augmentations subites et importantes des prix des produits de large consommation. Des contrôleurs du ministère du Commerce ferment les yeux sur l’absence d'affichage des prix dans les commerces et les augmentations fréquentes des prix. « J’ai reçu la visite d’un contrôleur de la DCP (Direction de contrôle des prix, ndlr). Il a constaté que les prix n’étaient pas affiché, mais au lieu d’une amende il m’a dit de lui offrir un peu de viande », affirme un boucher d’Alger qui a requis l’anonymat.

Depuis le début de l’année, les prix des produits de large consommation n’ont pas cessé d’augmenter, fragilisant davantage le pouvoir d’achat des Algériens. L’inflation galopante constitue désormais une sérieuse menace pour la stabilité sociale et la volonté du gouvernement de la maîtriser à moins de 3,5% semble difficile à réaliser en 2010. En 2009, le taux officiel de l’inflation avoisinait 6%.
Riyad Hamadi


Burkina Faso
a écrit :Le Faso - 19 mar 2010

Burkina : Le goût amer du sucre

Le sucre est l’un des plus grands produits de consommation courante au Burkina. En attendant qu’on lui trouve un dérivé un jour, il est présent au quotidien dans les ménages burkinabè. C’est pourquoi la récente hausse du prix du kilo de sucre, qui est passé de 500 à 700 voire 800 F CFA, a été fortement ressentie par les consommateurs. « Le Pays » a fait le tour des protagonistes intervenant dans cette filière sans vraiment trouver de réponse satisfaisante. Que ce soit la société nationale productrice de sucre ou celle qui le distribue, la faute a toujours été imputée au cours mondial qui a connu une flambée.

Mais, et l’Etat burkinabè dans tout ça ? Que fait-il pour que le sucre soit à la portée de la maman qui prépare la bouillie pour ses enfants, de la vendeuse de zom-koom ou de dèguè qui vit de cette activité ? On n’en sait rien. Pour les vendeuses de dèguè particulièrement, la pilule est encore plus dure à avaler. Car déjà, elles croulaient sous le poids du prix du lait qui a atteint des sommets ces derniers mois. De nombreux autres produits alimentaires artisanalement fabriqués sont ainsi concernés par cette affaire de hausse brute du prix du sucre. Ce sont des petits métiers qui font vivre des milliers de personnes, en particulier des femmes

Au-delà de la consommation brute, on sait que le sucre entre dans de nombreuses préparations de l’agro-alimentaire. Les différents jus ou boissons industrielles sont à base de sucre et il est aisé d’imaginer que ce secteur d’activité va ressentir négativement les contrecoups de l’augmentation du prix du sucre. Donc, tout un secteur de l’économie va souffrir de cette situation. Comme le lait hier, le sucre est donc aujourd’hui de plus en plus inaccessible au Burkinabè moyen, pour la simple raison qu’il est, en grande partie, importé. Car si l’on en croit la SN SOSUCO qui produit 40% de la consommation nationale, la flambée des prix est due au sucre importé. C’est dire qu’en matière d’autosuffisance alimentaire, le Burkina a encore du chemin à faire, car dépendant en grande partie des produits importés.
Antigone
 
Message(s) : 0
Inscription : 19 Juil 2009, 20:01


Retour vers Actualités internationales

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 2 invité(s)

cron